Chapitre 93 : Rite sacrificiel
Pas d'escalier, juste un couloir rocailleux ou de multiples gouttes d'eau tombent sur moi et mes cheveux, ce qui m'insupporte. Des torches longent le couloir, seule preuve du passage de l'humain dans cette cavité naturelle.
Ayek est étrange, il se contente simplement de marcher et de regarder droit devant lui comme un robot. Il a les mains croisées derrière son dos et l'expression de son visage est totalement neutre. Des torches longent le couloir, seule preuve du passage de l'humain dans cette cavité naturelle.
Quand soudain, nous arrivons devant un arche rocheux ouvragé d'un blason avec deux haches qui se croisent. Quand je passe cette arche, j'entre dans ce qui ressemble à une grande salle ronde avec presque la totalité des habitants de la cité, ainsi qu'un autel sur un bloc de pierre, des torches et braséros un peu partout également et le Roi sur un trône, au bout de la pièce. Devant l'autel, un homme, vêtu de blanc avec une couronne en laurier sur la tête. Le roi, qui se lève, me fait signe de venir à côté de lui sans faire de bruit.
Après l'avoir rejoint, il me demande sans me le dire de m'asseoir sur un petit trône qui apparemment m'est destiné et de me taire, afin de pouvoir regarder ... Quelque chose, je ne sais toujours pas quoi. C'est extrêmement silencieux, presque aussi calme qu'au sein d'une église. L'ambiance est pesante et tout le monde est concentré. Bordel mais, c'est quoi cet endroit ?
Sous le son d'une douce mélodie jouée par un flutiste derrière la foule, une partie des habitants se place devant l'autel et reçoit, de la part de l'homme à l'accoutrement étrange, de l'eau qu'il jette sur eux. Le groupe se sépare en deux pour laisser place à une petite fillette, venue du même endroit que moi, qui marche en tête d'un cortège. Elle tient un panier à trois pointes avec en son sein des grains d'orge et juste en dessous un couteau très bien dissimulé, malgré le manche de l'arme blanche qui reste visible. D'autres hommes derrière elle apportent et guident un taureau qui ne cherche pas à se débattre, contrairement aux idées reçus de l'animal. Il est très calme et à même l'air apaisé.
Le taureau arrivé devant l'autel, il est entièrement aspergé d'eau par l'espèce de prêtre. La gamine avec le panier donne le couteau qu'elle tentait de dissimuler à un boucher qui sort de la foule et rejoint l'autel, puis tranche délicatement la gorge de l'animal.
Un peu choqué, je regarde discrètement le Roi, mais il reste impassible. Comme si c'était naturel, qu'il allait chercher une baguette de pain à la boulangerie. Je tente de trouver le regard de Lana, quelque part, mais je ne la trouve nulle part. Ayek, lui, parait fasciné quant au spectacle d'horreur que nous offre ce prêtre à deux francs cinquante. Ils sont tous complètement allumés du cerveau, j'ai l'impression d'avoir atterri dans une putain de secte !
Mais, ce n'est visiblement pas fini. Le boucher ouvre le thorax du taureau et récupère les abats pour les faire griller au-dessus d'un chaudron qui m'intriguait dès mon arrivée ici. Les poumons, ainsi que le cœur et autres viscères sont également grillés à l'aide d'une broche. Les os sont aussi cuits et toutes les autres entrailles comme par exemple le système digestif est transformé par le boucher en forme de boudin, de saucisson. La cuisson est accompagnée par du thym, ce qui, je l'avoue, n'est pas désagréable à l'odeur.
La foule est maintenant en délire et plusieurs habitants sortent des instruments et accompagnent le flutiste afin de rendre la salle plus festive et conviviale. Moi, tout ce que j'ai envie, c'est d'aller vomir mes tripes. Alors, je cours sur le côté et sort d'ici par l'arche et régurgite tout ce que je peux.
- Je suis désolé de ne pas t'avoir prévenu de ce qui allait se passer, s'exclame le Roi, venu me rejoindre. Je voulais te laisser le découvrir par toi-même et t'expliquer au mieux juste après.
Pari réussi ...
- Pardon pour l'impolitesse mais vous êtes de gros tarés. Comment pouvez-vous rester de marbre face à un tel spectacle ? Et puis, pourquoi surtout ?
- Tu viens d'assister à un sacrifice. Un sacrifice permet d'inviter les dieux à nos banquets, afin de les remercier pour une quelconque raison : Soit pour obtenir leur protection, soit pour la victoire d'une guerre ou d'une bataille que nous avons menés, ce qui est le cas aujourd'hui. Les règles ont étés crées par le titan Prométhée, pas nous. Nous ne faisons que les suivre depuis maintes générations.
- Mais encore ? Pourquoi tuer un taureau et surtout faire ça dans une grotte ?
- Le taureau est l'animal que nous devons sacrifier afin que le dieu Poséidon entende nos prières et nous rejoigne. Le bœuf est pour Zeus, les vaches pour Athéna et pour Déméter ainsi que Dionysos, ce sont des cochons ou porcelets qu'il faut sacrifier, nul ne sait pourquoi mais c'est ainsi. Cette grotte est en fait un vieux sanctuaire et demeure le lieu idéal pour pratiquer nos sacrifices. Si tu veux plus de détails, les ossements sont cuits et placés ensuite sur l'autel afin d'en faire offrande aux dieux et nous accompagnons la cuisson avec du thym dans le but de flatter la narine des dieux.
Ils sont au courant que les os ne seront pris que par des chiens ou d'autres animaux ? Ils vivent vraiment dans un autre monde, je n'ai jamais vu ça. Et ils sont sérieux, en plus !
- Viens festoyer avec nous et manger en l'honneur des dieux. Nous sommes ravis de t'accueillir parmi nous, c'est aussi grâce à toi que nous avons pu éloigner les Zorak et ainsi sauver notre belle cité. Puisse les dieux prendre soin de toi et t'accompagner tout au long de ta vie, mon cher neveu.
Ouais ... Santé, hein. Dans quoi je me suis fourré, encore ? Puis Lana, qu'est-ce qu'elle fout, une nouvelle fois ?
Je rejoins donc le Roi qui m'a convié à la fête. Ce dernier m'entraine vers un banquet ou un tas de fruits s'y trouve, accompagné de calices remplis de vins et autres boissons en tout genre. J'essaye de me prêter au jeu, mais difficile quand on à l'odeur de la viande d'un taureau qui s'est fait égorger quelques minutes auparavant. L'envie de vomir n'est pas parti, je suis à deux doigts d'y retourner, quand quelqu'un me tapote gentiment l'épaule.
Quand je me retourne, je retrouve enfin Lana, partie comme une furie de la chambre, au palais. Et quelle beauté, bordel. Depuis ce bisou, je la vois complètement différemment, comme si ce n'était pas la même personne, c'est vraiment particulier comme sensation. Je la considère maintenant comme une femme qui me plait véritablement et que j'ai considérablement envie de séduire, chaque seconde qui passe. J'essaye d'écouter ma raison, mais mon cœur me parle bien trop fort. Ses mots m'envoutent et je plane dans les airs, léger comme une plume quand elle est en face de moi. Pour la première fois de ma vie, j'ai envie de me laisser aller au doux son de l'amour, qui me possède depuis bien plus longtemps que ce que je pensais.
- Tu as une minute à m'accorder ? Me demande timidement cette dernière, les joues aussi rouge qu'une tomate.
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