Chapitre 9 : Lupin et Balthazar

— Le détroit de Gibraltar ? Mais, pourquoi mon père s'est rendu dans un tel endroit ?!

— C'est justement ce que j'aimerais savoir aussi, figure-toi, me répond Charlie. Je suis également dans l'incompréhension la plus totale, étant donné que ton paternel ne m'en a encore une fois jamais parlé !

Pourquoi ce dernier était-il aussi secret avec son propre meilleur ami ?

— En tout cas, continuais-je, je connais ma prochaine destination. Je partirai quand nous aurons des nouvelles de Karl !

— Ah oui ? Et, comment ? Avec quel argent ?

Il n'a pas tort. Sans argent, je n'irai pas bien loin.

— Je dois bien avouer qu'effectivement...

— Tu ne réfléchis donc jamais, hein ? Je partirai avec toi.

— Mais, et ta famille ?

— Comme tu le sais, après mon divorce, mes enfants sont partis chez leur mère. Ils sont parents à leurs tours, maintenant. Alors, plus rien ne me retient. Je serai là pour t'éviter de faire des bêtises, p'tit gars !

— Par pitié, arrête avec ce surnom, c'est d'une laideur sans pareille !

— Ça marche, j'arrête. Du moins, pour le moment ! Ricane celui-ci.

Il me sort par les trous de nez ! Je vais regretter ce voyage, c'est certain ! Cependant, j'ai malgré tout besoin de lui. Et puis, le savoir avec moi me rassure.

— J'ai une autre question, reprenais-je.

— Je t'écoute ?

— Comment se fait-il que Viktor et toi aviez l'air de vous connaître ?

— Je vais t'expliquer, mais avant ça, je vais te raconter d'où vient la querelle entre ta famille et la sienne. Tout commence en 1492, lorsque Christophe Colomb découvrit l'Amérique...


— Christophe Colomb ? Sérieusement ? M'exclamais-je en coupant son élan.

— Noah, laisse-moi finir ! J'ai à peine commencé ! Tu comprendras quand j'aurai fini de te conter cette histoire ! Réponds ce dernier qui fronce les sourcils.

— Désolé !

— Je reprends. Colomb était accompagné de plusieurs hommes, navigateurs comme lui, dont deux en particulier : Lupin et Balthazar. Ces hommes étaient les bras droits du capitaine. Ces deux-là s'entendaient à merveille, et étaient très amis. À l'époque, le navigateur et son équipage avaient entamé un voyage par la mer de deux mois, espérant trouver une nouvelle voie maritime vers l'Asie avec pour objectif de récolter leurs richesses, à la suite de la prise de Constantinople par les Turcs.

— Je ne comprends pas où est le rapport avec moi et Viktor ... ?

— Si tu arrêtais de me couper, peut-être que tu comprendrais plus vite ?

Le regard noir de l'historien me fait frissonner. Il vaut mieux que ma langue reste là où elle est !

— Je t'en prie, continue...

— Merci. Donc.

Celui-ci vit la terre puis accosta aux caraïbes, pensant être arrivé sur les terres d'Asie. Colomb retourna ensuite en Espagne, mais ses deux bras droits, Lupin et Balthazar, choisirent de rester sur ces terres fraîchement accostées. Ces deux-là firent connaissance avec les tribus vivant sur l'île et commencèrent à vivre au sein des communautés du territoire. Ils s'installèrent au fil du temps sur ces Terres. Cependant, Balthazar, avide de découverte, de voyage, de richesse et de pouvoir, en voulait plus. Celui-ci en parla à son ami Lupin, puis tombèrent d'accord. Suite à cette discussion et accompagnés de l'aide des tribus avec lesquelles ils s'étaient liés d'amitié, ils construisirent un petit bateau à base de bambous, de piquets, de bouteilles et tout ce qui pouvait être nécessaire pour leur construction. Un peu moins d'un an s'était écoulé depuis leur décision de conquérir les mers et ils finirent par embarquer et naviguer sur différentes contrées.

Après quatre mois de long périple, de fortes tempêtes, mais aussi parfois d'un soleil éclatant et d'une chaleur abondante, ils traversèrent l'Océan Atlantique et finirent par traverser les deux colonnes d'Hercules, qui de nos jours s'appelle le détroit de Gibraltar. Hélas, Lupin et Balthazar n'avaient pratiquement plus de vivres. Ils étaient physiquement très faibles, amaigris et n'étaient plus en capacité de lever le petit doigt. La malchance continuait de leur sourire, puisque le ciel s'assombrissait soudainement et la mer se déchaîna très rapidement. Un cyclone se forma, et nos deux compères ne purent rien faire. Leur bateau se fit emporter par le cyclone, et les deux aventuriers s'échouèrent sur une île inconnue au bataillon.

— Je suppose que cette île, c'est l'Atlantide ?

— Tu supposes bien.

— Que s'est-il passé après pour Lupin et Balthazar ?

— Eh bien... Après un réveil difficile sur une plage de sable fin, ils traversèrent une forêt dense aux arbres gigantesques, mais habités par une tribu vivant cachés dans la forêt les capturant à coup de flèches à sarbacanes, qui, selon la mythologie grecque, étaient empoisonnés du sang d'Hydre de Lerne, une des créatures de cette même mythologie. Après avoir été soignés grâce à l'aide de personnages habillés d'une toge au liseret pourpre, nos deux compères partirent par la suite à la découverte de l'île pendant de longs mois. Cette découverte s'est accompagnée de douleurs et de blessures à force d'escalade et de chasse. Ils construisirent d'ailleurs plusieurs habitats tout au long de cette escapade. Mais, arrivés à un certain âge, l'envie d'avoir un quotidien paisible et confortable, accompagné d'une femme et des enfants se fit ressentir, et gagna sur l'envie de découverte et d'aventures. Mais un jour, Balthazar fit la découverte soudaine et hasardeuse du métal le plus rare, encore plus rare que l'or... L'orichalque. Leur vie paisible se transforma, et changea soudainement. Là encore, les pensées sombres, l'avidité de richesses et de pouvoir de celui-ci prirent le dessus sur tout ce qui l'entourait, aveuglé par de funestes projets que l'orichalque pouvait lui apporter. Il finit par devenir fou. Malheureusement, les habitants de cette île, les atlantes, puniront Balthazar et hélas Lupin également, l'accusant de complicité. S'ensuivit alors une haine de Lupin envers l'homme qui lui brisa instantanément sa vie de confort et de tranquillité. Lupin aurait écrit un livre expliquant toute sa vie l'as bas, ainsi que pleins d'autres secrets et mystères que l'île renferme encore peut-être à l'heure actuelle.

Alors, la famille de Viktor et la mienne sont reliés depuis tout ce temps ?

— Sais-tu où se trouve le livre ? Lui demandais-je.

— Personne n'en sait rien, même de nos jours. Cette histoire faite, je pense, sensiblement parti des recherches ainsi que des raisons pour lesquelles ton père est parti.

Peu importe les raisons, il n'y a pas d'excuse à trouver. Il est indéfendable. Quel humain doté d'un cœur peut quitter sa famille du jour au lendemain ?

— Et Balthazar ? Demandais-je.

— Peut-être est-il mentionné dans le bouquin de Lupin ?

— Il y a des chances. Ce bouquin a l'air inestimable aux yeux de ma famille, ainsi que celle de Viktor. Cependant, je ne comprends toujours pas le rapport entre les querelles de nos familles respectives...

— Lupin est ton ancêtre, c'est l'homme qui est représenté sur le tableau du couloir secret de chez toi, tenant une boussole à la main.

Ce n'est pas possible... Je ne veux pas y croire !

— Beaucoup de choses prennent sens, je comprends mieux maintenant pourquoi il me ressemblait ! M'exclamais-je, stupéfait par cette surprenante révélation.

— Et Balthazar, tu t'en doutes...

— C'est l'ancêtre de Viktor, je suppose ?

— Bingo. Tu es vif d'esprit, p'tit gars !

Je ne vais pas tarder à lui arracher le peu de cheveux qu'il lui reste sur le caillou, s'il continue à m'appeler comme ça !

— Pour une énième fois, arrête avec ce prénom, merci.

— Je t'embête, détends-toi un peu. Pour revenir une dernière fois sur cette querelle familiale, c'est une guerre qui dure depuis cette période-ci, et elle est d'ailleurs toujours d'actualité. Viktor recherche encore à l'heure actuelle les derniers vestiges de l'Atlantide et donc ton père aussi, par la même occasion. Ce qui m'inquiète en revanche, c'est le temps qu'il a mis pour partir. Comme s'il était soudainement pressé, et qu'il avait trouvé quelque chose d'autre de tout aussi intéressant que nos recherches ou même Jake.

— Est-ce ma pseudo-puissance surhumaine dont tu fais allusion ?

— Je le pense effectivement.

— Quoi qu'il en soit, tout est maintenant beaucoup plus clair dans ma tête. Je comprends pourquoi mon père souhaitait dans sa lettre que je vienne dans un premier temps te voir. Dis-moi, Viktor connaît-il l'existence de la pierre ?

— La pierre ? Me répond ce dernier, visiblement confus.

— Tu es sûr d'avoir contribué aux recherches avec mon père ?

— Bien sûr ! Pourquoi ?

Mince, j'ai peut-être fait une bourde ?

— De quelle pierre tu parles ?

Dois-je lui dire ? 



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