Chapitre 80 : Le mont Lykaion
Mon sentiment n'a pas changé. Je suis toujours entre la peur et la fascination. Mais, je comprends maintenant mieux certaines choses. Cependant, quelque chose me turlupine l'esprit ...
- Comment explique-tu la puissance surhumaine dont j'ai pu faire preuve plusieurs fois auparavant au sein du monde des mortels alors ? Demandais-je à Pyrite.
- C'est un phénomène rare, mais il est possible que cette capacité physique se soit maintenue en éveil depuis ta naissance.
Je vois.
- Il ne nous reste qu'une demi-journée de marche avant d'atteindre le temple de Poséidon et pourtant, si nous devons nous fier aux dires de l'étrange personnage qui t'a donné le compte à rebours, nous devons nous y rendre dans moins de trois heures, change-t-elle de sujet.
- Merde ! Et, à quelle vitesse je pourrais courir grâce à ton aide ?
- Notre limite te permettrait de courir à une vitesse de pointe de cinquante-six kilomètres par heure, soit un peu plus que celle d'un lapin. Avec un entrainement rigoureux ainsi qu'une parfaite harmonie de nos corps, nous pourrions sûrement dépasser la vitesse d'un tigre.
Je peux courir aussi vite qu'un tigre ?! Incroyable, je n'en crois pas mes oreilles ... C'est juste dingue ! Mais, pas le temps de s'émerveiller devant ses dires. Je dois filer ! Qui sait ce qui pourrait arriver à ce petit bout de femme aux cheveux d'argents si je n'arrive pas à temps !
...
La forêt, assez dégagée pour y laisser passer les forts rayons du soleil est plutôt calme, aujourd'hui. Des bruits d'oiseaux, ainsi que d'autres animaux dans les arbres y sont perceptibles. L'atmosphère y est chaleureuse et relaxante, tout le contraire de ce qu'il se passe à l'intérieur de moi. Je bouillonne d'impatience et mon rythme cardiaque bat aussi rapidement qu'une batterie dans un concert de métal.
Je craque chacun de mes doigts, ainsi que ma nuque et balance mes bras, puis mes jambes afin de les échauffer du mieux que je peux. Je sautille tel une sauterelle et mentalement je suis en feu, comme un athlète de haut niveau qui se prépare à battre un nouveau record.
Puis vient le début du marathon.
Dans ma tête, je suis une gazelle qui tente d'échapper aux griffes d'un guépard. Je dois impérativement arriver le plus vite possible au temple de Poséidon. Je n'accepterais pas que quelque chose arrive à Thalia. Je ne me le pardonnerais jamais.
Mais, je dois traverser le mont Lykaion avant de m'y rendre. D'après Pyrite, aucun autre moyen n'existe. Voilà ce qui m'inquiète, maintenant. Les Lycaons sont des bêtes affreuses et effroyables qui m'ont fait perdre mon sang-froid. Et actuellement, j'ai peur.
J'ai peur car, suite à cet affrontement, j'ai perdu confiance en moi et ainsi je me remets à douter de mes capacités. Suis-je capable cette fois-ci de rester de marbre et garder le contrôle, et ce devant sûrement plusieurs de ces créatures cannibales ?
Une chose est sûre, ce n'est qu'aucun autre choix ne s'offrira à moi. Si je perds le contrôle, Pyrite me tuera en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et si ce n'est pas elle, ces loups-garous affamés s'en chargeront. Jusque-là, n'avoir aucune confiance en moi m'avait pénalisé mais je savais au fond que je pouvais travailler sur cela avec le temps et les années. Mais, cette fois-ci, c'est une question de vie ou de mort. Alors, il va sérieusement falloir que je me bouge le cul et faire tout ce qu'il faut pour que cette traversée soit menée à bien.
Je n'ai jamais couru aussi rapidement. Le paysage est flou et je ne distingue que la forme des arbres, des buissons ainsi que les couleurs qui m'entoure. Même si ma vitesse est ahurissante, je n'ai malheureusement pas les mêmes yeux que celui d'un mammifère à quatre pattes comme un chien, un jaguar ou même d'un tigre. Le vent me gifle le visage et ouvrir les yeux sans lâcher quelques larmes est devenu casi impossible. Alors, pendant mon trajet, je m'arrête hélas plusieurs fois afin de m'essuyer les yeux pour repartir de plus belle.
Au fur et à mesure que j'avance, l'herbe se fait plus rare et la forêt devient un petit bosquet et laisse peu à peu place au sol rocheux d'une montagne, signe que nous sommes bientôt arrivés sur le mont Lykaion. J'ai soudain des picotements au cœur et je sais que le moment ne tardera plus à arriver. L'anxiété monte frénétiquement mais je tente de me rassurer en me disant que tout ira bien et que j'en suis capable. Je regarde ainsi le ciel quelques secondes et prie le bon dieu afin que tout se passe au mieux.
- Ton pou s'accélère et t'es pensées vont bon train. Es-tu anxieux ? Me demande Pyrite.
Pas du tout ! Ça ne se voit pas ?
- Tout va bien Pyrite, réponds-je en souriant. Ne t'en fait pas.
- Je suis dépourvu de toute émotion alors ne prend pas cela pour de l'inquiétude à ton égard. Être anxieux est souvent signe d'une future perte de sang-froid. Tu as des nausées et tu réfléchis beaucoup, n'oublie pas que je te tuerais sans hésiter si tu n'es pas capable de prendre sur toi.
Merci Pyrite, ton soutien est très important pour moi !
- Ça va le faire, je ne m'inquiète pas, Rétorquais-je en tentant de rassurer ma colocataire.
Peut-être est-ce moi que j'essaye de rassurer ?
A une centaine de mètres de hauteur, sur un petit chemin étroit et dangereux de la montagne, je peux apercevoir le soleil qui se couche et disparaît derrière l'horizon. Le jour laisse alors place au crépuscule et les couleurs du ciel se dégrade du bleu à l'orange, en passant par le violet et le jaune. Les nuages, blancs il y'a quelques minutes virent au rose. C'est un spectacle magnifique et j'espère avoir l'occasion de pouvoir le contempler une nouvelle fois.
Soudain, j'entends plusieurs grognements devant moi. Mon cœur s'emballe et j'imagine le pire. J'ai le souffle coupé et ma mâchoire contractée : Dois-je continuer ou au contraire, faire marche arrière et fuir ?
Non. Je ne peux plus me permettre de fuir comme un lâche. Pyrite est la et grâce à elle, l'impossible devient possible. Je possède maintenant des capacités hors du commun alors j'ai de quoi relativiser. Ma colocataire, rare et magique n'a fait qu'une bouchée du Lycaon hier soir. Je tâcherai d'en faire de même, peu importe leur nombre.
Les grognements s'approchent et l'ombre de leurs silhouettes apparaissent sur le sol. Ils paraissent beaucoup plus grands et impressionnants que celui que l'on a rencontré. J'aperçois également des filets de bave tomber par terre, ainsi que leurs bras avec au bout leurs griffes plus qu'acérés quand enfin, ils se montrent complètement, au nombre de quatre.
Je vois en face de moi comme des vampires à qui l'on offre une rivière de sang à volonté. J'ai l'impression qu'ils n'ont pas vu de chair humaine depuis des lustres et qu'ils s'imaginent déjà les babines pleines du moindre morceau de chacun de mes organes. Ils paraissent bien plus sauvages que la dernière fois, quand ils étaient venus à Dryade. Ne devraient-ils pas avoir de comportements plus corrects, pour un clan au service du Roi ?
Cependant, après plusieurs secondes, je remarque quelque chose d'étrange, voire d'anormal : Ils n'ont pas sauté une seule fois sur moi, comme s'ils attendaient quelque chose comme une sorte d'autorisation. Est-ce le moment ou jamais de prendre mes jambes à mon cou le plus rapidement possible ?
Je me recule lentement mais sûrement, tout en gardant ces cannibales affamés dans mon champ de vision. L'insécurité est totale et je le vis très mal. Pyrite ne montre plus aucun de signe de vie depuis plusieurs minutes et j'ai ces quatre créatures effrayantes à souhait qui n'attendent qu'une chose : Me dévorer.
Malgré le fait que je tente de fuir de cette situation très désagréable, ils ne bougent pas d'un poil et ne font que grogner et encore grogner. Je m'interroge, car si j'étais à leur place, je n'aurais pas eu la moindre hésitation. Alors, je me demande bien pourquoi restent-ils immobiles, bien qu'ils n'aient pas détournés le regard ne serait-ce qu'une seule fois.
Quand soudain, une cinquième ombre, bien plus volumineuse que les quatre précédentes se joint à la fête et se montre à la vue de tous.
Il atteint sûrement les trois mètres de hauteur et malgré ses longues griffes, ses crocs pointues et affutés ainsi qu'a sa grosse pilosité sur ses bras ainsi que ses jambes, il a l'air d'avoir gardé forme humaine, ce qui s'apparenterait à une créature mi-homme/mi-loup. Le charisme qu'il dégage est phénoménale.
- As-tu connaissance du lieu où tu te trouves et des risques que tu encoures ?
Parce qu'il parle, en plus ?!
- Oui, et je tiens à m'excuser pour la gêne occasionnée, lui répondis-je en baissant la tête.
- Si la raison de ta présence ne me convainc pas, mes amis ici présents se feront une joie de décortiquer chaque parcelle de ton corps afin d'en faire leur repas du soir.
Mon hypothèse était donc la bonne : Ils attendent l'ordre de me dévorer, ce qui explique donc que cet hybride étrange et imposant n'est autre que le chef de leur clan. Maintenant, j'ai tout intérêt à être le plus convaincant possible ...
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