Chapitre 68 : Métamorphose
Le regard de ses fiers guerriers lourdement armés et protégés m'inquiète et me font presque peur. Ils m'inspirent autant la crainte que le respect.
Les druides, quant à eux paraissent très froid et discrets, comme s'ils voulaient effacer leur présence. Ils sont très grands, sûrement deux têtes de plus que moi. Entre eux, puis les guerriers à droite... Je me sens comme une petite fourmi qu'on peut écraser comme bon leur semble.
Soudain, le chef s'assoit sur son trône en posant ses bras sur les accoudoirs habillé d'une jolie fourrure brune. J'espère que leurs fourrures qu'ils montrent fièrement sont des fausses.
- Druides, soldats, la situation est grave, mais ne dois pas s'ébruiter au-delà de cette cabane. Ma fille à été enlevée il y'a de cela quarante bonnes minutes par un individu apparemment masqué et vêtu de noir. Sans arme ni magie, il a massacré et mis à terre cinq soldats. Nous ne savons pas à qui nous avons affaire, mais notre ennemi paraît très fort, discret et intelligent. Vous avez pour mission de ramener ma fille saine et sauve, mais aussi son kidnappeur sain et sauf. Le but n'est pas de le tuer, mais bien qu'il subisse un interrogatoire... Musclé. Ne lésinez pas sur les moyens : Tous les coups sont permis. Partez, et ne revenez qu'une fois votre objectif atteint, finit le chef du village, d'un ton sec et autoritaire.
Sans réponse, tous sortent par l'arrière de la cabane, sûrement pour ne pas se faire remarquer.
- Alfdan, reprend le père de Thalia, tu resteras au village et surveillera l'état de santé de Charlie. Noah, part rejoindre les druides et ramène ma fille saine et sauve. Ne cherche pas à contester : C'est un ordre.
Mon regard en dit long. Je ne m'attendais pas à ça mais, je ne réfléchis pas et sort également par l'arrière de la cabane.
A peine sorti, je fais face à un seul des dix druides qui m'attendais sûrement. Je ne perçois toujours pas son visage... C'est frustrant. Je n'arrive pas à les cerner.
Soudain, celui-ci se retourne et fait face à toute l'étendue de la forêt.
- Transforme-toi, me dit-il d'une voix grave.
Hein ?
- Comment ça, « transforme-toi » ? Affirmais-je intrigué.
- T'es druide, non ? Alors transforme toi. Sinon, restes ici, m'ordonne-t-il.
Comment sait-il que je suis devenu druide ? Rentrons dans son jeu.
- Je n'ai jamais eu besoin de me transformer, ce qui fait de moi un novice en la matière, reprenais-je.
- Cesse tes mensonges, petit druide. Tu es novice car tu sors tout juste de ton rituel de passage.
Mon bluff est littéralement tombé à l'eau. C'est gênant...
- As-tu au moins pris connaissance de ton élément de prédilection ? Rétorque-t-il.
- ... Non, Répondis-je en grimaçant.
Je l'entends souffler, certainement par exaspération.
- Tu vas monter sur mon dos, finit-il en serrant les poings.
Quand soudain, j'aperçois ses ongles de mains grandir et devenir très acéré à vue d'œil accompagné de touffes de poils bruns poussant massivement sur la totalité de son corps. Sa taille, ainsi que sa masse corporelle se décuple et son nez prend maintenant la forme d'un museau tout noir. Ses mains, devenus de grosses pattes font le triple voire le quadruple des miennes, pareil pour ses pieds.
Le druide qui était en face de moi à maintenant pris la forme d'un grand ours brun. Il se met ensuite à quatre pattes, tourne sa tête vers moi et rugit doucement afin que je grimpe sur son dos, chose qui me terrifie dans un premier temps car j'ai peur de ces animaux qui pour moi demeurent encore roi des animaux en déca du lion, mais aussi et surtout car c'était UN PUTAIN D'HUMAIN il y'a cinq minutes.
J'ai vu quelqu'un se transformer en ours brun. Je ne sais combien de fois je me répète cette phrase en boucle comme un disque rayé dans ma tête depuis tout à l'heure. Je suis tout simplement scotché et immobilisé devant la bête qui grogne de plus en plus. Mais, je ne dois pas m'écarter de ce pourquoi je suis ici : Je dois retrouver Thalia, coute que coute.
Sur le dos de l'ours qui court frénétiquement, je me pose un tas de questions, notamment une qui m'obsède : Si les druides peuvent se transformer, alors moi aussi ? Peuvent-ils se métamorphoser en n'importe quel animal ou sont-ils limités ? Qui est cet homme mystérieux qui a kidnappé Thalia et surtout : Dans quel but ?
J'ai l'impression que depuis que je suis parti, mon périple a été fait de questions sans réponse. J'ai fait de superbes rencontres, j'ai découvert que le monde nous cache bien des choses et que dans la vie, absolument rien est impossible.
Quelle aventure, tout de même. J'en aurais des choses à raconter à mes enfants. Pourquoi pas en faire un livre, une fois rentré au bercail. Ça m'éviterait de dépenser ma salive à raconter les mêmes choses à tout le monde, tiens.
Soudain, l'ours s'arrête et se met à renifler l'herbe et les arbres alentours. Je décide de descendre du dos de la bête quand j'aperçois plusieurs félins sortir de buissons de part et d'autre accompagné d'aigles dorées en piquée, qui finissent leur trajectoire en atterrissant sur le sol.
Bien qu'ils paraissent plutôt dociles à première vue, je me méfie d'eux comme de la peste, puis me demande ensuite s'il ne s'agit pas des autres druides. Ma réponse fut confirmée quand tous reprennent forme humaine, y compris l'animal que j'ai agrippé d'une poigne de fer tout le long du trajet. J'espère qu'il ne m'en veut pas.
Des félins, des aigles puis des ours ... Ces animaux sont principalement de très grands pisteurs et chasseurs. Oxylus n'a pas choisi ces druides au hasard, c'est une certitude. Avec de tels personnages, nous ne tarderont plus, j'en suis sûr, à mettre la main sur la petite demoiselle pour qui j'ai craqué. J'avoue. Dès que tout ceci sera terminé, je me concentrerais sur elle. Je dois passer à la vitesse supérieure et lui dire qu'elle me plait irrésistiblement depuis le jour où j'ai posé mes yeux sur elle.
Soudain, l'atmosphère agréable que nous procurait le beau ciel bleu au-dessus de nous depuis plusieurs heures laisse place de façon très étrange et frénétique à un ciel noir, sombre et obscur et cache ce malheureux soleil qui embellissait la température au sein de cette forêt ou l'air y est beaucoup trop fraiche à mon goût.
J'entend le ciel gronder et sent les premières gouttes de pluie. De subites et grosses rafales de vents percutent de plein fouet la multitude d'arbres à proximité et déracinent la plupart des buissons, tilleuls et broussailles qui volent et tournoie dans les airs tel une tornade ayant trouvé refuge au sein de la forêt.
Je ne sais pas pourquoi mais, je sens la menace arriver. Une grosse menace. Mais, d'où va-t-elle venir ? De qui, ou de quoi ? Pourquoi la météo a-t-elle changé en l'espace de seulement quelques minutes ? C'est plutôt lourd d'avoir ce trait de personnalité à tout le temps se poser des milliards de questions mais, cette fois ci, c'est bien l'une des premières fois ou je n'ai aucune envie d'avoir de réponses.
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