Chapitre 56 : In extremis

Cité de Psamathe.

PDV de Viktor.

Après avoir appris que la cité de Psamathe était prise d'assaut par ce qu'ils appellent des « chiens de l'enfer », je décide de sortir de l'auberge afin de découvrir ce qu'il se passe dehors. J'ai pu trouver le chef à l'entrée de la cité en plein affrontement contre ces bêtes monstrueusement effrayantes aux yeux rouge sang. La peur m'envahit petit à petit, mais, je ne peux pas laisser mes émotions prendre le contrôle. De lourdes pertes militaires sont à déplorer et pour couronner le tout, le chef a l'air d'être grièvement blessé, malgré ses dires. Il est temps d'agir. Puis, à notre plus grande surprise...

Une brochette de plusieurs dizaines de chiens de l'enfer venant du fin fond du désert court en direction de la cité. Le chauve tatoué peine à garder l'équilibre sur ses deux jambes et la quasi-totalité des soldats manquent à l'appel, ou ont été tués. Honnêtement, au vu du nombre d'ennemi qui ne tardera plus à rejoindre la bataille, je ne vois pas par quel moyen nous pouvons sortir victorieux de tout ce vacarme. Je n'ai pas l'habitude de perdre, et je n'ai pas peur de la mort. Mais, à mon humble avis, je ne tarderais sûrement plus à changer d'avis sur ce sujet.

Soudain, Mr Propre vacille et manque de tomber.

- Eh, le chef, ne tombe pas maintenant ! Regarde ce qui nous attend en plus, à l'entrée ! Criais-je  en montrant du doigt la ribambelle d'ennemis qui arrive nous saluer comme il se doit.

- Il faut tenir jusqu'au lever du jour ! Conseille l'un des soldats, blessé et assis contre un mur en morceau.

- Jusqu'au lever du jour ? Pour quelle raison ? Lui demandais-je curieusement.

- Les chiens de l'enfer ne sortent de leur tanière qu'une fois la nuit tombée. Les rayons du soleil ont un effet de dissolution, et donc les brûlent entièrement jusqu'à ce que mort s'en suive ! Reprend le guerrier agonisant, le corps rempli de blessures et d'entailles profondes au niveau de la poitrine.

- Garde ta salive, si tu ne veux pas mourir rapidement. Merci pour l'info, maintenant, laisse les grands faire et admire, dis-je en toute modestie.

- Quel crâneur... Murmure le chef derrière moi.

La lune ne tardera plus à se coucher, mais, elle n'est pas encore prête à raccrocher pour autant. Soit nous tenons jusqu'au lever du jour, soit nous mourrons, il n'y a pas trente-six choix possible. Alors, je prends mon courage à deux mains, souffle un bon coup, et marche en direction des trois bêtes féroces restantes au sein de la cité.

- Alors comme ça, tu es toujours vivant, mon garçon ? Ricane une voix masculine m'approchant derrière moi.

Cette voix m'est familière. Ne me dites pas que ...

- Mais qu'est-ce que tu fous ici, vieux bougre ?! M'exclamais-je en reconnaissant le vieux charlatan de la dernière fois.

- Je n'ai pas encore eu l'occasion de pouvoir me cacher au sein du palais, c'est une pagaille sans nom, ici ! Nous n'avons pas eu ce genre d'attaque de la part des chiens de l'enfer depuis au moins une génération ! Dit-il.

- Mais d'où viennent ces bêtes, et, pourquoi attaquent-ils le village ?

- Nous ne sommes pas à l'abri, ici. Suis-moi !

- Je reste combattre, hors de question de partir.

- Crois tu faire le poids contre ces monstres divins ? Laisse-moi rire. Allez, arrête t'es bêtises et suit moi. Ta mort n'est pas pour maintenant.

Mais qu'est-ce qu'il me raconte, le vieux sénile ? Il a bu ou quoi ?

- Attendez ! Crie le chef. Viktor, prend soin de mon fils, tu veux bien ? Me demande celui-ci, qui peine à respirer.

- Je veux bien, mais... Qui est-il, et, à quoi ressemble-t-il ? Demandais-je en retour.

Quand soudain, je sens une présence écrasante s'approcher vivement. J'ai à peine le temps de me retourner que j'aperçois en face de moi l'un de ces monstres hideux courir vers moi en grognant, accompagné d'une multitude de filets de bave qui tombe de sa gueule.

Je me mets instinctivement en position de défense devant l'ancien afin de le protéger et me prépare à riposter. Le chien me saute dessus. Je tente de le contrer, mais, il est trop lourd et trop puissant. Je me retrouve au sol, sur le dos à maintenir sa tête des deux mains en accueillant dans mon gosier son liquide salivaire qui me donne envie de dégueuler mes tripes.

Malheureusement, je sens la panique monter frénétiquement et mon système respiratoire qui dit merde. La force de la bête est colossale et mes bras commencent petit à petit à lâcher, ce qui donnera sûrement bientôt l'occasion au chien de l'enfer de pouvoir me dévorer à sa guise.

Quand tout à coup, je vois une petite personne chauve arriver en courant sur l'animal et lui inflige un coup de pied au niveau de son abdomen, ce qui l'envoie valser sur plusieurs mètres. Epuisé par le maintien dont j'ai fait preuve, le petit vieux, toujours avec sa fidèle tunique bleue, me tends la main afin de m'aider à me relever.

- Je n'avais pas besoin de ton aide, je m'en sortais très bien tout seul, dis-je au vieux en dégageant son bras après m'être relevé.

- C'est son œuvre, pas le mien, se dédouane t-il en pointant du doigt le gosse que j'avais rencontré dans la grotte, juste avant d'arriver ici.

Mais, il est bien différent de cette époque. Il est toujours dépourvu de cheveux et n'a pas grandi, certes, mais l'aura qu'il dégage autour de lui est écrasante. J'ai l'impression d'avoir affaire à un ours brun adulte dans le corps d'un enfant de douze ans. C'est phénoménal d'avoir une telle puissance ainsi qu'une telle présence à son âge.

- Que fait-il ici, lui aussi ? Demandais-je a l'ancien, encore essoufflé.

- Je t'expliquerais tout une fois que nous serons à l'abri.

- Mh. Passe devant. Oh, criais-je, viens avec nous le mioche ! Ne reste pas ici, ça vaut mieux pour toi !

- Dit-il... Murmure le vieux bougre devant moi en soufflant.

- Je ne t'ai pas sonné, reprenais-je en parlant au charlatan. J'ai simplement été surpris tout à l'heure, c'est tout.

Après quelques minutes de marche, le vieux charlatan nous emmène, moi et le mioche qui nous a rejoint dans une maison en ruine, mais qui cachait sous un tapis sali par les décombres une trappe en bois esquinté par le temps et les débris qui l'ont sûrement abimé de plus belle. 

- Tu m'emmène ou encore ? Lui demandais-je d'un ton sec et froid.

- Tu verras. Quand nous serons arrivés, je répondrais à toutes tes questions. Dois-je me répéter une troisième fois afin que tu comprennes comme il faut ?

- Sais-tu à qui tu parles ?! Je suis Vik...

- Tu t'appelles Viktor, Tu es fier et tu ne laisse personne te marcher sur les pieds, j'ai compris.

Mes poings se serrent, mais je préfère ne pas donner suite à ses dires. Mes nerfs commencent à monter, et je pourrais bien faire des choses qui ne plairont à personne, pas même à moi.

En descendant l'échelle qui se présente sous la trappe, je remarque un long couloir boueux éclairé par des torches accrochées tant bien que mal aux murs. Le sol est imbibé d'eau ou loge également une odeur nausée à bonde, ce qui n'arrange en rien notre future traversée.

- Ce que ça peut puer, ici ! Il mène ou, ce couloir ?! Demandais-je en me couvrant le nez à l'aide de mon bras.

- En sécurité. Le couloir n'est pas long, marchons ! Rétorque le vieux.

Cet endroit est dégueulasse, c'est une certitude. Mais, pourquoi en avoir construit un ? Dans quel but ? Quoi qu'il en soit, de la lumière éclaire le bout du chemin et des pleurs d'enfants, ainsi qu'un léger brouhaha est perceptible à quelques mètres. Ceci me rassure, mais je suis curieux et intrigué par ce que je vais bien pouvoir trouver et surtout, des réponses que l'ancien va pouvoir bientôt me fournir.

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