Chapitre 50 : A feu et à sang

Malheureusement, mon sommeil est de courte durée quand une grosse odeur de feu me pique les narines et me réveille en sursaut. Je me lève rapidement et enfile mes vêtements que j'ai essayé de pendre sur l'étagère au-dessus du bureau, dans l'espoir que le vent enlève l'odeur fétide dessus. L'espoir fait vivre, comme on dit.

J'ouvre les volets du balcon afin de regarder ce qu'il se passe dehors et plusieurs brasiers s'enflamment et brûlent certains commerces, de l'autre côté de la cité. Je referme les volets et ouvre la porte de ma chambre afin de trouver quelqu'un qui pourrait m'expliquer ce qu'il se passe dans ce trou à rat.

- Eh, toi, il se passe quoi dehors ? Dis-je à mon voisin de chambre qui a eu le même reflexe que moi.

- Je suis comme vous, je n'en sais rien ! Je me suis fait réveiller à cause d'une grosse odeur de feu ! Répondit-il, sous la pression de sa conjointe qui lui demande de fermer la porte.

- T'es pas tombé sur la fève toi ! Me moquais-je en référence à sa femme.

- On fait avec ! Ricane-t-il.

Quand soudain, une grosse explosion retentit non loin d'ici. Il se passe définitivement quelque chose, ici ! Le chef est sûrement déjà dehors. Je dois aller voir ce qu'il s'y passe !

Je descends en vitesse les escaliers et quitte l'auberge. Dans l'allée, plusieurs personnes vont et viennent en courant, complètement affolé. Tout le monde vient visiblement de la grande place, je vais m'y rendre de ce pas.

Je me fait bousculer dans tous les sens et, voyant l'expression sur chaque visage que je croise, ça a l'air plutôt grave et sérieux. J'accentue le pas et, en arrivant à destination, les longs bambous qui autrefois rendait l'ambiance très paradisiaque est maintenant plus qu'un petit tas de cendres. Les tissus qui couvraient les commerces ont également péris de la même façon et, la fontaine au centre est brisée avec une marée de sang tout autour.

Mr Propre n'est toujours pas là, mais une multitude de ses soldats tentent de rassurer la population et les guident en direction du palais afin d'y être en sécurité. Du moins, je suppose. Je décide donc d'aller en voir un que j'ai reconnu.

- Eh, c'est quoi ce boucan ?! Criais-je à cause du brouhaha qui nous entoure.

- Nous sommes attaqués par les chiens de l'enfer... ! Va te cacher au sous-sol du palais, dépêche-toi ! Tu n'es pas en sécurité ici ! Me répond l'avorton qui s'était foutu de moi, à l'entrée de la cité. Je ne l'ai pas oublié lui d'ailleurs.

Les chiens de l'enfer ? Bizarre. Mais, rien que le nom est déjà vraiment effrayant.

- Et, ou est le chef ?! Lui demandais-je en me couvrant les yeux à cause de la cendre qui se propage de plus en plus.

- A l'entrée avec une multitude d'autres soldats, toutes les autres entrées ont étés fermés ! Fonce au palais, maintenant ! Me dit-il en me poussant.

Naturellement, je ne l'écoute pas et court rejoindre le chauve qui gouverne les lieux.

En arrivant, je l'aperçois enfin avec d'autres guerriers qui me font penser à des hoplites grecs, premiers fantassins lourds de l'histoire. Ils sont équipés d'un bouclier circulaire noir et de lances pointues, protégés par une solide cuirasse métallique ainsi que des cnémides, qui leur sert à protéger leurs tibias.

Aucun ennemi à l'horizon et pourtant, ils ont l'air vraiment tous à l'affût du moindre geste en regardant étrangement le sable.

- Que fait tu ici ?! Entre au palais et n'y bouge plus, gamin ! Me dit le chef. Il ne s'est pas retourné un seul instant, comment à t-il pu savoir que j'étais là ?!

- Tu ne me donnes pas d'ordre. Ma vie m'appartient et j'en fait ce qu'il me chante.

Le gouverneur à la tunique blanche s'approche de moi et tente une autre approche.

Ecoute, nos adversaires sont sans pitié. Ils n'ont ni cœur, ni âme et n'hésiteront pas à t'éviscérer dès qu'ils t'auront attrapés. Tu ne dois les approcher sous aucun prétexte et encore moins les combattre. Ai-je bien été clair ?

- Ma vie m'appartient et j'en fait ce qu'il me plait, je viens de te dire. Si je décide de rester ici pour combattre, c'est mon choix, pas le tien. Je fais ce qu'il me chante, quand je veux et ou je v...

- REGARDEZ ! LE SABLE ! Cris l'un des soldats en tremblotant.

Et là, Une bête toute noire aux yeux rouges ressemblant à une hyène bondit du sable en attaquant l'un des guerriers, paralysé par la peur. Honnêtement, je partage le même état que lui, alors que je suis loin d'être en première ligne. Le monstre devant nous est de loin la chose la plus terrifiante que j'ai pu voir dans ma vie.

De longues épines de porc-épic longent son corps, que ce soit au niveau de son dos ou même de ses pattes. Ses dents sont plus longues que celles d'un tigre et ses yeux sont encore plus rouge que la couleur du sang. Ses pattes paraissent aussi larges qu'une patte de lion et ses griffes me font penser à celles d'un ours.

Cet animal au corps d'hyène regroupe, à elle seule plusieurs animaux en un et, à ce moment-là, j'ai peur, je le reconnais. Terriblement peur, et pourtant, il n'y a qu'une seule bête. Mais, quand j'ai croisé son regard...

- Oh, reprend toi, soldat ! Tu vas avoir besoin de ton égo surdimensionné afin de ne pas perdre les pédales alors ressaisis-toi, les chiens de l'enfer n'ont pas peur et ne reculerons devant rien ! Crie le chauve.

Que s'est-il passé, la ? Comment moi, le grand et fier Viktor, j'ai pu perdre mes moyens à ce point ? C'est quoi ces de conneries ?! Allez Vik', reprend toi !

Je me claque donc le visage assez violemment afin de bien me réveiller comme il faut et mes jambes ne vacillent plus. J'ai repris le contrôle, je suis prêt.

Quand soudain, j'entend crier au sein de la cité derrière nous. Et, quand je me retourne, je vois plusieurs autres chiens de l'enfer en train de dévorer les habitants qui tentaient par tous les moyens de se mettre en sécurité.

C'est un cauchemar. La population se fait massacrer, les soldats meurent tous un par un dévoré par ces monstres effroyables et il y'a moi, tétanisé par la peur ainsi que par le fait de ne pas savoir quoi faire. Dois-je aller aider Psamathe qui est en grand danger, ou le chef en difficulté face à plusieurs autres bêtes ayant fait surface pendant ma réflexion ? Que dois-je faire ? Je ne sais pas, je ne sais plus ! Et puis, je n'aide personne, moi ! Je suis censé penser à ma propre survie, pas à celles des autres ! Pourquoi je réfléchis aussi longtemps ? L'ancien Viktor aurait pris ses jambes à son cou et serais déjà très loin alors, pourquoi suis-je encore là ?!

Il faut impérativement que j'agisse, que j'arrête de rester planté la comme un con. Le chef à l'air de s'y connaître quant aux chiens de l'enfer et vu sa puissance ainsi que sa robustesse, je doute qu'il lui arrive quelque chose. Je vais aller aider au sein de la cité, je serais plus utile là-bas. J'aide les autres, maintenant... On aura tout vu, tiens.

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