Chapitre 23 : Tél père, tel fils

PDV de Noah : 

Charlie et moi avons été chassés du lieu tenu secret où nous avons découvert l'existence de la magie aux côtés de Thalia et d'Alfdan. En pleine forêt, sans savoir où aller, des créatures surgissent soudainement, probablement pour attaquer Dryade. Malgré les risques, je suis déterminé à les affronter, convaincu qu'ils détiennent les réponses à mes questions.

Dryade se dresse en face de moi, enflammée. Des cabanes réduites en poussière, la grande place menaçant de s'effondrer, et le cri persistant de la forêt remplissent l'air. Des colonnes de terre et de boue se forment devant moi, des siphons d'eau jaillissent, et d'énormes boules de flammes sont projetées de part et d'autre. Est-ce là le contrôle élémentaire des druides ?

Soudain, quelque chose pèse sur mon épaule, provoquant un sursaut. Mon cœur bat la chamade, mais, en me retournant, je découvre que c'est Charlie.

— Charlie, préviens avant de faire une telle frayeur !, lui dis-je, soulagé.

— Arrête de crier, p'tit gars, sois plus solide mentalement ! réplique-t-il. Nous avons quitté ce village il y a à peine une heure, et voilà ce qu'il est devenu...

— En une heure, le village est devenu un véritable carnage. Malgré l'ampleur des dégâts, ma priorité reste de vérifier le bien-être de Thalia et de l'ancien chamane.

— Tu te moques du vieux monsieur. Tout ce qui t'importe, c'est la demoiselle aux cheveux d'argent, pas vrai ?

Pourquoi n'ai-je aucun secret pour lui ?

— Peut-être, effectivement. Mais, cela me regarde ! Répliquais-je.

L'antiquaire ricane, puis enchaine :

— Bref. Il est clair que Dryade n'est plus une zone sécurisée pour nous maintenant.

— C'est clair. Mais, où pouvons-nous aller ? Demandais-je.

— Sûrement là où nous les avons laissés la dernière fois ? Suggère Charlie.

— Tu penses qu'ils y sont encore, selon toi ?

— Je n'en sais rien, mais ça vaut le coup d'essayer, non ? Répond-il en haussant les épaules.

Soudain, un reptile imposant, mesurant bien au-dessus de deux mètres, surgit de manière abrupte d'un buisson. Ses écailles, tranchantes à souhait, serpentent le long de son bras jusqu'à terminer sur le dos de sa main, dotée seulement de trois longs doigts crochus. Des branchies clairement visibles parcourent le trajet juste en dessous de sa clavicule, tandis que son corps est parsemé de coquillages suspendus comme des huîtres sur leurs rochers. Une salive dégoulinante, pleine de dents aussi pointues qu'effrayantes, tombe de sa gueule dépourvue de globes oculaires.

En cet instant, une paralysie m'envahit complètement, et bien que mon cerveau crie à la fuite à chaque seconde, mon corps refuse d'obéir. Mes muscles tremblent frénétiquement, et la simple idée de détourner le regard pour observer comment Charlie s'en sort devient insoutenable. La peur me saisit entièrement, une première dans cette expérience. Après tout, nous ne croisons pas tous les jours une créature aussi terrifiante...

Tétanisé, je commence à abandonner tout espoir de fuite ou de survie, accentué par le constat que la salive de la créature brûle au contact du sol. L'idée de ma mort imminente s'installe inébranlablement dans mon esprit. Pourtant, le reptile humanoïde ne s'approche pas de nous. En tendant l'oreille, je distingue le mouvement de son pavillon auriculaire. Du coin de l'œil, je perçois Charlie me faire un signe de tête, signe qu'il a compris la situation et ce que je m'apprête à faire.

Réunissant mon courage, j'attrape une petite branche d'arbre à mes pieds, me redresse et la lance aussi loin que possible. Ce geste confirme mon hypothèse, partagée avec le vieux compagnon à mes côtés : la créature est aveugle et traque par l'ouïe. La bête repoussante s'élance rapidement vers l'endroit où j'ai jeté la branche, nous laissant comprendre que si nous n'agissons pas immédiatement, notre fuite sera compromise.

Cependant, une autre branche craque malencontreusement sous mes pieds, et le regard de Charlie en dit long : tout est perdu à cause de cette simple erreur. Ma haine envers cette branche est immense, mais je m'en veux tout autant. La créature tourne la tête vers

Nous et se précipite à une vitesse ahurissante. Je souris à Charlie une dernière fois, fermant les yeux en préparation à ce qui semble être notre fin imminente.

Mais rien ne se produit. Peut-être ai-je surestimé la vitesse de la créature, ou peut-être n'a-t-elle pas faim aujourd'hui ? En rouvrant doucement les yeux, la surprise est immense : l'abominable bête reptilienne se tient devant moi, ligotée par d'innombrables racines émergeant de la terre.

— Charlie, Noah, éloignez-vous et fuyez ! Nous vous retrouverons après avoir neutralisé la créature ! lance une voix derrière moi.

Mais... Je connais cette voix !

— Mais, que faites-vous ic...

— Évite les questions inutiles et courez aussi vite que possible ! hurle Thalia, peinant à maîtriser les branches d'arbres qui entravent la créature.

Son nez saigne, signe manifeste de son épuisement. Elle vient de nous sauver la vie ; cette action restera gravée dans ma mémoire.

— Noah, suis-moi ! C'est notre issue de secours ! Hurle Charlie à son tour.

— Mais, et...

— Ils vont réussir ! ALLEZ vite !

— Ou... Oui !

Malheureusement, une deuxième créature barre notre chemin. Nous essayons tous les deux de prendre une autre direction, mais le reptile fait front. Cependant, juste avant de nous attaquer, elle se retrouve soudainement emprisonnée de la même façon que son congénère. En jetant un regard à Thalia, je réalise qu'elle est à l'origine de ces manœuvres, encore bien trop énigmatiques pour moi.

Enfin à l'abri, nous nous réfugions dans une petite grotte dissimulée derrière un énorme rocher. Je m'y glisse en dernier, laissant le vieil historien passer en premier. Cependant, une fois à l'intérieur, il s'assied et peine à reprendre son souffle.

— Tout va bien ? M'inquiétais-je.

— Oui, tout va bien p'tit gars, aucun souci... répondit-il en toussant.

Tu tousses comme un effronté et tu veux me faire croire qu'il n'y a rien... Pas à moi.

— Je n'aime vraiment pas quand tu te mets à suffoquer et à tousser de la sorte maintenant, répliquai-je en m'installant à côté de lui.

— Je tousse parce que j'ai fait nettement monter mon cardio, alors tu penses ! Laisse-moi reprendre mon souffle et on en reparle après, tu veux ?

— Bien sûr, repose-toi, pas de soucis.

Soudain, des bruits de pas résonnent à l'entrée de la grotte. Cependant, fausse alerte : ce sont nos sauveurs, le vieux sorcier et la belle au bois dormant.

— Vous allez bien, rien de cassé ?! Demande Thalia.

Éprouver des papillons dans le ventre est-il un signe de bonne santé ? Si c'est le cas, alors je me porte à merveille.

— Tout va bien, ma belle, on n'a rien, juste Charlie qui a besoin de reprendre son souffle, murmurais-je. C'était quoi, ces poissons humanoïdes ?

Suis-je réellement celui qui a prononcé ces mots ?

— Nous les appelons les '' Zorak ''. Ce sont des créatures reptiliennes logeant au fin fond de l'océan, mais il arrive que parfois ces bêtes sans cervelle rejoignent la terre ferme afin de nous traquer jusqu'au dernier comme du bétail.

— Selon nous, reprend le vieux magicien, ces créatures représentent les anciens atlantes qui ont été engloutis par les flots dans un cataclysme provoqué à l'instigation de Zeus lui-même, répond l'ancien. Nous pensons également qu'ils nous traquent dans le but de se venger du sort qui leur a été commis.

Peu importe la méthode : La vengeance est un plat qui se déguste froid, voire glacial pour certains.

— Tout ce qui reste en ma mémoire, c'est qu'ils restent extrêmement dangereux et qu'il est préférable de fuir pour ceux dépourvus de pouvoirs élémentaires, et...

— N'oublions pas qu'ils sont aveugles et qu'ils vivent, traquent grâce à leur ouïe sur développée !, précisai-je, coupant la parole à Charlie.

— C'est précisément ce que j'allais dire avant que tu ne me coupes la parole. Il manque Thalia, et tu nous auras tous coupé l'herbe sous le pied, p'tit gars !

— Ça n'arrivera pas avec moi, soyez en sûrs ! Réplique-t-elle, me fusillant du regard. Quel regard de braise ! Je pourrais bien me brûler les ailes rapidement !

— Héhé... Je souris en gardant la bouche fermée, jouant habilement avec le jeu des regards. Maintenant que nous sommes à nouveau réunis, pourriez-vous me dire pourquoi vous nous avez rejetés tout à l'heure ?

— Parce que la pierre que tu portes dans ta modeste poche a, selon nos légendes atlantes, appartenu au légendaire dieu des mers, Poséidon lui-même.

Alors celle-là, je ne l'avais pas vu venir !

— Ce n'est pas possible, vous êtes en train de plaisanter, n'est-ce pas ? Demande Charlie à l'ancien, moi-même complètement abasourdi par la révélation qui vient d'être faite.

— Je vous assure que je ne vous raconte pas d'histoires. C'est l'un des objets les plus rares et recherchés de toute l'Atlantide, vous ne vous rendez absolument pas compte du danger qui plane sur vous, et désormais sur nous ! répond le druide.

Et moi qui croyais qu'elle était absolument banale, au début...

— Désormais conscients de la réalité de la pierre, notre mission est maintenant de la mettre à l'abri des regards et de comprendre pourquoi un objet aussi puissant se trouve entre tes mains, plutôt que sur le front du Roi Oris...

— Le roi Oris ?

J'ai déjà entendu ce nom quelque part...

— Le détenteur légitime de la pierre est le descendant direct du dieu des mers Poséidon : le Roi Oris. Toutefois, une fois qu'une pierre élémentaire est fixée sur le front de son possesseur, son retrait entraîne la mort du propriétaire. C'est ce qui me laisse perplexe pour l'instant.

— Peut-être que la pierre n'a, au final, jamais pu atterrir entre les mains de son propriétaire ?

-Aucune idée, me répond le sorcier à la canne. Nous devons en savoir plus sur tout ceci.

Ma mère et Wyat seraient complètement dépassés s'ils savaient seulement le quart de ce que j'ai découvert depuis mon départ. J'attends avec impatience de rentrer pour leur raconter cette aventure folle qui ne fait que commencer ! Cependant, sur le plan émotionnel, cette réalité est une avalanche d'informations difficile à assimiler d'un seul coup pour moi.

— Mais bien sûr ! S'exclame Charlie. Dans le sous-marin, Phokay nous avait expliqué que lui et son frère, Mawhotto étaient les serviteurs de ce même roi ! Tu t'en souviens, p'tit gars ? Eh, oh, tu m'entends ?

— ... Oui, désolé, j'étais dans mes pensées, répondis-je en frottant mes yeux.

— Phokay et Mawhotto, vous dites ? Reprend le druide. Ils sont réputés pour être les meilleurs soldats d'élite de la garde rapprochée du Roi. Des rumeurs circulent selon lesquelles ils ont entrepris un voyage dans un autre monde pour retrouver la pierre de Sa Majesté, tout en enquêtant et recueillant des informations sur leur mode de vie, leur culture, leurs traditions...

Je croise le regard de Charlie, et pour nous deux, c'est une révélation. Enfin, les mystères commencent à se dissiper, et nous obtenons les réponses que nous cherchions. Nous comprenons désormais la raison de la présence de ces deux géants sur nos terres et leurs objectifs.

— Nous provenons de ce monde, et notre arrivée ici est le fruit de l'intervention de ces deux individus, précisai-je d'un ton sérieux.

— Tu vois, Alfdan, je te l'avais bien dit ! Les rumeurs sur l'existence de nouvelles terres sont donc fondées ! s'exclame Thalia en secouant énergiquement le vieux.

— Effectivement, mais nous devons garder ce secret coûte que coûte, Thalia. Il ne doit être divulgué à personne, pas même à ton père. Sommes-nous bien d'accord sur ce point ? lui demande le vieil homme.

— ... Oui, je ne lui dirai rien. Mais pour ça, il faut qu'il rentre au village !

— Soudain, un son lourd et profond éclate violemment, faisant résonner sa puissance dans nos oreilles.

— Tiens, quand on parle du loup ! s'exclame la belle aux bois dormants, illuminant l'instant de son sourire éclatant.

— De quoi tu parles ? Lui demandais-je, intrigué.

— La corne de brume a retenti, signifiant que le chef du village, autrement dit mon père, vient d'arriver !

— Son père est donc le chef de Dryade ?! Déjà que son caractère me complique la tâche, alors là...

— Tu es donc la fille du chef ? Ça, c'est une surprise ! dis-je, essayant de dissimuler ma déception.

— Ça t'intimide ? me dit-elle, avec un regard malicieux.

Au final, son caractère me plait bien.

— ... À quoi fais-tu allusion ?

— À quoi, tu penses ? Rétorque-t-elle, me déstabilisant au passage.

Troublé et extrêmement mal à l'aise, je suis désemparée, incapable de trouver une réponse cohérente. Je me retrouve soudainement à bafouiller, comme si ma langue avait subitement perdu sa capacité à former des mots. C'est étrange de constater à quel point une femme seule peut m'intimider et me déstabiliser à ce point. La situation s'annonce bien plus complexe que ce à quoi je m'attendais...

La jeune femme aux cheveux d'argent prend l'initiative de partir en direction de la sortie de la grotte, suivie de près par le vieux magicien. Mes protestations sont inutiles, car elle a déjà répondu à ma question en me faisant un clin d'œil intrigant.

Le vieux druide, Alfdan, exprime ses préoccupations quant au risque de nous amener à visage découvert, notamment vis-à-vis du père de Thalia qui pourrait nous repérer. Charlie, toujours assis et reprenant son souffle, renchérit en ajoutant qu'il n'est pas prêt à entreprendre une marche dans son état actuel. Thalia, cependant, insiste sur le fait que c'est précisément l'objectif. Mon incompréhension se mêle à celle de Charlie. Alfdan exprime son opposition, soulignant les dangers potentiels pour le village, tandis que Charlie souligne son incapacité actuelle à se déplacer aisément.

— ... Vous avez raison, confirme Thalia. Restez bien sagement ici, nous reviendrons dès qu'on le pourra ! À tout à l'heure !

Elle nous salue de la main avec un sourire persistant, et son regard ne semble pas pouvoir se détacher du mien, même pendant ce simple au revoir. Une étrange sensation s'installe, comme si j'avais déclenché quelque chose en elle. Son intérêt apparent me laisse perplexe alors qu'elle s'éloigne avec Alfdan. Cependant, ce n'est pas le moment de penser à ça. Alfdan et Thalia se sont éloignés, nous laissant seuls dans la grotte, notre point de départ. Une pointe d'ironie teinte ma voix lorsque je demande à l'historien :

— On fait quoi maintenant ?

— On attend, me répond ce dernier. Viens, assieds-toi avec moi, p'tit gars, ce sera moins fatiguant que de rester debout !

Je m'assois donc sur le sol, sortant ma pierre de la poche et l'observant attentivement, réalisant l'importance qu'elle a acquise depuis sa découverte dans le petit coffre à la maison.

— Je n'aurais jamais imaginé que cette pierre aurait une telle importance, dis-je en contemplant l'objet.

— Moi non plus, rétorque l'antiquaire. Ce qui est sûr, c'est que cette pierre doit retourner entre les mains de son propriétaire le plus vite possible. Pauvre de nous si elle se retrouve aux prises de quelqu'un d'infâme et de mauvais...

— Ça n'arrivera pas. Nous atteindrons la cité principale afin de redonner au Roi ce qui lui appartient de droit ! Le coupais-je avec confiance.

Je réplique avec une autre question, qui me trotte à l'esprit depuis un moment :

— J'attends toujours que tu m'expliques ces capacités physiques hors norme dont j'ai fait preuve plus d'une fois ces derniers temps. C'est vrai que c'est quelque chose qui me préoccupe beaucoup mentalement, surtout depuis la fois où tu m'as raconté que mon père possède également cette puissance hors du commun.

— Ton père a toujours été une personne très calme, gentille et généreuse, qui ne ferait pas de mal à une mouche. Mais, il avait aussi quelques soucis, notamment un qui lui rongeait la vie : Son anxiété, me confie Charlie.

— Tout comme moi...

—Certainement. Lorsque nous avions le même âge que toi, ton père et moi, j'ai été témoin à plusieurs reprises des crises d'angoisse auxquelles il était confronté, et malheureusement, je me sentais souvent impuissante face à cette situation. Mes efforts pour le rassurer étaient fréquemment accueillis par des réactions violentes et agressives de sa part. Il devenait une personne différente. Un épisode en particulier reste gravé dans ma mémoire : lors d'une tentative de le calmer, il m'a agrippée par le col d'une seule main avec une facilité déconcertante, me projetant violemment à plus de trois mètres comme si j'étais un objet insignifiant. Sur le moment, la perplexité m'a envahie, et je suis restée étourdie sur le sol. Son souffle était lourd, et par moments, ses yeux prenaient une teinte blanche inquiétante. Cette situation me terrifiait réellement. En quête de réponses, j'ai entrepris des recherches approfondies, mais je n'ai jamais vraiment trouvé d'explications satisfaisantes. C'est alors que j'ai décidé de prendre les choses en main en explorant des solutions par le biais de nos propres expérimentations.

— Et... Quand tu parles d'expériences, de quel type s'agit-il ? demandai-je, ressentant une légère inquiétude à l'idée de sa réponse.

— Ne t'inquiète pas, il était entièrement consentant et souhaitait également approfondir sa compréhension de tout cela. Il était pleinement conscient de ses actions. Je l'ai placé dans des situations de tension et de stress extrême.

—Du genre ?

—Du genre à attacher ses mains et ses pieds avant de le plonger dans l'eau, par exemple.

Niveau stupidité, nous ne pouvons pas faire plus haut ...

—Vous faites preuve d'une inconscience totale ! m'énervai-je.

—Tu crois sérieusement que je resterais là, à regarder mon meilleur ami se noyer sans intervenir ? Réfléchis un peu !

—Oui, mais tout de même... Qu'est-ce qui s'est passé ensuite, alors ?

—Au début, il était calme et tout se déroulait plutôt tranquillement. Cependant, l'angoisse de manquer d'air a déclenché une bataille entre lui et ses démons intérieurs. Il se débattait dans tous les sens, créant de nombreuses bulles remontant à la surface. Et puis, soudain, sans que je m'y attende...

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