Chapitre 17 : La porte enchantée
— Mais pourquoi tu as fait ça ? M'écriai-je, perdu dans une incompréhension totale.
— Les Lycaons ne devaient pas vous voir. Vous êtes des étrangers, et votre simple présence aurait pu nous coûter très cher !
— Mais, en quoi notre présence vous aurait-elle causé des ennuis ?
— Les Lycaons sont, aux dernières nouvelles, au service du roi. Ils sont chargés d'intervenir lorsqu'ils repèrent des étrangers sur les terres de l'Atlantide. Et s'ils sont déjà ici, c'est que vous avez déjà été repérés.
— Et, quelle en serait ta peine s'ils apprenaient que tu nous as accueillis ? Demandais-je.
— Je serais poursuivie pour trahison envers l'Atlantide et condamnée à mort.
Ces atlantes me glacent le sang...
— Vous ne rigolez pas ici ! Je ne m'attendais pas à une telle sanction... Avouai-je, le corps parcouru de frissons.
— Tu comprends maintenant ma colère quand je t'ai aperçu ? J'ai déjà pris un énorme risque en vous montrant aux villageois hier. J'ai d'ailleurs été assaillie de questions !
— Ouais, je comprends. Je suis désolé pour tout ça.
Soudain, sans avertissement, le médecin sort de la cabane et se joint à nous. Toujours indécis sur le fait qu'il soit médecin ou chamane, cette incertitude me perturbe.
Thalia est prise à part par le médecin. Je vois son visage se crisper, prenant une expression triste et embarrassée au fil de leur discussion, tandis que j'ouvre la porte de la cabane pour vérifier l'état de Charlie, préférant fuir toute mauvaise nouvelle.
— Comment te sens-tu alors ? Demandai-je à ce dernier, affalé sur le lit.
— En forme, comme tu peux le constater ! Rit-il.
— Il n'y a rien de drôle. Le médecin en dit quoi alors ?
— Rien de bien méchant, c'est éphémère, cela va passer.
Mais pour qui me prend-il ? Pour un gosse de quinze ans ?
— Je n'ai plus l'âge pour ce genre de commentaires. Je ne suis plus un gamin, Charlie ! J'ai besoin de savoir la vérité, m'énervai-je.
— Rien, je te dis ! Mais tu vas devoir continuer l'aventure sans moi pour le moment. J'ai besoin de repos, alors je vais rester dans ce trou à rat le temps de me rétablir.
— Et, je fais comment sans toi, moi ? Tu peux me le dire ? Clamai-je, le visage fermé.
— Tu n'as jamais eu besoin de moi, Noah. Tu as toujours su te débrouiller par tes propres moyens, tu es courageux, bien que téméraire, têtu comme une mule et plus intelligent que tu ne le crois. Tu sais ce qu'il te manque ?
Que va-t-il me sortir encore ?
— Non, mais tu vas me le dire ? Soufflai-je.
— D'avoir confiance en toi. Au vu de tes capacités physiques et mentales, ta débrouillardise, ta détermination et ton courage, je trouve ça carrément triste que tu ne te fasses pas assez confiance. Et c'est bien dommage.
— Et comment a-t-on confiance en nous ? Demandai-je, intrigué.
— Il n'y a pas de mode d'emploi pour ça ! Selon moi, dans la vie, il faut se dire qu'on est le meilleur. Même si tu n'y crois pas, insiste sur le fait que tu es le plus fort, le meilleur dans tous les domaines et que tu demeureras à jamais le numéro un.
Toujours plus facile à dire qu'à faire.
— Il n'y a pas de mode d'emploi pour ça ! Selon moi, dans la vie, il faut se dire qu'on est le meilleur. Même si tu n'y crois pas, insiste sur le fait que tu es le plus fort, le meilleur dans tous les domaines, et que tu demeureras à jamais le numéro un. Le positif attire le positif, mais c'est la même chose pour le négatif. Tâche de faire ce que je viens de te dire s'il te plaît. D'accord ? Explique Charlie.
— M'ouais, si tu le dis...
— Promets-le-moi, me demande ce dernier, rempli d'enthousiasme.
— Oui, je te le promets, oui... Répondis-je en lui tournant le dos.
Charlie serre mon avant-bras avec insistance, m'enjoignant de lui faire la promesse. Je lui tends la main sans grande conviction, mais le pacte est désormais scellé.
Le simple fait de savoir que quelqu'un croit en moi m'apaise, car jusqu'à présent, je n'ai compté que sur moi-même. En quoi ai-je du courage ? Parce que j'ai apparemment résisté à Jacob à la fac ? Pour moi, c'était de la légitime défense. Je ne suis pas seulement déterminé, mais aussi obstiné et têtu. Lorsqu'une idée s'implante dans mon esprit, peu importe le temps que cela prendra, je la mènerai à bien coûte que coûte. Des qualités ? Je ne sais pas, j'ai l'impression de ne trouver que des défauts.
Moi aussi, je trouve ça triste, j'avoue. J'aimerais que cela change plus que tout. Cependant, des petits démons dans ma tête ne cessent de me répéter que je ne suis qu'un pauvre raté qui ne mérite pas d'être heureux, que je suis faible et vulnérable. Ces diablotins ont, je l'avoue, un contrôle parfait sur mon mental. Mais dans ces moments-là, que suis-je censé faire pour inverser la tendance ?
Ça me prend la tête, bon sang ! Laissons le temps suivre son cours, je verrai bien de toute façon.
Le praticien réapparaît avec Thalia à l'intérieur de la cabane. Il se dirige vers Charlie et m'informe qu'il est impératif de l'emmener dans un endroit "sain et neutre" afin qu'il puisse se reposer.
Thalia ne me jette même pas un regard. Aucun mot, ni même un son ne franchit ses lèvres. Son regard est neutre, et elle reste debout à l'entrée. Depuis sa discussion avec le vieux chamane, dont l'âge doit approcher les deux cents ans vu ses rides et la manière dont il se déplace avec sa canne, elle conserve une attitude étrange et impassible. Il faudra que je trouve un moment pour discuter avec elle.
Cependant, ma priorité immédiate est de porter Charlie jusqu'à l'endroit indiqué par le vieux sage.
— Tu peux te lever ? Demandais-je à l'historien encore allongé sur le lit.
— J'ai repris un peu de forces, mais aide-moi simplement à me lever.
J'aide Charlie à se redresser en lui tirant les deux bras. Ce n'est peut-être pas la méthode la plus délicate, certes, mais clairement la plus efficace. J'installe son bras autour de ma tête et nous avançons lentement, moi capuchonné, suivant le vieux bougre à la canne de bois. Thalia, elle, marche derrière, toujours muette.
La lune s'assoupit doucement dans les profondeurs de la terre pour céder la place au soleil, dont les rayons percent agréablement les feuilles des arbres qui nous entourent. Les villageois commencent à émerger de leurs maisons en s'étirant. Certains se promènent uniquement, d'autres partent probablement à la chasse, arc et flèches en main. Mais la plupart nous dévisagent une fois de plus tout au long de notre trajet.
J'essaie tant bien que mal d'adopter une démarche naturelle, mais je suis trop gêné pour ça. Jamais autant de regards ne s'étaient posés sur moi, j'ai envie de me cacher sous terre à tout jamais ou de courir à toute vitesse vers notre destination. Mais bon, je ne sais pas où nous allons, alors je vais m'abstenir et prendre sur moi tout le long. J'espère simplement que nous sommes bientôt arrivés !
En avançant, je remarque que les cabanes se font de plus en plus rares, tout comme les villageois. Nous nous dirigeons vers un coin de la forêt que je n'avais encore jamais remarqué jusqu'ici. L'endroit est tout à fait féerique et fantastique, comme si l'espace et le temps avaient interagi, nous transportant dans une autre dimension.
Je reste ébahi devant ce décor digne des livres de fantaisie que j'ai pu lire. Arrivés à destination, nous découvrons une immense roche ornée de lierre, s'enroulant autour d'une magnifique porte en bois face à nous. Une porte qui semble dissimuler les plus grands mystères et secrets que l'humanité n'ait jamais entendus, bloquée par les lianes de lierre. Le vieux murmure des incantations que j'ai du mal à percevoir devant cette porte envahie par cette profusion de verdure, quand soudain...
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