Chapitre 16 : Dryade

—Ou sommes-nous ? Demandai-je comme première question.

—Vous êtes au village caché des arbres, Dryade.

Dryade ?

—Je vois. Et, quels sont ces ornements sur ton visage ? Es-tu humaine ? Tu...

—Tu sais quoi ? Nous allons faire une question chacun. Cela te convient-il ? Réclame-t-elle.

—Non, j'en ai beaucoup trop à te pos...

—Tu n'as pas le choix, de toute façon. A-moi de vous poser une question, me coupe cette dernière.

Son intervention me frustre, et malgré sa beauté divine, elle commence à m'irriter. Prêt à répliquer, Charlie me retint par l'épaule, signifiant que je dois rester calme et jouer le jeu. Je me calme malgré moi et prêt attention à la suite. Bien que son charme m'ait touché, son attitude commence à entamer cette appréciation. Dommage, car son aura laissait présager une tout autre impression.

Je m'apprête à ouvrir le bec, mais Charlie me tient l'épaule et me fait signe de la tête que j'ai tout intérêt à rester à ma place et de jouer le jeu. Je me calme donc malgré moi, et je tends l'oreille. Je l'appréciais, mais là, je l'aime un peu moins. Dommage, elle est belle pourtant mais, comme quoi, ça ne suffit pas toujours !

—Qui êtes-vous et d'où venez-vous ? Nous demande cette dernière en s'asseyant sur une autre chaise.

—Nous ne venons pas de votre monde, c'est tout ce que vous aurez de nous, rétorque l'antiquaire, adoptant une froideur tendue.

Une atmosphère pesante s'installe doucement, le petit coq parait sur la défensive, et je perçois une méfiance dans le regard que la femme aux cheveux d'argent lance à Charlie.

—Et, de quel monde venez-vous ? Rétorque-t-elle.

—Vous n'aviez pas dit une question par une question, tout à l'heure ? Pique Charlie avec un brin d'ironie.

—Mh. Vous avez raison, je vous écoute.

Et un point pour l'antiquaire, un !

—Sommes-nous sur l'île perdue de l'Atlantide ? Demandé-je en priorité.

—Absolument pas !

—Je ne pige pas là. Nous ne sommes pas en Atlantide ?! Mais alors, ou sommes-nous ?!

—Vous ne venez vraiment pas d'ici, c'est certain ... Nous sommes sur l'île d'Actéon, l'une des trois îles qui entoure la cité principale. Vous êtes encore bien loin de la cité et vous n'arriverez jamais à vous y rendre, alors autant rendre les armes maintenant !

Mais ... On ne lui a pourtant pas parlé d'une cité ?

—Explique-toi ? Dis-je, intrigué.

—Votre question a déjà été posé. A mon tour, et ce sera ma dernière ! Nous reprendrons ce petit jeu bien amusant demain si vous le souhaitez. Comment êtes-vous arrivés jusqu'ici ?

—Par la mer, répond sèchement Charlie, une fois de plus.

—Nous sommes arrivés d'un sous-marin, mais, nous n'avons pas eu le temps de demander au capitaine du navire le comment du pourquoi nous avons atterri dans ce vaisseau subaquatique, reprends-je.

—Tu en dis trop, Noah ! Apprend un peu à fermer ton clapet ! Sais-tu qui ils sont ?! Elle nous a sauvés, certes, mais ce n'est pas pour cela qu'il faut lui donner notre confiance sur un plateau ! Crie Charlie, vraiment énervé par mon bavardage incessant.

—Mais, elle...

—Ne me défend pas, je comprends totalement sa méfiance, rétorque la jeune femme. Un étranger venu de nulle part il y'a plusieurs années se méfiait également de la sorte, alors nous sommes un peu habitués !

—Un étranger ? Dis-je.

—Op op op ! Les questions, c'est pour demain ! Je m'en vais. Rejoignez-moi sur la place centrale, demain matin. Le petit déjeuner y sera servi !

—... Bien. Merci, pour votre hospitalité.

Charlie lui a dit merci ? Je rêve ?

—Ne me remerciez pas pour cela, il n'y a pas de quoi. A demain.

—Attend ! Quel est ton nom ? Demandais-je à la jeune femme aux ornements étranges sur le visage.

—Je m'appelle Thalia, enchantée !

Puis, celle-ci ferme la porte de la cabane et s'en va. J'entends Charlie souffler et le vis se détendre un peu plus en enlevant sa chemise bleu foncé.

—Nous partirons au lever du soleil. Compris ? Me dit Charlie, déterminé à s'en aller d'ici.

Ce qu'il peut être têtu !

—Mais, pourquoi ?! Répliquais-je. Elle nous a sauvé des griffes d'une espèce d'hybride dans la forêt et nous a accueilli comme des rois, que veut tu de plus ?!

—Dort, je te réveillerais.

Puis, Charlie me tourne le dos, couché sur un lit grinçant.

L'inexplicable méfiance qui l'habite me rend perplexe. Suis-je trop naïf, ou bien Charlie voit des menaces que je ne perçois pas ? Quelque soit la réponse, je ne quitterais pas cet endroit. Non pas parce que je m'y sens particulièrement à l'aise, mais plutôt parce-que l'inconnu qui règne à l'extérieur suscite des inquiétudes bien plus grandes.

Je m'efforcerais de le convaincre demain que nous sommes en sécurité ici plutôt que dans l'incertitude du monde extérieur.

Dans la nuit, un réveil brutal m'arrache des bras de Morphée, accompagné d'une alarme stridente et des cris paniqués des villageois clamant le mot « Lycaons ». Je croise ensuite le regard de Charlie qui esquisse un sourire qui en dit long. Peut-être que nous ne sommes finalement pas aussi en sécurité que je ne l'imaginais ...

—As-tu une idée de ce qu'est un Lycaon ? Lui demandais-je, me levant péniblement du lit.

—Aucune idée, mais j'ai le pressentiment que nous allons bientôt le découvrir.

Soudain, un bruit sec annonce l'arrivée précipitée de Thalia, visiblement perturbée.

—Thalia, que ce passe-t-il, dehors ? L'interrogeai-je.

—Un veilleur a aperçu une vingtaine de Lycaons en direction du village !

—Mais qui sont-ils ?! S'inquiète Charlie.

—Les Lycaons sont une tribu très ancienne, vivant sur le mont Lykaion non loin d'ici. Bien que nous ayons signés un traité de paix, les litiges passés ont récemment ravivés les tensions, nous ne savons pourquoi.

—Je comprends mieux, mais alors, pour quelle raison se dirigent-ils vers nous ?

—Nous ne le savons pas, et c'est ce qui suscite l'inquiétude de tout le village ! Sous vos pieds se trouve une trappe menant au sous-sol. Prenez de larges morceaux de bois et de clous, remontez-les et grâce à ceci, nous barricaderons la porte d'entrée !

Nous nous exécutons promptement en ouvrant la trappe menant au sous-sol. Après mon passage, la trappe se referme brusquement, déclenchant la colère de Charlie.

—A quoi tu joues, Noah ?! Pourquoi tu n'as pas tenu la trappe ouverte ?! S'insurge-t-il.

—Ne me crie pas dessus, je n'y peux rien ! C'est comme si quelqu'un l'avait fermée ...

Son sourire m'agace. Je sais quel message il souhaite me faire passer mais je ne veux pas y croire.

—Tu es vraiment trop naïf, reprend-t-il. Si tu m'avais écouté, nous ne serions pas enfermés dans l'obscurité presque totale !

—Si je t'avais écouté, nous serions probablement morts dévorés par des loups hybrides. Peu importe où nous sommes, c'est ainsi ! Arrête de remuer le couteau dans la plaie, c'est lourd !

La trappe fermée plonge le sous-sol dans une obscurité quasi-totale. Je distingue à peine Charlie, n'entendant que son souffle léger qui me guide dans le noir. Après avoir heurté une poutre, j'atteins enfin l'épaule de Charlie. Je décide de mettre ma fierté de côté, et m'excuse humblement.

—Je ...

—Ne t'en fait pas Noah, ne t'excuse pas. Toute cette aventure depuis l'hôpital me perturbe, surtout ton bien-être. Ma méfiance excessive est le reflet de cette inquiétude. C'est à moi de m'excuser.

—Ce n'est rien, passons au-dessus de ça !

Quand tout à coup, une nouvelle crise de toux envahit Charlie.

Charlie tousse sans relâche, laissant planer l'inquiétude d'une menace sur sa santé. Inquiet, je tente de le rassurer, mais son état empire au point ou je dois le soutenir afin d'éviter une chute brutale.

J'ai souvent connu ses toux dues à une longue période de tabagisme avec mon père, jusqu'à ce qu'il cesse après la perte de son enfant. Cependant, cette-fois-ci est différente. Charlie tousse comme s'il s'étouffait, annonçant un danger imminent.

—Du sang ... Murmure ce dernier.

—Cela n'annonce rien de bon ... Tu dois rapidement sortir d'ici et voir un médecin !

Malgré l'obscurité, je me précipite pour trouver l'échelle. Une fois trouvée, je frappe la trappe de toutes mes forces.

—Oh, y'a quelqu'un en haut ?! Criai-je. Charlie est malade ! THALIA !!! Si quelqu'un m'entend, je ne cesserais pas de taper sur la trappe !

L'urgence de sortir l'antiquaire d'ici me pousse à intensifier mes efforts. Mon anxiété monte, tandis que je l'entends tousser de plus en plus violemment. Dans un élan de force dévastatrice, je crie de toutes mes forces, la trappe cédant sous l'impact de mon uppercut.

Le soulagement d'avoir réussi ne dure qu'un instant. En redescendant, je trouve Charlie sur le sol de la cabane, ses mains remplies de sang. Il peine à respirer. Le soulever, l'aider à monter l'échelle devient une tâche difficile, et une fois à l'extérieur, il s'effondre.

N'étant pas médecin, je suis perdu, sans savoir quoi faire. Mon regard se porte vers la fenêtre, ou je distingue Thalia avec un homme capuché, parlant à une créature inconnue. Des bêtes similaires se rassemblent au centre du village, cherchant peut-être à asseoir leur domination.

Soudain, Thalia tourne sa tête vers moi, et je sens que j'ai été repéré. Me baissant, je m'assois sous la fenêtre. Coincé dans cette cabane, je suis témoin impuissant de la détérioration de l'état de Charlie. Les Lycaons semblent faire marche arrière, mais que faire dans ce moment crucial ? Risquer de sortir, m'exposant aux regards des créatures étranges, ou rester là, sachant que Charlie s'affaiblit à chaque seconde ?

Soudain, une lumière jaune émane de la poche de mon cargo, là où se trouve la pierre trouvée dans le coffre avec la lettre de mon père. Je ne savais pas qu'elle pouvait briller, moi qui pensais qu'il ne s'agissait que d'une pierre ordinaire !

En la prenant dans ma main, elle prend vie de manière inattendue. Attirée vers Charlie comme un aimant surpuissant, je résiste pour la retenir, mais je décide finalement de la laisser agir. Plaçant l'objet lumineux sur la poitrine de Charlie, sa respiration s'améliore miraculeusement. Quelques minutes plus tard, la pierre retrouve étrangement son état initial.

Je reste perplexe face à cet événement surréaliste. La pierre semble avoir une volonté propre, agissant de manière autonome. Néanmoins, Elle a amélioré la respiration de Charlie, mais ne l'a pas complètement rétabli. La pierre aurait-elle besoin d'être rechargée comme une batterie ?

Soudain, les yeux de Charlie s'ouvrent.

—Charlie !!! Dis-moi comment tu vas ! M'écriai-je, les larmes aux yeux.

—Je vais étrangement mieux, mais je suis complètement vidé. Je pense que je ne serais même pas capable de me lever.

—Du moment que tu ne tousse plus, c'est le principal. Les Lycaons je ne sais quoi semblent faire machine arrière. Je vais bientôt pouvoir aller chercher un médecin dans ce maudit village, et ensuite, nous partirons d'ici.

—Mais, je croyais que tu ...

—Tu avais raison depuis le début, nous ne sommes pas en sécurité, ici. Mais, tu dois impérativement voir un spécialiste ! Répliquai-je.

—J'accepte le marché.

Cependant, Thalia fait irruption, furieuse, en ouvrant la porte d'entrée de la cabane.

—MAIS TU ES FOU ?! Et si les Lycaons t'avaient vu, on aurait fait quoi, hein ?! Crie Thalia complètement énervée, en ouvrant violemment la porte de la cabane.

—Charlie est malade, il doit impérativement voir un médecin ! Tentai-je de lui expliquer.

—Mince, j'étais tellement remonté contre toi que je n'ai pas vu ce qu'il se passait autour de moi... J'arrive tout de suite ! Ne bougez pas !

Thalia part chercher un médecin, et pendant ce temps, j'essaie de maintenir Charlie conscient.

—Charlie, ça ne peut pas être seulement dû à la cigarette. Soit honnête et dis-moi ce que tu as vraiment, dis-je, le visage fermé.

—J'ai commencé à tousser il y a quelques mois sans raison apparente. Je n'y ai pas prêté attention jusqu'au jour où j'ai craché du sang. À l'hôpital, ils ont diagnostiqué une pneumonie. Les antibiotiques qu'ils m'ont prescrits n'ont pas suffi, et depuis quelques jours, les douleurs à la poitrine, les crachats de sang... Je ne pense pas que ce soit une simple pneumonie, mais je ne veux pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

—Et tu penses à ... ?

—Oui, j'y pense. Thalia est là. Attend le verdict du médecin, d'accord ? Répond Charlie, souriant et rassurant.

Thalia revient avec un médecin, mais je m'attendais à voir un professionnel vêtu d'une blouse blanche, pas un homme portant un bâton surmonté d'un orbe, un masque d'aigle en bois couvrant son visage, et une tunique noire teintée de bleu. Le médecin s'occupe de Charlie, tandis que Thalia me prend à part en dehors de la cabane.

—Prends la tunique noire sur le lit et rejoins-moi dehors. D'accord ? Me chuchote-t-elle à l'oreille.

Enfilant la tunique, je la rejoins à l'extérieur, où elle m'attend les bras croisés, une expression sérieuse sur le visage.

—Comment êtes-vous sortis du sous-sol ? Me demande-t-elle, visiblement intriguée.

—Alors c'était toi qui nous avais enfermé ? Rétorquai-je, haussant le ton.

—J'ai posé une question en première !

—Et moi j'exige une réponse à la mienne !

—... Oui, c'était bien moi.

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