Chapitre 15 : La découverte de plusieurs vies

PDV de Noah :

Les mots « Léviathan » et « tentacules » sont sortis de la bouche de Phokay, à l'intérieur d'un sous-marin intriguant. Je comprends la lourdeur de ces mots en croisant le regard du monstre aquatique, qui tente de détruire l'engin subaquatique.

Je nage actuellement plus rapidement que jamais, me sentant comme un dauphin dans l'eau. J'ai toujours été plus à l'aise dans l'eau que la moyenne, alors nager n'est pas un problème pour moi. Néanmoins, Le monstre marin exerce une telle pression que je me déplace comme un chat voulant sortir d'une baignoire. Malgré tout, tant que j'atteins la surface, cela me va amplement.

Cependant, la bête n'est pas présente. Aucun cri, aucun rocher ne s'effondre, ni aucun petit poisson à l'horizon. Nous n'entendons absolument rien, assez profonds pour que l'eau absorbe et insonorise la totalité des profondeurs marines. Un geste sous l'eau en vaut trois à la surface, alors nous tentons de progresser au mieux.

Tout est flou autour de moi, je ne vois que le bleu de l'océan et la lumière jaune du soleil, quand je regarde vers la surface. Mais, ce qui m'inquiète le plus, c'est Charlie qui éprouve beaucoup plus de difficulté que moi à nager. Sa tête s'agite et il marque des temps d'arrêts de quelques secondes à répétitions.

Phokay tourne la tête dans notre direction, et j'en profite pour lui faire comprendre que l'antiquaire a besoin d'aide. Sans hésitation, il le rejoint tel un éclair pour lui porter assistance.

Je n'avais jamais observé une telle vitesse de nage, ; aucun humain n'est capable de telles prouesses ! Dispose-t-il de palmes ou de quelque chose d'autre ? Ma vue est bien trop trouble, fait chier !

Soudain, une ombre effrayante plane au-dessus de nous. Des tentacules larges et visqueuses se dessinent à seulement quelques mètres du groupe. Des frissons parcourent l'intégralité de mon corps et je n'arrive plus à nager. Je reste stoïque et paralysé, conscient que nous sommes tous exposés et donc à la merci du monstre. Cependant, Mawhotto ne partage pas cette perspective.

Il nous gratifie d'un sourire, et se met à nager encore plus rapidement que son frère ainé, s'éloignant dans une direction opposée à la nôtre. La créature le pourchasse immédiatement, et à ma plus grande surprise, peine à le rattraper. Une voie sans danger se dessine devant nous pour atteindre la surface, qui se trouve à seulement une cinquantaine de mètres. Alors, nous nous mettons à nager aussi rapidement que possible.

Phokay et Charlie émergent en premier de l'eau. Je m'efforce de les suivre, mais je dois avouer que je n'en peux plus, je n'ai plus de force. Le sang afflue en abondance, créant une congestion si intense qu'elle paralyse mes jambes ainsi que mes bras. Je suis incapable du moindre effort.

Alors, je m'enfonce lentement dans les profondeurs, pourtant à quelques mètres seulement de l'objectif. Cependant, avant que je ne ferme les yeux pour toujours, Phokay, qui a replongé pour m'aider, parviens à me sortir de l'eau. Comment peut-il ne pas être épuisé après avoir secouru Charlie, puis moi ? Est-il humain ?

Malgré mon retour à la surface, la respiration m'échappe quand même. Je suffoque, et ma tête tourne rapidement. Phokay me retire alors le scaphandre de la tête et me permet de reprendre enfin mon souffle.

— Le casque permet de respirer sous l'eau, mais pas en dehors. Si je ne te l'avais pas enlevé, tu serais déjà mort, déclare Phokay en laissant tomber nos scaphandres dans l'océan.

— Mais, pourquoi les laisses-tu tomber ? Ils pourraient nous être utiles !

— Ils ne sont utiles que pour une seule et unique fois.

Je comprends maintenant pourquoi ce dernier les as jetés.

— Je vois... Et toi, pourquoi n'en as-tu pas mis ? Comment as-tu pu retenir ta respiration tout ce temps ? Demandais-je, intrigué.

— Je te dirais tout ce que tu veux savoir quand nous aurons mis les pieds sur l'île, en face de toi. Le monstre rôde encore, et Mawhotto a aussi ses limites. Alors, hâtons-nous ! La terre ferme n'est pas très loin. Charlie, peux-tu nager jusqu'à là-bas ?

— Ça ira, tu en as assez fait pour moi, je te remercie, répond l'historien.

Charlie se met à tousser à nouveau, comme à l'hôpital. Je m'interroge sur la raison de cette toux inhabituelle, mais compte tenu des efforts surhumains qu'il a effectués, je suppose que ça doit être naturel. Alors, je préfère ne pas m'inquiéter davantage pour le moment.

L'eau redevient calme et limpide, teintée de bleu azur. Sa transparence exceptionnelle me permet de voir tout ce qu'il se passe en dessous sans la moindre difficulté. Cependant, sachant la créature qui rôde dans les profondeurs, cette clarté me donne la chair de poule. Alors, je préfère fixer droit devant moi.

Quelques minutes plus tard, nous atteignons enfin la terre ferme, ou plutôt un sable fin et vraiment agréable. Une plage paradisiaque s'étend devant nous, avec une forêt qui se distingue un peu plus loin grâce aux arbres atteignant une hauteur jamais vu jusqu'à présent.

Malgré tout, épuisé, je m'écroule sur le sable aux côtés de Charlie, la tête tournée vers le ciel. J'ai l'impression d'être en vacances sur une île paradisiaque, sans avoir dépensé le moindre sou. En réfléchissant, la réalité de la situation est incroyable. J'avais simplement invité Charlie à venir manger à la maison, et me voila sur cette plage abandonnée, après m'être retrouvé dans un sous-marin, je ne sais comment et poursuivi par un monstre marin aux tentacules visqueuses et à la taille absurde.

De l'autre côté, je me demande ce qu'il se passe dans l'esprit de ma mère. Elle doit être folle d'inquiétude et avoir déposé un avis de recherche, j'imagine. Cependant, il est trop tard pour faire marche arrière. Je suis désolé maman, tellement désolé de te faire revivre une situation similaire. Je t'aime de tout mon cœur, je t'en prie, ne m'en veux pas...

Phokay, lui, traine ses pieds dans l'eau et regarde l'horizon. Il semble attendre impatiemment le retour de son petit frère, le sauveur. J'ai effectivement de nombreuses questions à lui poser, mais ce n'est sûrement pas le moment.

— Quelle aventure, hein Noah ? Me dit spontanément Charlie en reprenant son souffle.

— Je ne te le fais pas dire... Je suis content de vivre tout ça à tes côtés, même si j'ai l'impression d'être en train de rêver !

— C'est bien réel, pourtant. Tu sais, je te considère comme mon fils et je t'ai toujours protégé. J'ai toujours veillé à ce que vous ne manquiez de rien depuis le départ de ton père. Prendre soin de ta famille a toujours été primordial, pour moi. Alors, c'est aussi un réel plaisir de vivre tout cela en ta compagnie. Nous allons le retrouver, je te le promets, p'tit gars.

— Tu as constamment été là et tu t'es occupée de nous comme de ta propre famille. Je t'en serais éternellement reconnaissant. J'espère que nous pourrons le retrouver, j'ai confiance.

Charlie tourne ensuite sa tête vers Phokay.

— Je ne sais pas si tu l'as remarqué, mais il ne présente aucun signe d'épuisement et a nagé à une vitesse ahurissante.

— J'ai pu le constater et, effectivement, c'est très étrange, nous devons lui poser des questions ! M'exclamai-je en toussant.

— Pas pour l'instant, ce n'est pas le moment. Reprenons notre souffle et reposons-nous un peu. Nous aviserons par la suite.

— C'est noté. De toute façon, je n'ai plus aucune force. Alors bon...

Quand soudain, Phokay s'enfonce petit à petit dans l'eau.

— Oh, Phokay, qu'est-ce que tu nous fais, là ? Crie Charlie en se levant.

— Mawhotto ne revient toujours pas. C'est mon frère, je préfère mourir que de l'abandonner. S'il était à ma place, il serait venu me chercher depuis longtemps déjà. Attendez-moi là, je n'en aurais sûrement pas pour longtemps !

— Mais... Nous ne savons même pas où nous sommes ?

— Messieurs, bienvenue en Atlantide.

Sur ces mots, Phokay disparût dans cette eau transparente en quête de son ami.

Je suis perplexe face à cette révélation. Aucune émotion ne me traverse sur le moment, comme si j'étais sourd, imperméable aux implications de ces mots. Tout au long de ma vie, l'Atlantide a été un sujet de discussion récurrent, que ce soit les discussions nocturnes entre Charlie et mon père feignant d'aller chercher un verre d'eau dans la cuisine, ou lors des cours d'histoires, ou les enseignants projetaient des documentaires retraçant l'histoire de ce mythe.

Charlie semble aussi déconcerté que moi. Nous essayons tous deux de digérer lentement le fait que nous ayons découvert ce que mon père recherchait désespérément durant des années, comme mes ancêtres avant lui.

— On est sur l'île perdue de l'Atlantide, Charlie. Tu te rends compte ? Souris-je, les larmes aux yeux.

— Effectivement, p'tit gars. Ton père n'était pas fou, l'Atlantide existe bel et bien. Noah, nos chances de retrouver ton père n'ont jamais été aussi grandes. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin et continuons notre route !

— Tu as raison. Allons-y !

J'arrive, Papa. Je suis bientôt là.

Nous décidons de continuer notre chemin et de nous aventurer dans cette forêt, sans aucune connaissance du territoire ni de ses dangers. Notre motivation pour retrouver mon père, ravivée par l'annonce de Phokay, coule à flot dans nos veines. Cependant, nous ne laissons pas le feu grandissant dans nos cœurs obscurcir notre jugement. Nous devons rester sur nos gardes, car ce monde n'est clairement pas le nôtre. Nous sommes en territoire hostile, nous ne connaissons rien. La prudence, ainsi que la méfiance doivent être notre priorité.

Charlie et moi avançons prudemment, limitant l'impact de nos pas sur le sol pour éviter de casser des branches et faire du bruit inutilement. Les arbres qui nous entourent sont gigantesques, bien que semblables à ceux de notre terre.

Chênes, châtaigniers, sapins, noisetiers, ifs, tous coexistent dans un foisonnement de verdures entourées de grottes et de petits ruisseaux. La flore est abondante, mais la faune est étrangement absente. Aucune trace de vie humaine ou animale ne se manifeste. Le soleil, filtrant à travers les feuilles, diminue progressivement, plongeant la forêt dans une obscurité croissante.

Le lieu devient plus glauque et lugubre, me donnant des frissons. Soudain, un rugissement de loup résonne. N'ayant jamais rencontré de bête sauvage en pleine forêt, la peur s'empare de moi et l'envie de fuir grandit inévitablement. Malheureusement, un pas en arrière provoque malencontreusement un bris de branche. Maudit soit-elle !

Hélas, partir est trop tard. Un loup se tient devant nous, mais il est différent de ceux de chez nous. Un hybride avec le corps d'un loup, mais les ailes immenses d'un aigle. Le pelage de la créature est aussi noir qu'un corbeau, et ses canines sont tranchantes à l'extrême. Chaque goutte de sa salive, acide et brulante, carbonise l'herbe sur laquelle elle tombe.

L'hybride rugit, grattant le fond de sa gorge avant de se précipiter vers nous. Cependant, une aura verte mystérieuse l'entoure, la projetant au sol comme par magie. L'hybride rugit en grattant le fond de sa gorge et court afin de nous bondir dessus. Le loup gémit de douleurs, boiteux, avant de s'éloigner en grognant.

Je pensais que c'était sincèrement la fin, que mes souvenirs défilaient devant mes yeux. Mais, par miracle, la menace s'évapore.

Dans ce moment de confusion, une silhouette s'approche prudemment.

Vêtue d'une tunique noire aux nuances vertes, avec une capuche qui cache son visage, la personne suscite notre méfiance. Charlie et moi nous relevons rapidement, reculant instinctivement. Ignorant le monde qui nous entoure, nous restons sur nos gardes, conscients que notre vie est en jeu.

La mystérieuse figure retire soudainement sa capuche et son voile, révélant de longs cheveux argentés maintenus en arrière et ornés de dessins géométriques sur le visage. Sa peau mate et la petite pierre mystérieuse sur son front soulève des questions sur sa nature. Est-elle humaine, comme nous ?

Le vieux brigand à mes côtés reste méfiant, tandis que je ressens une étrange confiance en elle. Malgré son interdiction de communiquer avec les étrangers, elle nous invite à la suivre. Un débat hésitant entre méfiance et espoir s'installent, mais nous décidons de la suivre avec réticence.

Au bout d'une marche assez tendue, un pont se dresse devant nous, les lianes au sol formant un chemin vers un village éclairé par des torches. La nuit et les lucioles créent une atmosphère féerique et fantastique. Les habitations, nichées dans les arbres, sont éclairées par des bocaux de lucioles. Des ponts en bois relient les cabanes, chacune équipées d'un mécanisme de montée et descente.

Arrivés sur la place centrale, les villageois nous accueillent avec respect et s'inclinent même devant celle qui nous a sauvés. Conduits vers une cabane plus grande, nous prenons place autour d'une table en bois à l'intérieur. Charlie reste méfiant, mais mes questions fusent.

La jeune femme, dévoilant sa tenue verte et noire, nous assure que nous sommes en sécurité au sein du village. Mais, mes pensées vont bon train et s'évadent vers son apparence. Son décolleté attire mon regard, et la gêne s'installe. Je tente tant bien que mal de reprendre le cours des questions, mais Charlie me réprimande sur mon comportement inapproprié.

Impossible de faire semblant devant une telle beauté. Et puis, sa façon de refaire son chignon... Ouuuuuh !

Charlie ne cache pas sa désolation et souffle en levant les yeux. Je me retrouve par la suite à m'excuser, embarrassé. La jeune femme exhorte à poser des questions tout en me conseillant cette fois-ci de la regarder dans les yeux, ce qui brise le charme momentané. 

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