Personne ne s'attendait à revoir le Roi. Moi, je ne m'attendais pas du tout à le revoir presque en forme. Ce n'est pas normal de tenir debout après ce qu'il vient de se passer. On parle d'une tornade dévastatrice qui ravagé les murs de l'enceinte, quand même. Roi ou pas, c'est bien trop étrange. Il y'a anguille sous roche, et je ne tarderais pas à percer ce mystère.

Tout le monde sort donc de la grotte et suit le Roi. J'essaye tant bien que mal de bousculer la foule dans ce couloir étroit afin de rejoindre ce dernier pour lui poser des questions, mais, les habitants sont bien trop larges physiquement pour que je puisse passer. Le sport n'existe-t-il pas, ici ?

Quand enfin, nous sortîmes toutes et tous du sanctuaire et ...

- Mes chers compatriotes, voici un griffon ! S'exclame-t-il en pointant du doigt cette créature légendaire et majestueuse.

Je suis complètement abasourdi. Je n'en avais entendu parler qu'en cours d'anthropologie ! Si on m'avait dit que j'allais en voir un et en plus d'aussi près, je ne l'aurais pas cru. Littéralement. Son corps d'aigle, greffé sur l'arrière d'un lion avec des oreilles de cheval ... Et puis, son pelage rose et teinté de bleu que j'ai envie de toucher... Je suis hypnotisé par la créature. Je n'avais jamais rien vu d'aussi beau de toute ma vie. Ce moment est magique et restera gravé dans ma mémoire, y compris celles des personnes présentes ici. Viktor, lui, n'a absolument pas l'air choqué et ce dernier s'approche même de lui comme s'il était un ami.

PDV de Viktor.

C'est le griffon qui m'a sauvé à deux reprises, j'en suis sûr. Sa cicatrice à l'abdomen en est la preuve. Mais, son petit n'est pas là. Lui est-il arrivé quelque chose ?

Quoi qu'il en soit, c'est pour moi le moment de briller aux yeux des autres et montrer que je m'y connais. Je décide donc de bousculer la foule san vergogne afin d'aller dire bonjour au griffon. Ils peuvent râler ou m'insulter, je n'en ai rien à faire. Je ne donne pas l'heure aux plus faibles que moi.

J'approche donc le griffon et je mets le genou à terre en baissant la tête, comme Ayek me l'a appris. Soudain, j'entends les habitants crier derrière moi et quand je lève la tête, le griffon s'est levé sur ces deux pattes arrière et, pris de panique, je me recule. Pourquoi a-t-il agi comme ça ? Je ne comprends pas !

Vexé et humilié, je décide de bouder comme un gamin et de me cacher derrière la foule au côté de Lana.

- Bah alors mon Vivi, on fait son caca boudin ? Se moque-t-elle en chuchotant dans mon oreille.

- Je ne t'ai rien demandé. Lâche-moi et occupe-toi de tes affaires.

- C'est un peu logique, quand même, ce qu'il vient de se passer.

- Ah ouais ? Et, en quoi, Madame je sais tout ?

- Le griffon à sensiblement le même comportement qu'un cheval. Alors, si tu parais trop confiant et à l'aise, il te le ferait simplement savoir. Ils n'ont pas un caractère facile, en tout cas ! C'est un privilège de se faire accepter par ces bêtes divinement belles !

- Pfff. Je ne fais pas la causette avec les chevaux, moi. Je ne pouvais pas savoir !

Quand soudain, le Roi reprend la parole.

- Je le sais, le griffon n'est normalement qu'un mythe. Nombreux sont les atlantes qui n'ont jamais eu l'occasion d'en voir un, même de loin durant leur vie. Nous avons cette chance, actuellement et c'est d'ailleurs cette créature légendaire qui m'a sauvé d'une mort certaine. Je ne vous apprends rien, les griffons sont les gardiens des trésors de l'île de l'Hyperborée. Alors, si cette bête existe, permettez-moi de croire en l'existence de cette île. Nous partirons quand tout le monde sera prêt, alors ne trainez pas !

- Mon Roi, réplique un des habitants tout timide, je ne souhaite en aucun cas vous offenser mais, nous sommes tous nés ici, et nous n'avons jamais rien vu d'autre que cette cité que nous chérissons du plus profond de nos cœurs, même si elle a été rasée. Nous avons grandi ici, nous travaillons ici, nous gagnons notre pain et nous avons pour beaucoup construit une famille et élevé nos enfants en ces terres. Alors, quitte à mourir et de subir une nouvelle attaque de Deimos, nous souhaitons toutes et tous rester ici et reconstruire notre ville bien aimé. Je suis navré, votre majesté.

- Mh, je vois. J'aime ton courage, répond le Roi. Tu n'as pas froid aux yeux d'assumer pour les autres, c'est très bien. Je comprends votre raisonnement et je l'accepte. Je resterais ainsi avec vous et nous rebâtirons Atlantis de nos mains !

La foule est en délire et tous se prennent dans les bras. Ayek sourit et le Roi est heureux de pouvoir rester ici. Mais moi, je ne sais pas quoi faire. Je suis tiraillé, à vrai dire. Même si je n'ai pas envie de le croiser, mon père est ici et le fait de savoir que le Roi fait partie de ma famille, tout change.

Je n'ai pas non plus envie de suivre cet enmerdeur de Noah, mais, quand le Roi à parlé de trésors sur cette île mystérieuse, je me dis que finalement ... Pourquoi pas. Et puis, je dois trouver ce maudit bouquin que mon ancêtre a laissé, également. Si ce n'est pas en Atlantide, peut-être est-ce l'as-bas ?

- Alors, on fait quoi ? Me demande Lana.

- Je n'en sais rien, répond-je en soufflant. J'ai envie de rester, mais, cette île m'intrigue. Et puis, j'ai vraiment la flemme de devoir reconstruire la cité avec eux.

- Je te reconnais bien là ! Alors, la décision est prise : Nous partons pour l'île de l'Hyperborée !

- Pas toi. Toi, je vais t'emmener voir mon père et t'y restera bien sagement.

Elle éclate de rire et m'imite en jouant le rôle d'un dictateur en extrapolant. Quelle garce.

- C'est bon, la coupais-je dans son imitation ringarde : Tu m'accompagne. Mais, c'est toi qui portes le sac, je ne me ferais pas avoir une seconde fois !

- On verra ça !

PDV de Noah.

- C'était donc grâce au griffon, alors ? Demandais-je au Roi après l'avoir approché, à l'écart des autres.

- Oui. Mais, tu savais que j'étais vivant, n'est-ce pas ?

- Comment le savez-vous ?

- Tu n'étais pas du tout surpris de me revoir, tout à l'heure. Je t'ai même vu esquisser un sourire. Ton pouvoir est bien plus grand que tu ne le pense, Noah. Mais, tu le découvriras dans ta prochaine aventure. Et puis, j'espère sincèrement que tu retrouveras ton père et que tu reviendras avec lui. D'ici là, la cité aura déjà bien avancé.

- Je le trouverais, comme je trouverais également le bouquin de mes ancêtres. Merci pour tout.

- C'est tout naturel. Ah oui, et, s'il te plait, n'ayez pas trop de discordes, avec Viktor. C'est un homme bon, mais, je pense que tu l'as senti.

Le fond est bon, certes mais la forme est vraiment à revoir ...

- Effectivement. Mais, avant de partir, j'aimerais vous demander quelque chose ...

- Je t'écoute ?

- A la base, le but de ma venue était de vous demander si vous connaissez l'existence d'un remède pour une maladie des poumons. J'ai un ami qui risque de mourir, si je ne le lui ramène pas ...

- Nous avons bien ce remède, tu as bien fait de venir. Mais, la cité n'existe plus, alors tout a été emporté avec. Je suis navré Noah, mais je ne peux rien faire pour ton ami.

Mon cœur s'est arrêté, l'espace de quelques secondes. Les larmes coulent automatiquement, face à cette annonce qui me ... Arh, je n'ai même pas les mots pour exprimer une telle peine. J'ai tellement mal, j'ai l'impression qu'on vient d'aspirer mon énergie, je me sens faible et j'ai même la tête qui tourne. J'ai la gorge nouée et j'ai envie de vomir mes tripes. Je sais que je vais perdre Charlie maintenant et sa me déchire. Ses enfants ne seront pas au courant avant un moment, ses proches vont s'inquiéter de ne jamais le voir revenir ... Et puis Karl, son assistant et sa boutique d'histoire ... Bordel, c'est si dur d'accepter une souffrance de cette ampleur ...

- Je suis terriblement navré de ne pas pouvoir t'aider mon garçon. Mais, s'il y'a bien une chose que tu dois faire avant de partir, c'est d'aller le voir. Alors n'hésite pas une seule seconde.

- Vous avez raison, répond-je en séchant mes larmes. J'y vais, merci.

L'heure des au revoir est maintenant passé. Je déteste ces moments. Tout dépend des personnes, mais en général, c'est assez gênant quand même. La, sa allait alors bon, je suis soulagé.

- Alors, cow boy, comment compte-tu te rendre sur cette île qui ... Noah ? Que se passe-t-il, t'es yeux sont rouges et tu n'as pas l'air bien ? Me demande Thalia, inquiète de me voir dans cet état.

- Avant de partir, nous devons faire un détour à Dryade.

PDV de Viktor.

Je ne sais pas ce qu'il a appris, mais j'étais dans un état presque similaire quand j'ai appris que ma mère était décédée. Je ne vais pas le chercher, son état me touche beaucoup, bizarrement. Je vais faire profil bas et le laisser digérer ce qu'il essaye d'encaisser. Une chose est sûre, je ne serais pas celui qui le consolera.

- Les griffons peuvent voler et, grâce à leur long corps, nous pouvons nous installer à quatre. C'est sur leur dos qu'on se rendra au sein de votre ville avec un nom bizarre, dis-je aux trois funambules.

- Mais t'es malade ? Crie Lana, qui me casse les oreilles. Je ne monterais jamais sur ce truc !

Ah, les femmes ...

- Pas de soucis, princesse, rétorquais-je. Reste ici alors, le Roi aura besoin de t'es bras pour la reconstruction !

- Ahahaha. Très drôle Viktor. J'ai compris le message, merci.

Maintenant, encore faut-il pouvoir approcher le griffon. J'essaye cette fois-ci une autre méthode et m'approche plus lentement. Je m'agenouille une nouvelle fois et baisse la tête, malgré ma peur et mon hésitation. Et enfin, le griffon s'approche tout doucement et se prosterne également.

- Ça a marché ! Crie la petite copine de l'autre gogole.

Je sais, je sais.

- Faites de même maintenant et nous pourrons enfin décoller de ce trou à rat, répliquais-je.

Chacun passe à son tour, la boule au ventre. Lana et l'autre femme aux cheveux d'argent hésitent vraiment au début mais se lancent et tentent de faire confiance au griffon, pareil pour Noah.

Après que tout le monde ait été accepté par la créature légendaire, nous décidons toutes et tous, grâce au long corps de l'animal à monter dessus doucement mais sûrement et celui-ci décolle enfin pour notre nouvelle destination : Dryade.