Chapitre 3
— Bonjour, Votre Sainteté.
Wat sourit en voyant Phitchaya arriver. Grand, d'au moins 1 mètre 90, il avait ses cheveux noirs attachés en une queue-de-cheval qui laissait certaines mèches libres. Avec son vêtement d'un bleu profond et fait d'un tissu de qualité, il paraissait venir d'ailleurs que le village.
— Je ne m'attendais pas à te voir aussi tôt, commença-t-il. Tu ne m'avais pas dis qu'une nouvelle enseignante arrivait au village ?
— Si, tout à fait.
— Alors pourquoi n'es-tu pas en train de t'en occuper ? Je suis un grand garçon tu sais.
Chaya eut un sourire amusé. Il était ironique de sa part de dire cela, sachant que Wat n'avait pas moins de 1340 ans. Ou 1350. Il venait un moment où les divinités ne s'embarrassaient plus de compter leur âge et la mortelle qu'elle était ne pouvait donc n'en avoir qu'une vague idée grâce aux récits religieux.
— C'est elle-même qui m'a dit de venir m'occuper de vous plutôt que d'elle.
— N'est-elle pas noble ? Elle est loin d'être aussi capricieuse que ce à quoi tu t'attendais, ou du moins c'est l'impression que j'en ai.
Chaya acquiesça. Elle n'était pas du genre à refuser de changer d'avis et à ne pas admettre qu'elle s'était trompée. Son père avait mis un point d'honneur à ce qu'elle accepte ses erreurs. Il considérait que c'était là une qualité essentielle pour un bon leader.
— Elle a l'air plus forte que ce que je pensais.
— Il le faut bien, Cha. Elle a perdu ses parents, sa vie est partie en fumée, c'est sa dernière chance de survie. Je la comprends, elle ne doit pas vouloir montrer combien tout ça l'atteint.
— C'est rare de vous voir autant parler de quelqu'un, nota Chaya.
— Je pense que je me retrouve un peu en elle. Devoir se cacher pour survivre, je connais bien ça... Je serais curieux de la rencontrer, tiens.
— Vous savez bien que ce n'est pas possible...
— Je sais bien, je dois rester caché. Mais ça va bientôt faire mille ans et j'avoue que rencontrer de nouvelles personnes est la seule chose qui maintienne un peu d'intérêt...
Il secoua la tête, comme pour éloigner les pensées négatives, et l'invita à s'asseoir à côté de lui.
— Bref, dis-moi toutes les nouvelles de la semaine !
Comme chaque fois qu'elle venait le voir, Phitchaya lui raconta ce qui s'était passé au village, sans rien omettre. Wat l'écoutait avec attention, tantôt amusé, tantôt sérieux. Même s'il n'avait rencontré que les gardes forestiers qui étaient dans le secret de son existence, Wat avait l'impression de connaître tous les villageois.
Après trois heures de discussions, Phitchaya donna ses rations hebdomadaires à Wat et lui promit de revenir la semaine suivante. Wat appréciait particulièrement sa compagnie et elle mettait un point d'honneur à venir le voir le plus souvent possible. Elle le salua finalement et prit la route vers le village où la nuit ne tarderait pas à s'installer. La saison hivernale approchait et avec elle, le soleil se couchait de plus en plus tôt.
Curieuse de ce que faisait Sunya, elle se mit à sa recherche et la trouva sur la place centrale du village, près de l'habitation du chef et de l'Arbre millénaire. Comme son nom l'indiquait, l'arbre avait près de mille ans et aurait été planté par le chef du village de l'époque lorsque la Guerre Céleste ayant opposé les divinités et les Démons Célestes s'était achevé. Il avait voulu à travers cet arbre garder trace de cette nouvelle ère de paix.
Comme à chaque fois qu'elle trouvait Sunya, celle-ci était en train de dessiner. Cette fois, bien que Sunya ferma rapidement son carnet quand elle la vit arriver, elle put y discerner certains traits et y reconnut l'Arbre.
— Vous aimez dessiner, constata-t-elle avec enthousiasme.
— Oui, ça me détend.
« Je suis angoissée et ça me permet de ne pas y penser pendant que je dessine » lut Phitchaya dans les mots de Sunya. Sans doute était-elle influencée par les paroles de Wat mais elle voyait désormais bien plus dans le comportement de Sunya qu'auparavant. Le genou qui tressautait, elle ne regardait jamais Chaya dans les yeux, ses doigts faisaient tourner son crayon sans interruption... Un stress latent émanait de Sun et elle le voyait désormais clairement. Chaya eut alors une idée.
— Hum, ça vous dit une partie de ballon avec les enfants ? Toutes les semaines, je joue avec eux. Je suis sûre qu'ils seront ravis que vous participiez aujourd'hui !
Sun sembla hésiter quelques secondes mais finit par accepter.
— Vous avez ce qu'il vous faut ?
— Oui, j'ai pris de quoi pouvoir faire du sport avec les enfants !
Sans attendre plus longtemps, elle l'enjoignit à la suivre et elles ne tardèrent pas à arriver sur ce qui correspondait, à Phu Long, à un terrain de sport. Des traits dans la terre désignaient des buts et une ligne le centre du terrain. Phannee, ballon sous le bras, se précipita en courant vers Chaya.
— Hawhna Cha ! Vous êtes venue avec la Professeure Sunya ! Vous allez jouer avec nous, Professeure ? sourit l'adolescente.
Sunya acquiesça et ne put retenir un sourire quand Phannee fit demi-tour en courant pour annoncer la nouvelle aux autres, visiblement ravie. Très rapidement, deux équipes se constituèrent, l'une menée par Sunya et l'autre par Phitchaya. Peu douée en sport, Sunya fut rassurée de voir que les enfants y voyaient un jeu plus qu'une compétition. A son plus grand étonnement, elle réussit des passes et, si Phitchaya n'avait pas intercepté le ballon, aurait presque marqué. Courir dans tous les sens avec les enfants finit de lui retirer l'énergie qu'il lui restait et elle s'assit complètement essoufflée à la fin de la partie. Ratana se posa contre elle, pendant que Sinee la rejoignit.
— On a perdu, mais je suis contente d'avoir pu jouer avec vous Professeure ! sourit Sinee.
— On gagnera la prochaine fois, fit-elle en riant.
— Bon courage pour marquer alors, intervint Phitchaya.
Les cheveux complètement décoiffés et un sourire aux lèvres, Chaya n'avait plus rien d'intimidant. Peut-être aussi parce qu'elle ne portait pas la veste de son uniforme mais simplement un tee-shirt blanc.
— On a réussi à vous mettre un but, tout de même !
Sunya faisait mine de s'indigner mais l'amusement qui émanait de sa voix ne trompait personne. Phitchaya rentra dans son jeu, visiblement ravie.
— Les enfants ont marqués, pas vous.
Elle caressa les cheveux de Ratana avant de se lever et de faire face à Phitchaya, bras croisés.
— Et alors ? Il me semble que vous n'avez pas marqué également, Hawhna.
Difficile de mettre plus d'insolence dans un seul mot.
— Je n'allais pas vous mettre une raclée dès votre premier jour, voyons.
— Je vois que vous avez confiance en vos capacités, mais qu'en est-il de la réalité ?
Phitchaya s'approcha un peu plus, son sourire s'agrandissant bien malgré elle. La situation l'amusait bien plus que ce qu'elle aurait imaginé.
— Vous me mettez au défi, Professeure ?
Si elle n'était pas habituée aux joutes verbales à l'Académie, Sunya aurait sans doute perdu ses moyens face au regard que lui adressait Phitchaya malgré son sourire.
— Vous avez peur de perdre, Hawhna ?
— C'est plutôt vous qui devriez avoir peur de la défaite.
— C'est ce qu'on verra la semaine prochaine.
— Comptez sur moi.
Phitchaya maintint son regard une poignée de secondes avant de reporter son attention sur les enfants. La garde forestière les salua un par un avant qu'ils ne rentrent chez eux, tous impatients de recommencer. Sunya fit de même, adressant un sourire sincère à chacun. Phitchaya gardait un oeil sur elle et fut rassurée de voir que le stress avait délaissé Sunya. Même si cela n'était que pour un court instant c'était déjà cela.
— Je vous ramène chez vous, Sun ? lui demanda-t-elle quand tous furent partis.
— Vous n'avez rien d'autre à faire que de vous occuper de moi ?
— Je suis au service de ce village, cela vous inclut donc également.
Sun eut un moment d'arrêt. Elle ne s'attendait pas à cette réponse de la part de Chaya et hocha simplement la tête pour cacher qu'elle ne savait pas quoi dire. Cela sembla amuser Phitchaya qui l'entraîna alors vers chez elle. Le trajet se passa dans un silence relatif, interrompu par le bruit de leurs pas sur la terre battue. Sunya en profita pour contempler le ciel étoilé, son carnet de dessins à la main. Elle ne pourrait malheureusement pas le dessiner, faute de lumières pour éclairer ses feuilles. Elle n'avait qu'une seule lampe à pétrole et elle savait combien cette énergie était chère et polluante, aussi ne voulait-elle pas l'utiliser plus que nécessaire. Phitchaya s'interrompit alors brusquement, la maison de Sunya à peine dans leur champ de vision réduit par le manque de clarté nocturne.
— J'ai complètement oublié de vous donner votre repas.
Chaya sembla visiblement partagée entre aller chercher ledit repas ou continuer à la ramener chez elle.
— Ne vous en faites pas Hawhna, je peux rester chez moi sans soucis pendant que vous allez le chercher.
— Vous êtes sûre ?
— Hum hum, acquiesça-t-elle. Je suis une grande fille vous savez ! Et puis, je dors bien seule la nuit !
Phitchaya ne put que lui donner raison et termina de la conduire chez elle avant de repartir aussitôt, sous le regard de Sunya. Elle en profita pour allumer sa lampe le minimum possible et se changer. A la place de la chemise et du pantalon en toile traditionnels prêtés par Chaya, elle enfila une simple chemise de nuit en toile. Elle décoiffa ensuite ses cheveux noirs qu'elle avait tressé la veille et qui tombèrent peu à peu sur ses épaules en fines ondulations. Alors qu'elle les secouait légèrement, Chaya entra, complètement essoufflée et deux boîtes sous le bras.
— Tenez, réussit-elle à dire en lui en donnant une.
— Vous n'aviez pas besoin de vous dépêcher autant, râla Sun.
— Je ne voulais pas trop vous faire attendre.
L'enseignante lui adressa un sourire de politesse, s'abstenant de tout commentaire supplémentaire, et fit signe à Chaya de s'asseoir. Elles s'installèrent alors à même le sol, genoux croisés, à la lueur de la lampe de Sunya. Chacune attrapa une des boîtes et commença à manger. Des légumes au curry venaient accompagner du riz et une omelette roulée, pour le plus grand plaisir de Sun qui adorait le curry.
— Hum... Pourquoi me vouvoyez-vous ? demanda Sunya après un silence. Mon titre de Hakushaku n'a aucune valeur ici à Thalelek et je suis plus jeune que vous.
Phitchaya quitta son repas du regard, étonnée.
— Vous dois-je le respect seulement pour votre âge ou votre titre ? N'est-ce pas quelque chose que tout être humain mérite ?
— Si, si, bien sûr mais...
Chaya eut un sourire qui apaisa la gêne de Sunya.
— Je comprends, vous avez toujours vécu en tant que noble donc il est normale que vous considériez que je vous vouvoie simplement pour cela. Soyez rassurée, sauf mes proches, je vouvoie tout le monde pour leur montrer le respect que j'ai à leur égard.
Sun acquiesça pendant que Chaya se décala légèrement vers elle. De ses yeux sombres, elle la sonda.
— Est-ce que vous voulez que je vous tutoie ?
Sous le regard de Chaya, Sun eut l'impression de redevenir la jeune étudiante qu'elle était, prête à tout pour ne pas déranger les autres et ne pas prendre plus de place que ce qu'elle devait. Chaya recula quand elle la vit se recroqueviller sur elle, de manière imperceptible pour quiconque n'y aurait pas prêté attention.
— Si ça ne vous dérange pas, je veux bien, finit-elle par avoir le courage de dire.
— Bien sûr que non ça ne me dérange pas, Sun.
Le sourire qui illumina le visage de Sun contamina Chaya qui ne put que l'imiter.
XXX
Sunya se réveilla, les yeux humides. Une fois encore, elle avait rêvé de ses parents qui venaient lui reprocher leur mort. Elle avait beau savoir que ce n'était pas le cas, ils étaient bien trop conscients des dangers les entourant, elle n'était pas moins troublée par ses cauchemars. Lorsqu'elle se redressa dans son lit et voulut essuyer ses larmes, une grimace parcourut son visage. Son corps était plein de courbatures, causées par les efforts de la veille.
Le soleil se levait à peine et elle profita du temps qu'il lui restait avant l'arrivée de Phitchaya pour s'étirer et apaiser ses douleurs. Elle peigna ensuite ses cheveux, songeant qu'un lavage ne leur ferrait pas de mal, aussi bien pour eux que pour elle. Elle les coiffa donc en deux tresses, pour dissimuler du mieux que possible ses mèches qui commençaient à graisser. Une fois cela fait, Sunya s'arrêta devant ses vêtements.
Lorsqu'elle était arrivée, elle n'avait qu'un sac contenant les quelques affaires qu'elle avait conservé de l'Académie. L'obligation de porter l'uniforme dans l'enceinte de l'école l'avait amené à ne pas acheter plus de vêtements que nécessaires et elle s'était ainsi retrouvée avec seulement quelques tenues. Malheureusement pour elle, les quelques vêtements qu'elle possédait de sa vie d'avant étaient soit des tenues pour des évènements officiels, soit elles se démarquaient bien trop du style de Phu Long. C'était pour cette raison que Chaya lui avait fourni quelques chemises et pantalons, bien plus simples et confortables. Sunya devait avouer que cela n'était pas lui déplaire, même si elle n'avait refusé une invitation à une soirée mondaine. Ne pas avoir à se préoccuper de ce que les autres allaient penser en voyant sa tenue... Cela avait un côté libérateur. Un petit rire passa ses lèvres à cette pensée. Elle avait fui, devait se cacher de l'assassin de ses parents, et elle se sentait pourtant plus libre que jamais.
Sans s'y attarder plus longtemps, elle attrapa une chemise blanche et un pantalon marron. Alors qu'elle fermait les derniers boutons, Phitchaya toqua à la porte. Sunya se dépêcha de finir pour l'accueillir comme il se devait.
— Hanwha, vous êtes déjà là ?
Phitchaya acquiesça avec un petit sourire et lui tendit un sac en tissu qui contenait des boîtes, comme celles pour ses repas.
— Vous ne serez pas là aujourd'hui ?
— Oui, je dois me rendre à Chiang Malek. Tu as besoin de quoi que ce soit ? J'aurais sûrement le temps d'aller faire deux-trois achats.
— Hum, je n'ai pas d'argent de Thalalek sur moi donc...
— Ne t'en fais pas, il y a un bureau de change en ville. Si tu as des Laris je pourrais les convertir.
Sunya acquiesça et sortit une petite bourse de son sac. Plusieurs pièces y trônaient, toutes triangulaires. Elles étaient attachées par dix, selon leur couleur et leur valeur. Si toutes étaient trouées en leur centre pour laisser passer les lanières de cuire qui permettaient de les ranger par dix, le nombre de trous sur les côtés différaient. Zéro trou valait un Lari, un trou trois Laris, deux trous cinq Laris et trois trous dix Laris. De même, un Lari d'argent valait cent de bronze et mille de cuivre.
Les yeux de Phitchaya s'écarquillèrent lorsqu'elle constata que la bourse de Sunya contenait majoritairement des pièces de dix Laris d'argent. Voyant le regard de la garde forestière, elle se retint de se mordre la lèvre. Pour elle, cette somme restait colossale, il s'agissait de l'argent qu'elle avait réussi à récupérer avant de fuir.
— Hum, si je ne me trompe pas, dix Laris d'argent valent mille Krahpees, réfléchit Chaya à haute voix. Ici, tout est bien plus cher qu'à Samitto, à cause des frais d'importation ou de livraison, et de la rareté de certains produits. En comptant la commission que prend le bureau de change... Je devrais avoir neuf cents cinquante Krahpees, ce qui reste une belle somme.
Elle sourit à Sun qui était étonnée de ne pas avoir de remarques de sa part.
— Qu'est-ce que tu veux, je peux peut-être te dire le prix en avance ?
— Eh bien, si vous trouvez du matériel de dessin, je ne suis pas contre.
— Hum, je devrais trouver des crayons gris pour sept ou huit Krahpees chacun.
Le choc anima le visage de l'enseignante, ce qui amusa Chaya.
— Je plaisante, ce n'est pas aussi cher, je peux en trouver pour deux ou trois Krahpees. Les écoles en achètent en grosses quantités régulièrement donc ça devrait aller.
Après un soupir de soulagement, Sunya croisa les bras et regarda Phitchaya dans les yeux.
— Puis-je vous demander de ne plus user de ma crédulité pour votre amusement, Hawhna ? J'ai parfaitement conscience que je ne suis qu'une étrangère ici, mais...
La garde forestière se rendit compte de son erreur. Cela ne faisait que trois jours à peine que Sunya était arrivée et même si elle n'en montrait rien, elle devait sans doute avoir du mal à s'adapter. Sa plaisanterie n'aurait en rien dérangé Leekpai, il était son meilleur ami et la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle ne voulait pas le blesser, mais pas Sunya qui était en territoire étranger et devait en souffrir.
— Je te prie de m'excuser, je ne voulais pas te blesser.
Un sourire de politesse fut la seule réponse qu'elle reçut de la part de Sunya, l'arrivée de Nithoon empêchant la discussion de continuer. Le garde les salua respectueusement et sourit à la nouvelle enseignante, ravi de pouvoir enfin faire sa connaissance.
— Je suis Nithoon, garde forestier. J'avais été chargé hier de m'occuper de vous aujourd'hui mais je vois que vous êtes toujours là, Hawhna.
Phitchaya acquiesça et indiqua le sac qui contenait les boîtes à repas.
— Je devais donner ses repas à Sun.
— Oh, ok. Vous êtes prête pour aller à l'école ?
Sunya acquiesça et prit le sac. Avant de partir, Nithoon l'attendant un peu plus loin, elle se tourna vers Chaya.
— Ne vous inquiétez pas, je ne vous en veux pas. C'est juste... Le rappel que je ne suis pas d'ici...
Elle lui donna une pièce de dix Laris d'argent.
— Vous êtes toujours d'accord pour m'acheter du matériel à dessin ?
Rassurée de voir qu'il n'y avait pas de tensions entre elles, Chaya prit la pièce et lui promit de faire de son mieux. Alors qu'elle s'était déjà retournée pour rejoindre Nithoon, Sunya ne vit pas le regard de la garde forestière qui la suivit jusqu'à ce qu'elle ne le puisse plus, le sourire aux lèvres.
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