Chapitre 28


Jedrek était salement arrangé. Son visage était de toutes les couleurs, gonflé. Un de ses yeux était encore fermé, d'un violet tirant sur le noir. Il ne paraissait même pas dérangé par son bras en écharpe. Il agissait comme s'il allait parfaitement bien alors qu'il boitait comme s'il avait de l'arthrite dans tout son côté gauche.

- Vous ne semblez pas en grande forme, Capitaine, lançai-je.

- Vous pouvez parler, milady, répliqua-t-il avec un demi-sourire.

Il s'assit à côté de moi sur le banc. Je ne manquai pas sa grimace. Je ne dis rien, feignant de n'avoir rien vu.

- N'êtes-vous pas censé être en convalescence ?

Il regarda autour de nous. Le soleil joua dans ses cheveux noirs, leur donna des reflets bleutés surnaturels.

- Si. Je devrais. Mais je ne tiens pas en place. Garder le lit, très peu pour moi. Surtout avec tout ce qu'il se passe.

- Vous avez les chiffres.

- Pas encore. Juste des estimations.

Il n'eut pas besoin de me donner un chiffre pour que je devine que le nombre était trop élevé.

Je baissai la tête sur mes mains, crispées dans mon giron. Quelque part, je me sentais responsable. Si je ne prenais pas autant de temps à remplir ma mission, si je n'avais pas utilisé le Prince pour affirmer une position qui était censée me servir d'alibi... Peut-être que cette attaque n'aurait pas eu lieu d'être.

- Je n'en reviens pas que Jon ait tenté de me doubler ainsi, soupirai-je après avoir vérifié que nous étions totalement seuls.

- Tu n'en avais vraiment aucune idée ?

Je me tournai vers Jedrek et, après un soupir, secouai la tête.

- En les voyant débarquer au château, j'aurais dû m'en douter, je suppose. J'ignore pourquoi ça ne m'est pas venu à l'esprit.

- Tu avais déjà beaucoup de choses sur le feu. Et tu pensais pouvoir leur faire confiance.

- Au final, il a aidé Sdan a tué des centaines d'innocents et a bien failli tuer le Roi. Sans compter Millie qui m'a poignardée. Elle a de la chance d'être déjà morte, celle-là ! Que je l'aurais sous la main que...

Je serrai les dents sans terminer ma phrase. Je me pinçai le nez en fermant brièvement les yeux.

- Que va-t-il se passer pour Jon, Patsy et Kellan ?

- Jon est en prison. Il va être exécuté sans procès. Patsy va être interrogée pour voir jusqu'à quel point elle est impliquée. Quand à leur fils... Je l'ignore. Il est enfermé dans ses quartiers et sous-surveillance. On ne sait pas s'il était au courant et de quel côté de la ligne il se tient.

- Penses-tu que je pourrais lui parler ?

- Je doute que cela pose problème. Mais tu ne pourras sûrement pas rester seule avec lui. Il y aura sûrement un membre du Conseil pour observer votre entretien.

- Je m'en moque. Je veux juste parler à Kellan. Il est impossible qu'il soit impliqué dans toute cette histoire. Il était plus proche de moi que de ses sœurs.

- Je me renseignerai. Normalement, il ne devrait pas y avoir de problème.

- Par contre, pour voir Jon...

Il se tourna vers moi trop vivement pour lui. Il grimaça de douleur.

- Tu n'es pas sérieuse !

- Je veux ses explications. Et je les veux en privé. Et je sais que par la voie officielle, ça sera impossible. Dis-moi simplement où il est enfermé. Je peux me débrouiller.

- Je n'en doute pas. Mais c'est risqué. Il n'est pas en isolement. Il est au milieu des pires criminels de Phyre qui attendent leur passage à la potence ! Aucun garde n'y va seul !

Je levai les yeux au ciel. Il ne pouvait pas être sérieux !

Les graviers roulèrent sous mes pieds lorsque je commençai à faire les cent pas.

- Tu devrais savoir que des brutes et des truands ne m'effraient pas. Même si tu ne me le dis pas, je le trouverai et je lui parlerai. Je dois savoir pourquoi. Il m'a trahie ! Il a tenté de me doubler !

- Ne peux-tu pas te satisfaire de sa pendaison ?

- Non. Je ne dis pas que savoir qu'il n'aura pas l'occasion de tenter de révéler la véritable raison de ma présence ici me déplaît. Mais je veux savoir pourquoi il m'a fait ça. Pourquoi il m'a mise dans une telle position.

Il fronça les sourcils.

- Quelle position ?

- Je suis sa fille adoptive, Jedrek. Tu crois que cette histoire ne va pas rejaillir sur moi ? Tu crois que le Roi, qui me déteste au passage, ne va pas saisir cette occasion pour agir contre moi ? S'il ne me renvoie pas du château, j'aurais de la chance.

- Tu t'es battue contre Jon ! Le Roi n'a aucune raison de s'en prendre à toi !

- Tu devrais savoir qu'il n'a pas besoin de raisons. Il me déteste et veut se débarrasser de moi depuis le début. Je suis reliée à Jon et à sa famille puisque c'est eux qui m'ont élevée.

- Il va se méfier. Certes. Mais il ne te fera rien.

- Toi mieux que quiconque devrait savoir que ça serait trop beau s'il ne faisait rien.

Une ombre passa sur son visage. Il réalisait enfin de quoi il retournait vraiment.

- Gallagher et Sdan n'ont pas été retrouvés ? repris-je.

- Non. Ils sont dans la nature. La Garde n'est pas en état pour lancer une chasse à l'homme. Ils passent en second pour le moment. Le Royaume a besoin de renforts sur le front est. Les Tempêtes acceptent de nous aider mais seulement avec un petit nombre. Nous ignorons si cela sera suffisant.

Je soupirai en retombant assise à côté de lui.

- La priorité, c'est la guerre. Après vient la restauration du château. Le Roi prévoit de vider les prisons en expédiant les procès. Soit ils acceptent d'aller servir de chair à canon et, s'ils reviennent, recevront la grâce royale, soit ils seront écartelés en place publique.

- Et pour Jon ?

- Il sera pendu dans un jour ou deux. Le Roi aussi veut lui parler. Dès qu'il l'aura fait, la sentence tombera. Jullian joue avec lui en attendant.

À l'entente du nom de l'Intendant, je frémis. Je me souvenais trop bien de son cercueil. Jedrek posa une main sur la mienne et la serra doucement. Je cillai, étonnée de son geste. Il ne m'avait jamais paru être quelqu'un de tactile.

- La situation n'est pas facile pour toi, je m'en doute. J'essaierai de te permettre d'aller voir ce Kellan. Mais Jon... C'est plus qu'improbable que tu parviennes jusqu'à lui.

Compulsivement, mes doigts se serrèrent autour des siens.

Je perçus le bruit de pas avant Jedrek. Il se redressa et tourna la tête. Je ne bougeai pas, gardant la tête baissée. Je fixai sa main étroitement liée à la mienne. Elle était si grande et calleuse, si masculine et puissante. En comparaison, la mienne était ridiculement petite et menue. Blafarde.

- Sa Majesté le Roi a demandé à voir Lady Sixtine Marchetta dans la Salle du Trône immédiatement.

La voix du Garde était faible, fatiguée, trop jeune pour son emploi. Je relevai la tête pour le regarder. Il baissa aussitôt les yeux vers le sol.

- Allons-y, soupira Jedrek, aussi peu emballé que moi.

Il se leva, vacillant sur sa jambe blessée. Je l'imitai, libérant ma main pour la passer sous son bras. Une façon subtile de l'aider à garder son équilibre sans pour autant le faire passer pour faible devant ce gamin.

Il me guida à travers les Jardins, puis à travers le château. Il s'arrêta devant les portes de la Salle du Trône. Il les ouvrit pour moi. D'un signe de tête, il me fit signe d'avancer. Il boitilla derrière, restant éloigné de deux pas. Je n'avais plus le même statut désormais et j'avais tendance à l'oublier.

Je m'inclinai devant le Roi, n'osant pas tourner les yeux vers l'Intendant. Je devinai son sourire en coin. Il me rendait folle de rage.

- Votre Majesté, articulai-je. Vous m'avez fait appeler ?

- En effet. Vous vous doutez que ce qu'il s'est passé rejaillit sur vous.

- Je m'en serai doutée. J'ai été élevée par... eux. Je comprends que vous vous méfiez de moi.

- Vous ne tentez pas de défendre votre place dans ce château ? Auprès de ma fille ?

- Si mes actes durant l'attaque ne plaident pas en ma faveur, rien de ce que je pourrai dire maintenant ne le pourra.

Ses bottes apparurent devant moi alors qu'il se levait. Je gardai les yeux rivés au sol malgré l'envie que j'avais de le regarder.

- Relève-toi.

Je me redressai sans pour autant lever le regard. Sa main saisit mon menton, le serrant si fort que ma mâchoire craqua. Il releva mon visage vers le sien. J'évitai ses yeux. Son haleine empestait l'alcool.

- Pourquoi devrais-je te croire ? cracha-t-il. Qui me dit que tu n'attends pas une occasion de venger Jon ?

- Des mots ne sont que des mots. Aucun de ceux que je pourrais prononcer ne vous convaincra.

Il éclata de rire en me relâchant. Je pinçai les lèvres pour m'empêcher de masser ma mâchoire endolorie. Ma chair pulsait là où ses doigts avaient serré.

- Tu es maligne. Tu as compris que je préfère les actes aux mots. C'est pourquoi, si tu veux me prouver ta loyauté, tu vas devoir faire quelque chose. Rien d'autre ne me satisfera.

- Qu'est-ce ?

- Tu activeras le levier qui transformera Jon en épouvantail dans deux jours.

Mon cœur loupa un battement. J'arrêtai de respirer. Venait-il vraiment de me demander de... tuer Jon ? Pour lui ? Pour lui prouver ma loyauté ?!

- Le feras-tu ?

Je déglutis et le regardai droit dans les yeux sans flancher.

- Je le ferai.

Son bras se glissa autour de mes épaules et il me pressa contre son flanc. Je luttai contre mon envie de le repousser et de lui trancher la gorge en lui crachant au visage. Ma haine bouillonnait dans mes veines. J'avais beau être furieuse contre Jon, que Quinten Madsen m'oblige à tirer le levier qui le tuerait...

- Je savais que je pouvais compter sur toi. Je ne suis pas homme à croire aux rumeurs mais si même Jon en personne le dit, je suppose qu'il doit y avoir une part de réalité.

Je fronçai les sourcils, perdue. Mon train de pensée était si éloigné du sien que je ne compris pas de suite à quoi il voulait en venir.

- S'il y a une chose que je sais, c'est qu'une femme peut faire n'importe quoi par amour. Même tuer son père adoptif pour pouvoir demeurer auprès de l'homme qu'elle aime.

- Je ne...

« Tu t'es amourachée de cet abruti, Sixtine ! »

Les paroles de Gallagher résonnèrent dans mon crâne, me donnant le tournis. Le Roi les avait-il entendue ? Ou lui avaient-elles été rapportées ?

- Je vois que tu sais à quelles rumeurs je fais référence. Qu'une orpheline arriviste comme toi s'entiche de mon fils... Ce n'est nullement une surprise. Je sais que c'est pour cela que tu as voulu un titre. Tu espérais te rapprocher de lui. Réduire le gouffre qui vous sépare. C'est d'un pathétique !

Je serrai les dents alors qu'il riait. Mieux valait qu'il me voit comme une idiote arriviste que comme celle qui finirait par le tuer. Parce que je le tuerai. Et plus le temps passait, plus je me moquais d'être pendue pour régicide.

- Je devrais te garder au château juste pour admirer ton visage le jour où il se mariera. Avec une autre, évidemment. Mon fils ne va pas épouser une roturière !

Je vais t'arracher la langue et te regarder t'étouffer dans ton sang !

Il me relâcha et alla s'installer sur son immense trône. Son habit blanc se détachait sur les dorures, m'empêchant de l'ignorer quand bien même aurais-je aimé regarder ailleurs.

- Et assurément pas avec une femme capable de tuer son père adoptif !

Ce fut un coup de poing dans l'estomac que je reçus à l'entente de ces mots. Mon souffle s'accéléra alors que je chancelai. Je refusais de lui laisser cette victoire.

Je redressai le dos, pointai le menton, inspirai profondément. Serrai les poings.

- Je ne suis pas aussi idiote que vous semblez le penser, Votre Majesté. Pourquoi pensez-vous que je repousse votre fils alors qu'il est celui qui vient vers moi ?

- Ne me parle pas de ses inepties ! J'essaie désespérément de faire de lui un futur roi mais il se comporte comme un adolescent ! Il va ruiner le Royaume que j'ai mis tant d'efforts à construire et à préserver ! C'est pour cela que j'ai hésité. Il est si tendre et faible... ! Il lui faut une femme capable de tout. Capable de prendre de lourdes décisions.

- Y en a-t-il seulement une dans votre Royaume qui sache faire autre chose que répandre des rumeurs et parler chiffons ? raillai-je.

Il m'envoya un regard de prévention. Je l'ignorai, ne dissimulant pas mon sourire narquois.

- Lady Persley n'est visiblement plus un choix viable. Son côté arriviste dépasse le mien selon des rumeurs que je sais vraie.

- Ah oui ? Et quelles sont-elles ?

- Que Lady Persley a la cuisse légère et qu'elle a attendu le Prince dans ses quartiers privés peu décemment vêtue. Ce n'est pas une attitude très... royale pour celle qui aurait dû être la future reine, n'est-ce pas, Votre Majesté ?

- Tu joues avec le feu, gamine, gronda-t-il en se redressant.

- Vous devriez savoir que jouer avec le feu est ce qui nous fait nous sentir vivant. Et ce qui nous amène le plus loin.

- Tu sembles avoir une confiance dans ton immunité qui te fera tuer plus vite que tu ne le penses.

- Je n'ai pas confiance en une quelconque immunité, Votre Majesté. Je n'ai simplement rien à perdre.

Il se tourna vers moi, pris au dépourvu. Je gardai la tête haute et le visage froid et distant. Il ne lirait pas en moi. Il ne verrait pas que cette simple réalité m'affectait.

Je ne l'avais pas réalisé avant de le dire. Mais je n'avais vraiment rien à perdre. Je n'avais plus de famille. Pas d'amis. Tout ce que j'avais, c'était ce but que Jon m'avait fixé. Cette vengeance à assouvir.

Une vengeance qui, je le réalisais, n'était pas la mienne. Elle ne l'avait jamais été. Jon m'avait modelée pour que j'accomplisse sa revanche à sa place, faisant de sa haine et de sa rage les miennes. Sans cela, jamais je n'aurais eu l'idée de devenir la main régicide.

Mais sans ça, il ne me restait plus rien. Je n'avais plus personne, plus rien à quoi meraccrocher... Je ne pouvais pas abandonner. Pas tant que je n'aurais rien d'autre. Je ne pouvais pas compter Ryker ou Jedrek dans mes raisons d'abandonner ma vengeance. C'était trop risqué.

Le Roi s'approcha et de l'index, il releva mon visage vers lui. Une lueur étrange dansait dans ses yeux. Une forme de... compréhension ? De compassion ? J'en fus perturbée. Je déglutis.

- Tu es un phénomène, toi... souffla-t-il en me fixant sans ciller. Peut-être devrais-je te trouver une meilleure position... Peut-être même devrais-je... Nous verrons.

Il secoua la tête et se redressa, me lâchant le visage. Ses doigts glissèrent jusqu'à ma nuque et une brûlante envie de vomir me prit. J'y résistai en serrant les lèvres.

- Maintenant que nous sommes d'accord face à ta loyauté et à ta façon de me la prouver, je ne te retiens plus. Tu peux aller donner ses cours à la Princesse.

Je m'inclinai lorsqu'il me relâcha et pris congé. Je n'avais pas de cours à donner à la Princesse aussi pouvais-je errer où je voulais. Je gagnai les écuries, me réfugiant auprès de Rosebird. Cela faisait trop longtemps que je n'avais pas passé du temps avec elle.

J'allai chercher sa selle, repoussant le palefrenier prêt à la harnacher à ma place. Il parut presque choqué. Mais il me laissa tranquille. Je sortis des écuries au moment où le Prince, des nobles et des Gardes entraient. Ils s'arrêtèrent brutalement, comme s'ils avaient percuté un mur. Je m'inclinai.

- Milady ! s'exclama Ryker en souriant. Vous partez en balade ?

- En effet, votre Altesse.

- Peut-être voudriez-vous vous joindre à nous, milady. Nous allons en ville.

- Je pensais plutôt piquer un petit galop, Votre Altesse.

- Nous pouvons tout à fait galoper après notre passage en ville. Il ne prendra pas longtemps.

Je compris que le repousser ne mènerait à rien. Il trouverait un moyen de me faire accepter. Aussi cédai-je et j'attendis les hommes qui récupéraient leurs montures harnachées.

Les nobles parurent tous comprendre qu'il fallait nous laisser seuls puisque seul le Prince resta dans l'entrée des écuries.

- J'ai entendu que mon père t'avait convoquée, souffla-t-il. Que te voulait-il ?

- Il voulait parler de Jon, de ce qu'il avait fait. De l'impact que cela avait sur moi. Il m'a simplement demandé une faveur en guise de ma loyauté.

- Laquelle ?

J'hésitai, calculant les risques. Si je lui disais en avance ce que son père m'avait demandé, il serait plus que probablement furieux et il irait hurler et tempêter dans la Salle du Trône.

Je devais creuser la distance entre le Roi et son fils. Encore plus profondément. Pris par les dissensions dans sa propre famille, le Roi ne verrait pas la menace se rapprocher. Toutefois, je devais faire ça de façon efficace et intelligente.

Aussi baissai-je les yeux en secouant légèrement la tête.

- Ce n'est rien. Il veut juste s'assurer de ma loyauté. C'est normal. Il est le Roi et ma famille adoptive s'est attaquée à lui. Il fallait s'attendre à ce qu'il doute de moi.

Ryker se rapprocha, saisissant mes mains gantées dans les siennes. Il se pencha jusqu'à accrocher mon regard.

- Que t'a-t-il demandé, Sixtine ?

J'ouvris la bouche pour tout lâcher, envoûtée par ses yeux inquiets. Le bruit de sabots se rapprochant de nous poussa à reculer et à le forcer à lâcher mes mains. Mon visage me brûlait comme jamais encore.

Je ne manquai pas le regard furieux de Ryker vers les lords qui se rapprochaient. Je me tournai vers Rosebird et je la menai vers l'extérieur. Les hommes suivirent en discutant entre eux.

Je soupirai. J'avais été si près de tout dévoiler alors qu'il fallait l'éviter ! Ryker allait poser la question à son père qui serait bien obligé de lui répondre. Sa fureur éclaterait alors. Le Roi n'y verrait sûrement que du feu. Ils ne penseraient jamais que je les manipulais tous les deux.

D'une certaine façon, je détestais jouer avec Ryker. Millie, Gallagher, Jon... Ils avaient raison sur moi. Je m'étais tant attachée à Ryker que ce que j'avais du mal à le manipuler. Je n'avais pas le choix mais ce n'était pas pour autant que j'appréciais cela.

Je regardai son dos, droit et puissant. Sa veste de brocard brodée d'or épousait ses formes sous sa cape pourpre qui claquait dans le vent, caressant la croupe de son cheval blanc comme neige.

Je soupirai.

J'étais fichue. Mais je vaincrai. Ma vengeance n'en serait que plus grande. Je devais dépasser cette faiblesse. Elle ne serait que momentanée. J'en viendrais à bout. Ce n'était qu'une complication supplémentaire sur ma route.

Je la dépasserai.

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