Chapitre 17

Il se tramait quelque chose. J'en étais sûre. Les servants discutaient au détour des couloirs, s'agitaient. Même Judeen,qui était toujours si enjouée et heureuse, avait un un pli sur le front et ses yeux étaient hantés.

J'avais tenté de savoir ce qu'il se passait mais elle avait gardé la bouche fermement close. Elle avait détourné le sujet, fui la conversation. Même Jedrek ne savait rien. À défaut de pouvoir obtenir mes réponses de Judeen, j'avais essayé de les avoir de la seule personne accessible qui avait des yeux partout. Mais même le Capitaine de la Garde ignorait ce qu'il se passait.

Je ne vis pas le Prince pendant plusieurs jours. J'avais entendu parler d'une violente dispute entre lui et son père. Peut-être était-ce pour cela que les servants étaient aussi agités. Ils devaient être inquiétés par le caractère ombrageux et colérique du Roi.

Les jours qui passèrent firent naître une forte angoisse en moi. Je n'avais pas de nouvelles de Gallagher, j'étais mise à l'écart du reste de la Cour... Sans compter ce sentiment froid qui serrait mon estomac.

Pour échapper à la tension, je sortis du château et partis vers la ville. La dague du Prince et la mienne étaient glissées dans des fourreaux liés à mes chevilles. C'était un peu lourd et dérangeant, surtout que j'étais obligée de porter une robe dont les tissus s'accrochait sans cesse aux gemmes qui ornaient la lame de Ryker.

Tout en marchant dans les rues de la ville, je réfléchis. J'étais inquiète pour le Prince. Depuis que j'avais appris son affrontement avec son père, sa soudaine disparition de mon paysage me faisait penser que c'était plus grave qu'il n'y paraissait.

Pourquoi m'inquiétais-je pour lui ? Je n'aurais pas dû. Il était le fils du Roi. Je comptais assassiner son père, je ne devais pas m'angoisser pour lui. C'était la pire chose que je pouvais faire. Cela risquait de faire dévier ma lame une fois le moment venu.

Et il était proche, je le savais. J'avais tout prévu. Je connaissais les horaires des rondes, j'avais la tenue et les armes. Il ne me restait plus qu'à saisir l'occasion parfaite pour me glisser hors de ma chambre et escalader le mur jusqu'à la chambre du Roi. J'avais prévu de le faire cette nuit-même. Rien ne pouvait plus me retarder.

Je haussai un sourcil en voyant un attroupement bruyant au cœur de Phyre. Des femmes criaient en s'éloignant, les hommes riaient, huaient, beuglaient en agitant de la monnaie. Ils étaient tous bien-nés mais leurs vêtements semblaient ternes et poussiéreux, dans les tons beige et ocre parfois bruns.

Curieuse que j'étais, je m'approchai. Je me faufilai parmi la foule en dépit de mes épaisses robes. Un cercle s'était formé autour de deux hommes qui s'empoignaient dans un jaillissement de grognements et de jurons. L'un était massif comme un ogre, du sang tâchait sa chemise sale et déchirée. L'autre était plus mince, d'apparence plus frêle mais je distinguais ses muscles roulant sous sa peau à travers le dos déchiré de sa chemise.

Je reconnus ses mouvements. C'était Gallagher. Il était mal en point. Il était couvert de lacérations et d'hématomes. Qu'avait-il bien pu lui arriver pendant tout ce temps ? Je savais bien qu'il avait eu des problèmes. Mais quels étaient-ils exactement ?

- Que se passe-t-il ? demandai-je aux hommes autour de moi.

L'un d'eux se tourna vers moi, de la folie dans les yeux. Il puait la transpiration. Comme un ours qui aurait abusé de miel.

- Sdan fait payer ce morveux qui a osé s'opposer à lui.

- Qui est Sdan ?

- Le Roi des Assassins, ma petite ! Celui qui nous libérera tous !

Il s'en retourna à son observation du combat.

Le Roi des Assassins ? Qu'est-ce que c'était que ça ? C'était une blague ? Il existait un Roi des Assassins vivant dans Phyre et la famille royale ne faisait rien contre lui ? Ou alors la communauté entière l'aidait à se cacher ? Parce que, visiblement, la population était avec lui.

Je compris alors pourquoi les servants étaient aussi agités. Cela n'avait rien à voir avec la dispute père-fils. C'était à propos de la feinte soumission du peuple à sa monarchie. À la révolte qui grondait.

Dans les allées de la capitale, il se fomentait une révolte et cela agitait tout le monde. Isolée dans ma tour d'ivoire où seule la famille royale et ses activités comptaient, je n'avais pas su le voir. Je m'étais aveuglée alors que Gallagher, mon seul allié, était en plein dedans.

Une main calleuse se referma sur mon bras et me tira en arrière. Je m'apprêtai à décocher un coup de poing quand une seconde main arrêta mon poing.

- Hé là ! Tout doux, ma belle ! On te veut pas de mal !

- Qui êtes-vous ? crachai-je, luttant contre leurs poignes.

- Je suis Dorn et lui, c'est Vydr. On travaille pour le Roi des Assassins. Et il veut te parler, Sixtine Marchetta.

- Comment savez-vous qui je suis ?

- Parce que nous savons tout, beauté. Maintenant, fais-toi discrète et suis-nous.

J'enfonçai mes talons dans le sol, les faisant s'arrêter.

- Déjà, vous me lâchez avec vos pattes d'ours. Je ne sais pas où elles ont traîné. Ensuite, je ne suis pas idiote. J'ignore qui vous êtes et je ne vous suivrai pas.

- Je savais qu'elle allait être chiante, marmonna le dénommé Vydr.

Je lui décochai un coup de talon dans le tibia qui le fit couiner comme un chiot.

- Parce que vous pensez qu'on vous donne le choix ? railla Dorn.

Il m'attrapa par les cheveux et me traîna avec lui. Je détestais quand on usait de cette technique bancale. C'était douloureux et ça me mettait toujours terriblement en colère.

Je serrai les dents, ignorant la douleur dans mon cuir chevelu, pour rejeter la tête en arrière, perdant une poignée de cheveux dans l'opération. Mon coude frappa sa pomme d'Adam, le faisant tousser et suffoquer. Il bascula en arrière.

Vydr se jeta sur moi ; je virevoltai et le frappai du plat de la main en plein front. Le choc se répercuta dans mon poignet mais Vydr parut quelque peu sonné.

Je réunis mes jupes et je me mis à courir parmi la foule, ne regardant pas derrière moi. Je ne mettrais plus jamais de robe pour sortir de la ville. Plus jamais. Ça serait une tenue d'équitation et rien d'autre.

J'entendis des cris derrière moi. Ils arrivaient. Les maisons en bois et chaume se succédaient autour de moi, toutes pareilles, au point que je sus que j'étais perdue. Je pris des virages abrupts, au dernier moment, pour tenter de les semer mais rien n'y fit.

Je percutai quelqu'un de plein fouet. Deux bras s'enroulèrent de ma taille et serrèrent, coinçant mes bras contre mes flans. Je me débattis, me tortillant comme un ver mais il ne lâcha pas prise.

- Allons, allons, Sixtine, calmez-vous ! Je ne pourrais plus lâcher si vous continuez ainsi !

Ses hommes qui faisaient barrage devant nous se mirent à rire. Voir ces gueules béantes aux dents pourries, aux visages noircis par la crasse et labourés de cicatrices rire... C'était une vision de cauchemars.

Le pire n'était pourtant pas cela. C'était l'excitation dure de celui qui me tenait et qui se pressait contre le bas de mon dos. La panique commença à monter, accélérant mon pouls, annihilant toute pensée cohérente.

Ils me traînèrent avec eux dans ce labyrinthe de rues étroitement imbriquées et toutes si similaires. Pour la première fois de ma vie, je fus désorientée.

Brusquement, je fus projetée sur un sol de terre battue. Mes bras s'arrachèrent sur les graviers. Je me pressai de me relever, paniquée à l'idée de ce qu'ils pourraient me faire.

Je récupérai ma dague au passage, prête à me défendre.

- Regardez-moi ça ! rit un homme derrière moi. C'est une tigresse que vous m'avez ramené !

Les autres hommes se mirent à rire, bloquant la sortie. Il allait falloir que je réussisse à battre tous ces molosses. Je n'y arriverais jamais. C'était impossible de mettre à terre ces dix hommes seule.

J'étais coincée.

- Je peux savoir ce que tu fais ? tonna une voix qui me parut connue.

Je me tournai vivement, surprise. Avec honte, je sentis les larmes commencer à couler, dévalant mes joues comme un torrent.

Jedrek me fit baisser ma main armée et m'attira contre lui. Je le laissai faire, perdue. Que faisait-il là ? Que me voulaient ces hommes ? Ma panique était telle que j'étais incapable de penser correctement.

- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?

- On lui a rien fait, d'accord ? répondit celui qui m'avait tenue. Je serais plutôt celui qui devrait se plaindre ! Elle s'est tellement tortillée que je suis excité comme jamais, maintenant !

Je me resserrai contre Jedrek. Il passa son bras autour de moi sans rien ajouter. Je me calmai assez rapidement mais je restai collée à Jedrek. J'avais déjà donné une image de moi qui n'était pas terrible. Je pourrais toujours tourner cela en avantage si je venais à devoir me battre.

Je me redressai, juste ce qu'il fallait pour regarder l'interlocuteur de Jedrek. Un homme puissant, aux larges épaules, aux yeux noirs, les cheveux ras. Sa mâchoire était si carrée, si puissante que je n'avais aucune difficulté à l'imaginer en train d'arracher la tête d'un animal avec ses dents.

Je n'eus aucun mal à comprendre que c'était le Roi des Assassins. Il le portait sur lui, dans sa manière de se tenir, de parler.

- Qu'est-ce que vous me voulez ? demandai-je, aussi sèchement que possible.

- J'ai du mal à croire que c'est toi qui as tué mes hommes. Tu as l'air d'une petite fille.

- Elle sait se défendre, crois moi... marmonna celui qui devait être son lieutenant.

- Elle est douée, affirma Jedrek. Plus que toi, Min. Elle te rétame en cinq minutes.

Le dénommé Min allait répliquer mais le Roi des Assassins frappa du poing sur l'accoudoir de son siège, le faisant taire.

- Alors, comme ça, tu es celle qui tuera le Roi, petite fille ?

- Oui.

- Et tu tueras tous ceux qui tenteront de le faire à ta place ?

- Exact.

Il se mit à rire.

- Tu en serais incapable.

- N'ai-je pas tué déjà plusieurs de vos hommes ? Je pense que vous me sous-estimez. Mais c'était à attendre d'un homme comme vous. Vous pensez que seuls des hommes peuvent tuer.

Il sourit.

- Tu veux le monopole du régicide ? D'accord. Je peux même accepter de t'aider.

Je haussai un sourcil.

- Qu'est-ce que vous attendez de moi ?

- Intelligente petite fille. Il est vrai que j'attends beaucoup de toi. Mes espions dans le château ont entendu des rumeurs. Le Roi a prévu une expédition punitive contre tous les rebelles. Il prévoit aussi de partir pour le front juste avant.

- En quoi cela me concerne ?

- Si tu parviens à empêcher le Roi de fuir vers le front, nous t'aiderons à le tuer.

- Qui vous dit que j'ai besoin de votre aide ?

- Tu tentes de commettre un régicide ? Tu as besoin d'aide.

Il était vrai que j'avais besoin d'aide. Une façon de créer une diversion qui rendrait le Roi vulnérable. Juste assez pour pouvoir l'assassiner. Je pouvais aussi le faire en tout secret comme je l'avais prévu.

- Et si je n'y arrive pas ?

- Alors tu devras renoncer à ton monopole et espérer être la première à mettre la main dessus.

Comme je l'étais déjà. Rien ne changerait vraiment. Mais si je pouvais évincer la concurrence... Il fallait que j'essaie. Je n'avais strictement rien à perdre mais beaucoup à gagner. Avoir l'aide d'une armée d'assassins ne pouvait pas faire de mal.

- Vous croyez vraiment que je vais faire tout ça juste pour votre aide ? Vous vous moquez de moi ? Si je parviens à empêcher le Roi de quitter le château, vous m'aidez. L'expédition punitive, vous vous en chargez. Si vous aviez mieux géré votre affaire, le Roi n'aurait jamais su que vous montiez une rébellion.

Ses mâchoires se serrèrent. Je m'attendis à ce qu'il se lève et se jette sur moi. Jedrek se tendit aussi, pressentant l'attaque. Toutefois, rien ne vint.

- Tu te crois vraiment en position de négocier ? Tu es seule contre mes assassins !

- Elle n'est pas seule, Sdan, protesta Jedrek, la main sur son épée.

- Tu es un traître, Jedrek. Un lâche. Je ne te tue pas par égard pour Mercot. Tu as beau ne pas réellement être son fils, il te considère comme tel. Au fait, comment va ton meilleur ami ? Il marche dans les traces de son cher papa ?

Inexplicablement, une vague de colère monta en moi. Une colère comme je n'en avais encore jamais ressentie. Elle frôlait la haine. Mes doigts se resserrèrent sur ma dague, brûlant de la jeter pour qu'elle lui tranche la gorge.

- Ne parle pas de lui ainsi. Dès que ton petit plan pour enfin réussir à tuer Quinten, il sera ton Roi.

- Je suppose qu'il ne verra pas sa vingt-cinquième année, alors.

- Dois-je te signaler qu'en près de cinq ans à la tête des Assassins de tout le royaume, tu n'as pas réussi à tuer le Roi actuel ? Je pense que Ryker vivra centenaire.

Je souris, un rire au bord des lèvres. La répartie de Jedrek ne parut pas plaire à Sdan, cependant. Il se leva et vint faire face au traître, un couteau à la main.

- Méfie-toi, Jedrek. Je te le dirai pas trois fois.

Le concerné se contenta de hausser un sourcil narquois, un rictus moqueur venant former une fossette sur son menton.

- Mais vas-y. Fais-toi plaisir.

Sdan hésita. Puis, un air machiavélique se peignit sur ses traits. Sa main jaillit. Il frappa Jedrek qui fit quelques pas en arrière. Il m'agrippa par les cheveux et m'attira à lui. Je tentai de me défendre mais il me désarma très vite. Je me retrouvai à genoux à côté de lui, ses doigts agrippés à mes cheveux, tirant dessus pour me faire relever la tête.

- Lâche-la, Sdan. Tu ne sais pas à qui te frottes.

- Cette gamine ne me fait pas peur.

Qu'il ne cesse de m'appeler « gamine » ou « petite fille » commençait à me taper sur les nerfs. J'atteignis discrètement la dague de Ryker, me bénissant de l'avoir prise avec moi. Un sourire naquit sur mes lèvres alors que je lui enfonçais la lame dans le pied.

Il hurla comme un goret, sautant sur un pied. Je lui fauchai le second, ne cherchant même pas à me relever. Ma dague se trouva sur sa pomme d'Adam, l'entaillant légèrement au passage.

- Tu n'oseras pas.

- C'est ce que m'avaient dit vos hommes aussi. Vous savez ce qui leur est arrivé, n'est-ce pas ?

Le doute se refléta dans ses iris.

- Si vous tenez à votre vie, vous allez dire à vos chiens de garde de reculer et de jeter leurs armes. Déjà. Ensuite, vous allez me laisser partir d'ici. Et enfin, vous allez accepter mon monopole sur le régicide.

- N'avions-nous pas un accord que si vous gardiez le Roi dans son château, je vous aiderai dans votre régicide, petite fille ?

Il grimaça lorsque sa peau céda sous ma lame, laissant échapper un filet de sang.

- Appelez-moi encore une fois « petite fille » et je vous émascule.

Il pâlit.

- Reculez ! ordonna-t-il. Et nous ferons comme tu veux, Sixtine. Mais si tu ne fais pour moi, ne compte pas sur mon aide et tu sais que tu en as besoin. Laisse-moi me redresser et nous discuterons dans le calme.

- Je ne suis pas stupide. Vous allez faire ce que je dis et c'est tout. Il n'y a pas besoin de négocier. Je suis loin d'être sans ressources et une bande d'assassins débiles est la dernière chose dont j'ai besoin.

- Ce n'est pas ce que semblait penser ton copain.

Il sut aussitôt qu'il avait piqué mon intérêt. Qu'avait-il fait de Gallagher ?

- Que lui avez-vous fait ?

- Pour le moment, rien. Il est enfermé en attendant que l'on puisse finir notre combat. Vu son état, il ne fera pas long feu, si tu veux mon avis. Tu devrais peut-être essayer de le sauver. J'ai une idée, garde le Roi au château d'une façon ou d'une autre et je le libère.

Je réfléchis. Il avait besoin de moi. Il avait besoin de mon aide pour que le Roi ne parte pas au front. Il doutait que je puisse l'assassiner mais il savait que je pouvais le garder à Phyre. Il me pensait sûrement assez stupide pour lui ouvrir les cuisses et le convaincre de ne pas partir.

J'avais tout autre chose en tête. Une pierre, deux coups.

- Vous me fournirez les moyens nécessaires.

- Marché conclu. Serrons-nous la main pour sceller notre alliance.

- Dans vos rêves. Depuis quand ne vous êtes-vous pas lavé ?

Il éclata de rire en se relevant à ma suite. Je rejoignis Jedrek.

- Je suppose que le traître sera notre corbeau ?

Je levai les yeux vers le Capitaine qui, l'air fermé, hocha la tête. Je le remerciai doucement.

- Maintenant, nous ferions mieux de retrouver le château, me dit-il, ignorant totalement Sdan.

Ce fut à mon tour d'opiner du chef. Les assassins formèrent une haie lorsque nous franchîmes la porte. Je récupérai ma dague au passage.

Jedrek récupéra son cheval dans l'allée et je me hissai derrière lui. La chevauchée jusqu'au château se fit dans un silence pesant. Il y avait tellement de choses que nous avions besoin de mettre au clair... Mais nous ne pouvions pas le faire maintenant.

Aussi ne fus-je pas étonnée lorsqu'il entra dans mes quartiers sans même frapper une fois la nuit tombée. Il était toujours aussi fermé que quelques heures plus tôt. Cela n'augurait rien de bon.

- Que faisiez-vous là-bas ? l'apostrophai-je sans attendre. Toute cette histoire que vous m'avez contée était un mensonge ?!

- Vous pouvez parler ! Vous ne comptiez visiblement pas me dire que vous espériez être la main régicide !

- Vous m'avez dit que vous aviez trahi les assassins ! Que vous veniez des Glaciers ! Alors expliquez-moi pourquoi vous étiez là-bas !

- Je n'ai aucun compte à vous rendre.

- Je pourrais tout dire au Prince. Son ami le trahit dès qu'il a le dos tourné... C'est du beau.

Je crus qu'il allait me gifler.

- Ryker est comme un frère pour moi alors ne t'avise pas de dire ça !

Je lui tendis la dague que le Prince m'avait offerte.

- Alors allez tuer beau-papa.

Il donna un coup dans ma main qui envoya voler l'arme sous le canapé.

- Tu ignores tout de ce qu'il se passe ! Tu portes des œillères qui te feront tuer ! Si tu connaissais le plan de Quinten, tu comprendrais pourquoi j'étais là-bas.

- Expliquez-moi, alors, Capitaine, raillai-je.

Il passa une main tremblante dans ses yeux, la rage dans ses prunelles s'évanouissant au prix d'une impuissance douloureuse à contempler. Je m'assis sur l'accoudoir du fauteuil, le regardant faire les cent pas.

- Quinten a exposé à Ryker son plan en détails. Il est en train de réunir un escadron de lords qui lui sont fidèles et ils vont prendre les armes contre la population. Ils brûleront les maisons et tueront tous ceux qu'ils supposent faire partie de la résistance. Hommes, femmes, enfants, personne ne sera épargné. Ça sera un véritable massacre, Sixtine. Dans le seul but d'étouffer la rébellion !

Il me harponna du regard. Je me retins au dossier pour ne pas glisser.

- J'ai fermé les yeux sur trop de choses déjà par amitié par Ryker. Mais même lui voit que son père va trop loin. C'est pour cela qu'ils se sont si violemment disputés. Ryker s'est tant affirmé que Quinten l'a fait fouetter et l'a enfermé depuis dans l'une des cellules des donjons.

Mes fesses glissèrent de l'accoudoir et je me retrouvai assise en travers du fauteuil, totalement abasourdie.

- Alors aidez-moi, lâchai-je. Aidez-moi à tuer le Roi.

Son regard suffit à me donner sa réponse.


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