Chapitre 12
Je faillis tomber de mon cheval. Je ne l'avais pas vu ni entendu approcher. Je ne savais même pas d'où il venait. Je m'étais éloignée de la ville et du château. Il réussirait toujours à se fondre dans les ombres en silence.
- Que fais-tu ici ? hoquetai-je, surprise.
- Je suis venu en renforts, voyons ! Je savais que tu allais avoir besoin de moi.
Je levai les yeux au ciel. Ça lui ressemblait bien de dire de telles choses. Il m'avait toujours pensée incapable de mener à bien ma mission.
- Sérieusement, Gallagher. Que fais-tu ici ?
- Je me suis dit que tu aurais bien besoin d'un visage familier. J'avais oublié Rosebird. Désolé, l'âne.
- Un jour, elle va te botter les fesses si fort que tu ne sauras plus jamais t'asseoir.
Il eut un sourire suffisant, fier de lui. Cet idiot.
Toutefois, je ne pouvais pas mentir. Ça me faisait du bien de le voir. Ses cheveux blonds, ses yeux d'un brun si sombre qu'ils tranchaient avec le reste de son visage, ses traits puissants et ses épaules larges, ses bras musclés.
Je connaissais Gallagher depuis mes premiers jours chez les Marchetta. Il était le servant d'une famille voisine. Il avait un an de plus que moi mais ça n'avait rien changé. Nous étions vite devenus amis. Il n'avait pas remplacé mon frère aîné sans pour autant ne pas me donner le même sentiment. Il avait pris soin de moi, m'avait aidée et protégée. Et je lui avais rendu la pareille autant que possible.
Qu'il soit là ne m'étonnait pas tant que ça, au final. J'aurais dû m'y attendre. Il était même étonnant qu'il ait mis si longtemps à arriver.
- Qui t'a frappée ?
- D'après toi ? Une seule personne peut me frapper et vivre assez longtemps pour s'en souvenir.
- Pourquoi ne l'as-tu pas tué ?
- Je n'avais aucune arme. Je venais de sortir de l'écurie, j'étais blessée, épuisée, affamée, faible comme un nouveau-né.
Ma colère remonta en moi, me brûlant la gorge, faisant bouillonner mon sang. Mes joues s'enflammèrent comme si elles venaient d'êtres frappées.
- Je le tuerai. Dès qu'une occasion se présentera pour moi, je la saisirai. D'abord, il faut que j'élimine tous ceux qui vont tenter de le tuer avant moi.
- Je peux t'aider pour ça. Je me suis installé dans Phyre. Ils pensent que je suis un orphelin qui cherche un travail plus sûr dans la capitale.
- Tu ne pourras pas rentrer dans le château et c'est là que sont la plupart des assassins.
- Mais je pourrais te prévenir si jamais d'autres arrivent en ville. Ils devront passer par Phyre. Je te préviendrai si jamais j'en entends parler.
- Et comment ? Je suis surveillée par le Capitaine de la Garde en permanence. Personne ne me fait confiance dans le château.
- J'attacherai un mouchoir à une branche d'arbre dans les Jardins. Si tu le vois, tu comprendras qu'un assassin est en chemin. Si j'en mets deux, c'est qu'il y en aura deux et ainsi de suite.
- Et s'ils sont enlevés avant que je puisse les voir ?
- Si j'y arrive, j'essaierai de te faire passer un mot directement. Je ne vois pas trop comment faire pour ne pas te mettre en danger.
- Je le suis déjà. Le Roi m'a en grippe. Il m'a menacée de me pendre. Je doute que ça puisse être pire.
Il ne dit rien, s'asseyant sur un rocher.
- Pourquoi tu as sauvé ce prince ?
- Pour obtenir les bonnes grâces de la famille. S'ils me voient comme celle qui a sauvé leur fils, ils penseront moins que je n'attends qu'une occasion pour assassiner le Roi.
- Et ça fonctionne ?
- Assez bien. Le Roi est le seul à faire des difficultés. Je me demande s'il n'en sait pas plus qu'il ne veut bien le dire.
- Pourquoi tu dis ça ?
Je haussai les épaules.
- Une intuition.
Je connaissais par cœur l'air qu'il affichait. Il doutait. Je ne relevai pas. Je ne dis rien, ne tentant pas de lui expliquer mon sentiment. Ce n'était pas quelque chose que je pouvais expliquer.
Je devrais y aller avant que le Capitaine ne me retrouve. Mieux vaut qu'on ne me voit pas avec toi pour le moment. Je ne sais pas comment ils vont réagir.
- J'attacherai un mouchoir rouge dans un arbre si jamais il faudrait qu'on se voit.
- Ici ?
- Ici. Fais attention à toi.
- Toi aussi.
Rosebird redescendit mais ne retourna pas vers le château. Je n'étais pas encore prête à y retourner et elle le savait. J'avais d'un bon galop dans la nature intouchée. Tout ce que j'atteignis, ce fut le désert de feu.
Des kilomètres de sable doré parsemés de puits qui pouvaient vomir de la lave à tout moment. Rosebird partit comme une flèche. Le vent chaud et sec souffla dans mes cheveux, le sable échauffa ma peau.
La vitesse me fit me sentir libre. Enfin. Il n'y avait plus rien d'autre que moi, ma jument et une infinité de sable. Les coulées de lave qui apparaissaient de temps en temps ne perturbèrent ni moi ni Rosebird. Si une coulée survenait, ma jument sautait par-dessus sans plus de réaction.
Les choses changèrent vite. Un grondement résonna derrière moi. Je me retournai. Un mur de sable roulait vers moi. Je distinguai des formes à l'intérieur. Rosebird dut sentir à quel point j'étais effrayée car elle parut accélérer.
J'ignorais ce que c'était mais ça se rapprochait. Vu le bruit, ce n'était rien de bon. Je n'avais jamais entendu parler d'un tel phénomène dans le désert de feu. Se pouvait-il que ça ne soit qu'une tempête de sable ?
Je n'y croyais pas une seule seconde. Ce n'était pas une simple tempête. Il y avait autre chose. En y regardant un peu plus, je vis une silhouette foncer quelques mètres devant le mur de sable. Se pouvait-il que ça soit Gallagher ?
Non. Ce n'était pas Gallagher. Il n'aurait jamais été assez rapide pour échapper au mur de sable. C'était quelqu'un à cheval.
Jedrek ?
Je ne ralentis pas. Il y avait un sentier qui descendait, semblait s'enfoncer dans le sol. Sans que j'ai à lui en donner l'ordre, Rosebird prit cette direction. Elle dévala la pente si vite que je faillis passer par-dessus son encolure.
Une grotte apparut au bout de quelques mètres et je m'enfonçai à l'intérieur. Les ténèbres m'avalèrent. Je m'éloignai de l'entrée après être descendue du dos de ma jument. Très vite, je fus complètement aveugle et je ne pus compter que sur Rosebird pour me guider.
- N'allez pas plus loin ! cria la voix du Capitaine, haletante et rauque.
- Pourquoi pas ?
- C'est la Cage de Fer.
- La cage de fer ? Qu'est-ce que c'est ?
- C'est là où est enfermée la Faerie.
Mon sang se glaça dans mes veines. La sueur qui coulait sur mon front se figea.
La Faerie.
La Faerie était à quelques mètres de moi. Endormie. Emprisonnée. Il suffisait de si peu pour les réveiller et déclencher un désastre...
- Je peux savoir ce que vous faîtes ici ? m'apostropha-t-il à voix basse.
- Je fuyais ce truc ! Je savais pour les jets de lave mais pas pour... ça !
- Vous n'auriez jamais dû être dans le désert de feu ! Tout le monde sait que c'est dangereux !
- C'est le seul endroit où on peut galoper librement, qu'est-ce que j'y peux ? Je voulais juste galoper. Au lieu de ça, je me suis retrouvée acculée par ce mur de sable !
- Ce n'était pas un mur de sable.
Je m'orientai vers lui à l'aide de mon ouïe. J'étais incapable de distinguer le moindre de ses traits et ça ne m'aidait pas. Je n'aimais pas du tout ne pas pouvoir lire son langage corporel. Me retrouver aveugle et isolée avec le Capitaine de la Garde n'était pas une expérience plaisante.
- C'était une matérialisation de la magie de la Faerie. Elle est toujours là et elle s'est ancrée dans le sol. Elle a senti notre présence et elle nous a poussé vers l'entrée de la Cage de Fer.
- Pour que nous les délivrions. Cette chose dehors veut que nous les délivrions.
- Exactement. Le risque qu'ils envoûtent quelqu'un est trop grand. C'est pour cela qu'il n'y a pas de gardes. Ils risqueraient plus libérer la Faerie que la garder en cage.
Il demeura silencieux quelques instants.
- Nous allons attendre que le sol s'apaise avant de galoper vers le Royaume des Tempêtes.
- Pourquoi par là ?
- Parce que ce sont nos alliés et l'endroit le plus proche où nous réfugier. La Faerie ne nous laissera pas repartir aisément. Gagner les Tempêtes est la meilleure façon de survivre.
Je soupirai en me laissant tomber au sol.
- Comment avez-vous su où j'étais ?
- Je vous ai vue sur le flanc du volcan. Je me suis douté que vous ne seriez pas assez intelligente pour éviter le désert de feu.
- La vraie version donne quoi ?
Il bougea, projetant du sable vers moi.
- Vous étiez si en colère que je me suis douté que vous voudriez un endroit isolé où vous calmer. Je vous ai vue sur le flanc du volcan et j'ai directement pensé au désert de feu.
- Cela ressemble déjà plus à la réalité.
Il émit un rire bref qu'il étouffa. Le silence tomba, lourd, angoissant. Le seul son était celui de nos respirations trop rapides. Il devait vivre cette situation aussi mal que moi. Le silence et le noir complet conjugués rendaient la situation d'autant plus effrayante. Comme si la présence de la Faerie juste à côté de nous n'était pas suffisante...
- Le Prince vous a demandée. Il voulait vous parler. C'est pour cela que j'avais laissé cette idiot vous surveiller. On ne m'y reprendra plus ! Je détourne le regard et vous créez une catastrophe.
- Je n'ai créé aucune catastrophe pour le moment. Nous sommes juste bloqués dans une grotte au milieu du désert de feu à deux pas de la Faerie. Ce n'est pas une catastrophe.
Malgré les ténèbres épaisses, je sentis son regard me vriller.
- Je vous assure que j'ai fait bien pire.
- Je n'en doute pas...
Il aimait aussi peu que moi cette atmosphère lourde et oppressante. Si même le Capitaine de la Garde avait peur, je me sentais plutôt vaillante.
- De quoi voulait-il me parler ?
- Je l'ignore. Il ne me l'a pas dit. Il m'a juste demandé d'aller vous chercher.
Je soupirai. Les choses devenaient bien trop compliquées. Si le Roi me voyait avec son fils, il me ferait pendre. Mais les manières voudraient que, à peine rentrée au château, j'aille voir celui-ci pour savoir de quoi il voulait me parler. Qu'étais-je censée faire ?
- Vous devrez dire au Prince que je ne pourrais le voir.
- Pardon ? Je ne peux pas lui dire une telle chose !
- Vous devrez.
- Et pourquoi cela ?
- Cela ne vous regarde nullement.
- Il lui faudra une explication. C'est un Prince. Il n'acceptera pas qu'une gouvernante refuse de le rencontrer alors qu'il l'a demandé.
- Il devra faire avec.
Je serrai les dents. Je ne pouvais pas parler de la menace du Roi. Pas ainsi. Il fallait que les nerfs de Ryker s'échauffent suffisamment pour que cette révélation – qu'il pensera m'avoir arrachée de force – fasse son effet. Je lâcherai un boulet de canon sur la relation père-fils.
Diviser pour mieux régner était une stratégie trop souvent utilisée mais toujours aussi efficace.
- Ce n'est pas comme ça que ça marche, milady. C'est le prince.
Je serrai les lèvres. Il ne me ferait pas céder. Il ne saurait rien de plus. Il n'avait pas besoin de savoir.
- Je ne sais pas à quel jeu vous jouez, milady, mais ça ne me plaît pas.
- Je ne suis pas celle qui a été élevée pour tuer le Roi et abandonnée dans Phyre.
J'avais été élevée pour tuer le Roi. Les Marchetta m'avaient donné tous les savoirs dont j'avais besoin. Ils ne m'avaient toutefois pas abandonnée lorsque j'étais enfant dans les rues de la capitale.
- Je n'ai pas été élevé pour tuer le Roi. J'ai été abandonné pour tuer le Roi.
- Et au lieu de cela, vous êtes devenu le Capitaine de sa Garde. Changement assez incroyable, n'est-il pas ? Beaucoup pourrait se poser des questions.
- Vous pensez que je suis toujours un traître.
Ce n'était pas une question. J'eus un sourire en coin.
- Je ne pense rien. Je dis juste ce à quoi ça ressemble du point de vue de quelqu'un de l'extérieur.
Il demeura silencieux. Narquoise, je ne dis rien de plus. Il allait tellement réfléchir à sa façon d'agir qu'il attirerait plus le doute que moi. Son ami le prince en personne risquait de douter de lui. Il deviendrait la personne dont il fallait se méfier. Ça ne serait plus moi.
- Je suis à la Cour depuis que j'ai quinze ans. J'ai vécu à Phyre depuis mes huit ans. Si j'étais réellement un traître, j'aurais été démasqué depuis longtemps. Lorsque vous tentez d'ennuyer quelqu'un, essayez au moins de connaître son histoire.
Mes dents grincèrent. Je devinais sans mal son air moqueur et fier. Je ramassai une poignée de sable et la lançai dans sa direction. Il éclata de rire.
Il bougea, faisant rouler le sable. Son pied effleura ma jambe, la recouvrant de sable.
- Leur magie s'est épuisée. Allons-y tout de suite.
Je me relevai, cherchant Rosebird à tâtons. Tout ce que je sentis, ce fut le velours de la cape de Jedrek qui pendait sur son bras. Sa main gantée saisit la mienne et il m'entraîna avec lui vers la sortie.
La lumière me brûla la rétine lorsque nous arrivâmes à l'entrée de la grotte. Je battis des paupières, laissant mes iris s'adapter à la soudaine luminosité.
Jedrek posa ma main sur l'encolure de mon cheval avant d'enfourcher le sien. Je montai sur le dos de Rosebird, encore à moitié aveugle. Je refermai mes doigts sur sa crinière, incapable de trouver les rênes de fortune.
- Allons-y avant que la terre ne se réveille.
Il jaillit à l'extérieur et Rosebird le suivit avant que je ne puisse réagir. Je m'agrippai à son crin, m'empêchant de glisser à terre.
Les deux chevaux galopèrent dans le sable, évitant les montées de lave qui faillirent leur brûler les sabots. Ils foncèrent droit vers les frontières du royaume. Je n'aimais pas l'idée d'entrer sur les terres du Royaume des Tempêtes. Toutefois, nous n'avions pas le choix.
Le mur de sable se dressa soudain devant nous, opaque, grondant, puissant. L'étalon de Jedrek se cabra et se retourna. Les deux tombèrent dans un jaillissement de sable. Le Capitaine se dégagea comme il put mais le cheval était tombé sur sa jambe. Il ne parvint pas à se relever.
Je sautai du dos de Rosebird et courus jusqu'à lui. Je l'aidai à se relever et je le traînai jusqu'à ma jument. Elle se coucha et le laissa monter. Je me hissai devant lui. Il entoura ma taille d'un bras alors que ma monture virait et fonçait loin du mur de sable.
Il s'épuise. Leur magie est affaiblie par la Cage.
De la mousse s'accumula sur les lèvres de ma jument. Elle galopait toujours aussi vite mais elle se fatiguait aussi. Elle était forte et entraînée, certes. Toutefois, elle n'était pas habituée à galoper dans le sable. À forcer autant, elle risquait de se blesser.
La limite du désert apparut. Rosebird tourna brutalement et Jedrel glissa, manquant de tomber et de m'entraîner avec lui. Je nous redressai, lui permettant de me serrer un peu plus fort pour ne pas chuter.
Elle monta vers le flanc du volcan, se hissant de toute la puissance de ses membres. Le mur s'essouffla, nous aspergeant de sable. Rosebird s'arrêta quelques mètres plus haut, écumante, trempée de sueur.
- Je vais continuer à pied, dis-je. Restez sur son dos. Elle ne va pas aller bien vite.
Il laissa tomber son bras et je pus descendre. Je laissai Jedrek se placer sur son dos avant de commencer à descendre le versant du volcan vers la ville.
- Ni vous ni moi ne parlerons de cela, Capitaine.
- De votre irresponsabilité ou de notre visite de la Cage de Fer ?
- Des deux. Si l'on pose la question, nous étions en ville et, avec le monde, il a été difficile de le retrouver. Personne n'a besoin de savoir ce qu'il s'est réellement passé.
- Il est vrai qu'il ne serait pas bon pour vous que quiconque sache que vous êtes allée à la Cage de Fer. Le Roi vous pendrait sans attendre.
- Il n'a pas besoin de ça... marmonnai-je pour moi-même.
Heureusement, il ne parut pas m'entendre.
Je baissai les yeux vers le sol pour vérifier où je mettais les pieds. Ça ne m'empêcha pas de déraper plusieurs fois. Jedrek me retint même par le col de ma veste pour m'empêcher de dévaler plusieurs mètres de vide.
- Merci.
Il me relâcha et nous continuâmes notre route. Nous ne tardâmes pas à arriver à l'entrée de la ville. Les gardes nous laissèrent entrer sans réfléchir dès qu'ils reconnurent leur Capitaine. Je me hissai derrière lui pour remonter plus vite l'allée qui traversait les Jardins jusqu'au château.
J'aidai Jedrek à aller jusqu'à ses quartiers, ordonnant à une servante d'aller chercher le médecin. Je le fis asseoir sur son lit et demeurai debout à côté, attendant le médecin.
- Que s'est-il passé, Jedrek ? fut la première chose que dit le médecin en entrant en trombe.
- Vanquish s'est cabré et est tombé. Sur ma jambe.
Je m'éclipsai discrètement.
- Comment est-ce possible ? Ce cheval n'est pas facilement effrayé !
- Il l'a été. Je n'ai pas eu le temps de comprendre ce qu'il se passait, tu sais.
- La jeune gouvernante t'a aidé ?
- Oui. Elle m'a ramené au château.
- Elle a un talent pour sauver les gens, il semblerait.
- Il semblerait.
Je sortis de ses quartiers et faillis percuter le Prince héritier. Je sentis sa main sur mon coude. Je reculai, baissant les yeux, forçant une révérence. Je tournai les talons, évitant sa main de peu.
- Attendez ! Je dois vous parler !
- Je ne peux, Votre Altesse.
Je me pressai jusqu'à mes quartiers, dissimulant mon sourire narquois au maximum. Il ne devait pas avoir l'habitude d'être ainsi évité par quelqu'un. Surtout pas quelqu'un ayant un rang aussi inférieur au sien. Il allait se poser nombre de questions.
C'était exactement ce que je cherchais. S'il se posait des questions, il reviendrait. Je l'éviterais encore et il insisterait. Alors seulement, je lâcherais l'information. Il se serait tellement énervé seul qu'il irait directement confronter son père.
On frappa à la porte. Je tressaillis avant d'inviter à entrer.
Je me levai en voyant le prince entrer. Je m'inclinai. Il était arrivé drôlement vite. Je n'aurais pas pensé qu'il viendrait me voir aussi vite après ma première échappée.
- Votre Altesse, dis-je, feignant la surprise. Que puis-je pour vous ?
- Où étiez-vous ? Je vous ai fait appeler.
- J'étais en ville lorsque votre Capitaine est venu me chercher. Il a eu du mal à me trouver. Je suis désolée. J'aurais su que vous me chercheriez, je ne serais pas sortie.
- Ryker !
La voix du Roi résonna derrière nous. Je sursautai, reculant jusqu'à la fenêtre. Feindre la peur n'était pas difficile. J'étais désarmée, je ne pourrais pas me défendre. Être inquiète était le minimum. Pousser le vice jusqu'à feindre la peur ne demandait aucun effort.
Je fis une profonde révérence, montrant clairement ma volonté de me cacher. Les yeux du prince me fixèrent, brûlants de questions. Il savait que ça ne me ressemblait pas.
- Oui, Père ?
- Tu devrais être en train de t'entraîner. Je ne sais pas ce que tu fais ici mais tu n'as rien à y faire.
Il le prit par l'épaule et l'entraîna avec lui. La haine me brûla la gorge. Il paierait pour tout cela. Je lui ouvrirais le ventre. Je lui rendrais gifle pour gifle, coup pour coup. Je lui arracherais la langue. Les yeux. Je lui trancherais la gorge.
Il allait payer au centuple chaque outrage.
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