Chapitre 3 : Rattrapage

Des semaines passèrent et mon erreur eut de terribles conséquences. Pendant tout ce temps, la ville s'était transformée. Pendant tout ce temps j'avais essayé d'oublié ce que j'avais fait à l'impératrice et sa petite. Sans jamais y parvenir. Hiram Burrwos était devenu Lord Régent, il s'occupait de l'empire si jamais Emily réapparaissait, mais je ne pensais pas qu'il allait la montrer. Le salaud aux yeux noirs savait que quand ma lame eut percé le cœur de l'impératice pour ensuite livrer sa fille aux hommes du Lord Régent, tout s'effondrait. Et il m'avait bien laissé faire. La peste consumait toute la ville, la corruption régnait. Corvo Attano, le Protecteur, s'était évadé dans un exploit du bagne de Coldridge. Un exploit et un bain de sang. Un tueur fou arpentait les rues, le grand Superviseurs Campbell était mort dans une boucherie, une centaine de personnes sont mortes dans les environs de l'Abbye de Quidam. On l'appelait le félon masqué et sa prime était déjà égalle à la mienne. Son masque était terrifiant, des coutures à la bouche, deux yeux vides, la ou les personnes qui lui ont survécu ne devaient pas dormir. Les Superviseurs rôdaient près de notre base, nous en avions tué. Ils cherchaient à nous attaquer.

Je voulais me rattraper, je devais retrouver la petite Emily pour la remettre sur le trône. Je savais que je ne pourrais pas me montrer mais je trouverais bien une tactique pour qu'elle retire Hiram Burrows. Il était terrible, le pire Lord Régent, le pire homme sur cette empire. Les choses qu'ils avaient mises en place allaient causer sa perte, du moins, je l'espérais. Je savais que le Régent avait construit une salle sécurisée au sommet de Dunwall Tower. Il était paranoïaque, il avait même sécurisé la ville avec les inventions de Sokolov, un savant fou. Les geignards, infectés de la peste, rôdaient dans de plus en plus d'endroits. Les riches aussi étaient touchés par cette épidémie. Jessamine réussissait probablement à garder l'empire dans un état convenable avant que je ne la tue et que ce Hiram Burrows prenne sa place.

J'avais envoyé mes hommes faire des recherches sur Emily, pour la trouver. Logiquement, elle n'était pas avec le Lord Régent, ce n'était pas discret, quelqu'un pourrait la voir. Mes hommes m'avaient appris que les jumeaux Pendleton, de riches hommes possédant des mines et un frère plus jeune oublié, arrivaient au Golden Cat pour quelques jours. D'après les informations de mes assassins, quelques filles auraient parlé d'elle, il était donc possible que la petite soit là-bas. Quelles horreurs avait-elle vécu ou allait vivre avec les jumeaux Pendleton. Il fallait que j'aille au Golden Cat pour trouver Emily. J'irais dès cet après-midi pour que la petite n'attende pas. J'avais fait une erreur, je devais la réparer.

Billie entra dans la pièce lorsque je me préparais. Ces derniers temps, elle partait longtemps et souvent et ne me disait pas pourquoi. Elle tenait son masque à la main et le posa à côté du mien, sur le bureau où se trouvait mon enregistreur.

-Vous partez ?

-Oui, je vais chercher Emily Kaldwin, elle est peut-être au Golden Cat, répondis-je.

-Je peux venir ?

Je tournai les yeux vers elle et resta immobile. Elle ne m'avait pas accompagné depuis le jour où nous avions livrer Emily aux hommes du Lord Régent.

-Bien sûr, répondis-je. Nous partons dès que je suis prêt alors...

-Je suis prête, m'interrompit-elle.

Elle m'attendit sur les toits et dès que je fus prêt, je la rejoins et nous partîmes. Le Golden Cat était une maison de joie, un bordel, rempli de filles de joie. Un endroit dirigé par la mère Maquerelle, une vieille momie un peu folle et beaucoup trop maquillée. Les filles de là-bas étaient réputées pour énormément pleurer mais je ne me demandais pas pourquoi... Je n'étais jamais allé au bordel, disons que ce n'était pas mon genre et que je, si je le voulais, je ne pourrais pas y aller, seuls les riches pouvaient y entrer... par la porte d'entrée. Billie et moi allions passer par une des fenêtres si elles étaient ouvertes sinon nous trouverions un autre moyen.

Nous n'eûmes pas besoin de tuer de gardes avant de voir le Golden Cat, la fameuse maison close. Je ne l'avais jamais vu auparavant mais de l'extérieur, c'était un bâtiment banal. Nous nous téléportâmes jusqu'à un balcon. J'ouvri la porte métallique et nous entrâmes. Cet endroit était fort en couleur. Du rouge, du jaune et d'autres couleurs vives. Une odeur étrange flottait. Nous avançâmes avec précaution et descendîmes les escaliers. Un garde se trouvait au pied des marches, étendu sur le sol, mort et couvert de son propre sang. Il était encore chaud, mort depuis peu de temps mais il avait été poignardé et n'avait pas eu le temps de dégainer. Qui avait bien pu faire ça ? Nous passèrent par une porte sur notre gauche et entendirent des voix douces.

-Tu as vu la petite ? Elle est trop mignonne. Comment elle s'appelle déjà ?

-Emmy... Emily... quelque chose comme ça.

-La pauvre a essayé de s'enfuir mais Mme Prudence l'a prise sur le fait. Elle doit être enfermé au dernier étage...

-Sinon on a qui aujourd'hui ?

-Tu viens d'arriver ou quoi ? Les frères Pendleton, Custis et Morgan. Mais ils n'ont pas besoin de nous. En revenche, Bunting attend. Il est encore attaché et ses yeux sont bandés.

-Oh non pas lui ! Il est répugnant. Je vais encore devoir écouter ses compliments... déplacés.

-Tu as juste à appuyer sur le levier et il reçoit une décharge, ensuite tu te tires et je te relaies. T'en fait pas...

Je m'approchai accompagné de Billie et nous vîmes deux filles de joies se préparer. S'était une pièces exprès. Elles portaient de petites tenues et dans le miroir on voyait leur reflet. Sur le visage, des larmes avaient coulées, elles avaient encore les traces de maquillage. Quelques horribles choses avaient-elles subies ? Derrière nous, des marches montaient et d'autres descendaient, nous grimpâmes en vitesse jusqu'au sommet. Il y avait un tout petit couloir et les couleurs étaient pâles désormais. Trois portes, la première était ouverte et dans cette chambre s'y trouvait une courtisanne, habillée et maquillée comme les deux précédentes. Elle faisait son lit. Je me précipitai comme une ombre derrière elle et lui posai ma lame sur sa gorge.

-La petite Emily, elle va bien ? dis-je dans un souffle.

-Je... je ne l'ai pas vue depuis hier ! Mais je crois ! S'il vous plaît ne me faîtes pas de mal !

-Sa porte est-elle verrouillée ?

-Oui, Mme Prudence l'a fermée, c'est elle qui a la clé ! gémit-elle.

-Partez, fuyez, dis-je en rangeant ma lame. Je pense que vous ne rencontrerez pas de gardes. Juste une chose, où se trouve la mère Maquerelle ?

-Dans son bureau, à l'étage inférieur, répondit-elle.

-Vous pouvez partir.

-Merci.

-Merci à vous.

Elle se précipita vers l'escaliers et le dévala à une vitesse impressionnante. Billie tenta tout de même d'ouvrir les deux autres portes mais l'une d'elles était fermée. Nous descendîmes et ous arrêtâmes devant une porte. Son bureau. Mme Prudence détenait la clé que je me devais d'obtenir. Billie poussa la porte entrouverte et nous nous faufilâmes dans cette petite pièce. La mère Maquerelle nous tournait le dos et lisait un registre. Je me levai et me figeai juste derrière elle. Elle tourna la tête, elle devait avoir remarqué ma présence. Cette vieille femme eut le visage paralysé par la peur et leva les mains en l'air.

-Je sais qui vous êtes ! Votre masque... Vous êtes Daud ! Je vous en prie, je ne suis qu'une femme d'affaire... Qui vous envoie ?

-Personne, je veux juste la clé de la chambre d'Emily, répondis-je.

Elle me tendit rapidement de ses mains tremblantes la clé usée que je pris.

-Maintenant partez ! Je vous en prie, épargnez-moi.

Après tout ce qu'elle avait fait, tout le mal qu'elle avait fait à ces filles, elle pensait vraiment que j'allais la laisser en vie ? Je levai ma lame et lui trancha la gorge. Elle méritait une mort lente et douloureuse mais je n'avais pas le temps. Son sang gicla et elle s'effondra. Nous sortîmes et Billie ouvrit la porte à l'étage. Le petite fille était juste ici, par terre, la tête enfouie entre ses jambes, portant la même tenue que celle du jour où je l'avais enlevée. Elle semblait exactement comme je l'avais laissée, seulement plus sale et peut-être plus triste. Elle fit un bond lorsque la porte s'ouvrit et sembla reconnaître nos masques presqu'immédiatement.

-Vous ! Vous êtes venu me tuer cette fois ? De toute façon, je n'ai plus rien à perdre, Corvo est mort et ma mère aussi.

Emily n'était pas au courant que son Corvo bien aimé était encore en vie ? Enfin, du moins, il devait être en vie, depuis son évasion, personne ne savait où il se cachait.

-Qui êtes-vous ? Puisque je vais mourir, j'aimerai connaître le nom de celui qui va me trancher la gorge.

-Tu ne vas pas mourir de ma main et pas de la sienne non plus, répons-je en désignant d'un geste Billie, derrière moi. Je suis venu te chercher pour te sortir d'ici. Viens.

Je lui tendais ma main mais elle restait immobile. Elle ne semblait pas y croire.

-Je ne te veux aucun mal, ajoutai-je. Tu ferais mieux de venir, les gardes ne vont pas tarder à rappliquer. Tout ira bien.

Emily paraissait hésitante. Lorsqu'un cri venant des étages inférieurs retentit, elle sauta presque sur ma main et la saisit si fort que je ne la sentais plus. Nous nous dirigeâmes vers la fenêtre la plus proche et nous nous téléportâmes sur un toit, puis un autre et encore un autre. Le voyage fut long pour retourner à la base, au quartier inondé. Elle avait fermé les yeux pendant tout le trajet, lorsque que nous nous élencions dans le vide avant de nous retrouver sur un autre toit, elle croyait que nous allions chuter. Au final, tant mieux, elle ne connaissait pas le chemin pour aller à ma planque.

-Nous sommes arrivés, dis-je au moment où j'ouvrais la porte de sa chambre -où je l'avais enfermée la première fois. Tout va bien.

Emily ouvrit les yeux prudemment et me regarda immédiatement après avoir jeter un œil à la chambre.

-Vous n'avez rien de mieux ? Il n'y a pas de fenêtre et je ne veux pas être retenue ici, dit-elle d'une petite voix. Vous allez m'enfermer ?

-Tout dépend de toi, répondis-je. Si tu tentes de fuir, je fermerai mais si tu restes calme, je ne vois pas pourquoi tu n'aurais pas le droit de circuler librement.

Elle sourit mais je voyais bien qu'elle avait toujours peur de moi. Cependant, elle semblait ne pas avoir envie de me tuer dans mon sommeil, ce qui en soit, était plutôt une bonne nouvelle. Je lui lâchai la main pour retirer mon masque.

-Billie, tu es libre de faire ce que tu veux mais avant, amène-moi deux hommes pour porter le lit de notre invité près du mien, poursuivis-je. Au moins, là-haut, j'ai une fenêtre.

Elle acquiesça et disparut.

-Quels genres de pouvoirs est-ce ? demanda Emily alors qu'elle me suivait à ma chambre -en hauteur au-dessus de ma pièce. Je crois avoir lu quelque chose là-dessus, dans Les légendes qui nous entourent Tome 1 L'Outsider. D'après le livre, les élus de l'Outsider auraient des pouvoirs et une marque étrange sur la main. Vous en avez une ?

Je lui jetai un regard par-dessus mon épaule. Dev ait-elle savoir ? Si je répondais la vérité, saurait-elle qui je suis ?

-Tout juste, avouai-je.

-Je pourrais la voir ? demanda-t-elle avec une pointe d'excitation qu'elle n'arriva pas à cacher. Enfin, si vous le voulez...

-Bien sûr, mais plus tard, si vous le voulez bien.

-Pourquoi me dîtes-vous ''vous'', l'autre fois vous disiez ''tu'', remarqua-t-elle.

-Je pense qu'une future impératrice doit recevoir tout le respect qu'elle mérite, dis-je.

-Ah... soupira-t-elle. Je ne suis pas sûre que je pourrais être impératrice.

J'aurais dû lui dire quelque chose mais à ce moment j'ignorais quoi. Son lit fut monter en un rien de temps et elle se jeta dessus. Elle avait prit un livre dans ma bibliothèque, un livre sur Serkonos, une île de l'empire. Emily était perspicace.

-Vous venez de là-bas ?

-D'où ? demandai-je en m'asseyant sur mon lit, face à elle.

-De Serkonos, vous avez plusieurs livres dessus.

-Je... oui je viens de là-bas mais ça fait des années que je n'y suis pas allé.

-Vous êtes parti quand ?

-Quand j'étais enfant.

-Et ça ne vous manque pas ?

-Non.

Mon ton avait dû être trop ferme, elle baissa les yeux et poursuivit sa lecture. Je m'allongeai sur mon lit et contemplait le ciel par la fenêtre à côté de moi, à l'opposé d'Emily. Elle ajouta à ce moment :

-Vous ne devriez pas y retourner, à Serkonos, c'est devenu n'importe quoi d'après ce que je sais. Ma mère voulait arranger la situation là-bas...

Sa mère, Jessamine Kaldwin, ancienne impératrice des îles, la femme que j'avais assassiné. Elle me rappela le regret profond que j'éprouvais. Tout avait empiré et c'était de ma faute. Mais au moins sa fille était saine et sauve, du moins, c'était ce que je pensais.

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