Quand la situation se stabilisa vraiment, les choses devinrent un peu plus simple et claires et chacun commença à s'y retrouver et savoir quand prendre des pauses et quand travailler. C'est alors que Bernard observait la lande en carressant Lune lors d'un de ces pauses qu'il fut rejoint par Lee-NA et Mohamed. Il ne dit rien, n'ayant pas eu de véritable occasion de leur parler depuis des années et encore moins depuis qu'il était revenu avec eux. Mohamed sembla hésiter aussi à engager la conversation mais Lee-NA n'eut pas ces scrupules et se mit immédiatement à parler :

《Coucou Narnou, comment tu vas ?

- Bonjour vous deux. Je... vais bien ?

- Ouah, tu es fort ! Je me disais qu'avec la mort de Clara, ton rôle dans ce qui est arrivé et la situation actuelle tu allais déprimer à fond comme moi !》

Bernard baissa légèrement le regard, le torse légèrement compressé, tandis que Mohamed jettait un regard peiné à Lee-NA. Cette dernière continua :

《Dis, tu nous a pas présenté ton maejka !

- C'est vrai ça》 confirma Mohamed《Il s'appelle comment ?

- Lune》 répondit Bernard.《Il a décidé lui-même, c'est pas ma faute si ce n'est pas original.》

Lune répondit par un miaulement contrarié et Lee-NA s'enquérit :

《Tu l'as eu comment ? J'aime trop son nom en tout cas. Et il est super beau !》

Alors que le maejka dressait les oreilles d'un air satisfait, Bernard répondit :

《Je l'ai eu en cadeau de la Nouvelle Alliance. On a fini par... devenir...un peu ami je suppose.

- Je peux le caresser ?

- Oh, oui si tu veux..》

Lee-NA fit quelques saltos de joie avant de doucement s'approcher pour passer une main délicate sur la tête de Lune, qui ferma les yeux et se mit à ronronner. Lee-NA émit quelques bruits de joie tout en restant incroyablement stable pour ne pas déranger l'animal, sous les yeux amusés de Bernard et Mohamed. Il leur semblait à tous que c'était leur premier réel moment de joie depuis des lustres et observer un enthousiasme si pur dans une situation aussi simple et relaxante fit aux deux hommes une impression étrange d'iréel. Comme si cette scène ou alors toutes les autres auparavant ne pouvaient exister dans le même monde tant elles étaient opposées. Sans s'en rendre compte, Lee-NA continuait de caresser Lune. Mohamed sentit un certain malaise le traverser en voyant ce décalage. Trop de choses étaient arrivé en trop peu de temps, comme toujours semblait-il dans leurs vies.

Le petit robot finit par se reculer, inconsciente de l'impression qu'elle avait créé et retourna près de Mohamed tandis que Lune se mettait à s'étirer et bailler. Bernard le regarda avec un léger sourire tandis que Mohamed embrassait rapidement Lee-NA sur la tête avant de lui passer gentiment la main dans le dos. Elle sourit et le regarda avant de chuchoter, toujours en adoration :

《Il est trop mignooon.》

Mohamed hocha la tête avec un sourire, et Lee-NA enchaîna :

《Tu penses que me faire poser du pelage ou des oreilles de maejka ça pourrait bien m'aller ?》

Bernard étouffa un rire, laissant son ami se débrouiller seul avec les demandes fantaisistes de Lee-NA. Mohamed réfléchit un instant avant de dire sur un ton de diplomate habitué aux idées farfelues :

《Je ne suis pas certain que ça t'irait bien mais si tu y tiens vraiment on pourra essayer. Après tout, tu avais demandé la même chose pour la barbe, les cheveux et les jambes avant de revenir sur ta décision.

- Oui mais regarde, mes peintures me vont bien !》

Et elle tourna sur elle-même pour montrer une nouvelle fois les jolis motifs qui l'ornaient. Mohamed dit gentiment :

《Quoi que tu portes, tu seras toujours magnifique. Mais ça sera moins pratique.

- Comme quand j'avais essayé d'avoir des ballons qui flottaient derrière moi !

- Exactement ! Ça a plu à cette fille avec qui tu as flirté mais dès qu'il a s'agit de passer une porte c'était plus compliqué. Là, le pelage prend la saleté et tu vas perdre des poils.

- T'as raison je vais rester comme ça. Faudra que je tente d'avoir une queue comme Lune aussi par contre !

- On verra bien 》

Fit Mohamed en riant. Bernard les observait en souriant de son côté. Ce genre de discussion avait un potentiel pour remonter le moral profondément sous-estimé.