S'apprivoiser
Bernard regardait le plafond, allongé sur le fauteuil. Une profonde lassitude de l'endroit le saisissait déjà alors qu'il s'y trouvait depuis moins d'une journée, même s'il n'arrivait pas à admettre qu'il s'y sentait mieux que sur son ancienne planète de jungle. Les montagnes chantantes, les forêts millénaires... bien trop poétique tout ça. Il releva la tête en sentant un poid sur son ventre : l'espèce de chat venait de s'y coucher et respirait doucement en ronronnant paisiblement. Bernard l'observa quelques secondes puis décida qu'il avait atteint les limites de sa patience et le chassa.
«Tu vas arrêter oui ? Je veux pas te voir ! Laisse moi tranquille enfin !»
Il se leva en soupirant et alla vers la boite où lui avait été donné l'animal et l'examina, espérant trouver quelque chose pouvant l'aider à le repousser. En dessous se trouvait une petite étiquette avec le nom de l'espèce : un maejka, et une petite case vide pour y inscrire le nom. Bernard rapprocha un peu la boite de ses yeux pour mieux voir et actionna par inadvertance un petit mécanisme qui fit tomber une petite balle en tissu ainsi qu'un petit stylo avec un bouton sur le côté. Le sexagénaire observa les objets, reposant la boite. Il laissa de côté la balle et prit le stylo. Il semblait être banal, mais quand il appuya sur le bouton, il ne fallu qu'une seconde pour que le maejka vienne se frotter à ses jambes.
«Mais, enfin ! Laisse moi.»
Il lui donna un petit coup sur le derrière pour le faire filer et rangea le stylo dans sa poche en se jurant de le jeter à la première occasion. Il prit ensuite la balle dans la main et retourna l'examiner sur le canapé. Avant d'avoir pu parcourir quelques mètres, il sentit un poid sur ses épaules, et la tête du maejka entra dans son champ de vision, les yeux focalisés sur la balle. L'animal avait été jusqu'à lui sauter dessus pour mieux voir, dans sa curiosité. Bernard lança négligemment la balle un peu plus loin, pour occuper son compagnon, et alla s'assoir à nouveau. Le félin, lui, sauta immédiatement et eut le temps d'atteindre la balle avant qu'elle ne touche le sol, se roulant ensuite par terre en la tenant dans ses pattes pendant de longues minutes.
«Qu'est-ce que tu veux que je fasse de toi. Qu'est-ce qu'ils espèrent que je vais faire de toi en fait ?»
Le maejka le regarda, immobilisé sur le dos, semblant l'écouter, lâcha la balle et vint s'assoir puis s'allonger en boule à côté de lui. Bernard soupira et le caressa d'un air las, provoquant une légère crispation de plaisir chez l'animal.
«Tu as un nom au moins ? Histoire que je t'appelle pas "la saleté" en permanence ?»
Le maejka laissa passer une sorte de miaulement grave, accompagné de trémolos en fond. Bernard soupira une nouvelle fois :
«Tu as pas de nom je suppose. Ça te va si je t'appelle Félix ?»
Nouveau miaulement plaintif. Visiblement, ça ne lui convenait pas.
«Mon dieu, tu m'énerve déjà. Un nom plus sympathique t'irait ?»
Cette fois, c'est au miaulement approbateur que l'animal lâcha.
«Pff, un truc en rapport avec l'espace peut-être ? C'est bateau. Proxima, ça t'irait ? Stellaire... hyperlumière... lune...»
Les oreilles du maejka se dressèrent soudainement.
«Lune ? Tu parles d'un nom original tiens. Tu dois être le millionième bestiaux de compagnie avec ce nom. Enfin bon... lune. Je sais même pas pourquoi je te parle. Tu me comprends même pas, tu veux juste tes câlins et ta bouffe.»
Le nouvellement nommé Lune tourna un peu la tête pour le regarder et lui lécha la main avant de se repositionner. Bernard le regarda et continua à le caresser, sans même véritablement comprendre pourquoi.
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