Presque aimable

Ophélie se balladait une nouvelle fois aux alentours des cellules. Kaltessy attisait vraiment sa curiosité. Autant aucune des conversations qu'elle avait eu avec elle n'avait été véritablement agréable, autant l'ancienne pirate semblait être bien plus que ce qu'elle montrait. La jeune femme finit par arriver devant la vitre et regarda Kaltessy. La blessée se reposait encore, les bandages ne couvrant maintenant que son ventre et ses avants bras. Le reste de sa peau était encore comme rèche et irrité, mais visiblement près de guérir. Kaltessy ouvrit les yeux quelques minutes plus tard et remarqua Ophélie après quelques secondes de flottement.

«Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ?»

Ophélie recula d'un pas, appréhendant l'idée d'une nouvelle conversation, et répondit prudemment :

«Je... rien de particulier, je passais juste.

- Immobilisée devant ma cellule ?

- Bon, d'accord, je t'ai regardée... quelques minutes.

- Si tu veux ma photo, va demander au poste de sécurité, ils l'ont faite quand ils m'ont amenée.

- Non ! Je... rien. Je ne sais pas vraiment pourquoi je viens.»

Elle baissa les yeux quelques secondes avant de se détourner, mais Kaltessy la rappella :

«Deux secondes.»

Ophélie se figea et la regarda à nouveau :

«Tu te rappelle sur la planète rouge ou j'étais sensée récupérer ton pote.

- Oui ?

- T'as eu l'occasion de me tuer. C'est cool de ta part de pas avoir appuyé.

- Ah... oui... C'est parce que je n'ai jamais tué et... tu avais l'air... enfin... tu avais l'air d'avoir peur et j'ai hésité.»

Kaltessy serra légèrement la mâchoire quand Ophélie affirma qu'elle avait eu peur, et finit par admettre :

«T'allais me tuer, t'aurais fais la fière si c'était l'inverse ?

- L'inverse est déjà arrivé.

- Dans ton vaisseau. J'ai jamais vu un modèle aussi nase de cette gamme là.»

Sans raison particulière, Ophélie se sentit obligée de se défendre contre cette pique pourtant totalement gratuite :

«Je n'ai pas choisi, j'ai juste cherché à fuir.

- Ouais j'ai vu ça. Une belle planète de merde d'ailleurs, j'ai vite fait checké après être partie. Limite pire que chez moi, balèze.»

Ophélie la regardait toujours, tendue en cherchant quand allait venir le moment humiliant.

«C'est vraiment si horrible chez toi ?

- La dictature en moins, la misère en plus. Pourquoi tu crois que j'ai pris le premier vaisseau venu pour me barrer et nourrir ma famille. Mais je suis pas mal niveau régime autoritaire.

- Oh... toi aussi tu as eu droit aux cérémonies du coup ?

- Interminables. Et les hymnes à rallonge ?

- Oui. Les défilés des soldats ?

- Tu parles... c'était tellement la misère, c'était plus des milices de clodo que des soldats chez moi. Enfin, la Nouvelle Alliance nous a pas encore pris sous sa coupe.

- C'est pas très intéressant. On a pu rénover et mieux manger, mais on a pas eu la vie facile pour autant.

- Je connais, t'es au courant ?»

Ophélie hocha légèrement la tête, se taisant immédiatement. Elle finit par demander doucement :

«Tu... es devenue pirate quand ?

- Je me suis barrée, un type m'a repérée dans le vaisseau que j'ai pris et m'a proposé un job pour voler un truc. Je l'ai fait, j'ai enchaîné et je suis entrée au service de Gregaltt.

- Pourquoi il a voulu... enfin

- Me buter ? Si tu le déçois trois fois, tu as une mission, si tu te rates, il te tue. J'ai raté un vol, ton abordage, puis récupérer Slimani. Donc j'ai dû aller chercher Berthieux, et comme vous je me suis plantée, il a voulu me tuer.»

Ophélie baissa les yeux. Sans vraiment de raison, elle se mettait à culpabiliser d'avoir eu autant de chance en fuyant, et de se retrouver aujourd'hui du bon côté de la barrière de cette cellule. Kaltessy dit soudainement :

«T'es sympa en fait. Pas très rapide, mais sympa.

- Je... merci ? Je suppose ?

- C'est ça. De rien Ophélie.»

Et elle se coucha à nouveau, fixant le plafond. Ophélie la regarda quelques secondes avant de partir. Finalement, Kaltessy n'était pas si antipathique qu'elle le pensait.

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