On réessaye
Bernard ne répondit plus à aucune sollicitation et ils finirent par s'éloigner et faire un petit campement plus loin. Clara déploya un petit feu de camps optimisé, presque sans lumière mais chaud, et ils s'assirent autour, silencieux et pensifs, rejoins un peu plus tard par Murainan'Ta. Lee-NA tenta de lui parler, gentiment :
«Mur Mur... tu sais, il vit tout seul depuis des années, sans dossier à classer, sans urbanisation à moins de 15 000 kilomètres et sans planète vraiment civilisée à moins de 25 années lumières... il va forcément ruminer et rejeter la faute sur quelqu'un.»
Le gliesien la regarda d'un air maussade et dit sèchement :
«Il pourrait en profiter pour réfléchir à ce qu'il dit à ses amis. Surtout quand ils viennent pour le protéger. Mais non, monsieur préfère légitimer une alliance totalitaire.»
Pesant ses mots, Clara parla à son tour :
«Il faut reconnaître qu'il n'a pas eu tort sur tout. Autant il a été très injuste avec toi et je ne suis pas du tout d'accord, autant quand il parle de la Nouvelle Alliance et de l'Union Galactique, ou encore de PA-UL, il n'est pas en tort sur tout. Il fait des raccourcis mais tout n'est pas à jeter.»
Mohamed poursuivit :
«Et puis tu sais, si il revenait avec nous, il changerait vite son discours. Comme Lee-NA l'a rappelé, il vit seul depuis des années, avec le souvenir de l'effondrement de l'Union en tête. Il t'a fait trop confiance et malheureusement ça lui a fait d'autant plus mal quand il a compris que tu ne pouvais pas tout changer, même avec ton pouvoir.»
Murainan'Ta les regarda, toujours tendu mais le regard déjà moins colérique. Sans pardonner véritablement, il avait visiblement commencé à comprendre la réaction de Bernard, et celà l'aidait à mieux digérer les insultes qu'il avait pris dans la figure.
La nuit finit par tomber quelques temps après et ils décidèrent d'avertir le vaisseau qu'ils ne rentreraient pas. Le lendemain, ils allaient retourner voir Bernard.
Ophélie ne dormit que peu. Tout ce qui c'était passé ces derniers jours lui passait en boucle dans la tête : une semaine avant encore, elle était sur sa planète natale et maintenant elle accompagnait Murainan'Ta, Clara O'Maley, Mohamed Slimani et Lee-NA dans leurs voyages pour aller chercher Bernard Berthieux. La fatigue eut cependant raison d'elle à un moment et elle tomba dans un sommeil plein de rêves. Le lendemain, c'est Lee-NA qui la réveilla doucement, très affectueusement. Quand elle eut constaté que Ophélie était réveillée, elle s'éloigna immédiatement pour vaquer à ses occupations. Elle réveilla de la même manière une sorte d'oiseau écailleux qui dormait sur une branche pas loin.
Après quelques concertations, ils se mirent en route et arrivèrent vite devant la maison de Bernard. Ils toquèrent encore à la porte, mais la réaction de Bernard fut la même que la veille. Il ouvrit, les regarda, et referma. Ils se mirent à discuter entre eux, un peu agacés, avant que Lee-NA ne dise :
«Et si on laissais juste Ophélie ? Il n'a rien contre elle et peut-être qu'elle réussira à le convaincre.»
Ils se tournèrent tous d'un coup vers elle, excepté elle-même évidemment, qui ne pouvait pas se tourner elle-même vers elle-même. Après un instant d'hésitation ou de réflexion selon chacun, ils acquiescèrent. Seule Ophélie était presque tétanisée à l'idée de se retrouver en tête à tête avec Bernard. Lee-NA avança, la tourna en face de la porte, puis ils toquèrent et trottinèrent vers un coin de la maison pour s'y cacher et écouter, laissant Ophélie seule, les yeux écarquillés. La porte finit par s'ouvrir une nouvelle fois sur Bernard, qui marqua un temps d'arrêt, plus étonné qu'il ne voulait le laisser croire, par la présence seule d'une totale inconnue devant lui, surtout une inconnue à l'expression si ahurie.
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