Jérome survola la station des pirates. Elle était de loin de la forme d'un disque aux bords irréguliers, de plus en plus épais vers le centre. En s'approchant, l'équipage vit qu'elle n'était pas faite d'un seul bloc mais de dizaines, peut-être centaines, de vaisseaux, morceaux de station, bâtiments montés sur réacteurs, tous d'une architecture différente et reliés par de plus ou moins grands couloirs. Ils se dirigèrent comme indiqué aux plateformes d'atterrissages et finirent par trouver celle suffisamment imposante pour accueillir Jérôme. Une fois posés, la rampe ouverte, de grandes barrières sortirent du sol sur les bords, et des bras mécaniques se déployèrent pour maintenir le vaisseau en place dans les bourrasques de la planète.

Chacun se munit d'un masque à oxygène protégeant le visage entier et sortit, avançant doucement à cause du vent. Une fois Murainan'Ta, Clara, Mohamed, Lee-NA, Ophélie et Kaltessy sortis, la rampe se referma. Le petit groupe alla jusqu'à la porte du bloc le plus proche, qui s'ouvrit pour les laisser entrer. Soulagés d'être à l'intérieur après un bref instant dans l'atmosphère hostile de la planète, ils tapotèrent sur le côté de leurs masques, qui se rétractèrent pour devenir une sorte de serre tête et d'oreillettes métalliques. Des humanoïdes d'espèces diverses et aux équipements hétéroclites les observaient non sans une certaine hostilité.

Peu rassurée, Ophélie regarda Kaltessy, qui semblait être la seule un tant soit peu à l'aise dans cet endroit. Murainan'Ta regarda l'ancienne pirate et lui demanda d'un air tendu la direction à prendre. Elle se mit en tête du petit groupe et les guida de longues minutes aux travers des corridors sombres et des pièces aux conceptions sans logiques communes, accompagnés par le son étouffé des tempêtes qui faisaient rage à l'extérieur.

Enfin, ils arrivèrent devant une grande porte visiblement blindée devant laquelle ils s'arrêtèrent. Kaltessy s'approcha d'un air assuré et toqua contre un petit carré de métal plus sombre, avant de se reculer. La partie de la porte qu'elle avait touché rentra dans le métal, laissant un trou. De là sortit l'un des petits robots noirs en forme de galet qui entouraient Gregaltt. Il les observa pendant quelques longues secondes d'un œil inquisiteur avant de repartir, et le trou de se refermer. Dans un grondement, la porte s'ouvrit lentement pour les laisser entrer dans une grande salle circulaire munie de gradins vides. Au milieu se trouvait Gregaltt, entouré de sa nuée de petits robots, assis sur un grand siège posé en haut d'une pile de pièces de vaisseaux certainement précieuses et d'objets à la technologie qu'on pouvait aisément deviner très avancée.

Il se redressa pour les jauger et se leva finalement pour se tenir encore plus haut par rapport à eux. Ses petits robots se mirent à voler autour du petit groupe, menaçants, et il parla d'un ton autoritaire avec sa voix rauque :

«Bien bien bien... mesdames et messieurs, j'espère pouvoir compter sur votre coopération pleine sans quoi nous allons devoir écourter votre visite.»

Il sourit légèrement en voyant Kaltessy avant de dire d'un ton ironique :

«Oh, bonjour toi. Comment tu vas depuis le temps ? Je ne pensais pas te revoir un jour.

- Ça va Gregaltt. Merci de demander.

- Heureux de voir que tu te trouves d'autres personnes à décevoir.»

Kaltessy semblait lutter pour ne pas insulter Gregaltt, et il le savait. Cependant, elle n'en fit rien. Le pirate continua ses provocations :

«Monsieur 'Ta, j'espère que vous ne vous inquiétez pas pour Berthieux. Je l'ai livré à Lania comme c'était convenu, sans même l'abimer au passage.

- Ça va, je sais ce qui lui est arrivé.

- Bon, après tour, c'est ça le buisness. Un jour avec quelqu'un, le lendemain avec plus offrant. Les affaires sont les affaires. Et comme vous êtes là justement pour ça, commençons donc à parler affaires.»