La contestation de trop
Quand la bataille commença, des caméras furent activées sur les modules ainsi que sur les sondes, afin d'observer son déroulement malgré la distance. Les images étaient retransmises instantanément vers l'immense vitre du cockpit de Lania. Au départ confiante, elle perdit progressivement son sourire à la vue de sa perte en soldats et finalement de la victoire de Murainan'Ta et son groupe. Les autres sénateurs de l'Alliance n'étaient pas présents, certainement pour éviter une crise de colère de leur dirigeante.
Bernard, lui, se crispait légèrement à chaque tir passant près de Lee-NA ou Mohamed, les deux seuls qu'ils pouvaient voir par les images retransmises. Finalement, malgré ce qu'il avait pu dire à Lania, il ne pouvait s'empêcher de sourire en les voyant vaillamment combattre, et avait un petit sursaut de joie à chaque module abattu. Lune, même sans comprendre, sentait l'excitation de Bernard et ronronnait bruyamment.
Quand le dernier soldat fut abattu et le dernier module tombé dans les profondeurs de l'atmosphère dans un torrent de flammes, Lania resta longtemps face à l'écran, crispée, avant de doucement ordonner :
«Envoyez une seconde vague. Et ajoutez un quart... non, la moitié de nos bombardiers.»
Les ordres furent passés immédiatement et les portes des hangars s'ouvrirent quelques minutes plus tard pour à nouveau laisser passer un flot impressionnant de petits vaisseaux qui se mirent à foncer à toute vitesse vers la station. Bernard ne put se retenir et demanda sèchement :
«Vous ne pouvez pas arrêter ? C'est ridicule, tout ce déploiement de force pour une seule personne. Ça tient d'avantage de la vengeance que de la réflexion stratégique ou politique.»
Lania le regarda, une colère noire dans les yeux, et s'approcha de lui avant de répliquer sur un ton assassin :
«Berthieux, fermez la. Immédiatement.»
Bernard fit non de la tête et continua, l'émotion qu'avait provoqué son inquiétude le poussant à parler :
«Vous faites une grave erreur stratégique Lania, arrêtez immédiatement. Vous avez les mêmes réactions que Gompolum, et la même stratégie. Et personne de sensé ne veut avoir les mêmes réactions et stratégies que ce type.»
Lania s'approcha encore de Bernard, irradiant de colère et de haine.
«Ne parlez pas de mes collaborateurs ainsi, Berthieux. Et ne me parlez pas non plus ainsi. Vous dépassez les limites.
- Je vous fait remarquer vos erreurs. Stoppez immédiatement cette violence inutile, vous perdez énormément de moyens pour strictement rien.»
Lania arracha les anneaux dorés retenant ses tresses multicolores et saisit immédiatement Bernard à la gorge, le soulevant à nouveau du sol et l'approchant à quelques centimètres de son visage. Elle l'observa rougir et se débattre avant de dire lentement :
«Vous n'avez pas à me dire ce que je dois faire, vermine.»
Elle poussa soudainement un cris de douleur, laissa Bernard s'effondrer au sol, tentant de retrouver son souffle, et porta une main à son flanc pour un trouver un peu de sang mauve clair. À ses pieds se trouvait Lune, crachant, les poils hérissés et les griffes sorties. L'animal lui avait semble-t-il sauté dessus et l'avait profondément griffée. Lania cria de rage et tenta de le frapper par un violent coup de pied, mais Lune lui sauta au visage pour la mordre. Quelques secondes plus tard, elle avait réussi à l'éloigner par une frappe brusque et se redressa correctement, le visage maculé de sang et un oeil fermé. Un garde arriva au même moment et tira une sorte de filet bleuté sur Lune, qui se retrouva ligoté et dans la seule capacité de cracher.
«Mettez cette chose dans une capsule, avec Berthieux. On les larguera dans un soleil en repartant.»
Des gardes saisirent Bernard par les épaules quelques seconde après malgré ses protestations, et ils quittèrent la passerelle de commandements, tandis que Lania courrait dans une salle à part pour être soignée. Quelques minutes après, Bernard et Lune étaient balancés dans une capsule de sauvetage dont la porte fut verrouillée. Un peu perdu, Bernard se mit immédiatement en quête d'un moyen de retirer les liens qui entravaient ses mains pour libérer Lune et fuir. Il sentit son sentiment d'impuissance monter d'un cran quand l'annonce que la seconde vague avait atteint la station retentit dans le vaisseau.
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