Une discussion peu banale
Bernard se réveilla. Ses premières pensée furent pour la crise de colère qui avait assailli Murainan'Ta quand il avait appris pour l'agression. Il en tremblait de rage. Il avait immédiatement appelé les autorités qui étaient alors allés arrêter les agresseurs, encore assommés parmi les palmiers. Puis Bernard se rappella soudainement que l'élection se jouait aujourd'hui. Il s'assit dans son lit, pris quelques instants pour émerger puis se prépara et descendit dans un des salons du QG. Il ne croisa personne dans les couloirs. Quand il fut arrivé, il s'installa dans un fauteuil et attendit sans but précis. Au bout d'un quart d'heure d'heure, un objet blanc passa rapidement dans le couloir. Quelques secondes plus tard, l'objet blanc revint tout doucement, à reculons, vers la porte. C'était Lee-NA. Elle fut prise d'un nouveau spasme et cria de sa voix robotique :
«NANARD !»
Elle fonça vers lui mais percuta l'un des côtés de la porte, ce qui l'envoya tourner dans les airs de l'autre côté de la pièce. Après quelques instants de flottement, elle reprit ses esprits, fut prise encore une fois de tremblements et enchaîna avec des saltos. Une fois rétablie, elle se secoua la tête et regarda Bernard de son oeil bleu lumineux. On pouvait presque voir les données affluer à son cerveau. Lentement cependant : elle ne semblait toujours pas reconnaître Bernard. Ah... un sursaut d'intelligence la traversa mais se dissipa immédiatement quand elle diffusa la macarena depuis son vocodeur et qu'elle se mit à la danser. Bernard l'observa bouger de la sorte pendant près d'une demi-heure quand elle fut prise d'un violent sursaut et reconnu enfin Bernard.
«BERNARD ! Comment ça va ? Moi ça va et toi ? 'Nardou ? Hé ho ?
- Oui je vais bien.
- Moi ça va. Enfin je crois. Enfin je vais toujours bien, c'est un défaut de programmation. Chuis sensée être bougonne, comme les autres robots de nettoyage mais mon concepteur il s'est planté ! Et du coup - OH LA PEINTURE ELLE EST TROP JOLIE !»
Elle se précipita vers le mur, qu'elle percuta. Après avoir un peu reculé, elle le percuta de nouveau puis se figea, ébobillée devant la peinture du mur, somme toute banale : c'était un simple motif turquoise. Le singulier robot se tourna brusquement vers Bernard.
« Eh, tu sais pourquoi y a personne aujourd'hui ? M'ennuie.
- C'est la journée des élections» Dit Bernard, presque jovial.
Ce robot avait décidément des effets incroyables sur son humeur ! Dès qu'il arrivait, Bernard se sentait plus léger, et un petit sourire flottait sur ses lèvres. Lee-NA le relança :
«Des élections de quoi ?
- Du sénateur principal de la planète. Les deux candidats sont Murainan'Ta...
- Le gars qui est tout le temps accompagné par dix personnes ? Je sais pas si j'l'aime bien lui.
- Pourquoi ne pas voir par toi même comment je suis ?» Demanda Murainan'Ta qui venait d'entrer dans la pièce.
Il s'appuya sur le mur, l'air nonchalant. Lee-NA lui répondit :
- Du coup t'es comment toi ?
- À toi de me le dire ! Tu t'appelles comment ?
- Lee-NA ! Et si je suis contente, c'est parce que je suis mal programmée !
- C'est pas plus mal dis moi ! Alors Lee-NA, comment tu me trouve ?
- T'as l'air sympa. Pourquoi il y a personne avec toi ?
- C'est le jour des élections. Je n'ai rien à faire, car j'ai une obligation au silence. En conséquences de quoi mes collaborateurs n'ont pas besoin de me suivre.
- Mais dans les élections t'es contre qui ?
- Arnold Tuchmeier. Tu sais qui c'est ?
- Je l'ai vu à la télé ! Un vrai archipatelin ce type !»
Murainan'Ta regarda Bernard avec un amusement perceptible dans les yeux. Ses lèvres formèrent silencieusement le mot archipatelin. Bernard haussa les épaules, l'air presque rieur.
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