Cela faisait maintenant vingt minutes que Bernard remplissait les formulaires. Il se leva soudainement, surprenant le Gliesien qui lui demanda aussitôt

«Hé ! Vous faites quoi ?

- Je vais envoyer ces formulaires voyons ! On me l'a demandé, je le fais !

- Vous êtes pas bien ? Vous êtes sensé me cacher !  lui rétorqua, catastrophé, l'humanoïde pisciforme.

Bernard, n'écoutant alors que son cœur, décida de tout de même sortir de son bureau pour envoyer les formulaires en bureaucrate qui se respecte. À peine était-il sorti qu'un agent de sécurité lui sauta dessus et le plaqua au sol en hurlant 

«Hé ! J'en ai un ici ! Magnez vous, faut trouver les deux autres !»

Bernard, agacé pour plusieurs raisons dont son bras tordu dans le dos et son visage aplati sur le sol, demanda, la voix à demi-étouffée :

«Petite question : pourquoi m'écrasez vous la tête contre la moquette alors que je n'ai rien fait de répréhensible ? Vous savez que ça va donner lieu à pas mal de paperasse de type dédommagement pour les préjudices physique et moraux, sans compter les différentes charges qui pourraient peser contre vous pour abus d'autorité et arrestation abu...

-Tais toi ! » beugla le garde «Tu sais très bien de quoi on t'accuse, alors fais pas l'inconscient ! »

Bernard, ne comprenant toujours pas sa faute et encore moins ce que disait le garde, redemanda :

«Cela aurai-t-il un rapport avec la délégation Gliesienne qui est arrivée aujourd'hui dans l'entreprise ?

-Ah, ça y est ? On commence à avouer ?

-Je n'avoue rien, je m'interroge. C'est juste que comme j'ai vu tout à l'heure un Gliesien courir dans le couloir, poursuivi par trois individus, et qu'en m'attrapant vous avez crié qu'il en manquait deux, j'en déduis que vous me prenez pour un des poursuivants du Gliesien. Ce que je ne suis évidemment pas.

-Mais oui ! Et qu'est-ce qui me le prouve ?

-Déjà, je suis en costume et les poursuivants étaient en uniforme de pilote.

-Mais ça prouve rien ! Qui dit que t'es pas un complice qui participe à la tentation d'assassinat de la délectation ?

- Alors là, ça va être très facile de vous le prouver. Il suffirait que vous me lâchiez et je vous montrerais.

- Et bien sûr tu en profitera pour t'enfuir. Je suis pas débile !  »

Bernard, pas si sûr de cette dernière affirmation, abandonna. De toute façon l'avenir finirait bien par lui donner raison. Un avenir proche de préférence car la situation actuelle était plus que déplaisante, autant pour son visage que pour son bras. Heureusement, le Gliesien, ayant bien compris que la situation était maintenant sans danger ( pour lui, car celle de Bernard était une autre paire de manche ) décida de sortir soudainement de sous le bureau et... bon d'accord, il mit près d'une dizaine de secondes à s'en extraire, dizaine de secondes qui lui suffit pour se cogner la tête par trois fois et pour faire tomber le pot à crayon du bureau. Après s'être levé tant bien que mal, il tendis le bras vers le garde et dit d'une voix théâtrale plutôt surdimensionnée pour la simple libération d'un employé de bureau :

«Mais c'est pas bientôt fini ? Ça fait trois fois qu'il vous demande de le lâcher ! »

Le garde faillit tomber à la renverse, ce qui appuya plus fortement encore sur le bras de Bernard, qui grimaça de douleur. Et d'agacement aussi, on peut le comprendre. Le garde, se rétablissant tant bien que mal mais en restant malheureusement dans sa situation originale d'immobilisation de Bernard, bégaya :

«Mais mais mais monsieur Murainan'ta ! P-p-pourquoi vous avez rien dit avant ? Je savais pas moi ! »

Le Gliesien dont nous venons d'apprendre qu'il se nommait Murainan'ta lui redemanda, l'air consterné :

« Lâchez-le ! Vous ne voyez donc pas que vous lui faites mal ?»

Le garde qui semblait complètement perdu, mit plusieurs secondes avant de comprendre l'ordre et finit par se relever l'air catastrophé. Bernard quand à lui, se releva, formula un vague remerciement à l'encontre de Murainan'ta, ramassa les formulaires et continua ce pourquoi il était à l'origine sorti de son bureau : l'envoi des formulaires de visite au secrétariat.