Il arrêta de parler et un silence pesant tomba une fois de plus sur le groupe. Tous tentaient de résister à la tristesse, à la colère et à la fatigue. Pendant un long moment, personne n'osa parler. Dehors, les échos de quelques tirs ou cris leur parvenaient de temps à autre. Murainan'Ta semblait être sous le choc : il venait tout de même d'apprendre la mort d'une amie et la trahison d'une personne qu'il pensait digne de confiance. Et le fait de ne rien savoir sur les raisons de cette trahison le rendaient encore plus troublé. Mohamed de son côté, fixait le mur avec une grande intensité et les traces salées de ses larmes lui piquaient les joues en séchant. Bernard, peu habitué à ressentir des émotions si fortes, et encore moins celles dues à la perte d'un être cher, commençait à avoir mal au ventre et des tremblements incontrôlés le traversaient fréquemment. Clara enfin, pour s'occuper et se vider l'esprit, cherchait le meilleur moyen de voler un vaisseau, et toutes ses possibilités différentes. Après avoir trouvé, elle se leva et scanda :

«Allez, il ne faut pas se laisser aller dans un état catatonique ! On doit s'échapper et trouver un moyen de sauver tous les prisonniers puis de détruire cet endroit tant qu'ils sont désorganisés. J'ai trouvé la route à prendre et je vous attend.»

Bernard et Murainan'Ta se levèrent presque immédiatement mais Mohamed mit plus de temps avant de bouger. Il finit enfin par le faire et ils se préparèrent à sortir. Bernard lui donna son arme et les deux soldats se placèrent devant, le canon relevé. La porte s'ouvrit et ils sortirent rapidement, trottinant le plus silencieusement possible dans les corridors de l'immense vaisseau. Clara suivait au mieux le chemin tracé par le casque volé au soldat, mais prenait la peine de faire un petit détour quand le vacarme d'une escarmouche se faisait entendre au fond d'un couloir ou au détour d'un croisement. Ils arrivèrent après près d'une vingtaine de minutes de marche aux zones d'embarquement et se mirent à la recherche d'un sas. Ce fut Bernard qui en trouva un. Il consistait en une sorte de grosse trappe ronde dans le plafond, contrôlé par un moniteur accroché au mur. Mohamed l'examina et ne tarda pas à l'ouvrir. Une cabine cylindrique en descendit alors, attendant leur montée. Ils entrèrent et au moment de refermer la porte, une troupe de soldats arriva du fond du couloir et commença à tirer. La porte se referma et la cabine remonta dans le vaisseau avant de s'immobiliser, en attente d'une destination. Clara chercha les vaisseaux de sauvetage et au moment d'appuyer, des tirs résonnèrent, frappant le métal en dessous d'eux. Juste après, le bruit d'une autre cabine se fit entendre et les soldats entrèrent à leur tour dans le vaisseau. Clara enfonça le bouton en urgence et la cabine se mit en branle. Ils arrivèrent peu après au niveau des vaisseaux de sauvetage mais là, surprise : il n'y en avait plus. De toute évidence, tous les soldats n'étaient pas restés pour défendre Shekafdala et avaient préféré fuir. Ils retournèrent dans la cabine et Clara choisi la seule autre possibilité qu'ils avaient pour fuit la station : le cockpit. Ils arrivèrent et fermèrent la porte, empêchant les soldats de passer si jamais ils les retrouvaient. Mohamed se mit immédiatement à fermer toute communication extérieure du vaisseau, évitant un éventuel hack de PA-UL. Clara se mit aux commandes, secondée par Murainan'Ta et Bernard, qui ne seraient certainement pas de trop pour manœuvrer un vaisseau faisant près de trois kilomètres de long.