Toujours Bernard
Bernard Berthieux. Ce nom même était la quintessence de l'ennui, une sorte de représentation physique du manque d'action, de surprise. Comme chaque matin, Bernard descendit dans la cuisine. La cafetière faisait son bruit habituel, le café faisait son bruit habituel. Le tout avec en fond, le bruit habituel des véhicules qui passaient. Au loin des voix parlaient, étouffées par les murs. Bernard pris son café. Ouh... trop chaud. Comme chaque matin. Et trop clair comme toujours.
À ce stade, vous êtes sûrement tentés de plaindre Bernard et vous auriez raison si lui-même n'était pas satisfait de ce train de vie. Je vous l'ai déjà dit au chapitre précédent, il faut suivre parfois ! Mais revenons à notre Bernard. Après le café, il retourna dans sa chambre. Il y resta trente seconde et n'y fit rien. Il y resta, simplement. Puis il en ressorti pour se diriger vers la salle de bain. Il prit sa brosse à dent, le dentifrice et se brossa les dents. Mal, comme tout le monde. Il retourna ensuite dans sa chambre pour mettre son costume. Un costume banal : costard-cravate gris un peu chiffonné. Après être habillé, Bernard s'assit sur son lit et ne fit rien. J'aimerais vous dire qu'il réfléchissait à un moyen de changer positivement sa vie, mais je mentirais : en vérité, il ne pensait à rien. Son esprit était brumeux comme chaque matin.
Soudain, dans un accès d'énergie, il se leva rapidement et pris sa sacoche. Mais cette énergie nouvelle retomba et Bernard redevint Bernard. Il marcha vers la porte de son logement et pris ses clefs avant d'ouvrir. Son habitation donnait sur une cage d'escalier triste, froide et métallique. Il passa le pas de la porte et la referma. L'écho se répercuta dans l'immeuble et quand il eut disparu, indistinct au milieu des sonorités urbaines, Bernard entama la descente de l'escalier. S'il l'avait descendu deux minutes auparavant il serait tombé sur deux cambrioleurs qui montaient les escaliers. Il aurait alors appelé les forces de l'ordre, on l'aurait félicité et sa journée aurait été changée. Mais le fait est qu'il descendit cet escaliers deux minutes après. Le cambriolage eu donc lieu et rien ne se passa pour lui.
Après avoir descendu les 58 marches de l'escalier, Bernard sorti dans la rue. Les véhicules y passaient, comme à leur habitude. Oh... celui-ci est moins normal que les autres. Après avoir eu cette réflexion qui était, à bien y réfléchir, incroyablement déprimante, Bernard marcha sur le trottoir pendant un quart d'heure en évitant les crottes d'oiseaux, les chewing-gum et les sdf. Finalement, d'un mouvement presque enjoué ( presque) il regarda le ciel pour voir le temps. Ça allait : un soleil éclatant brillait dans le ciel. Les deux autres étaient cependant cachés par les nuages.
Ah oui, point important, Bernard vivait dans le système de Alpha du Centaure, sur Alpha Centauri Bc, la 4ème colonie humaine en dehors du système solaire.
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