La victoire est proche
Il se leva brusquement, catastrophé.
«Non ! Je ne veux pas ! Pourquoi vous me faites ça ?»
Les autres dirigeants le regardaient, passablement agacés. Le panda lui dit :
«Dépêchez vous ! La démocratie a parlé, vous avez organisé cette élection de votre propre chef, maintenant assumez les conséquences ! Que devons nous faire ?»
Bernard les regarda quelques secondes puis dit en désespoir de cause :
«Eh bien... on continue la même stratégie. Le chemin pris par Murainan'Ta a dû être retenu et on doit pouvoir le transmettre non ? On fait ça et on libère les autres dirigeants, avant d'envoyer toutes les troupes dans les couloirs pour arrêter Shekafdala et PA-UL. On dois les juger très sévèrement !»
Les dirigeants et Clara le regardèrent bizarrement et Mohamed serra les poings. Bernard demanda, surpris :
«Suis-je le seul à me rappeller des lois ? La peine de mort ne fait pas partie de nos options. PA-UL sera désactivé à la suite d'un jugement et Shekafdala sera mise en prison jusqu'à la fin de sa vie. C'est la loi.»
Mohamed senti ses entrailles se tordre. Shekafdala vivante, après le meurtre de Lee-NA et les attaques ? Il n'avait jamais envisagé ne serait-ce qu'une seconde cette éventualité. Le soldat se tendit, résistant à une pulsion de violence qui l'avait saisi. Il avait une envie soudaine de frapper Bernard.
Une sorte de tortue barbue déclara :
«Je crois que nous avons fait un choix judicieux. Monsieur Berthieux garde les pieds sur terre et ne sombre pas dans la vengeance comme nous l'aurions fait à sa place. C'est clairement le Kohol qu'il faut.»
À contrecœur, les autres dirigeants durent admettre qu'il avait raison. Clara se leva, et se mit au garde à vous devant Bernard. Ses joues comportaient encore les traces salées des larmes. Mohamed, ayant encore du mal à digérer l'avis de Bernard, ne se mit pas pour sa part au garde à vous. Les hologrammes de dirigeants se contentèrent d'un rapide salut, à l'exception de l'espèce de tortue et du brocolis, qui était clairement respectueux du pouvoir. Bernard, décontenancé et commençant seulement à mesurer l'étendue du pouvoir qu'il venait d'acquérir, se tenait devant eux les bras ballants. Il se passa une main sur le visage et se frotta l'arrière de la tête avant de déclarer :
«Bon ben... C'est parti. »
Les dirigeants coupèrent leurs transmissions et les Clara revint à une position naturelle. Mohamed fixa quelques secondes Bernard, d'un regard froid et violent. Il ne parvenait pas à accepter ce que Bernard disait. Ce n'était pas justice de laisser Shekafdala en vie. C'était de la démagogie pure et simple. Bernard se tourna vers un terminal et chercha tant bien que mal comment communiquer la stratégie à suivre aux autres armées. Dans son dos, Mohamed sentait sa colère monter. De quel droit Bernard pouvait-il juger bon de laisser ces assassins en vie ? Il serra la mâchoire et alors qu'il allait marcher en direction du Kohol, sans but précis, une main le retint par l'épaule. C'était Clara. Elle secoua la tête.
«Arrête Mohamed. C'est la loi. Ça ne me fait pas plus plaisir qu'à toi mais c'est la loi.
- Il protège des assassins. Il protège celle qui a tué Lee-NA !
- Justement. Qu'aurait fait Lee-NA ? Elle se serait fâché, mais aurait accepté la situation. Tu la vois frapper Bernard ?»
Mohamed se ravisa, son regard emplis de colère toujours tourné vers Bernard.
Pendant qu'ils discutaient, les vaisseaux à l'extérieur s'étaient remis à pilonner la station. Les gerbes de flammes reprenaient de plus belle. Alors que l'attaque suivait son cour, un immense tremblement secoua la station. La carapace s'effondra sur elle-même, détruisant une grande partie des chasseurs qui l'attaquaient et dévoilant un immense vaisseau contenant en son sein la gigantesque prison, la salle du trône et de nombreuses autres pièces. Le cœur de la station. Profitant de la surprise, et de l'affaiblissement considérable des troupes, le cœur commença à avancer. Il accélèrait de plus en plus. Il allait clairement passer d'ici peu en vitesse sublumibique. Bernard enclencha alors le micro et dit aux pilotes de leur vaisseau :
«Dirigez vous à toute vitesse vers ce vaisseau et amarrez vous avec l'accrochage d'urgence ! Il devra recommencer ses calculs avant de partir ! Sinon nous allons le perdre définitivement !»
Immédiatement, leur astronef se mit en branle, accélérant le plus possible. Il tira des grappins de secours sur la coque, qui s'agrippèrent. Visiblement, les boucliers étaient au minimum, toute l'énergie étant dirigée vers les propulseurs. Mais avant même que les pilotes ralentissent, le cœur s'immobilisa. Visiblement, les conflits internes étaient loin d'être terminés. Bernard ordonna de s'amarrer au vaisseau pour y rentrer avec les troupes restantes. Alors qu'ils s'approchaient, une bulle bleue se forma tout autour du cœur, les enfermant eux aussi, les isolant totalement des autres armées. Quelqu'un avait activé les boucliers dans un geste désespéré.
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