L'ultime discour
En l'espace d'un quart d'heure ils avaient été ramenés dans un vaisseau sûr et des soins leurs étaient administrés. Bernard se fit appliquer une sorte de gel collant rose qui durcit en quelques secondes sur sa mâchoire. À peine une heure plus tard, certainement celle où il avait été le plus ridicule de sa vie, le gel cassa et tomba par terre, révélant une mâchoire totalement réparée. Les autres n'ayant pas de blessure véritable, ils se reposèrent simplement, s'endormant en quelques minutes.
Les derniers jours avaient été très mouvementés. Dire qu'il y avait encore une semaine, Murainan'Ta se demandait s'il allait être élu Sénateur, et que maintenant il était l'une des personnes les plus puissante de la galaxie. Lee-NA refusa qu'on lui répare ses plaques extérieures, préférant laisser les bosses telles quelles. L'évacuation des dirigeants se fit en très peu de temps et tous retournèrent sur leur planète pour remettre en ordre la situation politique plus qu'instable.
Quelques jours plus tard, Bernard et les autres étaient plus ou moins remis de leur semaine éprouvante (et encore, c'est un euphémisme) et volèrent en direction de la planète centrale. Quand leur vaisseau pénétra dans l'atmosphère, des feux d'artifices furent immédiatement tirés et des aéronefs aux couleurs chamarées se mirent à voler à leurs côtés. Ils survolèrent longuement la capitale et atterrirrent doucement, sous les acclamations de milliers de personnes qui étaient venues pour les féliciter.
La rampe s'ouvrit et ils descendirent, Murainan'Ta en tête, main dans la main avec Clara. Aussitôt, un tonnerre de cris de joies retentit. Des confettis multicolores volaient de toute part, lancés par de petits robots brillants. Des millitaires s'assuraient que la voie était dégagée pour qu'ils puissent entrer normalement dans le Sénat. Lee-NA ne se posa pas de question et s'envola, passant au dessus de la foule qui s'en amusait énormément. Cependant, seul Murainan'Ta semblait véritablement acclamé. Bernard, Clara, Lee-NA et Mohamed semblaient être moins le centre de l'attention. C'était plutôt logique somme toute, car la personne qui avait averti le Sénat de la catastrophe était Murainan'Ta, déjà connu auparavant. Deux militaires, un robot concierge et un employé de bureau en congé d'un mois n'étaient pas l'élite en matière de célébrité après tout.
Ils finirent par entrer dans le Sénat, passant cette fois par la grande porte. Cette fois, pas de long couloir et de petite plateforme, mais une nacelle brillante qui s'envola pour rejoindre le centre de la sphère. Quand les applaudissements des sénateurs présents, environ moitié moins que d'habitude, se furent tus, Murainan'Ta prit la parole :
«Quand je suis venu annoncer le danger qui approchait, je n'ai pas été particulièrement bien accueillis. Cependant, ce danger est maintenant éloigné, à jamais ! De ce fait, je vous annonce donc solennellement que je quitte ma fonction de Kohol !»
La sphère partit une nouvelle fois dans un tonnerre d'applaudissements.
«Toutefois, je ne serais pas ici sans les personnes qui m'accompagnent sur cette nacelle. J'ai d'abord une pensée émue pour le soldat Masquez, mort dans la bataille. Mais je célèbre aussi les vivants ! Alors de tout cœur merci Mohamed, le plus grand soldat de Gliese et désormais de la galaxie, ayant prouvé mainte fois ta bravoure. Merci Clara, désormais ma compagne, plus grande et magnifique soldate de la galaxie, merci Lee-NA, sans qui tout était perdu, et enfin... merci BERNARD ! L'homme qui a pris la tête de la flotte galactique et permis la victoire alors qu'il était il y a un mois encore un modeste bureaucrate. L'homme également, qui m'a sauvé de manière désintéressée, sans chercher de bénéfice en retour. »
Les applaudissements reprirent un long moment et se tarirent de nouveau.
«Je sais qu'après ces événements, beaucoup doutent de l'efficacité de l'Union Galactique pour nous aider à faire face à des dangers, et je le comprend, beaucoup ont vu leurs planètes ravagées en un rien de temps et sans secours, mais voyez, le groupe qui a tout sauvé, constitué de personnes qui n'avaient à priori aucun espoir l'a fait grâce à leur union. Il faut rester soudés !»
Cette fois-ci, les applaudissements furent plus ténus. De nombreux sénateurs semblaient en effet douter de la réelle utilité de l'Union. Murainan'Ta s'inclina devant le Sénat, imité par Bernard et les autres et la nacelle redescendit.
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