Il prit avec lui une des meilleures armes, et se harnacha bien serré dans le vaisseau d'abordage. Il avait enfilé une combinaison noire qui paraissait très renforcée. Dans le vaisseau qu'il s'apprêtait à prendre se trouvait une équipe d'une vingtaine de soldats. Murainan'Ta leur déclara :

«Rappellez vous que je connais bien le chemin, alors ne me perdez pas de vue. Ma protection n'est cependant pas la priorité : l'objectif est la libération des dirigeants prisonniers et si possible la neutralisation totale des ennemis.»

Et il se tu. Clara arriva vers lui et l'embrassa. Ils restèrent collés une dizaine de secondes et elle lui chuchota de faire un minimum attention.

« Ça ferait quand même la troisième fois que tu serais capturé, ça ferait beaucoup non ?»

Les yeux rieurs mais anxieux, il l'embrassa une nouvelle fois et s'assit. Clara sorti du vaisseau et la porte se ferma devant elle. Elle retourna dans le salon privilégié et suivit le largage de Murainan'Ta. Le vaisseau se décrocha pour partir en direction d'une brèche déjà sécurisée. Aucun canon n'y tirait et la carapace y manquait, mais personne n'avait encore abordé. Dans un grésillement, la voix de Murainan'Ta résonna dans la pièce :

«Vous m'entendez bien ?

- Très bien ! répondit Clara

- Ok. Je vous dirais ce qu'il se passe, mais n'oubliez pas de regarder ce qu'il se dit d'autre pendant que je participe à la libération !

- Il n'y a vraiment pas de moyen que tu restes ?

- J'y suis déjà allé, je connais le chemin ! C'est bien mieux que j'y aille, je connais la configuration de la prison également !

- Il y a une chance de retrouver... de la retrouver ? demanda Mohamed.

- C'est perdu je pense. Désolé Mohamed, ça me peine de le dire.»

Mohamed s'affala dans un des fauteuils, résigné, tandis que Bernard sentait quelques crampes lui tordre l'estomac à cette annonce. C'était pourtant évident, mais l'entendre dire était d'autant plus dur.

Le vaisseau de Murainan'Ta poursuivi son chemin et s'arrêta enfin sur la station. Il s'y fixa et l'escouade finit par en sortir. Murainan'Ta décrivit ce qu'il voyait :

« C'est très noir, même avec les lampes, donc je pense qu'il y a eu un début d'incendie pendant notre attaque. Cependant, il n'y a rien qui semble dangereux ici pour le moment. Pas de soldat, ni de machin blanc.»

Le son de ses pas continua un long moment sans interruption. Une petite alarme retentit alors dans le salon. Clara regarda ce que c'était : un appel leur parvenait depuis un vaisseau allié. Une sorte de chauve-souris en plus écrasé et surtout mauve fluorescent prit la parole :

«Nous venons d'arriver mais n'avons pas d'ordres. On doit faire quoi Monsieur ? demanda-t-il à Clara

- Vos chasseurs doivent déconnecter les vaisseaux servant de carapace à la station et vos plus gros vaisseaux doivent aborder avec des troupes pour libérer les dirigeants.

- D'accord Monsieur, on fait ça tout de suite. Le Kohol est déjà sur place ?

- Oui, il aborde en ce moment.

- On est vraiment à la bourre. Machin ! Qu'est-ce t'as fait encore pendant le gros boost encore ? demanda-t-il à un de ses subordonnés avant que la communication ne saute»

Clara se reconcentra sur Murainan'Ta. Il reprit la parole quelques minutes plus tard, après un long silence meublé uniquement du son de ses pas. Il s'arrêta soudainement.

«On est devant la porte de la prison. Il faut qu'on l'ouvre, on va essayer plusieurs choses.»

Le capharnaüm des objets servant à pirater le verrou retentit et s'arrêta soudainement, stoppé net par un tir de laser.

«Y a des soldats qui nous attaquent ! On riposte, c'est...oh la vache c'était pas loin... c'est assez dur là. On continue de tirer... les.»

Il ne finit pas sa phrase. Un grésillement brusque signa la fin de la transmission. Clara se précipita sur les hologrammes pour tenter de recevoir une communication : rien. Il fallait se rendre à l'évidence : Murainan'Ta avait été au mieux capturé.