Chapitre 28
- Et là, j'ai bandé mon arc, j'ai visé cette saleté de moblin et je lui ai décoché une flèche entre les deux yeux ! se vanta Revali en bombant le torse. Mort sur le coup.
Cela faisait une heure et demi que les cinq prodiges plus la princesse avaient quitté le château pour se rendre à la montagne de Lanelle. Ils n'avaient parcouru que la moitié du chemin, la voie de Lanelle ouest ne tarderait pas à se présenter à eux. Tous les six se déplaçaient à pied et engageaient parfois la discussion pour passer le temps. Le guerrier piaf avait fini par ne parler que de lui puisque personne ne voulait décrocher de mot, étrangement. Zelda, revêtue de sa tenue de prêtresse, marchait silencieusement en tête pour leur montrer le chemin à suivre.
- J'ai même sauvé un certain Héros lors de la dernière bataille. N'est-ce pas, Link ?
Le blond tourna la tête vers lui, l'air las. En effet, Revali l'avait tiré des griffes d'un lynel et il l'en avait déjà remercié. Et alors ? Si chacun devait énumérer ses "exploits", ils en auraient jusqu'à la nuit.
- Devons-nous te féliciter d'avoir fait ton devoir ? lui lança le jeune homme sur un ton qui parut provocateur pour son interlocuteur.
Le Piaf le toisa avec dédain.
- Tu ne me feras pas croire que tu agis par désintérêt pour ta personne. Les chevaliers se battent pour la gloire et l'honneur, tout le monde s'accorde à le dire.
- Eh bien ce n'est pas le cas de Link ! le défendit Mipha avec un peu trop de vigueur.
Tous les regards se posèrent sur elle, la mettant si mal à l'aise que la Zora se fit toute petite.
- Mipha a raison, renchérit Urbosa dont les talons claquaient contre le sol à un rythme régulier. Revali, j'ai le sentiment que tu es jaloux.
Le fier Piaf ricana en croisant les ailes dans son dos. Lui, jaloux ? Mais de qui ? Ce sont les autres qui doivent l'envier, pas l'inverse. Daruk décida de changer de sujet pour le bien de tous.
- Les roches d'ici sont loin d'être aussi appétissantes que sur ma belle Montagne de la Mort, se désola-t-il face aux quelques rochers qui dépassaient du sol. Je vous déconseille de manger ça, je ne garantie pas leur qualité.
- Comment peux-tu arriver à les différencier, Daruk ? le questionna Zelda avec intérêt. Mis à part leur aspect.
Le Goron se gratta la barbe pour réfléchir à sa réponse.
- Il y a plus de minéraux dans les caillasses. Que Din en soit témoin, ce sont elles qui ont meilleur goût ! Surtout cuites à la vapeur. Pas vrai, p'tit gars ?
Il donna une tape forte dans l'épaule de Link qui tituba sur le côté en poussant un gémissement plaintif. Revali aurait aimé le voir s'écraser au sol, seulement cela n'arriva pas. Link hocha la tête sans avouer qu'il n'avait jamais réussi à croquer dans ce plat si spécial aux yeux de son compagnon. Lorsqu'il s'aperçut que Zelda le regardait avec un sourire dessiné sur les lèvres, le chevalier se crispa et riva aussitôt ses yeux sur le sol terreux.
Le reste du trajet, ce fut Urbosa et Daruk qui alimentèrent surtout la discussion avec leurs anecdotes, parfois soutenus par Revali si le cœur lui en disait. Le petit groupe arriva devant l'arche qui marquait l'entrée de la montagne de Lanelle. À partir de là, ils durent se diviser pour le reste de la journée. Zelda donna quelques indications aux prodiges afin qu'ils ne s'ennuient pas trop puis elle s'en alla avec son chevalier servant une fois qu'il eut vérifié l'intégralité de ses affaires. En cette période de l'année, peu de neige se trouvait sur le sommet de la montagne, le chemin qui y menait était donc dégagé et ne serait pas pénible à gravir. Au cas où, pour se protéger du froid, Link transportait avec lui une couverture chaude afin de couvrir la princesse une fois la méditation terminée. Les élus des déesses traversèrent un petit bois puis trouvèrent l'unique sentier qui menait à la source. Sans perdre une minute, ils l'empruntèrent sans un mot et commencèrent leur ascension vers la source de tous les espoirs.
La nervosité de Zelda était telle qu'elle ne cessait de trembler et se tenait les bras car elle avait la sensation d'avoir froid. Bien sûr, ce n'était dû qu'à son angoisse... Le chemin formait une sorte de boucle qui longeait les parois de la montagne. De vieilles dalles parsemaient le sol à certains endroits, vestiges d'un ancien temps révolu et oublié de tous. Néanmoins, le paysage restait fort plaisant à regarder et à apprécier, la brise d'air pur qui soulevait parfois leurs cheveux leur donnait un profond sentiment d'évasion et de liberté. Ici, les deux élus ne subissaient plus leurs obligations ni même la pression exercée par la cour. Mais ce n'était pas pour autant qu'ils se laisseraient aller ! Au contraire, même. Link et la princesse se comportaient l'un envers l'autre comme ils en avaient l'habitude. Face à eux, un vieil éboulement avait dû emporter les escaliers construits à même la pierre car il ne restait plus qu'un bloc rocheux menant à niveau supérieur.
- Il est temps que je respecte ma promesse d'hier soir, annonça le chevalier qui s'était retenu de soupirer.
Zelda lui lança un regard interrogateur avant de comprendre où il voulait en venir. Nullement gênée, elle esquissa un sourire et hocha la tête pendant que son rythme cardiaque marquait une très légère accélération.
- J'aime votre sourire, avoua Link dont les yeux se mirent inexorablement à pétiller. Je le trouve apaisant et très agréable.
Ils arrivèrent face au bloc à escalader, le prodige fut le premier à se hisser avec aisance en haut puis il tendit sa main à la princesse pour l'aider en retour. Zelda l'agrippa fermement afin de se faire tirer son tour.
- Vous avez l'esprit vif et ouvert au monde qui vous entoure, poursuivit-il en la faisant parvenir jusqu'à lui. Sans parler de vos nombreuses connaissances dont je suis admiratif.
Zelda posa de nouveau un pied au sol et son ami plaça une main sur son bras pour s'assurer qu'elle ne tombe pas en arrière. Leur proximité soudaine ne parvint pourtant pas à les embarrasser cette fois-ci. Leur confiance mutuelle prenait le dessus.
- Malgré votre tempérament distant et ferme, vous êtes une personne foncièrement bonne envers autrui et très courageuse. Votre empathie me touche tout particulièrement.
Son regard s'ancra encore plus profondément dans le sien.
- Et j'admire votre persévérance, finit-il en la lâchant sans brusquerie.
Zelda restait sans voix, bouche bée. Jamais on ne lui avait tenu un tel discours. Elle se massa l'avant-bras avec nonchalance en détournant le regard.
- Eh bien... Tu me courtises bien mieux que certains nobles qui s'y entraînent tous les jours...
Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent.
- Ce n'était pas mon intention ! Je vous assure que je vous avouais cela sans arrière-pensée.
- Je te crois, Link, le gratifia-t-elle d'un sourire reconnaissant.
Ils reprirent aussitôt leur route, marchant côte à côte et accompagnés par le bruit calme de la nature environnante.
- Je ne sais même pas si je dois te remercier...
Link hocha négativement la tête.
- Je n'attends pas des remerciements de votre part.
Il leva la tête pour observer le sommet de la montagne, encore haut au-dessus d'eux.
- Je voulais simplement que vous le sachiez... termina Link à mi-voix.
Avec toutes les critiques et les rumeurs que Zelda entendait à son propos, il voulait que la princesse sache comment elle était réellement. Elle avait ses défauts, bien sûr. Mais ils étaient largement palliés par ses nombreuses qualités. Au fond, l'Hylienne était heureuse qu'il n'aborde pas sa prétendue « beauté », montrant que Link n'avait rien d'un garçon superficiel. La température se rafraîchissait peu à peu, la chair de poule apparaissait par moments sur la peau de Zelda. Il leur restait sans doute un quart d'heure de marche avant d'arriver à destination.
- Je me demande comment est la source, dit-t-elle en évitant une racine hors du sol. Il n'y a presque aucune description, c'est étrange. Comme si... les Hyruliens avaient fini par l'oublier.
- L'accessibilité à la source de la Sagesse est restreinte en comparaison des autres, souligna son chevalier servant en regardant par-dessus son épaule pour surveiller leurs arrières.
Zelda l'approuva, notamment car elle voyait bien le manque de passages humains sur le chemin. Ses yeux glissèrent sur sa droite et son souffle se coupa en découvrant l'immensité de l'océan qui bordait l'est d'Hyrule. Les eaux bleues s'étendaient jusqu'à la limite de l'horizon, sans rien à leur surface qui puisse les troubler.
- Le point de vue est magnifique, prononça-t-elle en souriant. Je me demande quelles terres se trouvent par-delà l'océan.
Link scruta à son tour l'étendue d'eau. Lui aussi aimerait savoir ce qui se trouvait de l'autre côté. La princesse soupira en reprenant la marche.
- Je t'envie, Link. Tu as grandi près des plages ! C'est un climat plus accueillant que la citadelle.
- Nos hivers sont plus doux, c'est vrai, ajouta-t-il, pensif.
Un ancien escalier finit par se présenter à eux, il menait au centre de vertigineux piliers de glace qui pointaient vers le ciel. Les deux amis s'y arrêtèrent pour les contempler un instant. C'était impressionnant à voir... Zelda inspira profondément, fronça les sourcils avec détermination puis gravit les marches, le cœur battant la chamade. Une immense silhouette familière se dressa devant elle, placée au milieu d'un bassin. La prêtresse royale frissonna, jeta un coup d'œil interrogateur à Link qui lui fit un signe de la tête pour l'encourager, puis elle s'avança dans l'eau. Ses lèvres frémirent à cause de la basse température mais Zelda ne laissa rien paraître, par pure dignité. Elle ne saurait dire si c'était le froid ou le stress qui lui provoquait des tremblements légers. Link s'avança sur le petit chemin composé par les dalles de pierre érodées. Durant quelques secondes, il observa le dos de la princesse qui s'était positionnée pour entrer en transe lors de la médiation. Finalement, le chevalier fit volte-face pour garder et protéger ce lieu sacré ainsi que la descendante d'Hylia.
Quand la prêtresse royale entra dans son état profond de méditation, Fay en avertit son possesseur à travers son habituelle vibration. Maintenant, Link savait que son amie n'entendait ni ne ressentait le monde extérieur. C'est pourquoi elle était extrêmement vulnérable lors de ses sessions de prière. Le chevalier espérait que Zelda parvienne à son but. Certes pour sauver le royaume, mais aussi pour elle-même. Débloquer le pouvoir du sceau écarterait tous ses tourments et lui permettrait d'aller de l'avant.
Sagesse, Force et Courage.
Ces trois mots avaient tellement de sens... Link soupira. Si la princesse lui avait expliqué leur signification plus tôt, sa vie au château aurait sans doute été plus simple dès le début. Seulement à l'époque, ils ne se connaissaient pas. Peut-être aurait-il mieux fallu qu'ils ne se rencontrent pas ? Tous deux n'auraient pas à souffrir après la bataille contre la Calamité. Le blond secoua la tête en fronçant les sourcils. Qu'est-ce qui lui prenait d'avoir ce genre de pensées ?! C'était comme s'il rejetait tous ces moments passés avec Zelda sous-prétexte qu'il aurait moins mal après la séparation.
Quelques heures plus tard, Link se retourna lorsqu'il entendit l'eau se mouvoir derrière lui. La prêtresse royale en sortit, la tête baissée et les poings fermés le long de ses cuisses. Ses yeux bien trop humides laissaient transparaître une affliction profonde qui provoqua un pincement douloureux au cœur du Héros.
- Viens, Link. On s'en va... murmura Zelda d'une voix étranglée.
Le souffle de l'Hylien se bloqua quand il comprit que Zelda n'avait pas réussi à éveiller son pouvoir. Perdu, il s'empara de la couverture et accourut derrière elle afin de déposer le tissu sur ses épaules. La princesse n'eut même pas la force de le remercier. Cet énième échec fut un coup de couteau encore plus brutal dans tout son être. Tous les espoirs que lui portaient son peuple, son père et Impa... Comment les regarder dans les yeux, maintenant ? Comment regarder Link dans les yeux ? Tous deux étaient le jour et la nuit. Zelda descendit rapidement les marches en se retenant de pleurer malgré sa peine profonde.
- Princesse Zelda ! l'appela le prodige à quelques pas derrière elle.
L'Hylienne secoua négativement la tête sans vouloir s'arrêter.
- Ne me dis rien, ordonna-t-elle fermement. Quoi que tu dises, rien ne changera...
La gorge de Link se noua désagréablement et il fut contraint de se plier à son injonction en la suivant sur le chemin du retour, le cœur lourd. Dans un silence oppressant, ils redescendirent vers la vallée sans même oser parler de ce qu'il s'était passé. Link n'arrivait pas à déterminer les sentiments exacts de son amie. Tout ce qu'il voyait, c'était le chagrin de Zelda qu'il ne pouvait guérir.
Après une trentaine de minutes de marche, ils arrivèrent enfin à l'arche d'entrée de la montagne de Lanelle où les attendaient les autres prodiges. Ceux-ci s'empressèrent de se relever et de les rejoindre sans plus tarder. Mais au vu de l'expression sombre de Zelda, leurs espoirs de revoir la princesse hylienne victorieuse s'envolèrent.
- Comment est-ce que ça s'est passé, Votre Altesse ? se risqua à demander Daruk quand elle fut à sa hauteur.
Zelda s'attrapa les mains avec consternation.
- Je suis... Je suis désolée... s'excusa-t-elle avec difficulté.
Revali ouvrit le bec tant son choc fut intense. Alors... Alors la princesse est incapable d'utiliser le sceau sacré ? pensait-il, dépité. La suzeraine gerudo regarda tristement sa protégée, cette jeune Dame qu'elle avait vue grandir et mûrir au fil des années.
- Allons, il doit bien y avoir un autre moyen, Madame, suggéra Urbosa en déposant ses mains sur les épaules de la princesse. Vous êtes l'unique personne à même d'éveiller le pouvoir de la déesse.
- Je m'y efforce depuis plus de dix ans, prononça faiblement la blonde en regardant sur le côté. Je ne serai pas celle qui parviendra à défaire Ganon...
Link retint un hoquet en l'entendant dire ça. Sa damoiselle était en train de tout abandonner sous ses yeux. Non, il ne fallait pas que Zelda perde son estime d'elle-même ! Link s'apprêtait à intervenir quand il fut devancé :
- Peut-être que la porteuse du sceau était la reine, supposa Revali avec gravité.
Les épaules de la princesse s'affaissèrent d'autant plus et son ventre se tordit si fort qu'elle dut se mordre l'intérieur de la joue pour se retenir de pleurer.
- Nous ne pouvons pas écarter cette éventualité mais je me permets de la remettre en cause, reprit Urbosa en regardant le Piaf. L'oracle avait bien précisé que c'était la princesse et non sa mère qui devait l'éveiller.
- Dans ce cas, nous devrions recourir à la magie ! Tout le monde sait que des sorciers et sorcières vivent sur les terres d'Hyrule. Ils pourraient peut-être nous aider.
Cette simple évocation déplut fortement au prodige goron.
- Tu n'y penses pas ?! Il est tout de même question de la prêtresse royale ! s'exclama-t-il fortement. Elle ne peut être souillée par une magie douteuse.
- Je pense qu'il y a une petite différence de priorité, Daruk, lui répliqua Revali de façon cinglante. Au diable la pureté ! Il y a tout un royaume à sauver, voire le monde par extension !
- Et comment peux-tu savoir que le sortilège des sorciers fonctionnera, hein ? Ils vont finir par achever notre pauvre princesse !
Link s'interposa soudainement entre eux et les poussa l'un comme l'autre d'un côté opposé.
- Calmez-vous ! tonna-t-il pour apaiser ce début de tension. Ce n'est pas à vous de décider ce que Son Altesse Zelda fera. Est-ce bien clair ?
Il leur adressa un regard dur et froid qui sut les calmer efficacement. Le Goron passa une main sur sa tête en signe d'embarras. Il ne voulait rien dire de mal... Daruk désirait seulement protéger la princesse d'éventuelles magies noires. De son côté, Mipha les observait sans parvenir à dire quoi que ce soit. Elle voulait pourtant aider la princesse hylienne.
- Votre Altesse... commença-t-elle d'une voix hésitante. Vous savez... Peut-être que vous ne pensez pas à la bonne chose pour invoquer le sceau...
Tout le monde se tourna vers elle, ce qui la fit se raidir aussitôt. La Zora s'entremêla nerveusement les doigts.
- Quand j'utilise mon pouvoir de guérison je... Je pense à...
Son regard glissa vers Link qui la considérait avec attention. Ce qui s'était passé entre eux lui revint en mémoire et bloqua ses mots au fond de sa gorge. Elle... Elle n'arrivait pas à le dire... Et pourtant tout le monde la dévisageait.
- Je... Je visualise ce que je veux obtenir, mentit-elle en baissant les yeux.
- Je te remercie, Mipha, lui dit Zelda en affichant un air éreinté. Mais c'est ce que je m'efforce de faire lors de toutes mes invocations...
Étrangement, Daruk ressentit une vibration provenant de la terre sous ses pieds. Intrigué, il somma tout le monde d'écouter et d'observer les alentours. Cependant il ne se passa rien par la suite, les légers tremblements s'estompèrent quelques instants plus tard.
- Excusez-moi, j'ai cru que nous avions affaire à un début de séisme, leur annonça-t-il en croisant les bras.
- Nous devrions rentrer au château, proposa Urbosa face à l'état de la princesse qui se dégradait de plus en plus.
Ils l'approuvèrent et ils se remirent en route dès que possible, entourés d'une aura lourde et oppressante.
oOo
Le trajet parut long à leurs yeux. Ils arrivèrent à la citadelle en début de soirée et tous avaient très faim. Ne pouvant rester plus longtemps à cause de leurs obligations, les prodiges rentrèrent en direction de leur village respectif, laissant Zelda avec sa profonde solitude. À contrecœur, elle partit manger avec Link sans même aller voir son père. La princesse le ferait plus tard quand elle trouverait le courage de venir lui annoncer la terrible nouvelle... Assis face à face à la longue table de la salle à manger, les élus des déesses dînaient dans un calme presque déplaisant. Cependant Zelda ne touchait pas à son assiette, elle la fixait vaguement car elle était perdue dans ses pensées. Elle en fut tirée lorsque Link posa doucement une main sur la sienne, inquiet.
- Vous devriez manger. Jeûner est la dernière chose à faire.
- Je n'ai pas le cœur à cela ce soir...
Il fronça les sourcils en signe de compassion et compréhension.
- C'est pour votre bien, croyez-moi, insista le chevalier en ancrant son regard dans le sien pour appuyer ses mots.
La blonde émit un soupir, attrapa sa fourchette puis piqua l'un des légumes de son plat, sous le regard attentif et protecteur de son chevalier servant. Ils n'échangèrent que peu de mots durant tout le repas. Ils ne savaient pas quoi se dire. Zelda avait choisi le mutisme car, comme Link, elle le trouvait plus sécure. Quand ils eurent fini, ils se levèrent de table et Link raccompagna la princesse vers ses appartements. Sur le chemin, un garde royal accourut vers eux, essoufflé et visiblement soucieux, afin de leur délivrer un message.
- Sa Majesté vous somme de la rejoindre, les informa-t-il en saluant respectueusement la future souveraine.
- Nous venons immédiatement, répondit Zelda avec gravité.
Aussitôt, le prodige et elle montèrent en direction de la salle du trône en se demandant bien ce que voulait leur transmettre le roi. Dans le dernier couloir qu'ils empruntèrent, ils remarquèrent le froid qui planait dans l'air. Deux gardes leur ouvrirent les portes de la salle immense et les deux jeunes gens parurent devant le souverain. En les voyant, ce dernier se leva de son siège, le visage sombre, et regarda sévèrement sa fille. Zelda déglutit puis demanda d'une voix tremblante :
- Vous nous avez demandés, Père ?
- En effet. Je viens d'apprendre une terrible nouvelle vous concernant.
La princesse baissa la tête. Elle s'en doutait... Son père allait la réprimander très durement, comme toutes les fois où elle revenait des sources sans avoir éveillé son pouvoir. Oswald, jusqu'alors caché derrière le roi, descendit les marches, les mains dans le dos. Son grand âge l'obligeait à se tenir courbé car il n'avait plus assez de force pour rester droit. Le vieux conseiller passa devant la prêtresse royale sans même la regarder, s'avança vers Link en lui offrant un regard terriblement sombre puis s'arrêta face à lui, ce qui s'ensuivit par un silence presque oppressant.
- Arrêtez-le, ordonna-t-il sèchement aux gardes royaux présents.
Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent tant son incompréhension fut brutale. Link eut l'impression que son monde s'écroulait autour de lui, que cela ne pouvait être réel. De son côté, Zelda avait blêmi et son choc fut nettement visible sur son visage. Dix hommes armés entourèrent le prodige et l'attrapèrent fermement par les bras.
- Il y a erreur ! se défendit aussitôt Link.
Un métal froid vint englober ses poignets : on le menottait. Quant à Zelda, son rythme cardiaque avait accéléré sous la panique. Elle regarda son ami, déboussolée, mais se reporta sur son père en fronçant les sourcils.
- Qu'est-ce que tout cela signifie, Père ?! s'écria-t-elle en avançant d'un pas. Link est le porteur de la Lame Purificatrice ! Vous ne pouvez pas...
- Assez ! tonna Rhoam Bosphoramus Hyrule dont la voix résonna dans la salle et fit sursauter sa fille. Il a commis une faute impardonnable, il en subira les conséquences !
Le souffle de la princesse se bloqua alors que son cœur se brisait. Link, commettre une faute impardonnable ? Impossible... Elle était toujours avec lui ! Oswald s'approcha de Zelda.
- Ce mécréant est accusé de haute trahison, Votre Altesse, lui apprit-il avec un visage fermé.
- C'est ridicule ! s'exclama Link en donnant un coup d'épaule vers l'avant pour être lâché.
Les gardes le tirèrent brusquement en arrière pour le faire taire. Oswald le pointa immédiatement du doigt.
- Tu es accusé d'avoir attouché la princesse lors de sa dernière prière ! clama le conseiller haut et fort. Tu as profité de son état de transe pour assouvir tes désirs, aujourd'hui ! J'ai eu raison de vous faire suivre par un homme de confiance, il a été témoin de ton crime !
Interloqué, Link se figea en sentant son sang se glacer. Il... Il délirait, n'est-ce pas ? Toute cette mascarade ne pouvait être vraie. Les yeux de Zelda s'écarquillèrent suite aux paroles d'Oswald et ils se mirent à la brûler désagréablement. La blonde secoua la tête en ayant un mouvement de recul.
- Vo... Voyons... Link n'aurait jamais fait une chose pareille... bredouilla-t-elle en regardant le conseiller.
- Les hommes sont capables de tout quand il est question de parvenir à leurs fins, répliqua-t-il avant de sortir un bijou de sa poche.
C'était l'épingle à cheveux que Link lui avait offerte la veille. Une vive colère monta au sein du jeune homme et il voulut se précipiter sur ce menteur pour le contredire.
- Comment avez-vous osé entrer dans les appartements de la princesse ?! s'écria-t-il en tirant vers l'avant malgré la force exercée par les gardes royaux.
Eux-mêmes ne comprenaient pas comment il pouvait avoir une telle puissance...
- Silence, misérable traître ! aboya Oswald en lui jetant un regard si noir que Zelda en eut des frissons. Cet objet est le fruit de tes avances ! Tu as essayé de corrompre la prêtresse royale ! Tu mériterais la mort pour avoir osé porter la main sur elle.
Link serra les dents, furieux à cause d'une telle injustice. Il regarda le roi dans l'espoir de le voir intervenir en sa faveur, mais le monarque ne dit rien.
- Je suis innocent ! s'exclama le jeune homme quand la détresse commença à s'emparer de lui. Ce bijou est le présent que j'ai offert à la princesse Zelda pour ses dix-sept ans ! Je jure de n'avoir eu aucune arrière-pensée !
- Foutaises ! cria Oswald en jetant l'épingle au sol dans un geste théâtral.
D'un coup, il la brisa en écrasant son pied dessus et Zelda sursauta en plaquant ses mains sur sa bouche, choquée. Silencieusement, elle se mit à pleurer car cette situation représentait pour elle la goutte de trop. La jeune fille eut l'impression qu'on venait de lui arracher une partie d'elle. Ce bijou auquel elle tenait tant... Satisfait de son effet, Oswald se tourna vers le roi.
- Cette ordure a ensorcelé la princesse avec de belles paroles et lui a offert cet... infâme bijou dans le but d'obtenir un baiser de sa part. Ce qu'il ne manqua pas d'avoir, d'ailleurs, termina-t-il sur un ton méprisant.
Effarée, Zelda se mit à trembler et ses lèvres frémirent. Ce... Ce ne pouvait être vrai... Jamais Link n'aurait pu préméditer un tel acte ! La colère du roi ne fut que décuplée en apprenant le baiser échangé entre sa fille et le Héros.
- Monseigneur, il vous faut rendre justice, déclama le vieil homme en se tournant vers son monarque.
La blonde leva les yeux vers son père, le visage terriblement pâle.
- Père... murmura-t-elle, offusquée par ce qui était en train de se produire.
De son côté, Link était révolté par ces fausses accusations ridicules. Rien ne tenait la route ! Tout cela était un coup monté pour l'éclipser. Ce vieux conseiller... Il faisait donc partie des traîtres de la cour royale !!
- Vous... cracha le jeune homme à l'adresse d'Oswald.
- Qu'on le jette dans la geôle la plus isolée, ordonna le roi avant de disparaître. Au troisième sous-sol !
Zelda sentit ses forces la quitter, sa tête tournait et lui donnait des vertiges. Comment... Comment tout cela était possible ?
- Non ! Je nie les faits ! s'écria Link en commençant à se débattre.
- Retirez-lui son épée, somma le conseiller aux gardes. Et prenez soin de ne toucher que le fourreau. Cette arme abrite le Mal et peut vous ôter la vie au moindre contact. Placez-la ensuite dans le bureau des conseillers.
Les dix hommes tirèrent Link vers les grandes portes mais ce dernier se débattait furieusement en grognant.
- Princesse Zelda ! l'interpela-t-il, désespéré. Je suis innocent, jamais je n'aurais osé vous faire une telle chose !
Link prit appui sur ses jambes pour exercer une force contraire à celle de ses opposants.
- Princesse, je vous en prie !
Le jeune homme gémit en tirant de toutes ses forces pour retrouver son amie. Mais cette dernière ne bougeait même plus. Le trouble qui l'habitait était si profond, si vif qu'elle ne savait plus quoi penser. Oswald s'approcha d'elle, conscient de son état instable.
- Votre Altesse, nous faisons cela pour votre bien. Si ce moins que rien reste à vos côtés, jamais vous n'éveillerez votre pouvoir. Il est la cause de votre incompétence. Ce traître nuit à vos dons divins.
- Je... Je...
Elle secoua la tête en se renfermant sur elle-même.
- Ne l'écoutez pas ! hurla Link avant de jeter un regard noir aux gardes.
Il se retourna tout à coup vers l'un d'eux et lui asséna un coup de pied dans l'abdomen pour qu'il le lâche. Link enchaîna avec un coup d'épaule dans la poitrine d'un autre assaillant. Sa fureur était telle qui poussait des rugissements pour se libérer de cette injustice. Oswald soupira puis claqua des doigts.
- Assommez-le, ordonna-t-il finalement, lassé par la situation.
Soudain, Link reçut un coup de pommeau à l'arrière de la tête et sa vue se flouta instantanément. Ses jambes flanchèrent, il se sentit tomber en avant. Le prodige essaya appeler une dernière fois la princesse à l'aide mais il perdit connaissance avant d'en avoir eu le temps.
- Link ! paniqua Zelda qui voulut se précipiter vers lui.
Mais la main d'Oswald se plaça devant elle pour l'en empêcher.
- Pour le bien de votre royaume, ne faîtes pas ça, la mit-il en garde.
- Mais, je...
- Vous avez grandement déçu votre père, Votre Altesse. Ne continuez pas ainsi.
La bouche de la prêtresse royale s'entrouvrit mais un sanglot l'empêcha de parler. Impuissante, elle regarda Link se faire emmener tel un vaurien. Oswald la laissa au centre de la salle du trône et rejoignit le cortège sans rien ajouter. Son plan avait marché à merveille. Le Héros venait d'être éclipsé et la princesse avait été brisée. Le roi s'en alla à son tour, répugné.
Zelda tomba à genoux devant les restes de son épingle et attrapa quelques morceaux, les mains tremblantes. Ses lèvres tressaillirent lorsqu'elle posa le bijou contre sa poitrine puis elle éclata en sanglots en courbant la nuque. Pourquoi... Pourquoi a-t-il fallu qu'elle soit aussi insignifiante aux yeux de son père ?! Elle connaissait Link. Jamais il n'aurait tenté de l'attoucher ! Ce n'était pas lui... Les larmes de la blonde humidifiaient ses joues et s'écrasaient sur les dalles de pierre. Elle ne pouvait rien faire... Jamais sa voix ne serait aussi lourde que celle d'Oswald. Il était le conseiller du roi depuis des décennies... Par gestes saccadés, Zelda plaçait les éclats de sa broche dans sa sacoche quand deux servantes vinrent la prendre en charge, sous les ordres du monarque.
oOo
Jeté comme un malpropre au fond d'une cellule délabrée et en mauvais état, la tête de Link heurta le sol et participa à sa reprise de connaissance. Lentement, il cligna des yeux pour s'adapter à l'obscurité environnante. Dans un râle rauque dû à son mal de crâne, le capitaine de la garde royale se redressa pour venir s'adosser au mur suintant derrière lui. Il prit sa tête entre les mains et serra les dents en maudissant ce complot tourné contre lui. Il n'avait rien pu faire... Les événements s'étaient brusquement abattus sur ses épaules sans même lui laisser le temps de répliquer.
- Tu es pitoyable à voir, Héros, prononça la voix nasillarde qu'il détestait à présent.
Le jeune homme releva la tête et lança un regard noir au conseiller du roi qui se tenait derrière les grilles. Oswald avait demandé aux deux gardes de partir afin qu'il s'entretienne seul avec le prisonnier.
- J'imagine que tu as compris, n'est-ce pas ? Tu es un garçon vif d'esprit, il me semble.
- Qui êtes-vous ? grogna Link en restant au sol.
Il n'avait qu'une envie non chevaleresque : refaire le portrait à ce traître. Le vieillard esquissa un sourire.
- L'actuel chef du clan Yiga, répondit-il. Je suis un mage à la solde de Ganon, mon maître.
- Ganon va détruire le monde ! s'emporta Link en se penchant légèrement vers lui. En êtes-vous seulement conscient ?!
Oswald perdit son sourire et replaça ses mains dans son dos.
- Bien sûr. Et si tu penses que je suis manipulé, tu te trompes.
- Alors pourquoi ? Tout ce que nous connaissons aujourd'hui disparaîtra si le Fléau parvient à revenir !
Son interlocuteur haussa les épaules, il n'en avait que faire.
- C'est justement ce que je souhaite.
- Quoi ? souffla Link, interpelé.
Il n'y croyait pas une seconde. Qui serait assez fou pour désirer voir disparaître le monde ?! Le conseiller du roi plissa les yeux.
- Les Hyliens n'ont cessé du faire du mal à ces terres que tu chéries tant, Héros. Ils détruisent, ils guerroient, ils complotent, trahissent... Jadis, le roi d'Hyrule a banni les Sheikahs car ils pensaient que ces derniers voulaient prendre le pouvoir grâce à leur technologie avancée. Il a décimé une grande partie de leur population ! Tout ça pour quoi ?
Il ricana.
- Pour garder son pouvoir. Les Hyruliens s'auto-détruisent, Link. La nature avec eux.
- Ne pensez pas m'avoir avec de telles explications ! Vous n'êtes que perfidie, siffla le blond qui affichait une expression féroce.
- Soit, tu ne veux pas me croire. J'agis pour détruire ce qui est la cause de la destruction. N'est-ce pas pour ça que tu te bats, toi aussi ?
Le chevalier ouvrit soudainement la bouche pour répliquer mais aucun son ne parvint à se former. Il serra les dents et détourna aussitôt la tête. Oswald eut l'air satisfait de sa réponse et s'approcha davantage de la geôle.
- Puisque tu vas mourir d'ici peu, autant emporter avec toi mon secret. Ne penses-tu pas, Héros ? Je vais tout t'énumérer clairement puisque tu sembles attendre des réponses.
Link le foudroya du regard en agrippant plus fortement le tissu de son pantalon. Il avait devant lui l'un des félons qu'il recherchait depuis des mois.
- Je n'ai que quelques infimes crimes à mon actif, je ne suis qu'un petit joueur, poursuivit le vieillard sans le lâcher des yeux. Pour commencer, c'est moi qui ai commandité l'assassinat de votre très chère reine.
Les yeux du chevalier s'écarquillèrent tandis que son sang se glaça. Alors c'était lui !? Oswald fut satisfait de son effet.
- Quel meilleur moyen de briser le destin de la princesse ? Lui retirer sa tendre et précieuse mère, celle qui devait tout lui enseigner, l'unique personne capable de lui apporter un brin d'amour contrairement à son père. Mon plan a magnifiquement bien marché, regarde ! Même aujourd'hui cette incapable n'est parvenue à rien.
Link se leva d'un bond, attrapa les grilles de sa cellule et hurla :
- Comment avez-vous pu faire une telle chose ?!
- Oh mais je vais te le dire, répondit calmement le traître en croisant ses mains dans son dos. Pour permettre à mon maître de revenir, je devais m'assurer que l'un des élus soit inapte à assurer son rôle. C'est aussi simple que cela.
Le regard du conseiller s'assombrit pour laisser transparaître sa haine envers le Héros.
- Seulement, tu as fini par rejoindre le château, toi aussi. À douze ans, tu as retiré la Lame Purificatrice, cette plaie ! J'ai essayé de t'écarter dès ton arrivée, mais cela n'a pas marché. J'aurais dû me débarrasser de toi à ce moment-là.
- Vous n'avez pas d'âme !
Cette stupide accusation fit ricaner le vieillard qui recula d'un pas.
- Et alors ? Je n'ai pas fini d'énumérer tout mon travail fructueux, Link. J'ai fait en sorte que la princesse soit assassinée lors de sa visite pour trouver le prodige gerudo. Seulement mes incapables de sous-fifres ne sont parvenus à rien. J'ai dû réitérer cet attentat lors de son deuxième séjour sauf que tu as tout foutu en l'air !
Oswald donna un violent coup de pied dans les barreaux tandis que le chevalier sentait la colère prendre peu à peu le contrôle sur lui.
- J'ai essayé de briser la princesse par tous les moyens ! Fausses rumeurs, commérages, critiques ! Puis quand j'ai compris que tu étais la principale source du problème, je me suis reporté sur toi.
Le regard du traître devient glacial et mauvais. Link resserra son emprise sur les grilles, les dents serrées. Si seulement il pouvait attraper cette enflure !!
- J'ai tenté de t'empoisonner. Suite à ta mort, j'aurais pu m'occuper de la princesse. Mais encore une fois, cela n'a rien donné car cette traînée d'Impa t'a soigné !
- Sale... ! s'écria Link juste avant que sa gorge ne se noue brusquement, l'empêchant de respirer.
Le Héros tomba à genoux en essayant de respirer, mais il n'y parvenait pas. Un puissant sortilège l'en empêchait et lui provoquait de spasmes vifs pour lutter. Oswald connaissait parfaitement son sort, personne n'échappait aussi facilement à sa magie. Il voulait que Link se taise jusqu'à ce qu'il finisse.
- J'ai finalement trouvé une solution pour t'atteindre directement, reprit-il d'une voix ferme et sèche. Les Yigas infiltrés dans le château n'ont eu qu'à se prétendre chevaliers pour partir à la dernière bataille qui a eu lieu.
Sans état d'âme, il regardait le prodige suffoquer.
- Je leur ai demandé de tuer ton cher père.
Link se figea soudainement, les yeux rivés sur ses mains tremblantes. Les larmes lui montèrent aux yeux, ses lèvres frémirent alors que sa tête s'inclinait jusqu'à ce que son front touche les dalles glacées de sa cellule. Aussitôt, la pression sur sa gorge se relâcha pour le laisser inspirer de profondes goulées d'air. Dorénavant, il le haïssait. Link haïssait cet homme qui avait injustement volé la vie d'un innocent, la vie de son père...
- Malheureusement pour moi, je ne pensais pas que tu t'en remettrais, poursuivit Oswald, peu touché par les pleurs silencieux du prisonnier. J'ai fait une dernière tentative d'assassinat envers toi lors de ton dernier voyage dans le désert. Grâce à mon rôle auprès du roi, je suis au courant de tout. C'était le moment parfait, tu n'avais pas l'épée de légende pour te battre ! Et pourtant, tu es tout de même parvenu à en ressortir vivant...
Le traître fléchit les genoux pour se mettre à la hauteur de sa victime. Il dévisageait durement Link en se délectant de le voir ainsi.
- Je dois avouer que tu es incroyablement dur à tuer, Héros. Mais je n'abandonne jamais. Je sais me montrer patient pour arriver à mes fins. Vois-tu, cela fait plus de trente ans que je suis au service de la famille royale juste pour permettre à mon maître de revenir. Et c'est toi qui m'as guidé sur la voie à prendre. Tu m'as magnifiquement montré la faille pour parvenir à mon but.
Oswald fit bouger circulairement sa main gauche, faisant tournoyer la poussière et les moisissures présentes au sol. Une toute petite silhouette se forma et dévoila la princesse de manière vague mais compréhensible.
- La princesse... prononça le traître avec une pointe d'admiration. Sa beauté est inégalable, je dois bien le reconnaître. Je ne suis pas étonné que tu sois tombé sous son charme. C'est un être si fragile, Link.
L'homme ferma prestement son poing afin de faire exploser sa création. Quelques débris tombèrent devant le jeune homme qui restait toujours front contre terre, dévasté.
- Je t'ai éliminé, trancha froidement Oswald en se relevant. J'ai brisé ta tendre damoiselle, elle ne parviendra plus à éveiller son pouvoir. Pour te remercier, je vais te laisser la vie sauve afin que tu puisses voir la suite des événements à travers ta mince fenêtre. De toute manière, tu finiras par mourir d'ici peu. Et je veillerai personnellement à m'occuper de la princesse, je t'en fais le serment.
Sur ce, il tourna les talons puis quitta silencieusement les lieux sans même se retourner. Pas un sourire ne se dessinait sur son visage. Il prenait son rôle avec un sérieux effrayant et ne se laisserait distraire sous aucune raison.
Ce royaume touchait à sa fin.
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