Chapitre 22
Parfois, nous ne connaissons jamais la valeur d'un moment, jusqu'à ce qu'il devienne un souvenir...
Zelda se tenait face à son père dans la salle du trône. Son cœur battait à tout rompre au sein de sa poitrine, elle cachait du mieux qu'elle pouvait les tremblements de ses mains contre son ventre. Derrière elle, son chevalier servant avait posé un genou à terre et baissait la tête en signe de soumission. Ce jour-là, elle devait exposer son programme au roi pour justifier de nouveau ses déplacements au village Piaf puis à la cité Gerudo. La princesse dut expliquer qu'elle avait confectionné des programmes d'améliorations pour les Créatures Divines et qu'elle avait besoin de la tablette sheikah pour les y implanter. Ne sachant pas exactement combien de temps cela lui prendrait, elle estima la durée de son voyage à cinq jours environ.
- Tâchez de ne pas perdre plus de temps, trancha sévèrement son père à travers une voix puissante. J'ose espérer que vous prierez tous les jours.
La gorge de la prêtresse royale se noua.
- Oui, Père, articula-t-elle en baissant les yeux.
- Vous pouvez disposer.
Zelda s'inclina puis quitta l'immense salle avec empressement. Voilà comment se terminaient toujours ses entrevues avec son père... L'amour paternel était sans doute ce qui causait ce vide dans son cœur. La mort de sa femme, la reine, l'avait véritablement changé. En plein milieu du couloir, la princesse fit volte-face pour se retrouver face à Link qui s'arrêta brusquement.
- Nous partirons demain aux premières aurores, annonça-t-elle avec détermination. J'ai déjà fait prévenir Revali de notre visite. Si notre trajet se passe convenablement, nous arriverons à destination vers onze heures.
Le blond ne dit rien. Il suivrait ses instructions à la lettre, comme d'habitude. Cela signifiait préparer ses affaires la veille et se coucher tôt. Link raccompagna donc sa damoiselle jusqu'à ses appartements mais celle-ci s'arrêta devant la porte y menant. Elle paraissait bien confuse et cela intriguait le chevalier.
- Link, je suis consciente que ce n'est pas le meilleur moment pour le te dire après les derniers événements. Mais...
Elle le dévisagea un instant pour savoir si elle pouvait continuer. Link ne semblait pas plus atteint que cela. Son amie décida de poursuivre :
- Comme tu le sais, seules les femmes sont autorisées à entrer dans la cité Gerudo. J'en ai discuté avec Urbosa avant son départ... Elle a accepté que tu te travestisses pour rester auprès de moi.
Les yeux de Link s'agrandirent légèrement. Encore ? Il se revoyait dans sa tenue gerudo et le feu lui monta aux joues. Face à son expression, Zelda voulut aussitôt se rattraper pour le rassurer.
- Ne t'inquiète pas ! J'ai pour toi une tenue de servante pour que les femmes de la cité pensent que tu es ma suivante. Urbosa m'a certifié que son peuple ne connaissait pas ton visage, voire très vaguement... ajouta-t-elle avec embarras.
- Je le ferai, déclara-t-il à travers un ton assuré.
Link le ferait par devoir et nécessité. Tant pis... De toute manière, qu'avait-il à perdre ? Seules la princesse et Urbosa connaîtraient son identité donc sa honte resterait modérée. Zelda le gratifia d'un sourire pour le remercier. Même si son chevalier servant était bien plus fermé depuis son retour, elle était soulagée de constater qu'il restait fidèle à lui-même malgré la perte de son père. La prêtresse royale entra dans ses appartements afin de se changer pour la session de prière. Une fois cela fait, ils partirent tous les deux pour le temple royal.
Le matin suivant, le soleil pointait à peine à l'horizon quand les élus des déesses quittèrent la citadelle. L'air était presque frais mais apportait avec lui une atmosphère encore reposante, la nature s'éveillait à peine. Zelda et son compagnon se dirigeaient calmement vers le mont Hébra à l'est, ils ne croisaient que quelques agriculteurs qui rejoignaient leur champ ou qui venaient apporter leurs marchandises pour le marché matinal de la citadelle. Les gens du peuple saluaient toujours ces deux voyageurs qui traversaient la route en sens inverse à une heure aussi précoce. Hélas, ce commencement de périple rappela à Zelda ses débuts difficiles de relation avec Link quand il ne parlait pas et qu'il restait derrière elle. Pourtant Link avait fini par marcher à ses côtés quand ils étaient à cheval. Alors qu'il reprenne ses anciennes habitudes, cela l'inquiétait. Il était hors de question pour la princesse que son ami se laisse aller, il devait remonter la pente et elle l'aiderait. Zelda l'aiderait car elle savait à quel point c'était dur.
L'Hylienne fit ralentir sa monture jusqu'à se placer au même niveau que Link au regard interrogateur. Zelda n'eut pas besoin de parler pour qu'il comprenne parfaitement la raison de son geste. Elle agit naturellement par la suite.
- Une fois que nous serons au village Piaf, je demanderai à ce que l'on m'emmène sur Vah'Medoh, dit-elle en observant le ciel devant elle. Si tu le souhaite, tu pourras m'y rejoindre. Tu n'es entré que dans Vah'Naboris, après tout.
Le Héros l'approuva d'un hochement de tête. Il n'avait pas encore eu l'occasion de découvrir cette incroyable structure de pierre autrefois façonnée par les Sheikahs.
- Bien. Cela devrait m'occuper durant plusieurs heures... Le soir, nous coucherons à l'auberge du village et nous partirons demain en début de matinée pour la cité Gerudo. Le trajet nous prendra un jour et une nuit car ce n'est pas la porte à côté.
En effet, le désert se trouvait tout au sud d'Hyrule et demandait dans un premier temps une longue traversée du canyon qui y menait. Zelda reporta son attention sur son chevalier servant qui l'épiait discrètement. Au moins, il avait l'air plus décontracté.
- Dis-moi, est-ce que tu connais le nom du chef piaf ? le questionna-t-elle avec intérêt.
N'était-ce pas Revali ? Cette question dérouta tout de même le prodige hylien.
- Il se nomme Tika, lui apprit Zelda puisqu'il ne semblait pas savoir. Tu verras, il est très chaleureux et convivial ! Tout l'inverse de Revali, quand j'y réfléchis... Je vais d'ailleurs lui redemander d'être plus agréable avec toi.
- Ne vous inquiétez pas pour si peu, la pria-t-il en fronçant légèrement les sourcils.
Zelda secoua négativement la tête.
- Je m'inquiète si je le veux, Link, répliqua-t-elle sérieusement. Il est hors de question que quelqu'un te dérange, encore moins un autre prodige. Nous devons rester unis jusqu'au grand jour, alors il est temps d'aller de l'avant et de laisser derrière nous nos différends.
Finalement, la princesse esquissa un sourire pour ne pas que Link pense être sermonné.
- Et tâche de ne pas accepter ses défis, cette fois-ci.
En guise de réponse, elle eut droit à une étrange moue de la part de son compagnon.
- N'avais-je pas été à la hauteur ? demanda-t-il plus pour lui-même qu'à son amie.
Link détourna le regard, cela laissa son amie perplexe.
- Mais si, voyons ! le rassura-t-elle en se penchant un peu vers lui pour appuyer ses dires. Tous les deux, vous êtes des archers sans pareil. J'ai vraiment été admirative en vous observant. Ce qui a été le plus impressionnant, c'était certainement le moment où tu t'es mû alors que le temps semblait figé.
Ses yeux se mirent à pétiller, ce qui provoqua un pincement au cœur de Link. Il ne recevait que très rarement de tels compliments. De plus, cela l'enveloppait dans un chaleureux sentiment de quiétude.
- Ce n'est pas grand-chose, Votre Altesse.
Zelda inclina la tête sur le côté puis croisa les bras, visiblement pensive.
- Link, tu peux aussi m'appeler "Princesse Zelda". Depuis que tu es mon chevalier servant, je ne t'ai jamais entendu le dire.
Ce dernier déglutit. La raison demeurait toujours la même : respecter les différences de classe sociale. L'appeler "Votre Altesse" revenait à garder ses distances par déférence. Mais dire "Princesse" suivi par... par le prénom de la fille du roi, il n'oserait pas.
- Vous me prenez au dépourvu, se défendit-il en paraissant bien moins à l'aise.
- Link, bien que je sois la dauphine, je reste ton amie. Je pense que tu as aisément le droit de ne pas m'appeler tout le temps "Votre Altesse". De plus et même si ce n'est pas ton intention, je me sens rejetée, avoua-t-elle en baissant la tête.
Zelda se redressa afin de compléter ses dires car elle ne voulait pas le faire culpabiliser pour si peu. Cependant, son chevalier servant la devança :
- Si tel est votre souhait, alors je m'y plierai.
Tous deux s'échangèrent un regard soutenu qui les laissa plongés dans un questionnement mêlé à une certaine confusion. Ils n'osèrent plus parler jusqu'à leur destination finale. Au village Piaf, ils furent chaleureusement accueillis par les deux gardes postés devant le pont suspendu. Leur chef les attendait dans sa hutte tout en haut du village. Quel lieu singulier... Même s'il y était déjà venu, Link ne restait pas indifférent. Dans le ciel, quelques Piafs volaient, certains se plaisaient à faire des figures acrobatiques pour épater les autres. Les élus des déesses gravirent les nombreuses marches jusqu'à la plus haute hutte, saluant au passage tous les membres du peuple des cieux qu'ils croisaient. Le chef les reçut avec joie et les pria de le rejoindre dans son modeste habitat que découvrait le prodige hylien.
- Avez-vous fait bonne route ? leur demanda-t-il avec intérêt.
- Oui, je te remercie, le gratifia Zelda qui inclina la nuque.
C'était un Piaf de la même trempe que Revali : un guerrier vif et intelligent qui savait droitement mener son peuple. Il avait été désigné chef pour sa sagesse et son sens assidu de la justice. Son plumage, de couleur grise, lui permettait de se fondre parmi les nuages en temps de pluie et de ne faire qu'un avec le ciel, le rendant d'autant plus dangereux pour ses ennemis.
- Quand pourrons-nous monter sur Vah'Medoh ? se renseigna Zelda en observant la Créature Divine, loin au-dessus de leurs têtes.
Le Piaf croisa fièrement les ailes en souriant.
- Après un bon repas, ne pensez-vous pas ? Cela vous permettra de récupérer de votre long voyage et de déguster nos spécialités.
Ainsi, ils se rendirent dans la hutte où avaient lieu tous les repas conviant des invités ou célébrant un événement de grande importance. Link et la princesse prirent place côte à côte, assis en tailleur sur un coussin posé à même le sol. Ici, ils mangeraient selon les coutumes piafs, ce qui ne les dérangeait guère car cela leur donnait l'occasion de découvrir leurs traditions. Une masse sombre s'assit lourdement à gauche de la princesse en claquant de la langue. C'était Revali qui avait été convié à ce repas. La princesse le salua cordialement. Tika et son épouse Olia, une belle oiselle blanche dont le plumage portait par endroits quelques taches noires, apportèrent les plats fumants parmi lesquels se trouvait une marmite portant encore son couvercle.
- C'est notre spécialité, commenta Revali, le plus grand ami du chef piaf. Je doute que la cuisine hylienne soit à la hauteur de ce qu'il vous attend.
Link plissa les yeux, mécontent que les remarques de ce genre commencent déjà.
- J'ose espérer que ce soit des œufs, répliqua le chevalier sur le même ton.
Les yeux de Revali s'écarquillèrent sous la colère et l'indignation. Comment osait-il le provoquer ainsi, lui le plus grand guerrier de son peuple ?! La princesse retint un hoquet de rire et tourna la tête à l'opposé du Piaf, c'est-à-dire vers Link. Ce dernier éprouva une certaine fierté malgré la situation car si les yeux de Zelda pétillaient de la sorte, c'était bien grâce à lui. Au lieu de s'offusquer, Tika éclata de rire en se tapant la cuisse.
- Bon sang, Revali ! s'exclama-t-il en se penchant sur lui. Si tu voyais ta tête !
Il lui donna une tape amicale dans l'épaule qui fit tiquer l'impétueux guerrier. Olia releva le couvercle de la marmite et dévoila un délicieux saumon meunier qui sut ravir les papilles du Héros. Les invités furent donc servis en premier par politesse. Au moment où Link s'apprêtait à goûter à la première bouchée, il entendit Revali ricaner.
- Profites-en, c'est moi qui ai pêché ce poisson, lui apprit-t-il sans cacher sa fierté. Il se pourrait que je l'aie empoisonné.
Aussitôt, cela rappela de terribles souvenirs à Link. La reine avait été tuée ainsi... Discrètement, il jeta un coup d'œil à Zelda qui commençait à sermonner le Piaf. Tant qu'elle ne connaissait pas cette terrible vérité, la princesse en restait protégée.
- Dis-moi Link, depuis combien de temps t'exerces-tu à l'épée ? lui demanda Tika avec intérêt.
Le blond tourna la tête vers lui.
- Depuis que je sais marcher, répondit-il simplement avant d'entamer enfin son repas.
- Eh bien... Les Hyliens m'étonneront toujours ! Ou, du moins, les exceptions comme toi.
Le Piaf gris le regardait avec admiration. Manger en présence du Héros et de la princesse, quel privilège ! De son côté, Revali l'épiait avec méfiance. Il n'aimait guère le voir s'accaparer toute l'attention. Le repas se déroula néanmoins sans encombre, tous se tinrent correctement et chacun mangea à sa faim. À un moment, le genou de Link effleura celui de sa damoiselle, ce qui le figea un court instant. D'un bref coup d'œil, il remarqua que Zelda était trop absorbée dans sa discussion avec Olia pour y prêter attention. Le chevalier se demanda sérieusement s'il n'abusait pas un peu sur les règles de bienséance... Cette pensée l'embarrassa, il lui tardait de terminer le repas et de partir en direction de la Créature Divine.
Une trentaine de minutes plus tard, une fois que tout le monde fut habillé chaudement, Tika, les deux prodiges et la princesse se rendirent sur la plateforme d'envol. Le trajet prendrait à peine une minute. Le chef se tourna vers Zelda et effectua une sorte de révérence.
- Princesse, m'accorderez-vous l'honneur de vous porter jusqu'à Vah'Medoh ?
- Oui, avec plaisir, le gratifia-t-elle d'un sourire.
À l'unisson, les deux prodiges écarquillèrent les yeux, bouche bée, puis se toisèrent du regard. Il était hors de question de faire le chemin ensemble. Porter Link sur son dos... Revali ne l'accepterait jamais.
- Si je peux me permettre... commença le guerrier en s'avançant.
- Merci pour ta dévotion, mon grand ami, le coupa Tika en laissant la princesse monter sur son dos. Je savais que tu accepterais de conduire ton frère d'armes là-haut.
D'un coup, il s'élança dans les airs en riant à gorge déployée. Revali serra le bec, enragé d'avoir été victime d'une telle machination.
- Sale traître ! Tu vas me le payer !! s'écria-t-il en levant le bras en l'air.
Link se plaça à ses côtés et le regarda d'un air imperturbable, ce qui agaça encore plus le Piaf.
- Quoi ?! Qui est-ce que tu regardes comme ça ? aboya Revali en croisant les bras.
- J'attends de pouvoir monter sur ton dos.
« Oh le... ! » Le guerrier inspira profondément dans le but de conserver son calme. Il avait promis à la princesse de mieux se tenir. Il l'avait promis... À contrecœur, Revali le laissa se hisser derrière lui puis s'envola brutalement sans ménager son rival. Link s'accrocha de toutes ses forces au vêtement de cuir du piaf pour ne pas tomber. Il avait parfaitement compris qu'il n'était pas le bienvenu. Revali donnait de puissants coups d'ailes pour rattraper son chef, déjà au-dessus lui. Comme cette situation l'agaçait... Il aurait sa vengeance, un jour !
Ils arrivèrent enfin sur Vah'Medoh et Revali ne se priva pas de laisser lourdement tomber le Héros quand il se posa sur la pierre froide. Link lui jeta un regard noir mais se releva sans faire d'histoire. Tika informa la princesse qu'ils reviendraient les chercher dans deux voire trois heures, temps qu'elle avait estimé durant le repas pour appliquer toutes ses améliorations. Les deux Piafs s'élancèrent ensuite dans le vide et laissèrent les élus des déesses seuls sur la Créature Divine. L'air froid était si mordant qu'ils s'empressèrent d'entrer pour se protéger du vent.
- Je vais me rendre au terminal de contrôle, annonça Zelda à son ami qui découvrait le lieu avec admiration. Tu peux visiter si tu le souhaites mais évite de toucher à tout...
Link opina, tous deux se séparèrent pour vaquer à ses occupations différentes. Durant la première heure, le chevalier visita les différentes salles de Vah'Medoh où étaient présents d'étranges mécanismes. Il se demandait pourquoi même à l'intérieur il y avait de puissants courants d'air. Une fois sa visite terminée, Link rejoignit la princesse dehors mais celle-ci, trop concentrée sur son travail, ne fit pas attention à lui. Il fut contraint de la laisser, préférant se rendre ailleurs sur le dos de la Créature Divine pour profiter du paysage malgré le froid. Le prodige prit place sur l'aile gauche de l'immense aigle, le dos appuyé contre l'un des piliers de pierre. Ici, il était seul avec lui-même et pouvait méditer sur sa vie. Link avait grandement réfléchi à propos de la mort de son père. Il savait qu'il ne le reverrait plus... Mais jamais Karl n'aurait accepté l'idée que son fils se laisse dépérir suite à sa mort. Le jeune homme en avait conscience. Alors même si cette période restait dure pour lui, il devait rester lui-même sans oublier le passé.
Link soupira, sa tête se posa contre la pierre froide derrière lui et il ferma les yeux. Ce n'était certainement pas à une telle hauteur que des monstres viendraient les attaquer, il n'y avait rien à craindre. Au moins, les rayons de soleil, que laissaient filtrer les nuages, lui réchauffaient le visage. Le chevalier ne perçut pas l'écoulement du temps. Il ne saurait dire s'il avait dormi ou non... Néanmoins, quand Zelda vint le rejoindre, il rouvrit les yeux et lui laissa de la place pour qu'elle puisse s'asseoir à côté.
- J'ai terminé, déclara-t-elle, satisfaite de son travail. Il nous reste un peu de temps avant le retour de Tika et Revali.
Elle leva la tête pour observer les quelques cumulus au-dessus d'eux.
- Vah'Medoh avait notamment des problèmes pour activer son bouclier protecteur. C'était un véritable casse-tête... Sans parler du moteur principal qui n'était même pas au quart de ses capacités.
Revali n'allait pas être content d'apprendre que sa Créature Divine n'était pas si parfaite qu'il le prétendait. Zelda inspira profondément puis observa son ami en souriant.
- C'est amusant, tu as le nez rougi par le froid.
Embarrassé, Link le toucha et détourna le regard.
- Vous aussi, répliqua-t-il tandis que le poids sur sa poitrine s'allégeait.
La blonde haussa les épaules et observa les montagnes face à eux.
- D'ici, la vue est superbe. Jamais je n'aurais pensé voir Hyrule d'une telle hauteur... J'ai l'impression de tout contrôler. Pas toi ?
Link prit le temps de lui répondre. Le calme était si agréable qu'il n'osait pas le briser.
- Le pouvoir ne m'intéresse pas, énonça-t-il d'une voix claire en regardant ses bottes. Je préfère mener une vie simple dans mon village natal.
La princesse tourna prestement la tête vers lui, son air consterné mal dissimulé.
- Tu comptes retourner à Elimith une fois que tout sera fini ?
Il opina simplement.
- Oui. Je prendrai la relève de mon père.
Zelda baissa la tête, ses épaules s'affaissèrent légèrement.
- Je vois, ajouta-t-elle presque dans un souffle.
Son chevalier servant ne sut correctement interpréter sa réaction. Après tout, il faisait partie de ses proches dorénavant, il était donc compréhensible que Zelda soit affectée de la sorte. Un lourd silence s'installa entre eux, ils n'osèrent pas le rompre. La jeune fille se plongea ainsi dans ses pensées si bien qu'elle ne remarqua pas quand Link se leva. Ce dernier avait aperçu Revali et son chef qui volaient vers Vah'Medoh.
- Princesse Zelda ? l'appela-t-il doucement de peur de l'importuner.
Elle frissonna et releva la tête vers lui pour découvrir la main tendue dans sa direction. Eh bien... Zelda ne s'attendait pas à ce qu'il l'appelle ainsi. Une vive joie naquit en elle, la dauphine accepta de lui prendre la main pour être relevée.
- Merci, le gratifia-t-elle d'un discret sourire.
Au même moment, Revali se posa à leurs côtés et le chevalier dut lâcher sa damoiselle.
- Alors ? demanda le guerrier piaf en marchant vers eux, suivi par Tika. Tout s'est bien passé ?
- Oui, je te remercie. Vah'Medoh devrait être encore plus maniable et rapide.
- Parfait.
Il afficha un grand sourire. Au moins, ce serait lui qui interviendrait le plus tôt parmi toutes les Créatures Divines. Cette fois-ci, les Piafs changèrent de cavalier pour la descente afin que tout le monde soit satisfait malgré le court trajet. C'était déjà la fin de l'après-midi, Zelda en profita ensuite pour analyser le sanctuaire du village sous le ciel légèrement orangé. Link resta assis non loin sur l'une des plateformes le long du chemin principal, ses pieds pendaient dans le vide. Il écoutait quelques enfants piafs entonner un chant traditionnel qui donnait une ambiance de légèreté. Le jeune homme profitait de l'environnement et scrutait le mont Hébra à l'horizon.
- Eh bien, la princesse ne veut pas de toi ? Ça ne m'étonne pas, le railla Revali en s'approchant de lui, les ailes croisées dans le dos.
Link soupira puis regarda par-dessus son épaule, l'air las.
- Elle est occupée avec ses recherches, je ne veux pas la déranger.
L'Hylien reporta son attention sur le paysage et souffla discrètement. Revali ne manquait jamais une occasion pour l'embêter. Mais après tout, c'était dans sa nature. Il n'était pas si méchant au fond.
- C'est tout, ajouta-t-il calmement.
Le Piaf claqua de la langue.
- Je ne comprendrai jamais les chevaliers servants. À croire que vous serez prêts à tout pour votre damoiselle.
- Bien entendu, il en va de mon devoir, souligna Link avec détermination.
- C'est bien ce que je pensais. Vous êtes braqués sur une seule chose, c'est insensé.
Link haussa les épaules. Il avait choisi de prendre la voie de chevalier et en connaissait toutes les responsabilités ainsi que les obligations.
- Et tu donnerais facilement ta vie ? le questionna Revali avec méfiance.
Le chevalier comprit qu'il le testait. Cela ne le perturba pas.
- Facilement, je ne sais pas, répondit-il d'un air pensif. Mais si la situation le nécessite, je n'hésiterai pas une seconde.
L'archer en eut des frissons. Le fou... pensa-t-il en ayant un mouvement de recul. Quand ce fut l'heure de dîner, Link quitta sa place et se dirigea vers la même hutte qu'à midi. Il y retrouva Zelda et Tika. Après leur repas copieux, les élus des déesses se rendirent à l'auberge où, pour protéger l'intimité de la princesse, un paravent fut installé. Durant une partie de la nuit, Link resta éveillé par précaution, assis en tailleur sur son lit. Il finit cependant par sombrer dans un sommeil profond car il ne pressentait aucun danger.
oOo
Allongée sur l'herbe, une jambe repliée vers elle, Zelda observait le ciel en souriant. Il faisait chaud, les arbres bruissaient sous l'effet de la brise qui balayait ce tapis de terre présent sur le pilier du village. Bientôt, elle commencerait le trajet vers la cité Gerudo alors elle voulait encore bénéficier de cette partie d'Hyrule qui avait son charme propre.
- Je me demande si la région d'Hébra n'est pas la troisième région du royaume que je préfère, dit-elle à voix haute même si elle se parlait à elle-même.
Zelda appréciait aussi beaucoup Akkala. Elle regrettait de ne pas avoir le temps de visiter correctement les différents territoires d'Hyrule. Peut-être qu'un jour, l'occasion se présenterait ? La tête de Link apparut à l'envers au-dessus d'elle. La princesse ne fut guère surprise puisqu'il était à ses côtés depuis tout à l'heure.
- Qu'y a-t-il, Link ? lui demanda-t-elle en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille.
- Je pensais que vous me parliez...
Son amie secoua doucement la tête en souriant.
- Pardonne-moi, je me parlais toute seule. Et toi ? Ta région préférée est celle d'Elimith, n'est-ce pas ?
Link opina pour l'approuver. Il y avait grandi, ses terres coulaient dans ses veines. Il voulait y retourner pour y vivre et rester auprès du reste de sa famille. Le prodige observa un de gardes piafs qui effectuait sa ronde quotidienne en contre-bas.
- Il est bientôt l'heure de partir. Si nous voulons arriver au relais du canyon, nous ne devons pas tarder, formula-t-il en se levant.
La princesse l'imita et s'épousseta pour faire tomber les brins d'herbe accrochés à son pantalon. Son chevalier servant savait que le lendemain, il devrait à nouveau porter des habits de femme afin de passer inaperçu. À cause de cela, il n'était pas vraiment impatient de reprendre la route.
- Tu as raison, le trajet est long. Je vais saluer Tika puis je reviens, dit-elle en souriant avant de gravir les nombreuses marches en direction de la hutte du chef.
Link l'observa s'éloigner puis émit un soupir en prenant appui contre un arbre.
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