Chapitre 2
Adélaïde finissait d'étendre le linge propre dehors quand un courrier lui fut parvenu. Cela faisait maintenant plus de deux mois que Link avait quitté Elimith et qu'elle languissait. Les seules nouvelles qui lui parvenaient étaient celles de son mari, quand il rentrait du château. La lettre que la châtaine reçut ce jour-là avait été adressée à Karl mais elle la lut tout de même.
Avec surprise et désarroi, elle apprit que son tendre fils serait transféré dans un groupe d'apprentis bien plus expérimentés. Edward, son maître, expliquait dans la lettre qu'il avait longuement observé Link et que son niveau et son talent surpassaient largement ceux de ses camarades. Adélaïde serra la lettre contre sa poitrine en soupirant puis elle rentra dans sa maison pour annoncer la nouvelle à son époux. Elle qui se faisait tant de soucis... Si son fils accédait à un groupe supérieur, il se ferait adouber bien plus tôt que prévu et il pourrait être envoyé guerroyer...
De son côté, Link avait dû changer de dortoir et ainsi déplacer toutes ses affaires. Sa nouvelle chambre restait aussi petite que la première, avec pour uniques meubles un lit, une armoire et un tabouret. Mais il s'était déjà habitué à ce strict minimum. Ce jour-là, Edward l'accompagna jusqu'à la cour de ses futurs compagnons. Quand le garçon comprit qu'il allait côtoyer des apprentis de trois ans ses ainés, il se sentit bien insignifiant. Surtout qu'ils possédaient tous un équipement de bien meilleure qualité que le sien. Link avait gardé son bouclier d'Elimith, sa petite épée et son arc de chasse. Seul son cher carquois restait à la maison car bien trop précieux.
- Qu'est-ce que tu nous emmènes là, Edward ? demanda le chevalier Arthur, un grand brun qui s'avérait être le nouveau maître de Link. Il vient observer ?
Edward posa une main dans le dos du blond et secoua négativement la tête.
- Voici le garçon dont je t'ai parlé la dernière fois.
Le brun écarquilla les yeux, abasourdi, il pensa qu'on se moquait de lui.
- Il m'a l'air bien jeune, fit-il remarquer en se grattant la barbe. Je me permets de remettre en cause tes propos, mon ami.
Edward croisa alors les bras, mécontent.
- Si tu ne veux pas me croire, fais-le combattre avec l'un des tes élèves. Quelques minutes seront suffisantes pour te convaincre.
- Nous verrons ça. Gautier ! s'écria le brun sans même se retourner.
Derrière lui, tous les futurs chevaliers cessèrent leur entraînement et regardèrent en direction de leur maître avant de remarquer les nouveaux arrivants. Le dénommé Gautier, un jeune homme au blond plus clair que Link, accourut modérément et se plaça à côté d'Arthur.
- Oui, Maître Arthur ?
Le chevalier lui montra le jeune Hylien.
- Tu vas te mesurer à lui. Maintenant.
Cela dérouta le jeune homme de seize ans qui désirait de suite répliquer.
- Mais... Il est bien trop...
- C'est un ordre, trancha son maître avant de s'écarter.
Gautier ne put s'y soustraire et exécuta la demande de son supérieur. Quant à Link, il se contenta seulement de suivre son aîné au centre de la cour. Tous les autres se mirent en ligne pour les observer, certains s'assirent même dans l'herbe pour se reposer un peu. Gautier n'avait vraiment pas l'air réjoui par ce combat.
Quand le jeune élu attrapa son bouclier de bois et dégaina son épée, cela suscita chez quelques apprentis un rire amère. Un fils de paysan. Il ne devait pas avoir les moyens de s'acheter un bouclier en métal et une arme plus imposante.
- Vous pouvez commencer, dit simplement Arthur en analysant durement Link. Je vous laisse quelques minutes.
Les deux adversaires commencèrent à se tourner autour tout en s'observant. En tant que gaucher, Link déplaisait à son aîné qui devait alors faire très attention à sa garde. Étonnamment, ce fut le jeune élu qui engagea le combat avec une attaque de revers. Gautier fut quelque peu dérouté mais para à l'aide de son bouclier en ayant un mouvement de recul. Il était rapide, ce bougre... Link ne lui laissa aucun répit et lui asséna cette fois-ci un coup droit qui sut briser la défense de son adversaire, peu habitué à se battre contre un gaucher. Le jeune élu réitéra son attaque mais Gautier esquiva habilement en se penchant en arrière.
- Allez Gautier ! Mets-le au tapis, ce gamin ! lui lança un de ses camarades visiblement très impliqué dans la confrontation.
Cela donna de la vigueur au jeune homme qui refit aussitôt face à Link avant de contre-attaquer. Le coup que reçut le jeune blond contre son bouclier de bois fut puissant, presque aussi puissant que ceux de son père. Il manqua de perdre l'équilibre et tituba sans quitter son adversaire des yeux. Quelques apprentis ricanèrent. Quand Link comprit qu'il était en très mauvaise posture, il décida de se protéger en effectuant son attaque circulaire, fruit de longs mois de mise au point. Gautier recula prestement pour éviter l'épée du garçon et il écarquilla les yeux. Décidément, ce combat était bien singulier !
Gautier décida d'exploiter la faiblesse de son adversaire, pas encore assez robuste pour ne pas perdre l'équilibre. Il attrapa la fusée de son épée à deux mains tout en gardant son bouclier puis il fondit sur Link. Le temps imparti était bientôt écoulé et l'élu des déesses devait à tout prix entrer dans ce groupe. La concentration de Link était telle qu'il eut l'impression que le temps ralentissait, comme d'autres fois dans le passé. Il esquiva en arrière et vit passer la pointe de l'épée adverse devant sa protection ventrale en cuir. D'un coup, le jeune blond prit appui sur le sol terreux et se propulsa vers l'autre apprenti avant d'abattre le plat de son épée sur son flanc.
Gautier hoqueta puis se plia en lâchant son équipement avant de se tenir le ventre en gémissant. Link regretta d'avoir mis toute sa force dans son coup et rengaina aussitôt l'épée dans son fourreau, posa son bouclier par terre puis se pencha vers Gautier, inquiet.
- Je suis désolé ! s'exclama-t-il en manquant de s'affoler. J'espère que je ne t'ai pas blessé...
- C'est... C'est bon, gémit Gautier en relevant sa tête pâle vers lui. J'ai déjà reçu des coups plus... plus puissants que ça...
De son côté, Edward se tourna vers son ami et lui adressa un regard triomphant.
- Convaincu ?
L'autre chevalier haussa les épaules avec lassitude.
- Soit, je le prends dans mon groupe. De toute manière, je n'avais pas choisi mon meilleur élément, répliqua Arthur avant de rejoindre son nouvel élève.
En vérité, il avait été frappé par sa dextérité. Seul un œil expert pouvait le voir, c'était certain. Ce garçon, non... La réincarnation du Héros était doté d'une vivacité et d'une intelligence remarquable. Il était certain qu'il cachait un immense potentiel, encore peu exploité.
- Quel est ton nom ? demanda-t-il gravement au jeune blond.
- Je m'appelle Link, répondit le concerné en toute simplicité.
Arthur l'observa un instant puis poursuivit :
- J'ai aisément décelé des défauts dans tes postures, Link. Sans parler de cette étrange... attaque circulaire. Tu n'es pas ici pour faire la farandole, voyons. Enfin, nous aurons tout le loisir de voir cela en profondeur en temps voulu. On fait une pause d'un quart d'heure ! s'écria-t-il alors à l'adresse des autres apprentis.
Ils accueillirent l'annonce avec joie, mais personne ne vint voir Link. La majorité ne pouvait accepter d'être humilié par la présence d'un apprenti plus jeune et surtout... non issu de la noblesse. En tant normal, il aurait dû être envoyé dans un groupe plus approprié à sa classe sociale. Gautier, qui se remettait peu à peu du combat, se redressa en maugréant puis se frotta l'arrière du cou.
- Salut, moi c'est Gautier, lui dit-il en lui tendant la main.
Link, pris de court, la regarda avec étonnement alors qu'un discret sentiment de joie se propagea en lui. Il attrapa le membre tendu et ils se serrèrent chaleureusement la main.
- Enchanté.
Gautier lui sourit puis s'étira en grimaçant.
- Je dois avouer que tu m'as surpris. Excuse-moi de t'avoir sous-estimé avant que le combat ne commence.
- Tu n'es pas le premier à te forger un avis uniquement sur l'apparence...
Son ainé eut un rire léger et tapota l'épaule de son nouveau camarade avant de se tourner vers un brun qui se désaltérait à une fontaine.
- Eh, Conrad ! le héla-t-il avec force. Viens un peu par ici.
Le dénommé Conrad leva la tête en finissant de déglutir puis il les rejoignit en quelques enjambées. Il faisait bien deux têtes de plus que Link.
- Même ma sœur de dix ans est plus grande que lui, déclara-t-il sur un ton plat, ce qui eut pour effet d'indigner Link.
Par les déesses, allaient-ils enfin arrêter avec sa taille ?! Il n'avait pas choisi d'être ainsi !
- Je suis Conrad, fils du marquis de Traives, se présenta le brun sans pour autant serrer la main du jeune blond.
Ses yeux d'un marron profond transcrivaient avec justesse toute l'assurance et la détermination dont il faisait preuve. Comme les autres apprentis, il avait déjà acquis une carrure imposante bien que cachée derrière ses habits.
- Link, fils du chevalier Karl, répondit-il en retour avec méfiance.
Son nouvel interlocuteur le regarda avec suspicion.
- Quel est ton but, dis-moi ? Tu comptes devenir le chevalier servant de la princesse ?
Link arqua les sourcils puis secoua vivement la tête.
- Non, je veux être un simple chevalier.
Conrad esquissa un sourire satisfait tandis que son ami se désespérait de le voir toujours poser la même question aux autres apprentis.
- Tant mieux, car c'est mon objectif. J'ai un rival en moins !
- La ferme, Conrad, maugréa Gautier en lui donnant un faible coup de pied dans les bottes. Tu me fatigues avec tes bêtises.
- Je vois que tu n'es point sensible au charme des femmes, répliqua le brun en le toisant.
Son ami esquissa un sourire malicieux, sous le regard embarrassé de Link pour qui la conversation paraissait quelque peu indécente.
- Je préfère amplement les Gerudos. Des femmes de caractère, vois-tu.
- Tu prétends que la princesse n'a aucune personnalité ?
Gautier leva les mains en l'air, offusqué.
- Jamais je n'avancerai une telle chose ! Je suis juste en train de te montrer que nous n'avons pas les mêmes goûts, crétin.
- L'entraînement reprend ! tonna Arthur en revenant au centre la cour.
Le jeune Héros commença officiellement sa formation de chevalier. À nouveau, les mois s'écoulèrent. Link se lia d'amitié avec ses deux camarades plus âgés, une forte complicité les liait malgré leurs classes sociales différentes. Néanmoins, Conrad ne ratait jamais une occasion pour le lui rappeler, ou même se moquer de son physique. Mais Link donnait le meilleur de lui-même. Très rapidement, il corrigea ses défauts et gagna en force. Il sut même attiser la jalousie chez un grand nombre de ses camarades, notamment au tir à l'arc. À la cour, très peu de personnes étaient au courant de l'existence du nouveau Héros, élu des déesses. Le roi en avait décidé ainsi pour la bonne formation et la bonne intégration de Link. Il fallait que son existence reste cachée encore pour quelques temps. Car s'il devait évoluer dans un milieu pesant et oppressant, il ne pourrait correctement atteindre le potentiel qui lui avait été accordé à sa naissance.
Lors d'une fin de journée d'hiver, après un exercice très laborieux pour les apprentis, ils purent finir plus tôt leur entraînement. À ce moment-là, Conrad eut une idée qu'il jugea excellente et qu'il voulut partager à ses amis. Tous les trois, dans la salle commune des apprentis de leur groupe, se réchauffaient au coin de la cheminée et attendaient l'heure du repas avec impatience. Conrad se pencha vers ses amis.
- Il faut que je vous dise quelque chose, commença-t-il en cachant difficilement son engouement. Vous vous rappelez d'Anastasie ?
- La domestique qui a su te charmer ? soupira Gautier en s'affalant sur sa chaise.
Le brun hocha la tête.
- Figurez-vous qu'elle m'a enfin dit où se trouvait la salle d'étude de la princesse.
Gautier leva les yeux au ciel en poussant une plainte désespérée tandis que Link tentait de comprendre où il voulait en venir.
- Aucun de nous ne l'a jamais vue, alors c'est le moment ! Anastasie m'a dit qu'elle quittait son étude à partir de vingt heures.
- Vingt heures, c'est l'heure à laquelle nous mangeons, lui rappela le jeune blond chez qui le ventre criait famine.
Conrad lui offrit un sourire malicieux.
- Justement. Si nous sortons à cette heure-là, il n'y aura personne pour nous surprendre ! Surtout que nous devons nous rendre dans l'aile réservée aux gardes royaux.
- Le fou ! chuchota fortement Gautier en se redressant. Et tu penses que personne ne va remarquer notre absence ?!
Le brun lui fit signe de se taire en scrutant les alentours de peur qu'on les ait entendus.
- Si je dis aux autres que nous allons en ville, ils ne se douteront de rien, répondit-il avec sérieux.
Les trois garçons s'observèrent longuement en réfléchissant, puis les deux blonds s'avouèrent vaincus. Après tout, de simples apprentis comme eux n'avaient jamais eu l'occasion de croiser la fille du roi en personne. L'aventure qui les appelait les tentait bien.
Quand Conrad eut averti leurs autres camarades quelques minutes avant que l'horloge ne sonne, il fila vers la sortie avec ses deux compères en mimant d'aller à la citadelle. Seulement, une fois dans la cour, ils se mirent à courir et changèrent de direction. Pour se protéger du froid, Link portait la capuche typique de son village natal. Un effet pratique pour se dissimuler s'ils étaient découverts. Silencieusement, tous les trois longèrent les murs du château et prirent soin de toujours vérifier leurs arrières, surtout quand ils furent dans la partie réservée aux gardes royaux. À cette heure-ci, ils étaient certainement partis manger. Du moins ils l'espéraient.
- Nous y sommes presque, murmura Conrad en laissant échapper de la fumée.
Le froid leur mordait les joues, le vent venait brûler leur peau lorsqu'il soufflait. Quand le brun aperçut une petite tour s'élever devant lui, où scintillait une lumière, il fit signe à ses camarades de s'accroupir et ils se cachèrent derrière un buisson.
- On ne va rien voir... lui fit remarquer Gautier.
- Tu rigoles ? Tu as vu toutes les torches allumées du château ?
Le blond grimaça et se contenta de regarder. La lumière de la tour s'éteignit et une silhouette en sortit quelques instants plus tard. Les trois apprentis se figèrent lorsqu'ils comprirent que c'était bien la princesse qui se déplaçait, au vu de sa robe bleue et de son allure. Derrière elle apparut Impa qui referma la porte. Quand elle se retourna pour rejoindre la princesse, elle aperçut trois étranges formes tapies dans l'ombre. Immédiatement, la Sheikah dégaina son petit sabre de la défiance, sur le qui-vive.
- Qui va là ? s'écria-t-elle en plissant les yeux.
Le sang de Gautier et Conrad se glacèrent, leurs poils se hérissèrent sur tout le corps en signe d'intense stress. Quant à Link, il restait figé. La princesse s'était rapprochée du parapet pour les dévisager en fronçant les sourcils. Malgré la distances, leur regard parut se croiser et une fine vapeur sortit de la bouche du garçon. Ce n'était pas par sa prétendue beauté qu'il restait sans voix, mais plus par sa prestance. Cette jeune fille dégageait une aura dont il ne sut expliquer pourquoi elle l'affectait.
- Bande de voyous ! se révolta Impa en serrant son poing libre. Qu'est-ce que vous faites ici ?!
- On fuit ! s'écria Conrad en se levant brusquement.
Sans plus attendre, les trois compères s'éloignèrent en courant pour ne pas attirer les gardes.
- Oui, partez avant que je ne vous réprimande ! leur lança la Sheikah en rengainant son arme. Ils ne sont même pas chevaliers et ils osent défier les interdits.
Elle grommela dans sa barbe tandis que Zelda se frottait les bras pour se réchauffer.
- Comment l'élu des déesses en personne a-t-il pu faire une chose pareille ? souffla Impa en rejoignant sa jeune amie.
Les yeux de la princesse s'écarquillèrent alors et elle s'empressa de lui prendre les mains.
- Il était parmi eux ? Impa, qui était-ce ?
Sa nourrice ne répondit pas et poursuivit sa marche. Elle se mordait les doigts d'avoir pensé à voix haute.
- Vous n'avez pas à le savoir pour le moment.
Zelda ouvrit la bouche pour répliquer mais elle comprit que ce serait en vain. La tête baissée, elle rentra silencieusement dans sa chambre et se dirigea vers son bureau pour y déposer un ouvrage qu'elle tenait. Elle repensa au comportement des trois silhouettes qu'elle avait pu voir. Celui qui avait parlé ne pouvait être un esprit héroïque ; jamais le Héros n'aurait incité à fuir de la sorte. La blonde fronça les sourcils en réfléchissant. Il y en avait un, sous une capuche, moins imposant que les deux autres et avec qui elle avait échangé un bref regard. Ce ne pouvait être lui, il était trop jeune.
- N'essayez pas de savoir, la prévint Impa en la voyant dans son état. Cela ne vous avancera à rien.
La jeune fille se sentit bien honteuse à cause de son attitude.
- Vous devriez plutôt être indignée par le fait d'avoir été épiée, termina Impa en regardant à travers la fenêtre. Je n'avais encore jamais vu ça...
Étrangement, la jeune princesse esquissa un sourire.
oOo
Quand les trois compagnons furent de retour dans leur salle commune, Gautier n'hésita pas à donner une tape à l'arrière de la tête de son ami en l'injuriant. Toute cette folie allait leur coûter cher s'ils étaient dénoncés.
- Au moins, je mourrai en paix, certifia Conrad en soupirant.
De son côté, Link repensa à son devoir. Il venait de rencontrer celle qui épaulerait durant le combat final. Jusqu'alors, il avait oublié qu'ils avaient presque le même âge. La princesse aussi était jeune... Il n'était donc pas le seul à porter un lourd fardeau à un âge si peu avancé. Cela rassura l'apprenti qui émit un soupir, aussitôt mal interprété.
- Tu vois ! s'exclama Conrad en le pointant du menton. Même lui est sous le charme de la princesse. Prends garde, Link ! Je serai celui qui deviendra son chevalier nommé.
Le blond eut un mouvement de recul en guise de défense. Il n'avait que faire de cet enfantillage.
- Ne dis pas de bêtises, je pensais seulement à mes objectifs.
Gautier se moqua alors ouvertement du brun. Il n'y avait vraiment que lui pour penser aux femmes. Ce n'était pas glorieux de sa part. Tout en se disputant, ils partirent vers la grande cantine réservée aux chevaliers et aux apprentis. Ils trouvèrent une excuse pour leur retour précoce. Les repas, bien que simples, restaient tout de même bon et savaient ravir les papilles les moins difficiles. Souvent Link regrettait ceux de sa mère. Il se consolait en se disant qu'une fois chevalier, il irait la voir et dégusterait son plat favori avec elle. Il rendrait aussi visite Mipha. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vue...
oOo
Un peu moins de trois ans s'étaient écoulés. Link et son groupe, après de nombreux efforts et une persévérance à toute épreuve, furent adoubés par le roi en personne. Les parents du jeune homme, âgé maintenant de quinze ans, s'étaient déplacés pour l'occasion. Leur fils était certainement le plus jeune chevalier de toute l'histoire du royaume... Et quelle fierté pour Karl ! Leur lignée de chevaliers se perpétuait. Le jour de l'adoubement de son fils, il lui dit à quel point il était fier de lui. Mais... Au lieu de s'en réjouir, Link ressentit un profond mal-être, mêlé à une boule dans son ventre. Il n'avait rien pu répondre à cela.
En fin d'après-midi, après avoir mangé des oreillettes avec ses parents, le jeune homme dut les quitter une nouvelle fois. Karl, comme promis, lui remit son épée transmise de père en fils. Mais Link allait de nouveau porter la Lame Purificatrice, l'arme de son père deviendrait donc inutile. Quant à Adélaïde, elle se contenta d'offrir une nouvelle paire de boucles d'oreille à son fils, aux couleurs de la famille royale : bleues. Les précédentes, au teint rouge, n'étaient point aussi jolies. Link fut tout particulièrement touché par cette intention et la remercia grandement en la serrant dans ses bras. Maintenant, sa musculature s'était convenablement développée pour lui permettre de porter et manier tout type d'objets lourds. Adélaïde se plaignit même de la force qu'il mettait dans l'étreinte, ce qui finit par les faire rire.
Lorsque Link quitta ses parents aux portes de la citadelle, il partit aussitôt rejoindre Impa dans son bureau. En effet, avant la cérémonie, celle-ci lui avait demandé de venir la retrouver dès que possible. Une fois qu'il l'eut rejointe, la Sheikah lui montra la Lame Purificatrice posée au coin de la pièce.
- Il est temps que tu reprennes ce qu'il t'est dû, Link. Tu es largement en mesure de la manier. Mais attention.
Elle se pencha vers lui, le regard dur.
- Pas un mot sur son existence pour le moment. Le roi...
Impa secoua la tête.
- Enfin, tu le sauras bien assez tôt. Si tu veux t'habituer à la manier, il te faudra le faire à l'abri du regard des autres. Le soir, dans la partie nord du château se trouve une cour peu fréquentée, tu peux me croire.
La conseillère du roi prit un vieux sac de rutabagas et le lui tendit.
- Je sais que ce n'est pas très glorieux, mais au moins tu pourras la dissimuler dedans. J'ai aussi fait déposer un coffre dans ta chambre.
Link le prit en affichant une expression dépitée. La Sheikah avait remarqué son teint désormais bien plus pâle et elle pouvait comprendre que cela soit dû à la pression qu'il ressentait.
- Link, tu ne dois pas en parler car tu serais aussitôt pris pour cible, lui avoua-t-elle finalement.
Ce n'était plus un enfant. Il devait être extrêmement vigilant.
- Je n'ai pas le droit de t'en dire plus pour le moment mais sache que la famille royale a des ennemis, l'incarnation du Héros est directement leur cible. Puis-je te faire confiance ?
Le blond leva la tête vers elle puis opina avec une certaine détermination dans le regard qui sut satisfaire l'adulte. En voilà un garçon qui avait les pieds sur terre ! Impa sourit puis déclara à Link qu'il pouvait partir. Il la remercia, cacha l'épée dans le sac puis sortit silencieusement en vérifiant qu'il n'y avait personne. À pas feutrés, il trottina jusqu'au dortoir puis parvint dans sa chambre sans être vu. Dedans, il y trouva effectivement le coffre dans lequel il s'empressa de mettre la Lame Purificatrice. Mais lorsqu'il le referma, l'Hylien vit un cercle orange se tracer devant lui, ce qui le fit sursauter. Au centre, il y avait le symbole du clan Sheikah. Intrigué, Link l'inspecta sous toutes ses coutures puis finit par poser la main dessus. Aussitôt le coffre s'ouvrit et le blond eut un vif mouvement de recul.
- Par Hylia ! souffla-t-il, abasourdi. Si je m'y attendais...
C'était donc ça, la technologie sheikah. Ce coffre ne reconnaissait-il que sa main ? Fort probablement. Épaté par ce système ingénieux, Link referma l'objet puis courut rejoindre ses amis qui l'attendaient à la cantine. Il les trouva en train de manger avec des chevaliers bien plus âgés ; la bonne humeur émanait de leur table.
- Et ensuite, qu'est-ce que tu as fait ? demanda un homme châtain, très intéressé par la conversation.
Conrad jeta fièrement ses épaules en arrière.
- J'ai essayé de l'embrasser mais elle m'a giflé, lui expliqua-t-il en souriant. Elle avait déjà un fiancé...
Toute la table se rit de lui, bien qu'il ne le prit pas mal. Link s'attabla avec eux en sachant très bien quel était le centre de la conversation. Gautier tourna la tête vers lui et tendit une bouteille de vin.
- Tu en veux ?
- Non merci, je ne supporte pas l'alcool... refusa poliment Link, mal à l'aise.
Son aîné se servit un verre plein puis le but cul-sec avant de s'essuyer la bouche.
- Alors, tu as pu revoir tes parents ? lui demanda Gautier pour changer de sujet.
Link acquiesça.
- Oui, ils ont assisté à la cérémonie. Ils étaient assis au fond.
- Tu en as de la chance... Les miens sont en voyage depuis une semaine.
Gautier se servit à nouveau de vin pour alléger sa peine. Mais maintenant qu'il était chevalier, il pouvait enfin accomplir ce dont il avait toujours rêvé.
- Dans un mois, je vais aussi voyager, annonça-t-il à son jeune ami qui fut surpris. J'ai demandé l'autorisation à notre supérieur.
- Tu as dû avoir une excellente raison.
Son ainé rit gauchement alors que sa tête devenait peu à peu rouge à cause du vin. Eh bien... L'alcool ne lui réussissait pas non plus.
- Ouais... souffla Gautier avant de tomber en avant.
Sa tête heurta la table et un silence se créa autour de lui. Rapidement, il fut comblé par les rires moqueurs des autres chevaliers. Link, inquiet, secoua son ami pour vérifier qu'il ne s'était pas fait mal mais Conrad l'incita à se rasseoir en le tirant vers le bas.
- Laisse, lui dit-il sur un ton neutre. Au vu de tout ce qu'il a bu avant ton arrivée, il doit être sacrément plombé... Mais dis-moi, Link. Tu dois bien avoir une amie, toi ?
Conrad voulut lui toucher les oreilles pour l'embêter mais le jeune homme, imperturbable, lui tapota la main pour l'éloigner.
- Seulement deux, répondit-il calmement en reportant son attention sur le grand plat devant lui. Une Hylienne et une Zora.
Cela étonna le brun.
- Une Zora ?!
- Oui, la princesse, plus exactement.
Conrad ricana en se frottant la tête.
- Par Hylia, il n'y a pas que Gautier qui est ivre, on dirait ! s'exclama-t-il avant de donner une forte tape dans le dos de Link.
Ce dernier avala de travers et manqua de s'étouffer. Le blond fut pris d'une violente quinte de toux et foudroya son camarade du regard une fois calmé.
- Moi aussi, je suis ami avec notre princesse ! s'écria Conrad avec conviction. Je vais même l'épouser.
- Un peu de calme, petit, lui lança un homme à deux places de lui. Ce n'est pas de simples gars comme nous qui allons pouvoir la fréquenter.
Il but une gorgée de bière avant de poursuivre.
- Chevalier ou non, noble ou non, elle ne connaîtra jamais ton existence. C'est comme ça, termina l'homme en haussant les épaules.
Conrad poussa une plainte frappant la table à plat main mais il répliqua aussitôt que ça ne se passerait pas ainsi. Quand le ciel fut totalement orangé, Link s'éclipsa et alla chercher la Lame Purificatrice. Il suivit les conseils d'Impa et partit s'entraîner à la manier à l'ombre des regards. Elle était plus lourde que son épée habituelle ou même que celle transmise par son père. Et tous les soirs, cela devint son rituel.
oOo
Le temps de l'insouciance ne dura guère longtemps pour les chevaliers. En effet, trois saisons plus tard, le royaume connut la première invasion de monstres, toujours du côté nord. Link fut appelé à combattre avec tous ses semblables ainsi que l'élite de l'armé royale : les gardes royaux. Ne possédant pas de cheval, il dut faire la route à pieds comme les soldats. Seulement, il dissimulait une arme dont personne ne soupçonnait la présence ; Link avait enveloppé le fourreau de la Lame Purificatrice dans un tissu marron et le transportait sur le dos.
Son changement d'arme surprit ses amis mais ils ne dirent rien. Au préalable, Link avait quand même demandé à Impa s'il pouvait utiliser l'épée contre les créatures maléfiques, et elle le lui accorda. Il était temps qu'il fasse ses preuves en tant que héros. Cette confiance que la Sheikah lui portait donna d'autant plus de courage au jeune homme. Il allait enfin se battre et défendre son royaume. Acquérir de l'expérience. Cependant...
Pour la première fois, Link verrait des hommes mourir.
oOo
La princesse Zelda marchait silencieusement en direction de la bibliothèque. Les troupes du roi étaient rentrées une heure plus tôt, ramenant de nombreux blessés et corps sans vie. La bataille fut rude, notamment pour les nouveaux chevaliers sans l'expérience de la guerre. Ils avaient d'ailleurs été les premières victimes, d'après les dires d'Impa. Le visage fermé, la prêtresse royale descendit les marches de la bibliothèque et se dirigea vers l'une des étagères pour y chercher un ouvrage utile à ses recherches. Dans un coin, deux gardes royaux discutaient à voix basse, bien qu'elle les entendit tout de même.
- C'était incroyable, je te dis ! s'enthousiasma l'un d'eux qui tentait de persuader son ami sceptique. Ceux qui l'ont vue racontent la même chose ! La lame brillait parmi les ténèbres !
- Arno, la Lame Purificatrice n'est qu'une légende...
L'autre garde royal lui attrapa les épaules, surexcité.
- Bien sûr que non ! C'est un jeune chevalier qui la maniait avec une dextérité remarquable, lui assura-t-il avant de reculer pour lui laisser son espace personnel. Il se battait comme dix hommes, apparemment ! Il a même sauvé plusieurs preux d'une mort certaine.
- Il doit être sacrément robuste dans ce cas.
Son ami hocha la tête.
- Je ne te le fais pas dire ! Tu te rends compte ? Le roi va certainement demander à le rencontrer. Tu verras que j'ai raison.
- Mais oui, mais oui.
Les deux gardes quittèrent la grande pièce et Zelda les observa s'éloigner, les yeux écarquillés. Le Héros s'était donc manifesté et avait accompli des exploits. Cela voudrait dire qu'elle allait le rencontrer. À deux, ils uniraient leurs forces et triompheraient du Mal. Une bonne entente était donc souhaitable. Un chevalier qui se bat comme dix ? Il devait donc être grand et fort. Zelda se sentirait bien insignifiante à ses côtés... Mais surtout, que penserait-il d'elle ? Serait-il déçu en apprenant que son pouvoir ne s'était toujours pas manifesté ? La princesse cligna plusieurs fois des yeux puis s'empara du livre qu'elle cherchait. Elle aurait tout le loisir de répondre à ces interrogations une autre fois.
Et en effet, le roi ne tarda pas à convoquer Link. Pour l'occasion, il voulut organiser une rencontre officielle entre tous les nobles du royaume ainsi que sa fille. Le Héros allait faire trembler l'ennemi, tant par ses exploits que par ses compétences.
oOo
Escorté par trois gardes royaux, Link traversait un énième couloir avant d'arriver dans le grand hall. L'un de ses avant-bras était pansé et ses cheveux cachaient une blessure légère au niveau de son front. Le jeune homme n'avait pas eu le temps de se changer : il portait toujours son armure et son épée mais avait retiré son casque. Il savait où on le menait. Et cela lui tordait désagréablement le ventre à cause du stress. Link gardait les yeux rivés au sol.
Dans le grand hall, il croisa ses deux amis encore sous le choc d'avoir appris qu'il était le Héros. Jamais... Jamais ils ne l'auraient soupçonné. Personne ne semblait y croire. Quand Conrad et Gautier virent l'élu arriver, ils se précipitèrent vers lui pour poser diverses questions. L'escorte les regarda d'un mauvais œil.
-Link, tu... Pourquoi tu ne nous as rien dit ? lui demanda Gautier, inquiet.
Link baissa la tête et les dépassa en continuant son chemin, suivi par le regard lourd d'incompréhension de ses camarades. Les gardes royaux les renvoyèrent sans ménagement car le temps pressait. Ils avaient pour ordre d'escorter le Héros et d'empêcher tout intrus de s'approcher. Link disparut du hall, laissant derrière lui une lourde ambiance. La vie au château ne serait plus jamais la même... Sa vie ne serait plus jamais la même. Il l'avait su dès qu'il fut en possession de la Lame Purificatrice.
Devant les immenses portes menant à la salle du trône, le jeune homme sentait son cœur battre ardemment dans sa poitrine. Il appréhendait tout ce qui allait se passer. Comment se comporter ? Quelle attitude adopter ? Les portes s'ouvrirent et le bruit qui régnait dans la salle cessa aussitôt. Link inspira profondément puis s'engagea sur le chemin tracé pour lui en direction du centre, sous le regard de tous. Le chevalier put remarquer la présence de la princesse aux côtés de son père, en hauteur. Une fois au milieu de la salle du trône, Link posa modestement un genou à terre, laissant le temps à tous de voir la Lame Purificatrice sanglée dans son dos. Quant à Zelda, sa bouche s'entrouvrit sous la stupéfaction. Elle ne s'attendait pas à voir un garçon de son âge. Il n'avait pas encore seize ans et il avait su se démarquer au combat ? La princesse se remémora le jour où des apprentis étaient venus l'épier à la sortie de son étude. Était-ce donc lui sous sa capuche ? Mais là n'était pas la question. Lui, le Héros, était prêt pour le combat, contrairement à elle.
- Relève-toi, Élu, tonna Rhoam Bosphoramus Hyrule pour se faire entendre par tous. Sois honoré pour ta présence et ta loyauté envers ton peuple.
Lentement, Link se remit debout en affichant une expression imperturbable, il regarda le roi.
- Mes chers sujets, j'ai l'immense joie de vous présenter celui qui, aux côtés de ma fille, scellera le Mal à l'aide de son épée et sauvera le royaume une fois de plus. Nous avons dorénavant tous les atouts nous permettant de triompher. Chaque jour, des créatures maléfiques apparaissent sur mes terres. Mais soyez assurés que nous aurons raison d'elles ! Grâce au Héros, l'espoir se fera plus grand, le moral des chevaliers s'accroîtra.
Tous les officiers hochèrent la tête pour approuver ses paroles, souriant.
- Link, fils du chevalier Karl, je te remets le destin de ce royaume entre les mains.
Le cœur du jeune homme ainsi que ses épaules s'alourdirent brusquement et il pencha la tête en avant, une main sur sa poitrine.
- J'ai entendu parler de ta dextérité lors de ta formation ainsi que de tes exploits sur le champ de bataille, poursuivit l'illustre souverain. Tu aurais même sauvé l'un des mes grands généraux, à ce que l'on m'a dit.
Un long murmure parcourut l'assemblée.
- Pour te remercier et te récompenser, je te nomme capitaine de la garde royale. Porte fièrement ce titre qui n'est accordé qu'aux preux !
Quand le roi eut fini de parler, les applaudissements éclatèrent et résonnèrent dans la salle du trône. Le jeune Héros sentit une puissante force lui compresser la poitrine et l'empêcher de respirer quelques secondes. Tout cela était bien trop soudain... Nombreux furent ceux qui vinrent voir Link, étonnés notamment par son jeune âge. Tous s'imaginaient un homme bien plus grand et avec bien plus de prestance. Lorsque la princesse en personne vint le rencontrer, les nobles furent contraints de s'éloigner, frustrés de ne pas avoir obtenu de réponses à leurs multiples questions.
Habillée de sa robe bleu marine, Zelda fit une révérence en guise de salutation. Il était bien moins imposant qu'elle ne l'imaginait. Mais après tout, cela lui convenait. Ce jeune homme venait d'être nommé capitaine. Elle lui devait un grand respect.
- Enchantée, je suis la princesse Zelda, dit-elle d'une voix neutre.
Pour seule réponse, Link hocha la tête, ce qui la déstabilisa sur le moment.
- Par convention, je me dois de vous vouvoyer en présence d'autres personnes, poursuivit-elle en l'examinant discrètement de la tête aux pieds. Je suis soulagée que la Lame Purificatrice ait trouvé un maître. Dame Impa m'a parfois parlé de vous.
Face au manque de réaction de son interlocuteur, elle crut y déceler une sorte de mépris de sa part. L'absence d'expression sur le visage du chevalier la mit mal à l'aise.
- Soyez rassuré, quatre valeureux combattants des divers peuples viendront vous épauler dans votre combat contre le Fléau, continua Zelda malgré son envie de retourner auprès de son père. Dans quelques mois, je partirai pour le domaine Piaf. Je serai en mesure de vous dire, par lettre, qui sera votre premier compagnon.
Link l'observa silencieusement dans l'attente qu'elle lui en apprenne plus. Après tout, il n'était pas au courant que d'autres personnes feraient partie de la garde rapprochée de la princesse. Face à elle, il peinait à calmer son rythme cardiaque ; jamais il n'aurait pensé la voir d'aussi près, encore moins lui parler en personne. De plus, étant issu d'un rang social bien moindre, Link pensait qu'il n'était pas autorisé à s'adresser à la princesse.
Zelda prit son silence pour une forme de provocation, ce qui ne manqua pas de l'agacer. Elle voyait sur le visage de cet insolent un air suffisant.
- Je vais devoir vous laisser, lui annonça-t-elle avec froideur. Mon père m'attend.
Lorsqu'elle vit Link hocher simplement la tête, la princesse se sentit d'autant plus blessée et tourna les talons avant de rejoindre le roi. Quel étrange garçon, pensa-t-elle en tentant de calmer sa colère naissante. Zelda ne s'attendait pas à rencontrer un tel individu. Mais comment évoluerait la situation quand l'élu de l'épée apprendrait que le pouvoir du sceau n'était toujours pas éveillé ? La princesse eut si honte de sa condition qu'une vive envie de revenir dans sa chambre s'empara d'elle.
À la fin de cette grande réunion, l'uniforme de la garde royale fut remis à Link et on le conduisit dans sa nouvelle chambre, au niveau de l'aile ouest du château. Il n'eut pas même le temps de saluer ses amis, ni même de leur expliquer quoi que ce soit. En vérité, le jeune homme n'aurait très certainement rien dit... La moindre de ses paroles serait aussitôt analysée et décryptée par ceux qui l'entouraient. À la moindre petite erreur de sa part, il pouvait décevoir voire se mettre à dos les nobles de la cour. Ces derniers avaient ricané ou même froncé les sourcils pendant la cérémonie, tout cela parce qu'il n'était pas de la noblesse. Dorénavant, tous attendaient la même chose de lui : sauver le royaume puis disparaître du château.
Un an plus tard
Zelda marchait d'un pas décidé à travers les couloirs de la forteresse. Après avoir longuement discuté avec Impa à propos de sa première rencontre avec l'élu de la Lame Purificatrice, elle décida de lui laisser une nouvelle chance. Après tout, il avait dû être impressionné par la réception, ou même par la présence du roi. Et la princesse ne pouvait pas lui en vouloir pour une telle raison. Cela faisait bien longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus. Elle se renseigna auprès d'un garde pour savoir où se trouvait le Héros. Selon les dires de l'homme, il s'entraînerait dans une cour qui lui avait été réservée du côté nord du château.
Après l'avoir remercié, elle s'empressa de rejoindre Link car elle devait lui expliquer le rôle des Créatures Divines ainsi que celui des prodiges, leurs futurs pilotes. Dans quelques jours, elle partirait à travers le royaume pour recevoir la réponse des valeureux combattants choisis par ses soins. Une dizaine de minutes plus tard, Zelda parvint enfin à la cour en question et trouva l'élu en train de se désaltérer après un entraînement intense.
- Chevalier Link ? l'appela-t-elle puisqu'il était de dos.
Surpris par son arrivée, le chevalier se tourna vers elle, les sourcils haussés par l'étonnement. Mais il réadopta rapidement une expression impassible.
- Enfin, je veux dire Link... souffla Zelda, mal à l'aise.
Décidément, elle ne pouvait pas effacer ce désagréable sentiment depuis leur première rencontre. Link la salua en inclinant la tête. Le fait qu'il ne lui adresse pas la parole la blessa, bien qu'elle ne laissa rien paraître.
- Mon père t'a sûrement averti à propos de mon futur départ, commença-t-elle en se tenant les mains. Dans trois jours, je partirai pour le village Piaf afin de rejoindre un guerrier répondant au nom de Revali. Il devrait piloter la Créature Divine de l'aigle. T'a-t-on déjà expliqué ce qu'étaient ces machines ?
Son lourd silence fut une réponse positive et Zelda inspira profondément avant de lui fournir quelques explications supplémentaires.
- Y a-t-il des points que tu n'aurais pas compris ? lui demanda finalement la dauphine.
Link secoua la tête pour signifier que non. Les doigts entrelacés de la princesse se crispèrent.
- Demain, rejoins-moi en bas de mon étude. Impa a insisté pour que je te montre plus précisément la technologie sheikah. L'année dernière, nous avons découvert une tablette tout à fait remarquable. Il faut que tu soies mis au courant.
Aussitôt, Zelda le quitta et s'empressa de revenir dans sa chambre. Elle trouvait cela déconcertant qu'il ait presque le même âge qu'elle. Comme tout le reste de la cour, elle s'attendait à un homme, quelqu'un de bien plus expérimenté. Mais si la Lame Purificatrice l'avait choisi, il devait être le meilleur épéiste du royaume et de sa génération.
Les jours qui suivirent n'arrangèrent pas la première impression qu'elle s'était construite à propos du jeune homme, son sentiment de malaise persistait quand il se trouvait à ses côtés ou qu'elle lui parlait. Elle avait beau faire de son mieux pour engager la conversation, la princesse n'obtenait que des hochements de tête en guise de réponse. Zelda vit son voyage pour le village Piaf comme un soulagement. Le jour de son départ, elle annonça à Link qu'elle lui enverrait une lettre par oiseau voyageur à chaque fois qu'elle recevrait les réponses des futurs prodiges.
Accompagnée d'une escorte de deux chevaliers ainsi que deux dames de compagnie, Zelda se rendit au village Piaf pour y retrouver Revali, le pilote potentiel de Vah'Medoh. Mais celui-ci était parti à la zone d'entraînement et la princesse laissa au village ses deux suivantes, épuisées par le long chemin parcouru. Avec les deux chevaliers, Zelda partit donc à la recherche de Revali et n'eut grande peine à le trouver. Ce dernier s'exerçait à l'aide des courants ascendants qu'il parvenait à créer. Un don unique au sein de son peuple. Le valeureux guerrier annonça fièrement à la princesse qu'il piloterait la Créature Divine et qu'il représentait un avantage certain pour le combat contre le Fléau. Revali fit alors une démonstration à la princesse qui fut d'autant plus impressionnée par son talent exceptionnel pour le tir à l'arc.
- Ce garçon qui aura l'immense honneur de combattre à mes côtés... commença le Piaf en se posant à côté de la princesse. J'ose espérer pour lui qu'il ne perdra pas ses moyens face à moi. Sinon, il ne faudra pas m'en vouloir.
Revali esquissa un sourire malicieux en contournant la princesse.
- Je ne supporte pas que l'on surestime un guerrier pour l'arme qu'il porte, finit-il avant de s'envoler en saluant la jeune fille.
Soulagée qu'il ait accepté, Zelda soupira et baissa discrètement la tête. Revali était la personne parfaite pour contrôler Vah'Medoh. Elle n'en doutait pas une seconde. Derrière elle, l'un des chevaliers de sa garde accourut et fit le salut militaire afin de pouvoir humblement s'adresser à elle :
- Votre Altesse, désirez-vous que j'aille chercher un faucon pour avertir le Héros ? lui demanda-t-il sans plus tarder.
Zelda l'observa un instant en dissimulant son malaise puis elle tourna les talons.
- Ce n'est pas la peine, décréta la princesse en se dirigeant vers son cheval. Je le ferai plus tard. Nous devons immédiatement nous rendre au village Goron.
- Bien !
oOo
Au château, Link marchait d'un pas assuré en direction de la cantine réservée aux officiers. Comme à son habitude, depuis qu'il avait été nommé capitaine de la garde royale, il s'attabla à une table isolée et attendit calmement qu'une domestique vienne le servir. Tristement, il appréciait ces moments de solitude où il ne pensait qu'à déguster un bon repas, sans se soucier de sa condition d'élu. Alors qu'il savourait un tendre morceau de viande, un de ses semblables le rejoignit et se posta devant lui, l'air décontracté. Il se nommait Ulric et mesurait bien deux têtes de plus que le jeune homme. Il laissait fièrement tomber sur ses épaules sa chevelure brune, témoignage de sa noblesse. Ulric était l'un des capitaines des chevaliers.
- Bonjour Link, dit-il en prenant place devant lui.
Depuis que le porteur de l'épée de légende avait rejoint les officiers, Ulric s'habituait lentement à son inexpressivité et à son étrange silence. Nombreux pensaient que Link était muet.
- Tu as entendu la nouvelle ? Le roi va choisir le chevalier servant de la princesse.
Ulric posa un coude sur la table et se pencha légèrement vers le blond.
- Des rumeurs circulent depuis quelques temps. À ton sujet, ajouta-t-il en guettant la réaction de Link.
Mais ce dernier se contenta seulement de poursuivre son repas, ce qui arracha un sourire à Ulric.
- Ne me fais pas croire que tu n'es pas au courant... Tout le monde est persuadé que ce sera toi. Tu t'es forgé une sacrée réputation depuis les deux dernières batailles ! Ah, crois-moi, tu le mérites bien ton titre de capitaine de la garde.
Le brun tapota la table de son index avant de dessiner des formes sur le bois, l'air pensif.
- Tu sais, c'est un grand honneur de pouvoir servir la fille du roi en personne. Il y a tellement de jeunes chevaliers qui rêveraient d'avoir ce rôle... Cela t'est-il indifférent ?
Link leva les yeux vers lui et parut réfléchir. Son regard finit par dévier sur le côté et ses sourcils se froncèrent légèrement, ce qui surprit tout de même son interlocuteur. Ulric ne parvint pas à déchiffrer son expression même s'il la trouvait étrange.
- Cela fait quatre jours que la princesse n'est plus là, poursuivit le capitaine des chevaliers pour relancer la "discussion". Elle devrait être au domaine Zora, aujourd'hui. Tu as des nouvelles ?
Le Héros secoua légèrement la tête pour lui indiquer qu'il n'avait rien reçu de sa part. Ulric en fut désolé.
- J'imagine qu'elle doit être très occupée... Quoi qu'il en soit, à son retour, le roi nous fera part de son choix.
Le brun se leva sans lâcher Link du regard.
- Si tu venais à être choisi, n'hésite pas à venir me voir, lui dit-il chaleureusement en souriant. Je te conseillerai si tu ne sais pas comment t'y prendre. Ton père a beau être chevalier, il ne t'a jamais appris les codes pour une telle charge.
Le jeune homme le remercia d'un hochement de tête et son camarade repartit vaquer à ses occupations. Link restait soucieux. Protéger la princesse, une tâche si noble dont la moindre erreur pouvait être fatale. Inconsciemment, ses doigts raffermirent leur emprise sur les couverts. L'Hylien avait tant de poids sur les épaules qu'il les sentit s'affaisser une fois de plus. Et il n'avait toujours pas le droit de revoir ses parents pour le moment ; aucun réconfort ne pouvait lui être apporté. Les lettres ne compensaient pas le manque car il n'en recevait aucune, étrangement.
Dans la soirée, Link eut enfin un courrier de la princesse, parvenu grâce à un faucon. Celle-ci, à travers de brèves lignes, lui expliquait que Revali, Daruk et Mipha avaient accepté de devenir pilotes et seraient ainsi nommés Prodiges. Il ne manquait plus que la réponse de la suzeraine gerudo qu'elle aurait d'ici deux jours si le voyage se déroulait sans inconvénient.
En apprenant que son amie d'enfance serait à ses côtés durant le combat contre le Fléau, Link fut à la fois soulagé et inquiet. Après tout, il n'avait pas envie de la perdre. Mipha était l'une des seules personnes capables de le comprendre. La princesse zora avait d'ailleurs joint une lettre avec celle de Zelda. Ce fut certainement la raison pour laquelle la prêtresse royale fut contrainte d'envoyer un oiseau... Dans son mot, Mipha proposait à Link de venir la voir, notamment pour le féliciter en personne pour ses exploits et pour son grade de capitaine.
oOo
Urbosa avait accepté avec grande dignité le rôle de pilote ainsi que celui de prodige, soulageant d'autant plus la jeune princesse hylienne. Zelda la considérait comme une deuxième mère à ses yeux. Elle lui portait une très forte affection depuis son plus jeune âge. L'heure vint pour elle de retourner au château, accompagnée d'Urbosa. En effet, la cérémonie d'intronisation devait avoir lieu le plus tôt possible. L'oracle avait prédit un retour imminent du Fléau... Pourtant, les Créatures Divines devaient encore subir quelques améliorations et de nombreuses interrogations à propos de la technologie sheikah n'avaient pas encore trouvé de réponses, malheureusement.
Sur le chemin en direction de la citadelle, Zelda put longuement discuter avec la rousse et lui ouvrir son cœur, comme toujours. Elle lui parla du détenteur de la Lame Purificatrice, un jeune homme froid qui ne daignait jamais lui adresser la parole, même après un an sans véritable contact.
- Peut-être est-il encore impressionné par votre présence ? supposa la grande Urbosa. N'importe quel homme serait intimidé par la princesse d'Hyrule.
Elle lui adressa un sourire serein mais Zelda afficha un air affecté.
- Si c'était le cas, il se serait déjà montré plus ouvert... Nous nous côtoyons maintenant depuis presque deux semaines.
La blonde regarda l'horizon devant elle.
- Un sentiment de malaise m'oppresse dès que j'ose lui parler, avoua Zelda. Peut-être me fais-je des idées ? Mais j'ai l'impression que quelque chose ne va pas chez lui.
- Laissez-lui un peu de temps, Madame. Après tout, il sera celui qui pourfendra le Mal.
La blonde hocha la tête et son visage s'assombrit en pensant au futur. Son pouvoir devait impérativement s'éveiller. La cour ne cessait de divulguer des rumeurs à ce propos, chacune d'entre elles blessait d'autant plus la prêtresse royale. Urbosa remarqua son trouble et posa chaleureusement une main sur son épaule.
- Allons, Madame. Je suis persuadée que vous parviendrez à utiliser le pouvoir de la déesse, déclara-t-elle avec sincérité. Ne vous découragez pas.
- Merci, Urbosa, souffla Zelda avant de lui offrir un sourire forcé. Je redoublerai d'efforts.
oOo
Le grand jour arriva enfin. La cérémonie d'intronisation. Pour cet événement d'importance, le roi n'avait pas convié les nobles. Seuls les chevaliers, les gardes royaux et un représentant de chaque peuple avaient l'autorisation d'y assister. Conrad et Gautier se tenaient fièrement debout dans les rangs des chevaliers. Ils n'avaient presque pas eu l'occasion de revoir Link depuis sa nomination en tant que capitaine et tous deux étaient excités à l'idée de l'apercevoir dans son ensemble de garde royal. Quelque part, ils éprouvaient la fierté d'avoir été proches de lui. Debout devant le trône, le roi observait l'intégralité de la salle, les bras croisés derrière le dos. Soudain, les trompettes jouèrent l'hymne du royaume et les immenses portes s'ouvrirent pour laisser entrer la princesse, suivie par les cinq prodiges. Quand Conrad et son ami virent Link habillé d'une tunique bleue qui lui donnait une prestance jusqu'alors inconnue, ils furent déstabilisés.
- Pourquoi ne porte-t-il pas son uniforme ? demanda le brun dans un chuchotement.
- Je n'en ai aucune idée...
Link avait laissé son épée dans le coffre de sa chambre, sur ordre du souverain. Il se plaça derrière la princesse qui se tenait au centre de la salle, au milieu de la Triforce gravée au sol. Les autres prodiges se positionnèrent autour puis un lourd silence s'installa dans la salle, tous retenaient leur souffle. C'est alors que le roi s'avança un peu plus et entama son discours :
- Guerriers d'Hyrule ! tonna-t-il avec puissance. En vous présentant ici à l'appel de votre roi, vous acceptez une mission qui met votre vie en péril. Soyez remerciés. Je vous nomme prodiges du royaume ! Portez fièrement ce titre et l'habit qui le représente. L'azur de sa trame est celui de la famille royale d'Hyrule depuis l'aube de son règne. La princesse Zelda a tissé ces vêtements comme elle a tissé le lien qui vous unit. Ma fille ! L'heure est venu de tenir le rôle auquel votre naissance vous destine! Conduisez les prodiges à la bataille, combattez pour Hyrule, et protégez notre royaume du Fléau jusqu'à votre dernier souffle.
L'ambiance se densifia d'autant plus, Gautier et Conrad guettèrent la réaction de leur ancien camarade mais ce dernier n'oscilla pas, se contentant de serrer discrètement les poings. Tous les prodiges finirent par s'agenouiller et la princesse remercia son père en lui assurant qu'il pouvait compter sur eux : le Fléau Ganon ne parviendrait pas à ses fins. Tous les chevaliers levèrent leur épée vers le plafond et poussèrent des exclamations pour soutenir leur future souveraine. Les six vaillants combattants quittèrent ensuite l'immense salle et se dirigèrent sous un kiosque, à l'extérieur, afin d'abaisser la tension palpable.
- Alors c'est toi, Link ? demanda Revali, les ailes croisées, en s'approchant du blond avec un air hautain. Le "Héros" ?
Le jeune homme fronça légèrement les sourcils mais ne dévoila aucune réaction particulière, ce qui fit tiquer le Piaf.
- Tu n'es pas très bavard à ce que je vois, conclut Revali en faisant le tour du blond pour l'examiner sous toutes ses coutures.
À côté, Daruk rit de bon cœur et posa une main sur l'épaule du jeune homme.
- C'est vrai que tu as bien changé depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, p'tit gars ! s'exclama le colossal avec bonne humeur. T'as bien grandi !
Sa dernière remarque fit ricaner Revali, ce qui déplut fortement à Mipha. En observant son ami d'enfance, elle eut envie d'immortaliser ce grand événement puisqu'il marquait un tournant dans leurs vies. Timidement, elle demanda à la princesse s'ils pouvaient faire une photo afin de découvrir cette fonctionnalité de la tablette sheikah. Bien entendu, Zelda accepta avec joie et demanda à Impa si elle voulait bien s'en charger. Il fut décidé de se rendre sur la plaine d'Hyrule, ce qui n'enchanta guère Revali.
Tous se mirent en place ; Zelda ne prêta pas attention à l'élu des déesses placé à côté d'elle. Le malaise qu'elle éprouvait avait effacé tout sourire sur son visage. Quant à Mipha, elle n'osait pas se rapprocher de Link, à la fois par pudeur et par embarras, si bien que Pru'ha, la sœur d'Impa venue pour l'occasion, lui demanda de se décontracter et de se rapprocher du groupe. Elle intima même la princesse de sourire, ce qui fonctionna à merveille.
- Bien, maintenant que tout le monde est rentré dans le cadre, souriez ! les pria la chercheuse en s'apprêtant à prendre la photo.
Link esquissa un très fin sourire tandis que tous les autres prodiges souriaient avec joie, excepté Revali. Daruk choisit ce moment pour prendre tout le monde dans ses bras en signe d'affection. Le cliché fut ainsi immortalisé, Pru'ha ne put s'empêcher de rire aux éclats en analysant la photo. Il n'y avait qu'Urbosa et Daruk qui avaient des poses convenables ; Link avait tâché de ne pas toucher la princesse, par respect pour son rang. Revali avait sans doute était le pus surpris.
- Il est hors de question que l'on garde une telle abomination ! s'indigna-t-il en voulant prendre la tablette. Effacez de suite !
- Non, répliqua la Sheikah en veillant à ce qu'il ne la touche pas.
Une dispute s'engagea entre eux pendant que les autres prodiges les observaient avec plus ou moins d'amusement. C'est alors qu'un chevalier arriva en courant, l'air grave.
- Votre Altesse, Chevalier Link, s'adressa-t-il à eux en reprenant du mieux qu'il put son souffle. Le roi désire vous voir.
Zelda jeta un bref coup d'œil au prodige, soupira faiblement puis se dirigea vers le château, talonnée par Link. Urbosa s'enquit de demander au chevalier la raison de cet appel, ce qui ne manqua pas d'arriver :
- Le roi a choisi le chevalier servant de la princesse, les informa-t-il.
Le cœur de Mipha bondit dans sa poitrine et ses doigts se refermèrent aussitôt sur eux-mêmes en signe de nervosité. De son côté, Daruk se doutait déjà de la réponse.
- L'élu de la Lame Purificatrice aurait été désigné.
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