Chapitre 17
La silhouette s'avança dans la nuit. Discrètement, elle la suivait dans la ruelle. Il y a avait une odeur de rouille dans l'air... ou une odeur de sang, elle n'avait jamais su faire la différence.
La jeune femme poussa la porte et entra dans sa demeure. L'attente fut courte avant que la porte s'ouvre à nouveau sous une impulsion lente mais assurée. Son cœur battait la chamade.
Sa présence et un doux parfum de vanille envahirent la pièce. D'un pas décidé, l'inconnue s'avança vers elle et l'embrassa langoureusement. Ce moment de volupté, qui ne dura que quelques secondes, lui parut une éternité.
Lorsque leurs lèvres se décollèrent, les mains de la femme aux cheveux noirs la firent tourner sur elle-même et la plaquèrent contre le mur le plus proche. L'inconnue se cala contre elle, le souffle tiède de sa respiration dans sa nuque comme prémices charnelles. La chaleur de son ventre et de ses seins contre son dos firent monter en elle une forte envie mélangée à une certaine crainte. Elle n'était pas le capitaine, elle ne menait pas la barque, et cette sensation de lâcher prise l'angoissait encore.
La femme glissa une main le long de sa colonne vertébrale, jusqu'à remonter les épaules et ses deux bras pour les maintenir au dessus de sa tête, plaqués contre le mur, en lui maintenant les poignets d'une seule main. Sa deuxième main se glissa sous son chemisier, frôla d'abord ses côtes avant d'effleurer son ventre. Après quelques caresses, ses doigts chauds s'immiscèrent lentement un peu plus bas, jusqu'à atteindre son entrecuisse. De légers mouvements de va-et-vient, d'abord imperceptibles et puis de plus en plus intenses, lui firent accéder à l'extase.
A bout de souffle, Sandra se dégagea du corps contre le sien et se retourna. Elle eut un brusque mouvement de recul en distinguant les yeux émeraudes de Sydney plongés dans les siens.
***
Sandra se redressa soudainement dans le lit. Le souffle court, le corps trempé de sueur, elle resta quelques instants à se calmer, assise au milieu de cette chambre miteuse.
Sérieux ? Sydney ? Comment mon cerveau peut-il être perturbé à ce point ? se demanda-t-elle intérieurement.
Des éclats de voix brisèrent le silence de la nuit. Suivi d'autres. Une dispute entre un homme et une femme venait d'éclater de l'autre côté de la mince cloison qui séparait leur chambre de celle de leurs voisins. L'homme vociférait des phrases auxquelles la femme répondait tout aussi violemment. Sandra vit Archimède redresser sa grosse tête et tendre l'oreille, alors que sa maîtresse ouvraient les yeux.
— Encore un cauchemar ? lui chuchota la destructrice.
— On peut dire ça... hésita Sandra, surprise que Sydney l'ait remarquée. Tu m'as entendue ?
— Je pense que tout le pallier t'as entendue... J'ai préféré ne pas te réveiller, j'avais trop peur de prendre un coup.
— Non ce n'était pas vraiment un cauchemar en fait, ria nerveusement Sandra, maintenant encore plus gênée qu'il y a quelques instants.
— Tu viens de me dire l'inverse.
— Je sais, c'est parce que je n'ai pas envie d'en parler. T'as entendu quoi ?
Un énorme bruit, comme une détonation, interrompit les deux femmes. Sydney se redressa désormais, ce qui inquiéta encore plus Sandra qui questionna avec une voix tremblotante :
— C'était quoi ça ?
Sydney resta assise, silencieuse. L'homme de l'autre côté du mur lança un "tu l'as bien mérité, salope !" très distinct, ce qui glaça le sang de Sandra. Son corps fut parcouru d'un irrépressible frisson.
Après ce bruit, plus aucune voix féminine ne répondit à l'homme. Sandra implora Sydney des yeux de lui dire quelque chose, n'importe quoi qui puisse briser cette atmosphère écrasante de doute et d'angoisse. Après plusieurs minutes à attendre, Sydney daigna enfin la regarder :
— Prépare-toi, on s'en va.
— Mais, il y a un problème là, non ? lança Sandra, terrifiée.
— Rien qui ne nous concerne.
— Mais, c'était un coup de feu ?! insista Sandra.
— Certainement. Mais si quelqu'un te demande quelque chose, tu n'as rien entendu.
Sandra resta sans voix devant la réaction de Sydney, impassible devant les événements. Sandra ne comprenait pas pourquoi il ne fallait pas intervenir. Est-ce que la femme était morte ? Est-ce qu'elle agonisait derrière la paroi, à quelques mètres d'elles ? Et Sydney, qui les avait sauvés elle et ses amis, leurs avait offert son aide, sans rien en retour, n'était-elle pas en quelque sorte une super héroïne qui se lance à corps perdu devant le danger pour protéger autrui ? De tout évidence non, elle s'était trompée sur son compte.
— Oh et puis merde !
Sandra bondit du lit et se dirigea promptement vers la porte. Sydney s'élança vers elle avec une vitesse inouïe et lui barra la route. Sandra ne s'en formalisa pas et l'évita avec souplesse avant d'attraper la poignée. La destructrice lui attrapa brutalement les poignets qu'elle serra très fort et ramena Sandra vers elle. Ce simple geste perturba la jeune femme qui se remémora son rêve. Son songe se superposa pendant une fraction de seconde à la réalité, et Sandra fut troublée de sentir les doigts de Sydney enserrer ses articulations de la sorte. Elle croisa les yeux émeraudes de la destructrice qui lui ordonnaient de ne pas faire ça. Sandra perdit conscience de tout ce qui l'entourait en se noyant dans les iris smaragdines.
— Lâche-moi... ordonna-t-elle alors qu'elle recouvrait ses esprits et son calme. Tu me fais mal, continua-t-elle devant l'absence de réaction de Sydney.
Cette dernière relâcha sa prise et croisa ses bras sur sa poitrine :
— Je ne peux pas te laisser nous faire tuer.
— Je veux juste faire quelque chose. Pourquoi je devrais rester sans rien faire alors qu'une femme s'est peut-être faite butée dans la chambre d'à côté ?
— Parce que nous aussi on pourrait se faire buter ! Elle est morte, on ne peut plus rien pour elle.
— Comment sais-tu qu'elle est morte ? Et si elle attendait de l'aide ? Je ne vois pas pourquoi tu joues les héroïnes un jour, et ton C-3PO le lendemain !
— On va y aller, et tu vas me suivre sans broncher. Si tu veux rentrer chez toi, et qui plus est en un seul morceau, tu ne t'occupes pas des affaires des gars que tu ne connais pas, dans une ville dont tu ignores tout !
Sydney s'empara de son sac de couchage qu'elle rangea dans son sac. Une fois tout plier, son sabre dans le dos, elle se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit prudemment. Sandra se massa les poignets avant de se décider à la suivre à contre-cœur. Sydney jeta un œil des deux côtés du couloir avant de s'y engager, talonnée par Archimède et Sandra.
Dans l'obscurité du crépuscule et sans un bruit, ils quittèrent la ville en marchant vers les vastes étendues arides, les dunes illunées pour seul repère. Même les chiens qui gardaient les barrières ne remarquèrent pas leur passage.
Le petit groupe disparut, enveloppé par l'abîme infini des ténèbres.
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