Chapitre 14
Peu importe ce qu'elle a fait, je vais la tuer, pensa Sydney.
Alors que les deux gars se précipitaient à l'intérieur du bâtiment pour prévenir leurs comparses, Sydney en profita pour bondir au sol et s'élancer dans les dunes. Elle se dirigea aussi vite que ses jambes lui permettaient vers l'endroit d'où elle venait. Quand elle y arriva, le tout-terrain qu'elle avait laissé peu de temps auparavant n'y était plus. Evidemment.
En regardant en contrebas, elle vit des phares s'allumer et les véhicules démarrer. Telle une dizaine de lucioles dans la nuit, les lumières des ampoules halogènes se propageaient dans les dunes. Au moins deux pick-up et plusieurs quads. Devant l'urgence de la situation, Sydney fit ce qu'elle ne devrait jamais faire sous aucun prétexte : elle sortit une petite lampe torche électrique de sa sacoche et l'alluma par intermittence, signalant ainsi sa position. Elle signalait sa position surtout pour que l'imbécile au volant de son 4x4 revienne, mais elle savait pertinemment que si Sandra ne la voyait pas, les autres eux oui, et qu'elle passerait alors un sale quart d'heure.
Putain, mais elle est où ?!
Soudain, elle entendit un bruit de moteur dans son dos. Le temps de se retourner, le véhicule apparut dans le sable à vive allure. Les phares aveuglèrent Sydney, qui ne sut dire si c'était son véhicule ou un autre, même si elle espérait que ce soit la première option. Le véhicule s'immobilisa à sa hauteur et il s'agissait bien du sien. Elle ouvrit immédiatement la portière du côté conducteur et Sandra reprit sa place sur le siège passager.
— Je t'avais dit de rester ici ! s'énerva Sydney en prenant place derrière le volant et en démarrant.
— Non, tu m'as dit de rester dans la voiture, et oh, incroyable, j'y suis ! Donc j'ai fait exactement ce que tu m'as demandé ! se défendit la passagère.
— Est-ce que tu te fous de moi ? Tu joues sur les mots alors qu'on va peut-être se faire tuer à cause de toi !
Le 4x4 allait si vite dans le sable que Sandra dut s'accrocher à tout ce qu'elle put pour ne pas être éjectée de son siège. Le pauvre Archimède ne s'en sortait pas beaucoup mieux, il campait sur ses quatre pattes au sol derrière les sièges. Sandra remarqua que Sydney avait jeté un œil dans le rétroviseur de l'habitacle, pas pour voir si elles étaient poursuivies, mais pour voir si son chien allait bien.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Sydney, furibonde.
— Deux mecs hyper sympas m'ont abordée. Ils étaient tellement sympas qu'on a pris un verre et j'ai pas vu le temps passé et puis je t'ai complètement oubliée, désolé.
Sydney donna un violent coup de volant qui envoya Sandra dans la portière. D'accord, il y avait une bosse devant elles, mais Sandra pensa que Sydney n'avait pas le sens de l'humour.
Le tout-terrain vieux et rouillé faisait un boucan d'enfer et le châssis grinçait à chaque aspérité du sol. Et des aspérités, il y en avait un paquet. C'était incroyable qu'un si vieux truc puisse maintenir un tel régime, et Sydney n'avait de toute évidence pas l'intention de ralentir et semblait avoir une grande envie de mettre le plus de distance entre elles et ces types.
— En fait, ils avaient sûrement l'intention de me violer ou je ne sais quoi, ils étaient armés, j'étais seule et j'ai fait ce que j'ai pu pour ne pas mourir... Alors peut-être que j'aurais du me laisser faire juste pour que tu sois contente, mais tu me fais beaucoup moins peur que ces types, alors...
Sydney lui lança un regard noir.
— OK, peut-être que tu me fais peur aussi finalement.
Elles avaient enfin quitté les dunes et roulaient désormais à vive allure sur une terre aride. Et c'était pire, le sol dure sollicitait encore plus les amortisseurs du 4x4 qui secouait dans tous les sens. Sandra commençait à ne pas se sentir très bien.
— Ecoute, je ne me sens pas très bien, on ne peut pas ralentir un peu ?
— Tais-toi, lui lança sèchement la destructrice.
— Non, je te promets, je crois que je vais gerber. J'ai le mal des transports... En plus je ne peux même pas regarder la route, pourquoi on roule dans le noir ? J'ai l'oreille interne perturbée.
— Mais oui, bien sûr, allumons tous les feux pour ressembler à un putain de sapin de Noël ! Dans le désert, on se ferait repérer à des kilomètres !
— Arrête la voiture...
Sydney actionna brusquement la pédale du frein. Le véhicule glissa sur quelques mètres avant de s'immobiliser. Sandra se jeta à l'extérieur avant de mettre ses menaces à exécution.
— T'es officiellement la personne devant qui j'ai le plus gerbé... Ça doit être un signe... Du genre faut que je m'éloigne de toi...
Sydney grimpa sur le toit du véhicule et regarda au loin avec ses jumelles :
— Avec plaisir. Après le bordel que tu as foutu je me ferais un plaisir de te mettre dans le premier ascenseur qu'on croisera, peu importe les risques. Dépêche-toi de remonter, ils ne sont sûrement plus très loin.
— Non, je vais pas y arriver, j'ai trop la nausée. Tu conduis comme ma cousine, une vraie acharnée de l'accélérateur. Je sais que ça ne passera pas... Ou alors je conduis ? Je ne suis pas malade quand je conduis, c'est un truc de coordination entre le système vestibulaire et mon déplacement dans l'espace.
— Ton quoi ? Non, ne réponds pas. C'est hors de question que tu conduises !
— Quoi, t'as peur ? lui lança Sandra avec un sourire amusé. Je ne remonte pas dans cette voiture si c'est toi qui conduis.
— T'es vraiment insupportable, je ne comprends pas pourquoi j'ai accepté que tu viennes ! Je survis dans ce monde depuis longtemps, et en un jour toi et tes petits copains m'avez apporté plus d'embrouilles qu'en toute une vie !
Sandra s'était allongée sur le dos, profitant d'un moment de répit de la part de son estomac. Sydney jouait toujours le suricate sur le toit. Les muscles de cette dernière se crispèrent d'un coup.
— Il faut vraiment y aller, maintenant !
Sandra se releva et s'assit sur le siège conducteur avant de mettre le contact, devant l'air désabusé de Sydney.
— Tu n'écoutes donc jamais ?
— Non, répondit Sandra avec un sourire satisfait. Allez, en voiture, on a une course-poursuite à achever ! En plus, tu ne seras pas malade toi.
— Pourquoi tu dis ça ? s'enquit la destructrice en prenant place. Je ne suis pas malade en voiture, mais tu ne peux pas l'avoir deviné...
— Ben c'est par rapport à ton... secret.
— De quoi tu parles ?
Alors que Sandra démarrait, Sydney la dévisageait avec insistance.
— Tu sais, ton truc, bredouilla Sandra. Ta condition. J'ai deviné tu sais, que tu n'étais pas, enfin tu vois, que tu n'es pas... humaine.
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