Chapitre 12
Sydney observait la scène dans ses jumelles. Quatre hommes étaient sortis du petit camion et se dirigeaient vers l'arrière du véhicule. L'un d'entre eux tira sur une chaîne au bout de laquelle apparue une goule, la tête maintenue dans un sac de jute et les mains ligotées dans le dos. La chaîne était reliée à son cou, et la créature était obligée de suivre l'homme à l'autre bout. Le groupe disparut dans le hangar à l'abri des regards.
— Ça, c'est pas du tout normal, dit Sydney. Je dois aller voir de plus près, toi tu restes ici avec Archimède.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Je n'en ai aucune idée, normalement il n'y a jamais personne ici à part les goules. Bon, quoi qu'il arrive, tu ne sors pas de cette voiture, compris ?
— Heu oui... Et quoi, tu vas me laisser toute seule ? Mais pourquoi je ne peux pas venir avec toi ? chuchota Sandra, comme si les gens en bas pouvaient les entendre.
— Je pourrais te donner mille raisons, mais la principale c'est que, avec ton odeur, tu es un vrai hors-d'œuvre sur pattes, qui va attirer toutes les goules des alentours.
— Sympa, dis le carrément que je sens mauvais, s'indigna la jeune femme.
— Oui, tu empestes l'humain, donc tu restes ici ! Fin de la discussion.
La destructrice s'éloigna après avoir pris soin d'emporter sa sacoche et son sabre, bien calé dans son fourreau dans son dos. Sa façon de se déplacer, comme une ombre qui glisse sur les dunes, faisait penser à un chat.
Et elle, elle ne sentait pas l'humain ? Qu'est-ce que Sandra devait comprendre ? L'espace d'un instant, Sandra envisagea qu'elle n'était pas humaine... Un robot androïde comme dans les films ? Après tout, dans Alien, aucun membre d'équipage ne se rend compte que Ash est un androïde. Cela expliquerait qu'elle soit restée dans la salle de bain si longtemps, pour se "recharger", et qu'elle n'ait pas besoin de dormir. Et qu'elle ait stipulé qu'elle n'était pas douée pour les relations humaines. Et puis, des yeux si verts, était-ce humain ? Bon, elle avait une cicatrice, mais cela pouvait être une fausse, ou alors un remodelage du plastique suite à une avarie. De plus, comment un humain aurait-il pu se mouvoir dans un sol aussi mou, tel que du sable, avec une facilité si déconcertante ?
Soudain, un bruit de moteur retentit au loin. Les vrombissements augmentaient en volume, signe que cela se reprochait. Sandra chercha des yeux Sydney, mais elle ne vit rien dans le noir. Elle attrapa les jumelles que la destructrice avait laissées sur son siège, et regarda à nouveau en direction du hangar mais il n'y avait aucune trace de cette dernière. Sandra balaya alors les environs. C'est alors que son sang se glaça.
— Oh putain, on est mal Archimède.
Dans les lentilles Sandra aperçut deux quads se mouvoir dans sa direction. Ils étaient lancer à toute allure et rebondissaient dans le sable comme des Jet-Skis sur les vagues. Le pouls de la jeune femme s'accéléra et elle eut du mal à respirer. Pendant quelques secondes, son cerveau se déconnecta et elle ne pensait plus qu'à ses deux quads qui se rapprochaient à grande vitesse, incapable de réfléchir ou de se mouvoir.
Quand elle recouvra ses esprits, Sandra se glissa sur le siège conducteur et passa ses doigts au niveau du contact. Par chance, Sydney avait laissé les clés. Archimède se redressa et regarda en direction du vacarme. Il émit des grognements rauques et les poils entre ses omoplates se hérissèrent en une crête.
— C'est le moment de montrer que t'es un pitbull mon gros.
Putain, pourquoi je ne suis pas restée en sécurité comme les autres ? Pourquoi je n'écoute jamais rien ? se blâma Sandra.
A l'aide des jumelles, Sandra essaya de voir qui chevauchait les engins. Elle voulait savoir si c'était des goules ou pas.
Pas des goules, par pitié, pas des goules ! Karma de merde, pourquoi le sort s'acharne comme ça sur moi ? Il n'a pas la vie de quelqu'un d'autre à pourrir ?
Plus ils se rapprochaient, plus leur visage devint net, et Sandra retomba lourdement dans le siège conducteur : ils étaient parfaitement humains. Alors qu'ils n'étaient plus qu'à quelques mètres, les deux quads ralentirent jusqu'au niveau du véhicule. Les deux hommes mirent pieds à terre et s'avancèrent tranquillement vers le côté conducteur, alors qu'Archimède se mit à gémir et se cacha derrière les sièges.
— Tu te fous de moi le chien ?
Le premier homme frappa à la vitre pour que Sandra la baisse, ce qu'elle fit.
— Belle soirée, n'est-ce pas ? commença Sandra avec un sourire feint.
— Qu'est-ce que vous faites dans les parages ? interrogea l'homme.
Les deux hommes scrutaient l'obscurité autour d'eux. Est-ce qu'ils étaient inquiets, ou est-ce qu'ils cherchaient à savoir si ils étaient bel et bien seuls ? La nervosité se faisait sentir, et Sandra comprit qu'elle était en mauvaise posture. Archimède l'avait ressentit lui aussi, il était maintenant silencieux et les hommes ne devaient même pas l'avoir remarqué.
— C'est un très bel endroit pour observer les étoiles, sourit Sandra qui brandit les jumelles pour prouver ses dires.
— Les étoiles, hein ? Vous ne devriez pas être là, jolie demoiselle. C'est dangereux dans la région, surtout pour une femme seule.
— Ah bon ? Je n'étais pas au courant. Je vais y aller alors. Merci pour l'info, lança Sandra en voulant mettre le contact.
— Attends un peu, interrompit le deuxième homme en se rapprochant à son tour. On commençait tout juste à faire connaissance. Comment tu t'appelles ?
— Ecoutez, je vais y aller, vraiment...
Le premier homme passa sa tête et ses bras dans l'habitacle, se rapprochant au plus près de la jeune femme. Il sentait la sueur et l'alcool, et son haleine fétide embaumait déjà l'habitacle. Ses traits étaient durs, son visage arborait des cicatrices et la jeune femme remarqua qu'il portait un holster avec un pistolet. Charmant.
— Ça te dit de t'amuser un peu ? lui murmura-t-il. On te laissera repartir après. Tu vois, mon pote et moi, on croise pas souvent des créatures aussi belles que toi dans le coin. Promis, on est pas des bêtes.
L'homme avait échangé son inquiétude par une expression carnassière qui terrorisa la jeune femme. L'adrénaline était à son comble, et le cerveau de Sandra venait de passer en mode survie. Son acuité visuelle augmenta, ainsi que son ouïe. Rien ne lui échappait désormais. C'est à ce moment précis que l'homme tendit rapidement sa main pour saisir son bras et la tirer violemment par la fenêtre. Alors qu'elle se sentait soulevée, Archimède passa sa large tête entre le siège et la carrosserie pour mordre profondément l'agresseur, qui sous l'effet de la surprise, lâcha immédiatement le bras de sa victime. Un cri de douleur s'échappa de la bouche de l'assaillant et celui-ci recula et vociférant des jurons. Sandra en profita pour démarrer le tout-terrain et enfoncer l'accélérateur de toutes ses forces.
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