Bon qu'est-ce qu'il fait l'autre ? Ça fait exactement trois heure... Trois heure et quart que je l'attends en exagérant. Je sais qu'il n'est pas ponctuel mais à ce point ça devient quelque peu casse-pieds. S'il ne se pointe pas dans 5 minutes je l'appelle et s'il ne me répond pas je me pointe chez lui en mode furie. J'en ai ras la casquette !!
4 minutes... Bon... C'est quand tu veux !
3 minutes... Je ne vais pas tenir jusqu'à la fin du décompte moi.
Bon OK, je l'appelle ! Il va m'entendre !
Je prends mon portable et vais dans mes contacts pour choisir la personne qui m'intéresse. Je tape dessus et attend qu'il daigne me répondre. Les 3 sonneries se suivent mais il ne décroche pas. Sans rire ?? Mais qu'est-ce qu'il me fait ? Je retente une nouvelle fois et c'est pareil. Je dois avouer que je commence un peu à m'inquiéter. Ce n'est pas son genre de ne pas répondre.

???: Lya !

Je relève la tête et me rends compte que c'est la personne que j'attendais. Je soupire de soulagement alors qu'il s'approche de moi la mine sévère. Ouh la... Qu'est-ce qu'il lui arrive encore ?

Moi: je commençais à m'inquiéter, tu répondais pas.

Daiki: ouais bah valait mieux que je réponde pas sinon je t'aurais sûrement envoyé bouler.

Moi: euh... Pourquoi ?

Daiki: ramène toi, je t'explique en chemin.

OK... Il continue de marcher sans vraiment m'attendre et je tente tant bien que mal de le rejoindre. Évidemment avec notre différence de taille de jambe je suis quelque peu à la traîne.

Moi: tu veux pas m'attendre un peu ? Et puis on va où ? Je crois pas que ce soit la direction du bowling !

Daiki: rien à faire du bowling, je vais à l'hôpital trouver l'autre enfoiré.

Moi: l'hôpital ? Mais de quoi est-ce que tu parles ?

Il s'arrête soudainement, son énervement de plus en plus présent. Bon je crois qu'il s'est passé quelque chose dont je n'ai pas connaissance apparemment.

Daiki: l'autre a trompé ma mère !

Moi: quoi ? Tu déconnes ?!

Daiki: est-ce que j'ai l'air de déconner ?! Elle vient de rentrer énervée et au bord des larmes ! Je vais le defoncer !

Moi: mais tu es sûr que c'est ça ? Peut-être qu'elle a juste eu une mauvaise journée ?

Daiki: ah ouais ? Et qu'elle dise que j'avais raison et qu'elle n'aurait pas du se mettre en couple, c'était pour quoi à ton avis ?

Il recommence à partir et pour le coup je reste sans voix. Je pensais sérieusement que c'était quelqu'un de bien mais en fait pas du tout. Il nous a mené en bateau du début à la fin. Je reste quelques secondes sans rien dire, regardant juste mon copain marcher seul. Il faut que je trouve un moyen de le convaincre pour qu'il n'intervienne pas. Je sais d'avance que l'autre risque de morfler et je n'ai pas envie de savoir jusqu'au où ça va aller !

Moi: qu'est-ce tu ferais si c'était moi qui te trompais ?

Il s'arrête brusquement et se retourne avec un regard que je ne lui avait encore jamais vu entre la colère, la stupeur et une haine viscérale. Je commence à me dire que j'ai peut-être fait une petit bêtise en partant là-dessus...

Daiki: tu m'as trompé ?

Moi: non et je ne le ferai jamais. Mais imaginons que ce soit le cas. Est-ce que tu aimerais que ta mère intervienne ?

Je m'avance doucement vers lui en le regardant bien droit dans les yeux pour lui montrer à la fois ma sincérité et ma motivation. Je veux qu'il prenne conscience de lui-même, même si ça me fait mal pour Ariyama, que se sont des problèmes d'adultes et qu'ils doivent les régler entre eux.

Daiki: ça n'a strictement rien à voir.

Moi: ça a tout à voir au contraire et c'est même pire dans son cas car c'est son fils qui veut faire quelque chose d'irritationel.

Daiki: donc si je comprends bien il faut que je laisse passer, que je laisse ma mère pleurer ?

Moi: oui.

Daiki: désolé mais il y a pas moyen.

Il recommence à partir mais je le tire sèchement par le poignet. Il se tourne vers moi avec un regard encore plus noir qu'avant.

Daiki: tu commences à me saouler là !

Moi: toi aussi ! Ouvre les yeux Daiki ! Qu'est-ce que tu vas faire ? Lui casser la gueule ? Génial ! Vas-y ! Je ne te retiens pas. Et après ? Qu'est-ce que ça va t'apporter ? Tu crois que ça va apporter du baume au cœur à ta mère ? Tu crois que ça va lui remonter le moral ? Non ! Non ! Loin de là ! Tu veux vraiment qu'elle doive s'inquiéter pour toi ? Tu dis penser à ta mère mais est-ce que tu le fais vraiment actuellement ? Dis-moi !

Je vois son visage se défigurer sous le doute et le dilemme dans lequel il est en ce moment même. Il se retourne, me faisant douter sur ma capacité à communiquer, pour taper dans une poubelle, la faisant tomber par terre. Eh ben ! Ils vont être contents les propriétaires...

Daiki: bordel !

Moi: Crois-moi, moi aussi ça m'embête de ne pouvoir rien faire mais malheureusement c'est comme ça. Si tu veux vraiment te rendre utile, il vaut mieux que tu restes avec ta mère et que tu la soutiennes, histoire qu'elle sache qu'elle n'est pas seule tu vois.

Il acquiesce mais je vois très bien qu'il a besoin de se défouler, d'évacuer toute la haine qu'il a en lui. Mon sourire me gagne de nouveau.

Moi: bon ça te dit d'aller defoncer les quilles de bowling ? Pour le coup, personne ne dira rien.

Il ne dit rien, réfléchissant a ma proposition. J'espère vraiment qu'il va accepter parce que j'ai carrément envie d'y aller. Ça fait des jours que j'attends.

Daiki: ouais.

Moi: bon allez, le bowling nous attend. Je vais te battre à plate couture !

Daiki: même pas en rêve !

Je ris, lui prends la main et nous partons enfin vers notre destination première. Arrivés là-bas, nous payons pour deux parties et nous commençons nos duels.
La première partie est assez serrée finalement. A ma grande surprise j'arrive à enchaîner les points sans que ma boule finisse au fond de la rigole. Un grand exploit !!! Daiki est dans la même lignée que moi, rien d'extraordinaire juste des points basiques ce qui a pour conséquence de l'énerver un peu plus. Heureusement qu'on a pris une deuxième partie. Enfin... Malheureusement pour moi !
La deuxième est en effet très différente de la première. Me concernant, je fais des points mais très peu malgré le fait que ma boule ne va de nouveau pas dans la rigole. Pour Daiki... Ça m'énerve de penser à ça ! Il a tout simplement enchaîné les strikes ce qui lui a donné un score juste... Impressionnant ! Je suis tellement frustrée !

Daiki: bon je t'ai explosée. Comme d'habitude.

Moi: la ferme ! Je suis sûre que tu as triché.

Daiki: et on dit que c'est moi le mauvais perdant.

Moi: je suis juste réaliste.

Il m'offre un sourire un peu dépité mais à la fois complice. Il est vrai que d'habitude c'est plutôt son attitude à lui mais j'ai bien droit de l'être au moins une fois dans ma vie. A moins que ce soit déjà arrivé avant ? Hum... Sûrement oui !
Alors que nous rentrons en direction de nos chez nous tout en discutant la prochaine rentrée des cours et du début des qualifs pour la winter cup, je vois que Daiki est de moins en moins présent avec moi. Son esprit est totalement ailleurs, son sourire commence à se dissiper et son visage se fermer. Je n'ai pas besoin de demander à quoi il pense parce que dans le fond je le sais déjà. Même si on a mis nos vies en pause, en quelque sorte, il va falloir affronter la réalité. Je soupire.

Moi: tu sais que tu ne vas rien pouvoir faire de magique.

Daiki: de quoi tu parles ?

Moi: tu sais très bien de quoi je parle.

Il ne dit rien, son regard fixé droit devant lui. C'est étrange de dire ça mais je crois que j'ai eu un bon effet sur lui. Avant il ne montrait pas ses sentiments et il n'en avait rien à faire de celui des autres ou du moins il ne montrait pas non plus. Aujourd'hui, même si je le connais bien il faut le dire, il est plus simple, libre et n'hésite pas à partager ce qu'il ressent même si ce n'est pas verbalement. Ou alors en râlant et en s'énervant. J'ai bien bossé !

Moi: tu peux aller lui parler si tu veux, lui demander si elle besoin de quelque chose ou être aux petits soins avec elle mais tu ne feras pas de miracle.

Daiki: je sais...

Moi: après il existe un moyen qui je sais lui fera le plus grand de tous les plaisirs.

Je le regarde avec un petit sourire en coin. De son coté, il fronce les sourcils ne sachant pas à quoi je pense. Ne vous inquiétez pas ce n'est rien d'exceptionnel. Enfin pour lui c'est une autre histoire...

Moi: je sais que ce n'est pas forcément très répandu ici mais tu peux toujours la prendre dans tes bras.

Daiki: pardon ?

Moi: oh allez ! Fais pas ton surpris. Tu le fais bien avec moi quand je suis triste. Bah c'est le même principe avec ta mère. Tu la prends dans tes bras, tu lui dis que tu es là ou tu lui dis rien du tout si tu veux et tu laisses faire. C'est une technique validée par moi-même.

Daiki: comme si je pouvais...

Moi: oh arrête de faire ton rabat-joie ! Tu arrives, tu lui dis bonjour et tu la prends dans tes bras. Comme ça en fait !

Est-ce que j'en profite ? Totalement ! Je me tourne vers mon copain et le prends tendrement dans mes bras. Il ne dit rien et m'entoure des siens. Oh que je l'aime !

Moi: tu vois. C'est pas bien compliqué. Tu fais exactement comme ça et tout se passera bien.

Une fois de plus il ne dit rien et je m'aperçois qu'il regarde devant lui, dans le vide. Bon j'ai une autre idée en tête.

Moi: faisons un deal. Tu lui fais un câlin, tu lui dis que tu es là ou tout ce que tu veux pour lui prouver que tu la soutiens dans sa vie et en échange je... Hum... Disons que je te paye les fast-food pendant un mois.

Cette fois son regard se reporte de manière brusque vers le mien. Nan mais sans rire ! Tu vas pas me dire qu'il va accepter ?

Daiki: OK.

Moi: t'es sérieux ? Tu penses vraiment qu'à la bouffe !

Daiki: ouais.

J'arrête notre câlin et soupire de dépit. De son côté, il a l'air d'avoir retrouvé son aplomb. Il me fatigue...

Moi: t'as intérêt à le faire sinon je le fais pas non plus.

Il me tend sa main avec son petit sourire en coin qu'il sait si bien faire et que j'affectionne et que j'execre en même temps. Je soupire de nouveau et serre sa main.

Daiki: marché conclu.

Moi: tu me fatigues...

Daiki: je sais.

Moi: bon allez file ! Sinon j'annule !

Il m'embrasse avec un immense sourire avant de partir sans un mot. Je le regarde s'éloigner. Je suis dépitée mais j'espère sincèrement qu'il va faire ce que je lui ai dit. C'est un des moyens pour qu'il grandisse et murisse un peu plus. Je sais qu'il en est largement capable, j'ai toute confiance en lui.