UNE ENVELOPPE A TRANSMETTRE

Les oiseaux chantent, les fleurs éclosent. Le printemps est là. Cette douce mélodie que le vent soufflait sur les cerisiers de l'avenue. Les pétales se posaient sur le comptoir d'un jeune bijoutier. La clochette sonnait sûrement un nouveau départ. Ce sourire, cette malice dans l'unique œil apparent de ce chat. Son ombre gagna toute la pièce.
Le propriétaire de ces lieux était couché sur le canapé, essayant de se remettre de sa chute. Il avait pris le courage de rouvrir le magasin, sans pour autant prévenir qui que ce soit. Il lui fallait encore du temps.
Ce tintement piqua sa curiosité, il jeta un bref coup d'œil mais ne vit qu'une silhouette qu'il ne souhaitait pas revoir.
"Salutations Arc" dit le chat d'une voix calme.
Le dragon ne répondit pas, se contentant de fixer le plafond.
Le plancher grinça délicatement.
- Ces derniers temps étaient durs pour toi... N'est-ce pas ?
- Tu parles...
Il n'était pas d'humeur à discuter et se demandait ce que faisait le comédien ici. Il se rappela de l'affaire, mais c'était comme si elle avait perdu de l'importance.
- Si c'est pas pour le bijou, tu peux t'en aller.
Akari posa une lettre dans la main de Arc. Une enveloppe rouge, un rouge que quelqu'un portait tout le temps. Le sourire d'Akari resta figé même si la lettre apportée une bonne nouvelle au dragon mais une mauvaise pour lui.
Il la regarda un peu sans surprise, avant de reconnaître ce rouge vivant. Il crut mal comprendre. Il ouvrit l'enveloppe et en sortit la lettre qui lui était adressée.
Akari suivait le dragon des yeux. Sa manière de se déplacer semblait soudainement familière au jeune homme.
Il lut la lettre en murmurant:
« Cher Arc,
Suite à notre rencontre à l'hôpital, j'ai décidé de vous inviter à une fête d'anniversaire surprise afin d'honorer notre amie qui nous tient tous à cœur : Aria !
Elle m'avait tant parlé de vous lors de ma visite, et je pense vous inviter sera pour elle, une des plus belles surprises !
J'espère de tout cœur que vous pourrez venir nous rejoindre !
Hiricko. »
Suite a cette lettre, il ne sût comment réagir. Il était entre le refus et l'espoir, il ne savait pas ce qu'Aria pensait de lui à présent mais n'espérait pas une grande amélioration. Il n'osa même pas demander des nouvelles à propos d'elle à Akari. Pourtant, avoir l'occasion de la voir lui remontait un peu le moral.
Akari n'était pas concentré sur ce que Arc disait mais sur sa manière de se mouvoir. Puis il eut un flash, un souvenir d'enfance. Le comédien sembla vite reprendre ses esprits. Mais il revivait un doux souvenir, d'un passé qui lui manquait tellement. Cette douce lumière du souvenir avait inondé la petite boutique. Akari était totalement perdu dedans... Il prit par la manche la personne qui avait cette fois-ci don de faire Madeleine de Proust au comédien. Ce dernier commença à pleurer "Grand ... !"
La lumière qui entrait redevint normale. Akari reprit véritablement ses esprits cette fois-ci. Il relâcha Arc et murmura :
- Foutu passé ! Lâche-moi une seconde !
Il avait pensé tellement fort cette phrase qu'il n'était pas arrivé à la garder seulement dans sa tête. Voyant le regard hésitant du dragon il dit :
- Aria espère grand...? Grandement ta visite !
Arc se questionnait sur ce qui était arrivé.
- Euh... Je pense pas non. Malheureusement.
Le dragon soupira en repensant à ce qu'avait étrangement fait Akari. Son passé semblait le troubler, comme s'il le hantait.
- Tu pensais à quoi ?
Il se souvenait au passage de la dernière chose qu'Akari avait faite pour lui et remarqua qu'il connaissait peu son ennemi... Comme disait le proverbe "Connais mieux ton ennemi que tes amis", Akari lui avait tendu une ouverture qu'il pourrait regretter.
- Rien ! Rien...
Le garçon avait remarqué qu'il avait fait quelque chose de mal. Il ne savait pas si Arc était une personne de confiance ou non...
Celui-ci n'avait pas envie de le faire dégager tout de suite, et vu qu'il ne savait pas s'il pourra discuter avec les gens qu'il appréciait prochainement, autant essayer avec ceux que l'on aimait pas. Le dragon se dirigea donc derrière son comptoir et fit bouillir de l'eau.
Akari fut surpris. Arc était seul, le pauvre... Le comédien était seul lui aussi, autant qu'il en profite pour mieux connaître Arc. Il se mit au comptoir.
- T'es seul comme ça, tout le temps...?
- ... Ouais. Quand il n'y a personne pour venir négocier.
Il prépara deux cafés qu'il posa sur la table basse un peu plus loin. L'une des tasses avait un sucre et une cuillère à côté. Il s'assit sur le canapé et regarda Akari qui s'était mis en face.
- Aria n'est pas venue te rendre visite ?
Il prit une gorgée de café. Il attendait la réponse d'Arc avec patience.
Le dragon ne voulut pas lui dire ce qu'il s'était passé dans le restaurant, et des deux incidents. Il resta donc muet.
Akari le regarda puis il comprit.
- Quoi ?! le jeune chat semblait choqué.
- ... Quoi?
Arc ne comprit pas tout de suite, mais peut-être qu'Akari avait pu déceler la raison de son silence?
- Aria ne t'a pas rendu visite ?!
Le chat semblait mauvaisement surpris. Il aurait fait un plan pour rien.
- Et Luna ?!
- ... Non plus.
Il soupira encore, sentant qu'il s'était habitué à cette solitude.
Ce soupir, quelqu'un l'avait fait. "Grand ! " Il repris encore une fois ses esprits. C'est la première fois que le passé voulait ressortir ainsi.
Le dragon aperçut bien cette fois ce qu'il se passait. Le chat était figé sur place comme s'il venait de découvrir quelque chose. Il attendit patiemment qu'il se réveille.
- Non rien !
Akari se sentait pris au piège par son enfance et Arc. Il commença à paniquer, il essayait de cacher ça du mieux qu'il le pouvait.
- Tu as souvent des hallucinations comme ça ?
Il préféra rester un peu distant avant de lui poser de vraies questions.
- Non, c'est la première fois que ça m'arrive !
Il prit une gorgée de son café.
- Et c'est par rapport à quoi?
Akari ne pouvait plus se cacher éternellement et décida de faire confiance à Arc.
- Mon grand frère...
Il était honteux d'avouer à quoi il pensait... Il avait toujours caché que son grand frère lui manquait.
- Qu'est ce qu'il y a avec lui ?
Akari resta silencieux. Il évita le regard de Arc. Il fixait son café sans pour autant le boire.
- ... Je suppose que c'est quelqu'un qui te manque.
Il repensait aussi aux siens, il ne les avait pas revu depuis un long moment, mais pourtant il n'avait pas ce sentiment.
- Oui... Il me manque tellement...
Arc eut un bref sourire de satisfaction qui disparût aussitôt.
- Il devait être sympatique.
- Ce qui me fait le plus mal c'est que je ne peux plus lui parler et ce que je ne peux plus le faire depuis mes 7 ans
- Et pourquoi donc?
- Raisons politiques...
- Il y fait quoi ?
- C'est l'Empereur...
Il eut un moment de réflexion.
- ...QUOI?
Akari fut en panique. Il avait dit une information en trop.
Arc observa Akari un bon moment avant de constater un bon nombre de points communs entre ces deux personnages.
- J'aurais pu le voir en plus.
Il mit sa main sur le visage, déçu par lui même.
- Tu sais personne l'a remarqué pendant 10 ans.
Il prit une pause dans son interrogatoire, afin de reprendre ses esprits.
- Et c'est pourquoi tu as pu sortir ces 200'000 pièces d'un seul coup j'imagine...
- Non... C'est juste mon salaire d'acteur que j'utilise peu... Sinon c'est pour ça que je suis sous surveillance des forces de l'ordre...
Il ne comprenait pas. Il avait donc coupé tous les liens qu'il avait avec son frère...
- Et pourquoi toute cette surveillance du coup? Tu détiens des informations dangereuses?
- Personne ne sait que l'empereur a un petit frère, et personne n'aurait du le savoir... Normalement la famille impériale aurait dû avoir qu'un garçon.
Il se préparait à sortir de la boutique.
- Et tu me fais assez confiance pour dire cela à moi. Tu prends des grands risques, tu en as conscience ?
- Oublie tout ça s'il te plaît...
- Tu sais bien que j'ai des amis de la mafia.
- ... J'ai fait une connerie... Mais je pense que mon frère m'a oublié de tout manière...
- ...Mmh.
Le dragon ferma les yeux avant de se laisser tomber sur le canapé.
- Comment va Aria sinon ?
- Elle va bien ! Comme toujours un petit rayon de soleil !
Son visage s'était illuminé mais il devait partir. Il devait voir Luna pour lui donner son invitation !
Le bijoutier fut bizarrement attendri par l'expression d'Akari après la mention de la fille.
- Et où vas-tu maintenant ?
- Maintenant je vais chez Luna, répliqua Akari le visage apaisé.
- Dacc. Ciao alors.
Il ne le regardait plus désormais.