CHAPITRE 1 (Partie 1)
RENCONTRES
Le soleil brillait sur la couverture de neige qui avait recouvert la ville, il venait à peine de se lever, marquant ainsi un nouveau jour avec ses surprises ou sa répétition du quotidien pour certains. Son pelage aussi blanc que la couverture du sol s'avançait d'un pas tranquille dans la rue principale, se mélangeant plus ou moins avec les passants. Le visage froid comme glace, le chat ne semblait pas sympathique au premier abord.
Dans son petit magasin un peu hors des sentiers sécurisés, un jeune dragon bricolait avec des débris de bijoux conçus la veille. Il s'était réveillé il n'y a qu'une heure seulement qu'il commençait déjà à travailler. Il attendait l'arrivée de potentiels nouveaux clients ou vendeurs, n'ayant rien d'autre comme activité au quotidien. Le magasin était rempli de bijoux précieux ainsi que d'objets illégaux –il en avait l'habitude, et heureusement pour lui, il n'avait jamais encore été arrêté ou même identifié–, fondus et forgés par ses soins. Mais pauvre de lui, il n'avait personne à qui parler dans ces journées où il faisait si froid. Il s'attendait donc à une autre de ces longues et ennuyeuses journées.
L'albinos remarqua alors cette boutique dans une sombre ruelle. La curiosité lui donna la force d'ouvrir la porte vers un monde inconnu. La clochette marquant l'entrée d'une personne dans la bijouterie retentit, un client va venir ?Étonné d'entendre ce tintement, il jeta un coup d'oeil à l'entrée, vérifiant ainsi si ce n'était pas une simple hallucination. Il y avait bien quelqu'un. "Bonjour... Vous désirez quelque chose en particulier ou c'est pour jeter un oeil à la boutique?" Il s'empressa lentement de se mettre de l'autre côté du comptoir, en prenant soin d'accueillir sa seule cliente, laissant ainsi sa création sur l'établi, juste un peu plus loin. Le chat blanc n'osa pas répondre tout de suite de peur de paraître malpolie, puis elle dit d'une petite voix : "Bonjour... Je voulais juste regarder..." Elle savait qu'elle ne pouvait pas payer un seul des bijoux présentés mais c'était un tel plaisir de les regarder, elle en aurait bien voulu un! Il la regarda patiemment pendant un moment mais comprit assez vite en lisant dans son regard qu'elle ne pourrait rien s'offrir.
"Besoin d'aide?" La fillette avait compris que le vendeur de sentier était sûrement mal à l'aise car il avait vu qu'elle ne pouvait rien s'acquérir ! La tête baissée, elle répéta : "je voulais juste regarder..."
- Oh c'est pas grave, dit-il en lui souriant, il n'y a personne qui passe quand il neige en général. Il l'observa encore un moment avant de reprendre.
- Puis-je vous proposer quelque chose à boire ... et discuter un peu si ça ne vous dérange pas?
La jeune informaticienne surprise par la demande, ne sachant pas où se placer. Elle prit quelques secondes avant d'accepter l'offre avec un léger sourire ! Il apporta une chaise et la posa en face du comptoir, "Café, thé, chocolat?" Il avait l'habitude d'inviter les clientes qui venaient pour acheter les bijoux, c'était devenu facile de s'occuper d'elles pour lui. " Un café vanille!" cette réponse était spontanée ! Elle ne pouvait pas hésiter sur ce genre de question, elle connaissait parfaitement ses goûts en termes culinaires. Il lui apporta cela avec les viennoiseries qu'il lui restait puis s'assit en face d'elle avec un café noir.
"Alors... Quel est votre nom?" Il était presque impatient de faire sa connaissance, il sentait une étrange aura émaner d'elle, et le fait de l'avoir rencontrée aujourd'hui avait l'air de ne pouvoir que lui amener du bon.
La chatonne prit une gorgée, puis regarde le dragon d'un regard innocent mais étonné. "Je m'appelle Aria. Aria Asimov. Et vous ?
-Arc Desescard. C'était autrefois une grande famille à l'époque et à ce que je sais... Mais bon, je ne sais pas où elle peut bien être." Il but aussi un peu. Vous faites quoi dans la vie sinon..?
-Je suis informaticienne de fortune... Rien de si intéressant que ça ! En plus d'être mal payée... La vie n'est pas facile quand on est une immigrée provenant de Bellum. La plupart des personnes croient que nous sommes des terroristes ou des voleurs de pain...
-Bellum? Intéressant. C'était bien la vie là-bas?
-C'était un cauchemar! " la cicatrice sous son oeil droit lui faisait mal à chaque fois qu'elle pensait à ce pays ne serait-ce qu'une seconde! Une guerre civile, le génocide de certaines communautés, les cris, les pleurs, les cadavres ! Elle reprit son souffle et elle allait cauchemarder sur place.
-La guerre civile n'est ce pas? Il jeta un oeil à la porte au cas où avant de continuer: On a eu peu d'informations à propos de ça malheureusement. Tous ceux qui ont réussi à passer la frontière étaient immédiatement attaqués à ce qui paraît.
-Venir ici était certes une bataille ! Mais pas la plus horrible de notre vie... Quand on sait le goût que a un bébé ou un très jeune enfant... On se dit qu'on a rien à perdre... La guerre peut faire des choses horribles dans notre nature sociale. J'ai failli faire partie de ces personnes qui ne voyaient que de la nourriture à travers de ce qui est en fait notre avenir... Heureusement que cet homme est venu, coupant son bras pour me donner à manger... "
Elle revivait le moment à chaque mot, elle se retenait de pleurer. Il la regardait avec énormément d'attention, cet enfer qu'elle décrivait était étrangement mystérieux pour lui. Un peu de misère l'avait certes touché, mais il avait toujours vécu dans la tranquillité. Il vit vite que son regard s'assombrissait quand elle contait ces affreux moments et la laissa donc un peu tranquille pour un moment. Il se leva et marcha un peu à travers la petite boutique, avant de prendre l'un des bijoux qu'elle avait admiré quelques minutes auparavant. Il se résigna un peu, il savait bien qu'ils ne se connaissaient encore qu'à peine. Aria relève sa tête: "Et vous, vous trouvez que vous êtes bien ici?
-Je m'ennuie de temps en temps mais c'est supportable. Je n'ai pas vraiment d'autre choix que de tenir ce magasin." Il rêvait parfois de partir et rencontrer d'autres bricoleurs ou juste un grand inventeur mais c'était hors de sa portée.
Un homme qui s'ennuie est un homme qui ne se donne aucune liberté d'agir sur sa vie. Il ne voit pas qu'on a toujours le choix même si les conséquences nous requestionnent sur l'action menée. Aria se demandait pourquoi le marchand n'avait pas d'autre choix d'après lui, mais de peur de paraître insolente, ne posa pas la question et décida quand même de continuer la discussion. "Sinon ça vous prend combien de temps pour faire de tels bijoux ?
- Ça dépend... Ça peut me prendre quelques heures jusqu'à des jours entiers.. Le métal, les pierres utilisées, la difficulté à les manipuler et les travailler, le temps de les polir..." La passion qui le ravivait était tout ce qu'il aimait le plus; créer, manipuler, ne plus voir le temps passer, mais malheureusement, cela pouvait faire un grand parallèle avec une routine, le fait de devoir recommencer à faire la même chose chaque jour le fatiguait parfois. Il soupira en finissant sa tasse de café. "Heureusement que ça gagne bien, même si ça en a pas l'air..." Il posa enfin le bijou qu'il avait dans la main sur le comptoir.
Aria jeta un faible coup d'oeil sur le bijou, elle remarque que c'était un qui l'attirait. Un bracelet avec trois saphirs, assez épuré et discret. Elle se leva aussitôt et chercha une excuse pour qu'Arc ne lui donne pas le bijou car elle ne le méritait pas.
Arc regarda Aria se lever. "Qu'est ce qu'il y a?" Il ricana gentiment avant de constater que la clochette avait encore vibré, signifiant l'entrée d'une personne. Une jeune femme était entrée.
Il la regarda un moment avant de la saluer: "Bienvenue dans ma boutique..! Dites moi si quelque chose vous intéresse." et son regard retomba sur la féline blanche. "Eh bien... y'a plus de monde que prévu aujourd'hui."
- Je dois partir ! J'ai un rendez-vous. Le chat stressait, son excuse était bateau mais elle savait qu'elle ne méritait pas le bijou que le vendeur semblait prêt à lui donner. Il se dépêcha de la retenir par le poignet. "Je sais bien qu'il y a un problème." Il regarda le bijou sur le côté puis la prit avec son autre main pour la mettre dans celle de informaticienne. "Soyons amis toi et moi."
La demoiselle entendit cette conversation et elle ne put s'empêcher de lancer quelques regards au vendeur et a son "autre cliente".
- Je ne peux pas accepter un tel bijou! On ne se connaît à peine... Je reviendrai vous voir, je vous le promets mais gardez-le, s'il vous plaît... " Aria remit le bijou dans les mains de Arc et s'enfuit à toute allure dans le dédale que les rues de la ville formait. Arc et la louve pouvaient à présent discuter tranquillement.
Le dragon soupira puis regarda la cliente encore présente. Il était un peu gêné de constater qu'elle avait assisté à cette conversation. "Excusez-moi pour ça."
- Aucun problème... Elle continua de regarder les bijoux avec de grands yeux brillants...
Arc s'en voulait un peu d'avoir fait fuir sa nouvelle amie et n'était donc plus trop d'humeur à discuter. Il se rassit donc à son établi, mit ses lunettes et ses gants puis continua ce qu'il avait en cours.
"Il a l'air triste ... Je me demande si je peux faire quelque chose ..." se dit la nouvelle venue... Elle s'approcha du comptoir avec un air assez triste et heureux à la fois.
En la voyant devant le comptoir, le dragon arrêta son travail et revint de l'autre côté. "Alors..?"
La jeune femme posa un collier en argent sur le comptoir et elle fit un beau sourire "C'est combien monsieur ..?"
- Ça vous fera...
Il regarda plus attentivement le collier qui s'avérait être une de ses belles pièces.
- Ça vous fera 400 pièces.."
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