Chapitre 3
Frustration
Rage
Contrariété
Rire
Dégoût
Vieillesse
Le point commun ?
Ça donne des rides
Ne m'en veuillez pas d'être d'humeur morose, la petite peste de la classe a réussi son trait d'eye-liner pour la première fois et mes amies ont été capturées...
Rien ne va plus.
Surtout que je me suis mise à dévisager tout le monde pensant qu'il s'agit peut-être d'immortels frustrés du sexe déguisés.
Comment pouvais-je les différencier...
Peut-être qu'en me levant et en criant à qui veut l'entendre que je suis Vénus...
Ah non ça je l'ai déjà fait...
Oh désespoir.
— Monsieur Antoine, ce texte ne va pas se lire tout seul. retentit une voix.
Je lève les yeux de ma feuille croisant le regard de madame Sonhan. Encore une à qui il fallait donner des leçons de mode.
Petite et trapue, constamment habillée d'une jupe brune et d'une blouse jaune terne, elle ne quittait jamais sa veste de fin velours brun et son sac en peau de serpent. Son visage, bouffi, était encerclé par une petite paire de lunettes. Quand je m'ennuie, je compte le nombre de double mentons qu'elle se fait en regardant les gens d'au-dessus ses lunettes.
Pour le moment le record était de 4.
— Alors ?
— Hem oui, excusez-moi.
Je pose à nouveau le regard sur ma feuille cherchant le texte en question. Lorsque je l'ai trouvé, je lis le titre à voix haute :
— Ariane : au fil de sa chute...
Bah voilà qui ne va pas améliorer mon état...
— Ariane est une figure antique blessée par l'amour... repris-je.
J'espère que c'est une blague...
— Ariane, poursuivé-je, tombée amoureuse de Thésée, le prince de Thèbes, voulait absolument l'aider à sortir du labyrinthe dans lequel il était emprisonné par Minos, le roi de Crête et père de celle-ci. Elle lui donna alors un fil qui lui permis de retrouver son chemin en lui faisant promettre de l'emmener et de l'épouser ensuite. Lorsque le Minotaure, le monstre qui habitait ce labyrinthe fut tué, Thésée put sans peine quitter le labyrinthe grâce au fil. Il emmena donc comme promis Ariane à bord du bateau qui retournait à Thèbes. Mais soudain, sur le chemin du retour, il reçut une vision de Vénus, lui ordonnant d'abandonner Ariane sur une île. Eh mais c'est totalement faux ça ! m'offusqué-je.
Non mais franchement, d'où on me fait porter le chapeau ?!
— Je vous demande pardon ? demande madame Sonhan en me lançant un regard noir par dessus ses lunettes.
— Ce texte est totalement faux ! La vérité est que Thésée était un bad boy, il était pas du genre à s'engager, il voulait que du cul, sauf qu'Ariane n'était pas de cet avis, alors il l'a larguée et abandonnée ! J'ai rien à voir là dedans moi !
Les élèves étouffèrent des rires tandis que la professeure se leva de son bureau, le visage déformé par la colère.
— Cela vous amuse-t-il d'être le centre de l'attention ?
— Oh mais je n'ai jamais demandé à l'être ! rétorqué-je.
— Ça suffit !
Ses yeux lançaient des éclairs. Elle serrait la mâchoire, comme réfléchissant à un châtiment adapté à la situation. Les deux choix devaient sûrement être l'écartement ou l'immolation...
Perso j'ai jamais été fan du feu... Et j'aime terriblement avoir des bras et des jambes...
— Dehors ! lance-t-elle simplement.
Son œil tremblait sous la colère, ou alors elle avait un problème de tension...
Je range mes affaires et sors en silence de la classe.
— Bonne journée ! je lance tout sourire.
Oui bon « en silence » tout est relatif...
— DEHORS ! hurle-t-elle.
Bon je sais exactement ce que vous vous dites à ce moment précis !
« Oh sublime et vénérable Vénus, toi qui est si intelligente, tu dois bien t'être demandé si cette vieille mégère n'était pas une divinité déçue par l'amour. »
Bah figurez-vous que j'y ai pensé !
Puis j'y ai plus pensé...
Puis je me suis rappelé !
Et j'ai oublié...
De toute façon, ça m'étonnerait, aucune divinité ne voudrait ressembler à ça. Quoique... J'entends encore Athéna me dire : « Le vraie beauté est à l'intérieur. » Que du bla-bla, la vérité c'est qu'elle a jamais réussi à accorder son fard à paupières et ses chaussures.
Je me dirigeai donc vers l'étude prête à affronter la terrible madame Netanon. Vous voyez cerbère ? Vous voyez l'hydre de Lerne ? Eh bah dites vous que cette femme est la réincarnation de ces deux créatures, et ce avec une seule tête... Brrrr, elle me donne ses frissons.
Je frappe à la porte de l'étude et entre.
Tout de suite sa voix si mélodieuse, rappelant les cris d'un corbeau en train de mourir, se fait entendre.
— C'est à cette heure si que vous arrivez ?!
— En fait j'ai été renvoyé du cours.
— Premier banc ! envoie-t-elle par habitude.
Je m'installe donc et attend la fin de l'heure. J'en profite pour faire le point sur ce que je savais.
Il faut que je fasse la liste des gens que j'ai déçu ou brisé le cœur, peut-être que je trouverai celui ou celle qui a enlevé mes amies... Voyons voir, il y avait Ariane forcément, cette femme crédule qui a épouse Dionysos, fan de sa niaiserie, Médée ou comme j'aime à l'appeler, la découpe-minute. Non mais j'aimerais vous rappeler qu'elle n'a pas hésité une seconde à découper son frère et à balancer les morceaux à la mer pour fuir son père ! Alors en plus d'avoir inventé les puzzles, elle s'est ensuite suicidée avec ses enfants, après avoir tué d'autres gens. Une vraie dingue.
Voyons voir, qui d'autre ? Bah globalement les trois-quarts des dieux... Sauf Athéna, trop prude pour fomenter une quelconque vengeance.
Du coup il y avait également la moitié des mortels...
Bref de quoi faire une autre liste de Schindler. Comment ça il s'agit d'un jeu de mot de mauvais goût ? Rhooo vous les mortels vous êtes trop sensibles...
La fin de l'heure sonne. Je range... ah non j'avais même pas sorti mes affaires. Donc je me lève de ma chaise et me dirige vers la porte.
— Monsieur Dutillieux, votre journal de classe. ordonna Cerbydre.
Je m'arrête, soupire et me dirige vers le bureau pour sortir de mon sac, mon journal de classe.
Je lui tends mais au lieu de le saisir. Elle reste immobile, en me fixant.
— Hem hem... fais-je pour attirer son attention.
Elle réagit et tend la main pour le prendre sauf qu'à la place, elle saisit mon bras. Et avant que j'ai pu dire « Vénus est la plus belle », elle me tire en me faisant passer au dessus du bureau violemment.
Évidemment cette fois, aucun buisson pour me réceptionner...
— Aïe ! Mais vous êtes totalement folle !
Elle me regarde avec un sourire carnassier comme j'en avais rarement vu.
Évidemment, n'étant pas née de la dernière pluie, je compris qu'il ne s'agissait pas d'une fan cette fois-ci.
— Vénus, comme on se retrouve. lance-t-elle.
— Oui, à qui ai-je le déplaisir de m'adresser ? demandé-je en me redressant terriblement, maudissant ces lombaires humains.
— Voyons, je pensais que tu me reconnaîtrais... Tu ne vois vraiment pas ? dit-elle avec un rictus mauvais.
Attendez, la seule personne qui m'a déjà jetée comme ça c'était...
— Maman ?!
Son sourire fond et elle arbore une mine dégoûtée.
— Quoi ?! Bien sûr que non ! C'est moi, Psyché.
Ah mince... J'aurais préféré qu'il s'agisse de ma mère...
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