XXXIV - La Guerre du Feu
Ne pas aimer son enfant, le renier ou lui en vouloir pour un malheur passé une trentaine d'années auparavant est une chose. Déclarer la guerre en est une autre.
Quel autre choix avait Natanaël ? Sa femme violée, enceinte, des oeufs de Dragon qui, malheureusement pour eux, créaient un désastre depuis leur existence, et un père incontrôlable obsédé par le pouvoir absolu... Il était difficile pour lui de voir une autre option que de se battre.
Le pacte scellé quatorze ans plus tôt perdait tout son sens, et cela, il l'avait pressenti, âgé seulement de dix sept ans. Il avait senti que quelque chose se passerait mal. Il l'avait dit, les Hommes ne sont point dignes des Dragons, ces créatures trop pures pour être bafouées de la sorte.
— Puis-je compter sur vous ?
Natanaël se trouvait à Valmont, là où régnait sa dulcinée et dans la salle du Conseil, trois autres dragonniers étaient présents, en plus de Gorgia. Demos gardait ses bras croisés, les sourcils haussés à l'entente de cette histoire, Lena paraissait perplexe et Marcus se rongeait un ongle.
— Tu es en train de nous demander de déclarer la guerre à Lauan, ton père ? s'enquit Demos cet air toujours interloqué sur le visage.
Avec toutes ces années, il avait plutôt vieilli. Heureusement, les dragonniers vivaient plus longtemps, afin de régner auprès des dragons le plus longtemps possible. Ces créatures ne souhaitaient pas se séparer d'eux.
— Oui, affirma Natanaël.
— Mais... avec les Dragons, cela risque d'être le chaos, intervint Marcus.
— C'est pour cela qu'il faut le faire uniquement dans Les Landes, rétorqua Natanaël. C'est une Terre vaste, les villes sont éparpillées, il y a moins de risque pour que des innocents périssent. Il faut attaquer vite, avant qu'il ne prépare quelque chose contre nous.
— Non, contre toi, renchérit Lena. J'ai l'impression que cela vous concerne tous les deux, pas nous.
— Tu ne connais pas mon père comme je le connais. Il a beau vous faire croire que vous êtes ses amis, ses frères et soeurs, vous n'êtes rien s'il n'obtient pas ce qu'il veut. Il a fait du mal à Gorgia, s'il l'attaque elle, il m'attaque moi. Il veut Thearsis, et il fera tout pour s'en emparer.
— On ne peut pas voler le Dragon d'un dragonnier, s'opposa Demos.
— Tu n'en sais rien, je peux voler sur le dos de Thearsis, Gorgia peut voler sur Jade. Nous sommes des Dragonniers, peut-être que chacun des Dragons nous fait confiance maintenant.
Natanaël marqua une pause puis posa ses mains à plat sur la table en bois sculpté. La pièce était relativement vide, une grande table, des chaises, une fenêtre en bout pour éclairer la pièce et un lustre où les bougies se consumaient à l'intérieur. Les murs n'étaient guère décorés, quelques fleurs ici et là, rien de transcendant. C'était une salle que Gorgia n'utilisait que peu, puisqu'avant cela, ils n'avaient nul besoin de se réunir de la sorte.
— J'ai besoin de vous, reprit Natanaël d'un air grave. J'ai besoin que vous me fassiez confiance. Je sais que vous retourner contre lui vous semble une mauvaise idée, mais c'est soit lui, soit nous.
— Qu'allons-nous faire de son Dragon ? demanda Lena, inquiète.
— Nous ne lui ferons aucun mal évidemment, la rassura Natanaël.
— Oui mais... son Dragon le protègera, il portera l'Armure, mis à part lui trancher la gorge, je ne vois pas comment l'atteindre de loin...
— L'Armure peut être brisée par le feu, intervint Gorgia en retrait.
Les regards se braquèrent sur elle, elle qui se sentait honteuse maintenant que ses amis savaient ce qui lui était arrivé et les secrets qu'elle avait omis de leur partager.
— Très bien, reprit Lena.
Elle posa sa main sur celle de Natanaël toujours appuyée sur la table et jeta un regard à chacun de ses camarades.
— Je me battrai avec toi Natanaël.
Gorgia posa sa main sur la sienne.
— Moi aussi, souffla-t-elle.
— Je suis avec vous, soupira Marcus.
L'attention se porta sur Demos qui semblait encore hésiter. Il avait toujours été distant, préférant éviter les conflits et surtout, il avait toujours eu du mal à faire confiance aux autres, même s'ils se connaissaient depuis des années et qu'ils avaient évolué ensemble.
— J'en suis, grommela-t-il en posant sa main sur les leurs.
Avec ce pacte, la Guerre du Feu était scellée. Les Dragonniers savaient ce qui les attendait, ils savaient que cela créerait beaucoup de dégâts mais comme Natanaël l'avait dit, c'était soit Lauan, soit les Cinq Dragonniers restants.
Ils portèrent chacun leur Armure, à la couleur des écailles de leur Dragon. Natanaël regarda ses mains couvertes par des gantelets, puis ses bras, l'Armure n'était pas verte mais dorée. Il se tourna vers sa femme qui s'avançait déjà vers son Dragon.
— Qu'est-ce que tu as fait ? gronda-t-il.
Elle caressa le nez de Thearsis et jeta un regard à son époux. Ils se trouvaient dans une grande clairière, en plein été, les fleurs étaient colorées, les insectes grouillaient, l'herbe légèrement haute caressait leurs chevilles, les Montagnes étaient visibles de loin.
— Mon Dragon risque moins que le tiens.
— Et alors ? Comment puis-je porter ton Armure et toi la mienne ?
En effet, Gorgia portait celle de Natanaël, une Armure verte, mettant en valeur son teint, faisant ressortir ses yeux émeraudes encore plus.
— Tu le sais très bien, Thearsis te fait autant confiance qu'elle me fait confiance et je n'ai eu qu'à lui demander pour que cela fonctionne. Jade n'a eu aucune réticence non plus.
— Et m'en parler ne t'es pas venu à l'esprit ?
Il s'arrêta devant elle, les sourcils froncés, mécontent.
— De toute façon, nous ne pouvons pas revenir en arrière.
Elle passa sa main dans ses cheveux de jais puis la laissa glisser sur sa joue.
— Tu es beau, mon époux, le doré te va très bien.
Elle déposa un baiser sur ses lèvres et lui sourit.
— Le dernier arrivé dans Les Landes est un Dragon sans ailes !
Elle grimpa sur le dos de son Dragon, s'installa sur la selle et lui donna une caresse, tout en lui demandant, comme un murmure, de prendre son envol. Thearsis se redressa, battit des ailes et pris son envole sous les yeux de Natanaël. Il s'empressa de grimper sur Jade et de s'envoler à son tour. À travers les nuages, les deux tourtereaux volaient à haute altitude, dans un silence apaisant, là où le vent était frais, par cette chaleur d'été, là où tous les problèmes semblaient s'envoler.
Jade fondit vers l'Océan, la tête à l'envers, Natanaël s'accrochait à la selle, le sourire aux lèvres. Son Dragon se redressa brusquement, comme celui de Gorgia, non loin de lui et laissèrent leurs pattes griffues traîner dans l'eau. Des oiseaux volaient à ras de l'océan tout autour d'eux.
Gorgia étendit ses bras de part et d'autre de son corps, pendant que son animal planait. Elle ferma les yeux, inspira profondément. C'était celui-ci, le sentiment d'être en vie.
— JE T'AIME NATANAËL ! hurla-t-elle.
Ce qui fit rigoler Natanaël. Ils reprirent de la hauteur, les Dragons adoraient voler, parcourir des kilomètres et des kilomètres. Pour rejoindre Les Landes, il fallait compter près d'un mois à cheval et seulement quelques heures en volant sur le dos d'un Dragon.
Ils rejoignirent Demos, Lena et Marcus, chacun sur le dos de leur Dragon respectif. Lena possédait un Dragon blanc, capable de geler ses ennemis, plutôt que de cracher du feu, son Dragon était légèrement plus petit que les autres mais tout aussi menaçant. Demos volait sur un Dragon noir, une espèce plus discrète, observatrice, mais lorsqu'un Dragon noir est en colère, le ciel devient sombre, l'orage gronde et les éclairs s'abattent sur ses victimes. Marcus possédait un Dragon rouge, une bête féroce qui carbonisait ses victimes avant de les dévorer.
Au loin, ils pouvaient apercevoir Les Landes, ainsi que des lumières. Il était certain que Lauan les attendait. Cependant, il est difficile d'abattre un Dragon, pour Natanaël, il était impossible que son père ait trouvé une solution de les mettre hors d'état de nuire facilement.
— Archers ! Tirez vos flèches, ne vous arrêtez que lorsque vous êtes morts ! ordonna Lauan, au sol avec ses hérétiques.
Des flèches volèrent dans les airs, certaines passèrent à côté des Dragons, d'autres se logèrent entre leurs écailles et ricochèrent sur les Armures que portaient les Dragonniers. Lena était archer, alors, assise sur la selle de son Dragon, elle tendit son arc et décocha trois flèches en même temps. Son Dragon cracha de la glace dessus pour les alourdir alors qu'elles retombaient vers ses ennemis, et lorsqu'elles touchèrent le sol, des piques de glace en sortirent et transpercèrent plusieurs des hérétiques sur place.
Elle recommença cela trois fois, en même temps qu'ils tentaient d'éviter les flèches qu'on leur tirait dessus.
— Très bien, armez le Destructeur ! ordonna Lauan. On verra si ça les amuse toujours.
L'arme ressemblait à une catapulte de deux mètres de haut, en actionnant le mécanisme, une lance de plusieurs kilos était envoyée dans les airs, avec son poids et la puissance du lancer, la lance était censée détruire n'importe quelle écaille de n'importe quel Dragon.
La lance siffla dans les airs, comme si le temps s'arrêtait sur son passage et elle heurta Jade de plein fouet, s'enfonçant profondément dans sa gorge. Le Dragon poussa une plainte déformée par le sang qui s'échappait en abondance de sa blessure. Il perdit de la hauteur, bouscula Thearsis qui tourna sur elle-même, Gorgia tenta de se tenir à la selle tant bien que mal.
Jade s'écrasa de tout son flanc dans l'herbe verdoyante, alors que le soleil se couchait lentement, à l'horizon. Natanaël roula sur le sol, grâce à l'Armure, ses organes restèrent intacts mais la brutalité de sa chute fut violente et douloureuse. Un lourd fracas retentit lorsque Thearsis s'affala sur le sol à son tour. La bête roula dans l'herbe, laissant une traînée de son corps, tordant ses ailes.
Les trois autres dragonniers déclarèrent la guerre, le Dragon de Demos commença à cracher ses flammes en jet sur les hérétiques au sol. Des plaintes résonnèrent dans toutes les Landes.
Natanaël se tourna sur le dos, le souffle coupé, les oreilles sifflantes. Il se redressa difficilement, sentant ses os craquer.
— Jade... balbutia-t-il.
Il voulut s'avancer vers son Dragon, titubant, voûté, cependant, le gémissement de sa femme l'interpella. Il se tourna vers elle, elle était allongée sur le sol, elle s'arc-boutait, semblait suffoquer. Natanaël se précipita vers elle et se laissa tomber à genoux près d'elle.
— Mon amour, regarde-moi !
Elle tentait de le regarder mais parfois, ses yeux se révulsaient puis finalement, l'Armure de Jade, qu'elle portait exceptionnellement, se détruisit. Les écailles qui recouvraient le corps de la jeune femme tombèrent sur le sol, toutes en même temps, laissant apparaître ses vêtements, comme l'humaine qu'elle était.
— J'ai... j'ai mal... se plaignit Gorgia.
— Tout ira bien, tu verras. Tu n'aurais pas dû... tu... tu aurais dû me laisser cette Armure.
— Jade... il est mort... souffla-t-elle.
Natanaël retroussa ses lèvres et hocha la tête, une larme perlant au coin de son oeil.
— Je suis désolée, Natanaël...
— Toi, tu es en vie, grommela-t-il.
Il l'aida à se relever, lorsqu'elle se tint face à lui, sur ses deux pieds, bien que bancale et semblant souffrir, une flèche transperça son abdomen. Du sang éclaboussa le visage de Natanaël. Il écarquilla les yeux lorsqu'une seconde flèche se logea dans la poitrine de sa femme.
Elle tomba aussitôt à la renverse, le teint livide, les yeux creusées, les lèvres blanches. Natanaël l'accompagna dans sa chute, afin qu'elle ne se fasse pas plus mal.
— Non... non... non... Thearsis ! Redonne-lui ton Armure ! Ordonna-t-il.
Le Dragon Doré était en train de se défendre non loin de là, croquant chaque individu s'approchant de lui. Il rugissait, se prenait des flèches et des lances dans les écailles, crachait ses flammes...
Gorgia gardait ses yeux fixés sur le ciel, un filet de sang dégoulinant de ses lèvres.
— Mon amour... souffla Natanaël, parle-moi...
Elle tourna lentement ses yeux vers lui, elle clignait à peine des paupières, son teint devenait de plus en plus cadavérique.
— Promets-moi... commença-t-elle, la respiration sifflante. Promets-moi de protéger les oeufs... tu... tu dois protéger mon trésor...
Natanaël hocha la tête, cependant, il n'avait que faire des oeufs de Dragon, ce qui l'importait, c'était que sa femme et l'enfant qu'elle portait, restent en vie. Une larme roula sur la joue de sa dulcinée avant que ses yeux ne perdent leur éclat et qu'un dernier souffle ne passe le seuil de ses lèvres.
— Non ! pleura Natanaël. Pitié, reviens-moi !
Il sanglota, la tête posée contre celle de sa femme, le coeur brisé en milles morceaux. Son Dragon venait d'être abattu violemment, sa femme avait été tuée sous ses yeux...
Lorsqu'il releva la tête, il put apercevoir, à travers la fumée du champ de bataille, Lauan, tenir un arc à la main. Natanaël serra les mâchoires, si fort qu'il s'en mordit la langue jusqu'au sang. Il déposa lentement le corps de sa femme sur le sol, agenouillé, il posa ses mains sur l'herbe qu'il serra entre ses doigts, les enfonçant dans la terre. Il bouillonnait, sa colère, sa haine, tout était si fort en lui qu'il en tremblait de rage. Il poussa un hurlement de colère, il cria si fort qu'il s'en éreinta les cordes vocales.
— THEARSIS ! hurla-t-il.
Le Dragon Doré ouvrit grand ses ailes et poussa un long rugissement glaçant. La bête se tourna vers lui, et croisa son regard bleu devenu noir, ce filtre brumeux recouvrait ses prunelles tant il était en colère. L'expression qui traversait son visage n'était rien d'autre que de la haine, une soif de vengeance qui animait tout son corps, lui faisant oublier la douleur. Natanaël arracha la broche en forme de dragon que sa dulcinée portait et la serra dans sa paume.
— Je veux qu'ils brûlent, vociféra-t-il entre ses dents. Je veux qu'ils brûlent tous, sans exception.
Il se releva, ne songeant même plus aux douleurs que son corps subissait. Il s'avança vers le Dragon, dégaina son épée pour se battre contre les quelques hérétiques restant, grimpa sur son dos et s'accrocha à sa selle. Plus aucune émotion ne traversait son visage. Il se pencha sur le dragon et laissa glisser sa main sur ses écailles dorées.
— Détruis Les Landes, lui murmura-t-il. Que personne n'en réchappe.
Pour Natanaël, le monde lui avait tout pris. Pour lui, il n'y avait plus rien à sauver et la haine qui l'aveuglait était telle qu'il déclencha un fléau. C'était lui, le Dragonnier sur le dos du Dragon, qui abattit les flammes meurtrières de la bête, sur les Terres des Landes, sans aucune once de pitié. Ils brûla des villages entiers, mortifia les cultures, les arbres... les flammes se propagèrent partout et le feu brûla des jours durant.
Lena avait été tuée durant la guerre, par le Destructeur également. La nouvelle lance avait transpercé l'abdomen de son Dragon et ils s'étaient écrasés dans un village voisin. La bête avait continué de voler, pensant pouvoir survivre. Dans sa chute, Lena perdit l'Armure de son Dragon et mourut suite au choc brutal de son corps sur le toit d'une chaumière en feu, elle s'affala, sans vie, une partie du corps brûlée, dans la rue, sous le regard horrifié de certains survivants.
Demos et Marcus voulurent arrêter Natanaël dans son ascension vers la destruction, cependant, Thearsis n'était pas d'accord avec cela. Étant plus imposante que le Dragon rouge de Marcus, ils se battirent, plantèrent leurs griffes dans leurs corps, se donnèrent des coups de mâchoire jusqu'à ce que le Dragon rouge ne meurt sous les crocs acérés de Thearsis. Son cou brisé, ils atterrirent dans l'océan, là où Marcus se noya. Ce dernier avait l'habitude de s'attacher à la selle à l'aide d'une corde, il disparut dans l'océan, tout comme son Dragon.
Demos suivit Natanaël, dans le but d'arrêter Lauan et de faire cesser cette tuerie. Lorsqu'ils gagnèrent les marais, Lauan était déjà en fuite, sur le dos de son Dragon.
— Nous n'avons plus le choix... souffla Demos, nous devons tuer ce Dragon d'eau.
Alors, à deux, ils lacérèrent le Dragon de Lauan. Les griffes de leurs Dragons arrachèrent les écailles du pauvre Dragon d'eau qui ne cessait de pousser des plaintes et de défendre son dragonnier. Lorsqu'il chuta, Lauan fut éjecté et atterrit quelques mètres plus bas, non loin de son domaine. Son Dragon tenta de fuir vers le champ de bataille, là où il fut prisonnier des flammes.
Lorsque le Dragon de Lauan mourut, brûlé par le feu, Lauan se tordait de douleur dans les marais. Il tirait sur son Armure, ouvrait grand la bouche, tentant de respirer. Il suffoquait, il manquait d'air. Il poussait avec ses pieds, tirait avec ses mains, pour se défaire de l'Armure, en vain. Alors, lorsque celle-ci disparut au moment même où son Dragon rendit son dernier souffle, Lauan perdit connaissance et plongea dans un sommeil éternel.
Demos et son Dragon furent assaillit par les hérétiques, les flèches déchirèrent les ailes de son compagnon. Lorsqu'ils atterrirent sur le sol, Demos combattit à l'épée de longues minutes, ôtant la vie à de nombreux ennemis, jusqu'à ce qu'on lui saisisse les bras, le désarme et lui tranche la gorge. Il était seul, contre une centaine de personne. Il mourut, sous les yeux de son Dragon. La bête ne supportant pas la perte de son dragonnier, déclencha, volontairement, une combustion dans son estomac, ce qui provoqua une explosion, tuant les hérétiques alentours et se tuant lui même au passage. Le ciel s'assombrit à ce moment même, les nuages devinrent noirs, la terre fut empoisonnée et cette noirceur attaqua les arbres, leurs racines, les herbes, les marées, les fleurs... Les Landes toutes entières sombrèrent, laissant derrière elles, une image majestueuse, qui sera rapidement oubliée par les habitants des Six Terres. Celle-ci n'étant plus fertile, elle fut rayée de la carte et les Six Terres devinrent les Cinq Terres.
Quant à Natanaël Astassard, il récupéra les oeufs de Dragon, dans la Montagne du Trépas aux aurores et lorsqu'il traversa la forêt, remarquant que son compagnon ne le suivait pas, il se retourna vers lui.
— Que fais-tu ? Gronda-t-il.
La bête restait à l'entrée de la grotte, observant Natanaël. La pauvre était couverte de sang suite aux blessures subies. Il posa délicatement le sac dans lequel se trouvait les oeufs et fit un pas en avant, cependant, la créature se redressa et déploya ses ailes de façon menaçante. Natanaël laissa ses bras ballants, et lorsque ses épaules s'affaissèrent, les écailles qui définissaient l'Armure qu'il portait tombèrent toutes en même temps, laissant un petit tas sur le sol, qui, rapidement, partit en poussière.
— Je ne suis pas digne de toi... murmura-t-il.
Lorsqu'il releva les yeux, il croisa le regard de la créature qui reprit son envol et disparut derrière le haut sommet de la Montagne du Trépas et ce, pour les décennies à venir. Il se laissa tomber à genoux, gardant toujours la broche dans sa paume, à tel point qu'il s'en était arraché de la peau.
— Pardonnez-moi... marmonna-t-il.
Le mal était fait, il avait tué l'un de ses camarades, et avait regardé tous les autres mourir sans leur venir en aide.
Comment pardonner la Guerre du Feu ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top