XXVIII - Un appel à la guerre
Ils avaient rejoint les Dragons, Natanaël n'avait pas décroché un mot de tout le trajet. Harold et Aeria étaient restés silencieux, remarquant le mutisme de leur ami et ressentant la tension palpable qui émanait de lui.
Natanaël avait décidé de monter sur Hystërys, le plus petit Dragon et de laisser Aeria et Harold sur le plus grand et fort. Alors qu'ils grimpaient respectivement sur leurs Dragons, Aeria tourna la tête vers Natanaël tout en s'accrochant à la selle.
— Où allons-nous, Natanaël ?
— Ils vont nous guider jusqu'à leur mère.
— Et ensuite ? insista la jeune femme.
- Ensuite, on la libère elle et son autre bébé, on tue mon père, on récupère les filles d'Hervos et la guerre est terminée.
Aeria haussa les sourcils, la façon dont Natanaël lui avait répondu était brutale. Un ton cinglant, sans une once d'émotions. En l'espace d'un instant, il s'était fermé à toutes émotions, à toute humanité. Il ordonna à Hystërys de s'envoler, ce que le Dragon fit sans hésitation et Aeria n'eut d'autre choix que de le suivre.
Les bébés Dragons n'avaient guère l'habitude de voler à forte altitude, alors ils tentaient de prendre de la hauteur mais n'y restaient jamais bien longtemps. Ils planaient sous le souffle du vent, alors que le soleil commençait lentement à se lever. Natanaël se tenait à la selle, les yeux perdus dans le vide, tout ce vide au dessus duquel ils volaient. Les paroles d'Hervos résonnaient en boucle dans sa tête, si bien que son esprit se torturait, et sa douleur s'intensifiait.
Une seule chose importait à présent : la vengeance, pure, violente, brutale, aussi impitoyable devra-t-elle être.
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— Regardes ! Regardes ! Je sais compter jusqu'à dix !
Natanaël était assis sur un rondin de bois, devant un feu, il taillait des flèches à l'aide de son poignard et observait le petit garçon âgé de dix ans devant lui qui comptait sur ses doigts.
— ... Neuf... et dix !
— Félicitations, tu progresses vite.
Natanaël avait récupéré Hervos lorsqu'il était encore très jeune, peut-être avait-il cinq ou six ans. Il ne savait à peine parler, ni même compter. Il l'avait pris sous son aile et l'avait élevé comme l'aurait fait un grand frère. Il le protégeait, lui apprenait à chasser, à compter, à lire, à parler avec une bonne élocution.
Puis le petit garçon grandissait à vue d'œil, il s'exerçait beaucoup, s'amusait aussi et tous les deux partageaient de beaux moments de complicité. Comme la première pêche d'Hervos ou son premier lapin tué, jusqu'à la première biche.
À son seizième anniversaire, Natanaël lui avait offert sa première épée. Il s'en souvenait parfaitement, Hervos avait ouvert de grands yeux lorsqu'il avait extirpé l'épée de son fourreau pour en admirer sa beauté.
— Wouaaa, avait-il soufflé de sa voix de plus en plus mature. Cette épée est vraiment pour moi ?
— Bien évidemment ! Et d'ailleurs, on va s'entraîner tout de suite, avait déclaré Natanaël.
Les deux hommes s'étaient alors battus jusqu'à la tombée de la nuit. Hervos était un chevalier hors du commun. Natanaël l'avait vu évoluer et peut-être même se battait-il mieux que lui à présent. Une main dans le dos, Hervos était capable de parer n'importe quelle attaque. Seule son inattention parfois trop présente pouvait lui porter préjudice.
~
— Tu devrais reprendre les Landes, avait affirmé Hervos alors âgé de dix neuf ans.
— Je ne pense pas non, tu sais, les Landes sont inhabitées dorénavant.
— C'est faux, quand je pars à la chasse, je passe souvent par là et je t'assures que j'ai vu du beau monde là-bas. Ils sont tous rejetés des Cinq Terres, comme toi et moi... on devrait leur montrer qu'ils peuvent, eux aussi, avoir un roi et un BON roi.
Natanaël n'était point sûr, peut-être était-il effrayé à l'idée de se montrer au grand jour à nouveau.
— Hervos... cela fait quatre vingt années que je suis caché et...
— Vraiment ? Tu m'apprends à être un chevalier redoutable pour quoi alors ?
Natanaël s'était tut puis avait simplement haussé les épaules. Hervos s'était levé, à cet âge là, sa carrure était déjà très imposante. Il était grand, les épaules larges, les cheveux épais et bruns, une barbe de quelques jours dont il était très fier. Il tendit sa main à son ami, Natanaël le toisait, sans bouger, toujours assis sur sa chaise à décortiquer des noix.
— Si tu me serres la main, alors cela voudra dire que tu acceptes de récupérer ce qui te revient de droit. C'est-à-dire, Les Landes. Tu es né ici, c'est ton Royaume. S'il existe vraiment un Dragon dans ces Terres, tu dois y régner pour que personne ne le découvre jamais et que la paix persiste.
Natanaël posa la noix qu'il avait dans la main puis se leva. Il toisa de longues secondes Hervos avant de serrer son avant-bras, son ami fit de même. Une poigne de fer, pour un serment qu'il était convenu de tenir.
— Et je serai à tes côtés, quoi qu'il arrive, reprit Hervos. Tu es mon frère, et tu seras mon roi. Je te servirai au péril de ma vie.
~
Natanaël fixait un point devant lui, le vent dansait dans ses cheveux, ce vent chaud d'été. Les rayons du soleil perçaient la nuit pour éclairer leur voyage. Ils survolaient l'océan, ses rochers, ses vagues, ses animaux marins et toutes ces mouettes... Hervos avait toujours été là pour lui, il était de son devoir que de lui ramener ses filles. Il n'avait pas su sauver Maria, mais il saurait sauver Theodora et Camille, cette fois-ci, au péril de sa propre vie.
Il se pencha en avant et glissa sa main sur les écailles vertes d'Hystërys, ressentant sa chaleur, sa puissance, son aura brûlante et ce lien certain qui se créait entre eux.
— Tu dois me mener à ta mère, lui murmura-t-il.
La créature avait poussé un faible rugissement, puis tangua sur le côté, Natanaël se tint à sa selle afin de ne ps glisser, laissant aller son corps au rythme du dragon tandis que Filërys les suivait de près. Ils passèrent entre deux grandes falaises, ce qui le surprit mais le fit lever la tête également. Il pouvait voir la sortie de cette grande crevasse, les oiseaux qui volaient tout au dessus, le ciel bleu qui illuminait le gouffre qu'ils traversaient. Lorsqu'il tourna la tête sur les côtés, il put distinguer les ailes triangulaires de son Dragon, elles frôlaient la roche, caressaient la mousse qui y avait poussé et les quelques herbes sauvages.
Il esquissa un faible sourire, se souvenant alors de ce sentiment exaltant que c'était que de voler sur le dos d'un dragon. Cette sensation de frisson qui parcourait l'échine lorsque la créature passaient dans de fabuleux endroits, comme cette crevasse entre deux falaises. Il y avait de quoi faire rêver, de quoi frissonner, de quoi ressentir la vie.
Après trois jours de voyage et de vol, sous un soleil bientôt trop puissant et chaud, ils aperçurent les Terres d'Hazanel, Capitale et lieu de résidence du roi. Durant ces trois jours, ils se sustentèrent de fruits trouvés sur le chemin et burent l'eau des rivières au risque d'en avoir mal au ventre puis dormirent à la belle étoile, sous la fraîcheur de l'été.
Au loin, ils distinguèrent la ville, construite sur une montagne, certaines maisons ressemblaient à des troglodytes plus qu'à des chaumières ordinaires, au moins lors de fortes chaleurs, il y faisait frais. Hazanel était entouré de montagnes, de forêts et de collines à perte de vue, bien loin de la mer. Certains villages plus isolés étaient gérés par des fermiers qui cultivaient la terre pour nourrir la Capitale entière. Ces personnes étaient bien plus fortunées que certains bourgeois en ville.
— Natanaël ! Nous devrions cacher les Dragons ! Cria Aeria derrière lui.
— Non ! On attaque.
Il fit fondre son dragon sur la Capitale. Les soldats en ligne de mire, sur les remparts en forme d'étoile du château du roi, se mirent à crier qu'ils étaient attaqués. Les archers se positionnèrent et commencèrent à tirer des flèches sur les Dragons. Ceux-ci étaient bien moins imposants qu'un Dragon adulte, ils étaient aussi très agiles, esquivant chacune des flèches qui sifflèrent dans les airs dont l'une frôla la joue d'Aeria. Une faible coupure apparut avec un léger filet de sang tâchant sa peau laiteuse.
— Voles au ras du sol, je vais descendre pour vous libérer la voie, souffla Harold à Aeria.
— Non, tu es blessé !
— Je vais bien, je suis un chevalier à présent, fais-moi descendre.
Aeria se pinça les lèvres. Elle ordonna à Filërys de voler au ras des remparts, ce que le Dragon fit sans se faire prier. Harold sauta de plus de deux mètres de haut. Il roula sur le sol alors qu'Aeria reprenait de la hauteur. Elle put le voir se redresser rapidement et dégainer son épée au moment même où plusieurs soldats se jetèrent sur lui.
Natanaël attaqua les remparts à l'ouest du château, son Dragon cracha son jet de flammes sur les archers. Leurs hurlements parvinrent jusqu'aux oreilles d'Aeria, tandis qu'elle prenait les remparts est. Elle ordonna à son Dragon de faire la même chose, à contre-coeur. Filërys brûla une vingtaine d'archers, ils se jetèrent au sol, roulaient sur eux-même, les flammes dévoraient leurs chairs et carbonisaient la pierre, l'écroulaient à certains endroits tant la force des flammes de Filërys était puissante.
Elle vit Natanaël sauter de son Dragon également pour rejoindre les remparts victimes des flammes. Ils n'avaient aucun plan et elle ne savait donc pas comment agir. Elle préféra garder de la hauteur un instant afin de pouvoir observer ce qu'il se passait et leur venir en aide si nécessaire.
Harold de son côté se défendait à juste cause. L'épée d'un soldat manqua de heurter son crâne, il eut le réflexe de se décaler sur la droite, tourna sur lui-même et trancha la gorge de son adversaire. Il se retourna aussitôt pour parer le coup brutal d'un second ennemi. Le combat était périlleux, épuisant sous cette chaleur et terrifiant sans aucune protection corporelle.
Natanaël à l'ouest, courait sur le rempart où il tua l'un de ses ennemis en sautant lors de sa course, il frappa son pied contre son torse. Le soldat fut propulsé contre le mur, le souffle coupé. Natanaël saisit l'épée de ce dernier et la planta brusquement, sans ménagement, dans son plastron. Sa force était démesurée, à cause de sa colère. Il garda l'épée, les épaules en arrière, le torse bombé, les lèvres retroussées. Pour lui, c'était aujourd'hui ou jamais. Il était temps d'en finir et de cesser de se cacher.
Aeria se pencha sur son dragon, le coeur battant la chamade, les mains moites.
— Emmènes-moi à Thearsis, lui avait-elle susurré comme un secret.
Son dragon fit volte face et la guida jusqu'au pied de la falaise sur laquelle était construite Hazanel. Elle descendit de son dos, caressa son nez pour le remercier puis avança dans l'herbe verdoyante, méfiante. Elle put distinguer alors une grande entrée, deux portes fermées et deux gardes armés d'une lance devant celle-ci. Lorsqu'ils la virent arriver, ils pointèrent leur arme sur elle et lui ordonnèrent de ne pas faire un pas de plus. Aeria n'avait pas d'épée, elle était désarmée. Cependant, elle bénéficiait toujours de son don. Bien qu'elle ne savait pas jusqu'où s'étendaient ces drôles de pouvoirs, elle songea à ces deux hommes et à leur armure parfaitement argentée, elle songea au fait qu'elle devenait de plus en plus chaude, à tel point que cela commençait à brûler leur peau pour de vrai.
Elle vit d'abord leur regard interrogateur avant qu'ils ne commencent à déglutir difficilement, ils suèrent à grosses gouttes puis lâchèrent leur lance. L'un tira sur son plastron pour le détacher, il grimaça, la peau rouge. L'autre semblait suffoquer à respirer anormalement vite de la sorte. Bientôt, elle vit de la fumée s'évader de l'armure et les deux soldats se mirent à hurler de douleur. Ils se jetèrent sur le sol, leur accoutrement les brûlait et ils étaient impuissants face à cela, face à la torture du brasier qui animait Aeria.
Cette dernière regarda droit devant elle. Elle enjamba l'un des hommes puis poussa les deux portes qui grincèrent sur leurs gonds. C'est alors qu'un long corridor creusé à la perfection dans la roche s'offrit à elle. Des torches de chaque côté étaient allumées. Aeria s'avança doucement, dans un troublant silence. C'était si bien isolé qu'elle n'entendait même plus la bataille plus haut, au château.
— Ne viens pas, entendit-elle près de son oreille comme un murmure monotone.
Elle s'immobilisa, son coeur rata même un battement. Finalement, elle ignora la remarque et continua d'avancer jusqu'à des escaliers descendants encore plus profonds dans la falaise.
— Sauves mes deux bébés.
Aeria secoua la tête, elle grimaça mais continua son ascension, éclairée par la simple lueur des torches, étouffée par l'oppression des pierres.
— Ne me sauves pas.
Aeria s'arrêta au pas des escaliers, ils donnaient dans une grande salle, les torches éteintes, cette salle était plongée dans l'obscurité la plus complète. Cependant, elle ressentait la présence de Thearsis.
— Il va tous les tuer.
Aeria tentait de calmer les battements de son coeur, de contrôler ses émotions, sa crainte et ses doutes.
— Thearsis... murmura-t-elle.
Sa voix sembla résonner en un faible écho avant qu'elle n'entende le tintement de chaînes métallique et qu'un oeil vif et doré ne brille à travers la pénombre. Aeria tourna la tête et songea à ces torches, toutes s'allumèrent alors, les unes après les autres, dans un rythme régulier, éclairant la salle, petit à petit. Ainsi, elles dévoilèrent le corps robuste de Thearsis, ses grandes ailes qui pendaient sur le sol, les chaines qui retenaient ses pattes griffues, et qui étaient également reliées à sa muselière, enfoncée sans scrupule dans ses mâchoires. Des croûtes épaisses et purulentes autour de chacun des énormes piques accentuaient la douleur que ressentait la pauvre créature.
— Pardonnes-moi... implora Aeria en se laissant tomber à genoux.
La bête se tenait droite, dans cette salle vide, attachée, torturée depuis déjà trop longtemps.
— Sauves-les, souffla cette voix désincarnée mais à la fois puissante au creux de son oreille.
Aeria releva lentement la tête vers la créature, les larmes aux yeux.
— Je te sauve avant tout, déclara-t-elle. Thearsis... je ne sais pas ce que tu tentes de me faire comprendre, ni si tu es à l'origine de mes cauchemars, cependant, je ne te laisserai pas, tu entends ?
La créature laissa résonner un long grognement en provenance du fond de sa gorge.
— Ce que je sais, aujourd'hui et pour le restant de mes jours, c'est que vous, les Dragons, vous êtes dotés d'une incroyable bienveillance et d'un espoir indestructible. Je vous admire, je t'admire toi et j'admire tes bébés. Mais il est temps que cela cesse.
Aeria essuya d'un revers de la main la larme qui roula sur sa joue puis se releva.
— La souffrance doit prendre fin, vous ne devez plus jamais vous montrer aux Hommes. Alors je te sauverai, Thearsis et je sauverai tes bébés. Ce soir, tu seras libre et vous devrez partir, loin d'ici, le plus loin possible. Vous ne devez rester plus qu'une légende aux yeux des Hommes. Dis-moi, je t'en conjure, que tu comprends ma démarche...
Un lourd silence plana durant lequel Aeria n'entendait plus que son organe vital battre contre sa poitrine. Puis, un léger pincement raidit sa main, cette étrange sensation grimpa sur son poignet, ce même phénomène se produisit pour son autre main. Lorsqu'elle baissa la tête, elle put apercevoir des gantelets prendre forme, lentement, sur ses bras, puis l'armure couvrit ses épaules, ses jambes, ce qui la força à se relever. Elle observa ces écailles dorées prendre la forme d'un corset. Celles-ci remontèrent jusque dans son cou puis s'éparpillèrent comme de petites paillettes sur sa peau blanche. Doucement, tout en s'enchevêtrant, comme une danse puissante, la magie du Dragon s'offrait à elle. Son trésor lui appartenait.
Elle releva ses yeux vers la bête qui la toisait intensément.
— Le roi Natanaël et toi, doivent porter l'Armure.
— Dis-moi ce que tu sais.
— Je sais que la mort est proche.
— La mort de qui ? Insista Aeria.
— Sauves mes bébés.
Aeria se résigna à ne pas obtenir de réponses à ses questions. Elle hocha simplement la tête et se précipita au fond de la salle, là où étaient accrochées les chaînes d'acier. Grâce à l'armure, elle était dotée de nouvelles capacités, comme celle d'une force plus avantageuse. Elle tira sur les chaines, posant son pied sur le mur et lorsqu'elle parvint à la décrocher, elle réitéra son action pour la seconde. Par la suite, elle s'approcha de la gueule gigantesque du Dragon doré. Thearsis l'avait posée à plat sur le sol, afin qu'Aeria la libère de sa muselière douloureuse. Elle savait qu'elle souffrirait une fois qu'elle la libérerait de sa prison, cependant, elle n'avait plus le choix. Elle tira sur un premier pique et le jeta au sol, le Dragon poussait des grognements sinistres, sans bouger pour autant. Elle fit de même avec les cinq autres puis lorsqu'elle libéra Thearsis des mords tortueux qui servaient à la contrôler, elle grimpa sur son dos.
Le dragon n'attendit pas une seule seconde de plus, elle quitta la grotte bien rapidement. Les couloirs et les escaliers étaient si larges qu'elle avait toute la place pour passer comme si c'était endroit avait été conçu pour y garder un Dragon captif.
Une fois à l'extérieur, la lumière du soleil éblouit légèrement Aeria. Elle remarqua également les deux corps des soldats au sol, leur peau totalement carbonisée, le visage figé sur une expression de douleur intense, la bouche ouverte, les bras rétractés, leurs yeux sortaient presque de leurs orbites et leur armure avait légèrement fondue pour englober leurs chairs putréfiée.
Dorénavant équipée de l'Armure du Dernier Dragon, Aeria se chargerait de libérer tous les bébés, pour espérer, à la fin de ce brûlant brasier, une paix encore jamais acquise.
L'appel à la guerre était lancé.
La dernière grande Guerre du Feu.
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