Épilogue

La vie et la mort ne sont qu'une subtilité.

C'est cette phrase que certains aiment répéter car elle dénonce, en partie, la vérité. Un coeur éteint peut être ranimé en quelques secondes. Un coeur décomposé, sera ramené uniquement par l'octroi d'un grand sacrifice.

Durant des siècles, les Hommes ont prié pour recevoir l'aide Divine, cette aide vint des Dragons. Le Feu leur apporta la lumière et la guérison. Les Dragons leur apportèrent la foi et la magie. Un Dragon tolère et n'aime que son Dragonnier. Un être choisi à la naissance.

Les Dragons sont capables de beaucoup de miracles, celle de ramener la vie à un mort en fait partie. Il ne leur a jamais été difficile de ramener leur Dragonnier à la vie, comme ce fut le cas pour toi, Aeria. Ramener un mort de cent ans à la vie, par contre, demande de grands efforts, une foi inébranlable et une conviction qui défie toutes les lois de la nature.

Jamais un Dragon n'a contré la mort de la sorte. Il paraît improbable qu'il soit possible de ressusciter ceux à la chair putréfiée, ceux habités par les asticots, ceux enterrés six pieds sous terre...


Lauan marchait à l'aide d'un morceau de bois. Il grimpait cette immense montagne impétueuse, concurrencé par le vent qui ne semblait pas vouloir lui laisser la possibilité d'accéder à son but : Le Cimetière des Cieux.

Pourtant, avec une volonté de fer, il parvint à arriver en son sommet, comme cent ans auparavant. Il se laissa tomber sur ses deux genoux devant la pierre tombale abîmée par les années de sa défunte épouse. Il se frotta le visage, essoufflé par son ascension puis commença à creuser, creuser, creuser... il poussait des grognements pour se donner de la force, la foi et le courage de continuer. Il faisait froid ici, même en été. Peu importait la saison, le sommet touchait les nuages, glaçait les corps...

Malgré ses blessures douloureuses, malgré son visage tuméfié par la guerre, il continua de creuser jusqu'à atteindre le bois d'un cercueil laissé là depuis bien trop longtemps. Il dégagea la terre qui le recouvrait d'un geste de la main, puis à l'aide de son épée, fit sauter les clous pour enfin ouvrir la boîte morbide qu'il venait de déterrer.

Dans la tombe profanée, Lauan restait les bras ballants, essoufflé par son effort, attristé par ce qui s'offrait à lui. Une déception telle que celle-ci ne put épargner quelques larmes qui séchèrent à cause du froid qui martelait son visage. Dans ce cercueil ne se trouvaient plus que des bijoux accrochés à des vestiges d'une vie passée. Le squelette était en partie désintégré, certains membres avaient été réduits en poussières avec les années.

— Mon amour... murmura-t-il la gorge nouée. J'ai tout essayé... J'ai échoué. 

Il restait debout, au dessus de cette boite morbide et ses larmes coulaient sur ce qui restait du corps de sa tendre aimée. Cent ans, c'était très long. Personne ne survivait autant de temps six pieds sous terre. Les miracles ne pouvaient exister en ce monde si cruel.

— Lauan ? appela une voix semblant provenir des Cieux.

Ce dernier se redressa. Il essuya ses larmes d'un revers de la main et se retourna pour alors apercevoir une silhouette féminine effacée par les rayons du soleil qui perçaient les nuages.

— Lauan... où suis-je ?

Il resta bouche-bée un instant, immobile, les lèvres entrouvertes, l'air déconcerté avant de sortir de la tombe qu'il venait de profaner et de s'avancer, lentement, méfiant, vers cette femme à la voix cristalline. Lorsque le contre-jour ne fut plus qu'un obstacle passé, le coeur du roi rata un battement, quelque chose en lui se réveilla. L'espoir ? La foi ? L'amour ?

— Amélia...

~

— ... et si un Dragon ramène un mort – comme ceux que je viens de te citer, à la vie, alors... cela ne peut que demander le sacrifice de sa flamme éternelle.

L'homme face à Aeria baissa le regard un instant, de magnifiques yeux verts, comme un émeraude. Ses cheveux roux étaient plaqués en arrière, même si quelques mèches retombaient sur son front. Il était assis sur un rocher, en plein milieu des plaines verdoyantes, entouré de sapins, d'oiseaux chanteurs, d'insectes, éclairé par le soleil et sa réconfortante chaleur. Aeria se tenait debout, non loin de lui, les bras croisés, à observer le doux paysage qui s'offrait à elle, cet air infiniment triste ne quittait plus son visage.

— Elle s'est sacrifiée pour ses bébés, promettant au roi un cadeau encore jamais offert... souffla-t-elle le cœur lourd.

Le jeune homme assis sur son rocher hocha simplement la tête puis se pinça les lèvres, il semblait triste lui aussi et savait faire preuve d'une grande empathie. Aeria inspira profondément et essuya rapidement la larme qui roula sur sa joue. Tout en elle était douloureux, son âme, son coeur qui à chaque battement, lui rappelait qu'elle était en vie mais qu'elle souffrirait pour le restant de ses jours. Ses souvenirs étaient eux aussi douloureux, chaque image que lui renvoyait son esprit la torturait, poussant sa peine à son paroxysme.

Elle tourna la tête vers son inconnu, celui qui lui avait tendu la main, celui qui l'avait sauvée de la mort, de cette auto-destruction qu'elle pensait inévitable. Et dans tout cela, où était Natanaël ?

— Dis-moi qui tu es, ordonna-t-elle.

Le joli roux se leva de son rocher et se posta face à Aeria, tout en lui adressant un sourire en coin. Un sourire qui lui sembla sarcastique.

— Je t'ai cherchée partout Aeria, et je t'ai enfin trouvée, déclara-t-il.

— Qui es-tu ? insista-t-elle.

Il sembla hésiter un instant, détourna son regard une fraction de seconde, le temps de peser le pour et le contre. Qui était-il ? Il eut bons nombres d'identités au cours des siècles passés, cependant, une seule était réelle...

— Je m'appelle Kaïs, je suis le fils de Thearsis.


Le tome 3 arrive prochainement sur cette même histoire ! 

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