Chapitre 29

Les deux frères attaquèrent en même temps et ce ne fut pas facile, au départ, de parer et d'esquiver les deux en même temps avec un poignet bloqué. J'eus du mal à retrouver mes vieux réflexes. Jon m'avait fait travailler avec une seule main mais ce n'était pas le point majeur de son enseignement. Il n'avait pas songé que je me retrouve incapable d'utiliser l'une de mes mains. En même temps, se blesser à la Cour, ce n'était pas facile et encore moins probable. Il n'avait pas prévu que je me retrouve à faire face à des Faes avec des os en morceaux.

Je reculai, tentant d'évaluer la situation. Je n'étais pas à l'aise à l'idée d'affronter ces Unseelies, seule. Le Traître était occupé avec le Chef, me laissant seule face aux trois autres. J'allais devoir lutter de toutes mes forces si je voulais m'en sortir. Et je voulais vraiment m'en sortir.

J'esquivai le cadet, me glissant sous son bras. Je lui assenai un coup de pied tout en manquant de chuter sur les pavés. Je roulai, me relevai, lançai mon épée de toutes mes forces vers l'aîné. La lame s'enfonça dans sa main. Il la repoussa facilement, me faisant reculer de quelques pas. Le petit frère ricana en m'assenant un grand coup de genou dans le ventre. Je me pliai en deux, toussant violemment.

Il en profita pour frapper ma main et me faire lâcher mon épée. J'eus à peine le temps de saisir l'une de mes dagues que les deux frangins se jetaient sur moi comme un seul homme. Je me débattis, parvenant à taillader l'un des deux. Je fus aspergée de sang, tout comme l'autre frère. Si lui lécha avec délectation le sang qui le maculait, je préférai l'essuyer et le cracher.

- Quel gâchis, râla l'aîné.

Le cadet jura avant de foncer, tête première, droit sur moi. Je ne cherchai pas à l'esquiver avant la dernière seconde. Je fis un pas de côté au tout dernier moment, utilisant ma lame pour lui trancher la gorge. Il émit un borborygme étrange avant de s'effondrer, heurtant violemment le pavé. L'une de ses dents se détacha et roula dans l'une des rainures. Écœurée, je tournai la tête.

L'aîné hurla. Ce fut un son de haine, de rage, de chagrin. C'était le son de quelqu'un à qui je venait d'arracher un frère, une âme sœur. C'était un son dévastateur, qui me lacéra mieux que l'aurait fait une dizaine de lames acérées.

Malgré tout, lorsqu'il s'élança sur moi, récupérant l'épée que j'avais laissée tomber, je ne pus que parer de façon purement instinctive. Les lames s'entrechoquèrent. Je vis le Unseelie scarifié bouger, s'avancer vers nous. Il allait se joindre au combat, ne me laissant probablement aucune chance de survie.

C'était évident qu'il n'allait pas rester inactif maintenant que j'avais tué l'un des siens. Ce n'était peut-être pas de sa famille mais ils faisaient partie du même groupe. Ce qui était suffisant pour le faire réagir. Peut-être aurais-je dû mieux gérer la situation... Pas que j'aie vraiment l'occasion d'y réfléchir plus avant.

Un torrent de flammes jaillit droit vers moi. J'utilisai la force du Fae pour bouger hors de portée du feu. Il alla s'écraser sur une maison. J'aurais cru qu'elle partirait en flammes mais une protection quelconque devait avoir été posée dessus pour qu'elle ne puisse pas prendre feu. Au fond, ce n'était pas si étonnant.

Je partis me cacher derrière la charrette, serrant mes doigts autour de la garde de ma dague. Bon, le géant voulait jouer avec moi. Rien qu'avec sa puissance, il aurait pu m'écraser comme un insecte. S'il utilisait sa magie, c'était par jeu. Parce qu'il savait que je n'en avais pas et que je ne pourrais pas lutter contre ça.

Il allait me falloir un plan. Le géant était doté d'une affinité avec le feu. Je ne savais qu'elle était celle de son compagnon, par contre. Le savoir pourrait m'être utile. S'il se décidait à jouer de sa magie aussi, je préférerais savoir à quoi m'attendre.

Je n'eus pas longtemps à attendre pour qu'une véritable tornade de feu contourne la charrette. Ça répondait à toutes mes questions. L'air et le feu. Alliés. J'étais mal barrée et pourtant, il allait bien falloir que je trouve un moyen de survivre.

Je roulai sous la carriole pour ressortir de l'autre côté, pratiquement aux pieds des deux Faes. J'eus le réflexe d'envoyer ma dague vers leurs mollets. Si le géant ne sut pas l'éviter, l'autre fut bien plus agile. Avec un entrechat peu gracieux, il recula alors que le géant s'effondrait à côté de lui. Il m'insulta de tous les noms qu'il connaissait, tenant son mollet qui saignait abondamment.

Je lui assenai un coup dans la mâchoire qui l'envoya complètement au sol. L'autre me frappa si fort que je volais quelques mètres en arrière. Tout mon souffle fut chassé de mes poumons et j'eus du mal à me relever, endolorie. Je me hissai sur mes jambes et titubai hors de portée de l'épée qu'il balança vers moi. Furieux, le géant déchaîna des torrents de flammes sur moi.

Je ne savais pas lequel était le plus dangereux. Celui qui pouvait bouger librement et avait mon épée ou celui qui pouvait m'incinérer ? Je devais éliminer le géant d'abord. Si je parvenais à le tuer, il serait sûrement plus facile pour moi de me débarrasser de l'autre et d'y survivre.

Toutefois, l'autre Unseelie n'était pas décidé à me laisser approcher de son comparse. Nous nous tournâmes autour longuement. Il fut celui qui céda, lança l'épée vers moi, purement et simplement. Je sentis le vent qui la portait pour l'amener droit vers mon visage. Je ne cherchai pas à attendre le dernier moment pour esquiver. Une épée guidée par la magie n'était pas quelque chose que je pouvais éviter avec les tactiques que je connaissais.

Je partis me réfugier dans une ruelle étroite et sombre qui sentait le moisi et le sang. Je patientai, collée contre le mur. Au bout de quinze secondes, j'osai me pencher pour regarder ce qu'il faisait. Il aurait dû m'avoir rejointe.

L'épée se ficha dans le mur, son métal glacé égratignant mon nez.

Son pouvoir tenta de la récupérer et je saisis l'occasion. Je courus aussi vite que je pus, le percutant de plein fouet. Nous nous écrasâmes dans une flaque d'eau, moi sur lui. J'en profitai pour lui assener un coup de tête dans le nez qui l'assomma un peu plus. Il sourit, pouffa. Je me redressai, prête à frapper. Il ne fit que rire un peu plus.

- Vas-y. Vas-y, petite idiote. Frappe-moi !

Quelque chose clochait et il me fallut un instant pour me rendre compte de ce que c'était. L'autre Fae. Il projetait d'autres flammes vers nous. Sans réfléchir, j'enfonçai ma dague dans l'estomac de l'Unseelie. Il se plia en deux en grognant, continuant de pouffer en m'aspergeant de gouttelettes sanglantes. J'enroulai mes bras autour de lui, criant de douleur lorsque j'utilisai mon poignet, et le fit rouler sur moi. Je hurlai de plus belle lorsque les flammes heurtèrent mes bras.

Le cadavre m'écrasa et me protégea plus ou moins des flammes qui continuèrent de pleuvoir durant quelques secondes. Lorsqu'elles cessèrent de brûler le corps qui me compressait, je le repoussai vivement et reculai aussi vite que je pus, mordant ma langue pour retenir d'autres cris de douleur. Chaque goutte de pluie glacée touchant ma peau brûlée s'évaporait en un panache de vapeur.

Je me forçai à me lever, évitant de regarder les brûlures sur mes jambes, sur mes bras. Le géant haletait, visiblement épuisé d'avoir libéré autant de pouvoir d'un seul coup. Je me traînai jusqu'à lui, serrant les dents. Malgré la douleur, je serrai la dague un peu plus fort dans ma main. Je m'arrêtai à quelques centimètres de lui. Il me regarda dans les yeux, une haine viscérale brillant dans ses iris, les lèvres vibrant d'une chanson inaudible.

Il heurta le sol avant d'avoir pu en tirer la moindre force.

Je me laissai tomber au sol, plongeant mes bras dans la flaque la plus proche, laissant la pluie éteindre le feu qui continuait de chauffer ma peau. J'observai le Traître se battre contre le Chef. En vérité, il ne se battait pas. Il jouait. Il s'amusait avec son adversaire, prenant un véritable plaisir à le faire tourner en rond, à lui faire croire qu'il avait une chance pour mieux le frapper de toutes ses forces. Au lieu de l'achever, il le laissait se relever pour mieux le remettre à terre un peu plus tard. Et il était évident que ça l'amusait.

C'était l'occasion rêvée. Si je parvenais à me relever, je pourrais récupérer mon cheval et fuir. Je pourrais abandonner le Traître derrière moi et aller retrouver les autres. Avec un long grognement, je me hissai sur mes jambes et remis ma dague dans son étui. Je me traînai jusqu'à mon épée. L'arracher du mur fut atrocement douloureux. Je tombai sur les fesses, la tête me tournant si fort que je vomis. La pluie diluvienne nettoya après moi, diluant le tout dans les rigoles qui courraient entre les pavés.

Je me servis de mon épée comme canne pour m'aider à me relever. Autour de moi, la foule s'était amassée et avait assisté au spectacle sans bouger le petit doigt. J'étais certaine qu'ils avaient pris des paris vu comment les discussions étaient animées et le nombre de fioles, de jarres, de tonneaux qui changeaient de mains.

Je secouai la tête, préférant les ignorer. Je me traînai jusqu'à mon cheval, me demandant encore comment j'allais monter – et tenir – dessus. Je n'avais pas la force d'utiliser mes bras. Il me fallait un marche-pied quelconque pour me hisser. Je regardai autour de moi et mon regard accrocha la vieille charrette. Si je montais dedans, je serais à hauteur.

Les doigts tremblants, je dénouai les rênes du cheval et l'entraînai avec moi droit vers la charrette. Aucun Unseelie ne tenta de m'arrêter. Ils m'observèrent, distraits du combat toujours en cours entre le Traître et le Chef.

Je me figeai lorsque la foule se fendit en deux, laissant passer Dant. Il avait encore ce rictus moqueur sur les lèvres qui me donnait envie de le frapper. Il me rejoignit sans hésiter. Je me méfiai, ne sachant pas bien à quoi m'attendre. Il ouvrit son poing devant mon visage et souffla. Une poudre épaisse me vint m'envelopper, me faisant tousser.

- L'Ancienne a l'air de t'apprécier bien que je ne comprenne pas trop pourquoi, dit-il. Profite-en bien. Il est rare qu'elle fasse de tels cadeaux entièrement gratuits.

- Avec vous, rien n'est jamais gratuit, répliquai-je effrontément.

- C'est vrai. Fais attention, gamine. Un jour, il faudra que tu paies ta dette.

Il tourna les talons sans me laisser répondre. Ce ne fut que parce que mes brûlures commencèrent à me démanger que je ne lui jetai pas l'une de mes dagues dans le dos. Je baissai les yeux pour voir que, malgré la pluie, la poudre dont il m'avait aspergée était venue se coller à mes blessures. Elle forma une couche translucide, épaisseet gluante, comme de la mélasse. La douleur devint sourde, endormie. Je serrai et desserrai le poing pour tester l'utilisation de ma main. Ça tiraillait mais, globalement, c'était supportable.

Je pus me hisser sans trop de soucis sur mon cheval. Je lui donnai un grand coup de talons qui le fit détaler. Il fonça droit sur la foule qui eut le bon sens de s'écarter. Je ne regardai pas enarrière, préférant éviter de penser au Traître. Il devait se douter que j'allais fuir à la première occasion. Il n'allait pas tarder à se rendre compte que je m'étais débarrassée des trois Unseelies et que les autres ne m'avaient pas retenue. Je doutais qu'ils le laissent sortir de Wrindgen aussi facilement. Nonobstant, avec lui, tout était possible et il pouvait parfaitement s'en sortir sans la moindre égratignure.

Ma monture fonça jusqu'à l'épuisement. Elle ne ralentit que lorsqu'il fallut traverser un bras de rivière et escalader une pente raide et rocailleuse qui nous fit déboucher sur le bord d'une falaise. De là où j'étais, je voyais l'immense mur de glace que j'avais été forcée de construire, indirectement, à travers le Roi Noir.

Mon estomac se serra à la vue de ce que j'avais créé. De cette horreur, de cette déformation du paysage. Je l'avais fait pour protéger Addy. Aurait-elle dû supporter une partie de ce que j'avais vécu plutôt que de faire face à cette aberration ? Je me sentais malade d'avoir à regarder ce mur.

Je me concentrai sur le point positif. Si je voyais le mur, cela voulait dire que je n'étais plus loin de la frontière. Si je n'étais plus loin de la frontière, je ne devais plus être loin du groupe. Ils devaient avoir pris le chemin le plus court pour rejoindre le Grand Royaume. Ryker et Addy devaient mourir d'envie de retrouver leurs terres, leur château, le confort qu'ils avaient toujours connu. Il fallait donc que je contourne la falaise, je réussisse à redescendre pour pouvoir prendre la route qui allait droit vers le Grand Royaume.

Je longeai la falaise au trot. Je cherchai la moindre faille pour pouvoir descendre cette falaise. Plus vite je pourrais retrouver la route, mieux je me porterais. Voyant que la falaise s'étalait longuement, sur plusieurs kilomètres, j'accélérai le rythme de mon cheval. Je le laissai galoper librement jusqu'à ce que nous arrivions enfin sur une descente raide et rendue glissante par la boue. De lui-même, mon cheval ralentit, avançant prudemment dans la boue, ses sabots s'enfonçant profondément, émettant un écœurant bruit de succion à chaque pas.

Et puis, finalement, nous arrivâmes en bas. Je n'avais pas plus qu'à faire demi-tour sur une dizaine de kilomètres. Le ciel commençait à s'obscurcir, à la fois parce que la nuit venait et parce que la pluie menaçait. Je voulais rejoindre les autres avant qu'il fasse complètement noir. Cependant, je doutais que ça soit possible. Le soleil se couchait bien trop vite. Mon cheval était rapide mais il ne pouvait rien contre le raccourcissement des jours.

Je le laissai ralentir, longer la falaise, aussi discret que possible. Si le Traître était parvenu à fuir les Unseelies de Wringden, il pouvait parfaitement m'avoir rattrapée. Avec lui, rien n'était impossible. Qu'il apparaisse soudain sous mes yeux ne m'aurait même pas étonnée.

Je m'arrêtai une fois le soleil totalement englouti par l'horizon. J'étais incapable de voir plus loin que les oreilles de mon cheval alors ça ne servait à rien de continuer. Je m'assis sur l'un des rochers qui s'était détaché de la falaise et je tins les rênes dans mes mains, préférant ne pas tenter de l'attacher quelque part. Je ne voulais pas prendre le risque de le voir s'échapper. J'avais besoin de lui.

Je ne tardai pas à bouger de mon siège pour aller me blottir dans un tout petit creux qui m'abrita de la pluie qui recommençait à tomber. Je soupirai longuement, passant une main dans mes cheveux. Je sentis une mèche brûlée, le sang qui avait collé. Je ne voulais même pas imaginer à quoi je ressemblais. À croire que je n'étais pas censée être propre ou en état tant que je serais dans la Faerie. À peine soignée, à peine lavée que je me retrouvais dans un état encore pire.

J'effleurai mes bras, sentant la substance visqueuse qui couvrait mes brûlures. Heureusement qu'il n'y avait pas la moindre lumière. Je ne voulais vraiment pas voir à quoi ça ressemblait. J'en avais une vague idée et c'était absolument horrible.

Je profitai des longues heures de nuit pour réfléchir. Je me moquais un peu du Traître et du pourquoi il voulait à ce point rejoindre Naseok. Puisqu'il était dans la Maison de la Honte, c'était sûrement pour cela, parce que Naseok était la seule personne à être entré et sorti sans problème.

Ce qui me travaillait le plus, c'était ma journée passée chez Miléna. Je ne parvenais pas à cesser d'y penser, à retourner leur histoire dans tous les sens. Je n'arrivais pas à croire que j'étais l'héritière du Roi Noir. En vérité, ce n'était pas vraiment que je n'arrivais pas à y croire. C'était surtout que ça impliquait beaucoup trop de choses. Si j'étais sa fille, cela voulait dire que j'allais devoir reprendre le flambeau. Nahl sur un trône et moi sur l'autre. Si lui pouvait donner le change, j'en serais incapable. Je ne connaissais rien de la Faerie et je ne possédais aucune magie. Absolument rien. Or, si j'étais réellement la fille du Roi Noir, j'étais censée en avoir.

Selon Nahl, ça serait moi qui aurait empêché Ryker de tomber dans la lave lorsque la plate-forme avait été submergée par la lave. Ce qui voudrait que j'avais une affinité avec la terre, comme Ghur. À moins que j'ai juste réveillé en Ghur un éclat de magie sans le vouloir. Je ne savais même pas si c'était possible. Je ne connaissais vraiment rien de la magie des Faes.

Malgré tout, il y avait quelque chose que je pouvais essayer. Le chant. C'était ce qui conjurait la magie, ce qui aidait les Faes aux pouvoirs plus faibles à s'en servir. Exactement comme Ghur l'avait fait. Cela me prouvait que ça fonctionnait. Il fallait donc que je chante et, avec un peu chance, je pourrais conjurer un peu de pouvoir. Si j'en avais. Ce dont je doutais.

Je fermai les yeux, serrai les rênes dans mes mains. Mon répertoire musical s'était agrandi durant mon enfermement à la Cour Noire. Je fredonnai l'une des chansons que je connaissais le mieux et que j'appréciais le plus. Elle était à la fois lente et puissante. Même si je ne la comprenais pas ce qu'elle racontait, la mélodie était vraiment belle et je m'en souvenais parfaitement. Jouée au violon, enivrante, entêtante et mystérieuse, les mots se calant sur le rythme avec une perfection irréelle...


There was a time

Long ago...

I looked into your eyes and saw your soul

It shined so bright,

I didn't know what to do

I fell for your light

It took away the pain and the hate

Freed my heart

You changed me, revealed who I was supposed to be


But all good things come to an end

Worship isn't love, I know

The sour taste of it on my tongue

Makes me remember that we reached the end

Before we had a chance

I was all yours but you were never mine

And never will be


The things you said and done

Never tamed the light

It blinded me

Made me forget

I'm one of the dark

And you were otherworldly

You were my world


All good things reached their end

Worshipping you

Was my mistake

The rotten taste of you on my tongue

Makes me remeber everything that I've done

I should say I'm sorry

But I can't lie to you

Never were you mine

When I was all yours


You learned your lesson

And I learned mine

With my bloody hands I close your eyes

Never to see the light again

Never to be fooled again


La magie monta en moi, violente, roulante comme une marée déchaînée. Je la sentais pulser dans mes veines, me faisant suffoquer, suppliant d'être libérée. Je ne savais pas comment faire. Je serrai les paupières, me concentrant sur l'image des énormes libellules que j'aimais tant regarder avec Ryker dans les Jardins du château. Je vis leurs ailes translucides, leurs corps brillants, le son qu'elles émettaient lorsqu'elles volaient...

Une lueur rougeâtre vint éclairer l'arrière de mes paupières. Je rouvris les yeux pour découvrir des flammes montant jusqu'au ciel, léchant l'arbre solitaire qui se tenait à quelques dizaines de mètres de moi. Le feu crépitait, vif. La pluie ne l'étouffait même pas, faisant simplement danser les flammes dans la nuit.

Cela venait-il de moi ? Ça ne se pouvait pas. Les Faes n'avaient qu'une affinité. Et si j'étais bien celle qui avait créé la bande de terre sous les pieds de Ryker, la mienne était avec la terre, pas avec le feu. Donc, ça ne pouvait pas venir de moi. Et si ça ne venait pas de moi, ça venait de quelqu'un d'autre.

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