Chapitre 7
Anastasia est celle qui nous accueille devant le bateau. Dos à ces bateaux gigantesques, elle semble toute petite et toute fragile, comme une fourmi devant une branche d'arbre. Elle sourit quand elle voit notre joyeuse troupe s'approcher.
— Bonjour Clarisse, le trajet s'est bien passé ?
— Oui, super. C'est vraiment magnifique ici.
— C'est vrai. Et quelle joie de pouvoir respirer sans masque, non ?
J'approuve de la tête.
— Voici la bête, dit-elle en montrant l'Arche derrière elle.
Je laisse mon regard aller de la coque brillante du bateau jusqu'au sommet, où l'éclat du soleil trahit la présence des serres.
— C'est magnifique, je souffle.
— Et tu n'as pas encore vu l'intérieur.
Son regard tombe sur la valise que je tiens à la main.
— Tu as pu prendre tout ce que tu voulais.
— Si j'avais bien compris, il n'y avait pas besoin de prendre ses propres vêtements ? je dis, prise d'un doute soudain.
— C'est exactement ça, me confirme t-elle.
Elle nous laisse ensuite un peu de temps pour faire nos adieux, car Alexandra et mon père ne peuvent pas monter dans le bateau.
Je les serre tous les deux très fort dans mes bras.
— Je veux que tu m'appelles tous les jours, dit Alexandra. Ne m'oublie pas surtout.
Je lui promets de lui donner de mes nouvelles autant que possible. Pareil à mon père. Je vois que ces yeux brillent quand il me donne une dernière accolade.
— S'il y a quoi que ce soit..., il dit en se tournant vers Anastasia.
— Vous en serez les premiers informés, lui assure t-elle.
Elle se tourne ensuite vers moi.
— Les autres ne sont pas encore arrivé, mais tu peux attendre à l'intérieur si tu veux.
— Super.
Je prends ma valise à bout de bras, et avec un dernier regard en arrière, je suis Anastasia.
Pour entrer dans le bateau, nous empruntons une passerelle, qui fait le lien entre le quai et le premier pont. Je ressens une légère vibration sous mes pieds, comme si le navire était pressé de prendre le large et gigotait d'impatience. La porte est incrustée dans la coque du bateau. Elle est déjà ouverte, et laisse entrevoir un escalier en bois ciré.
— Je ne pensais plus qu'on pouvait utiliser du bois pour les constructions, je dis en voyant cette matière rare.
— C'est vrai que c'est rare. Mais le bois a des atouts considérables pour un bateau. Il lui apporte légèreté et isolation. Et aussi, pour ce qui est de l'esthétique, il rend quand même l'endroit plus chaleureux.
Je caresse la rampe, sentant la matière lisse et soyeuse sous mes doigts.
Nous montons jusqu'au pont supérieur.
— Pour te déplacer ici, tu as des escaliers, mais aussi, plus rapide, des ascenseurs. Antonio qui va vous faire la formation te montrera tout ça.
Je m'avance vers la rambarde, et me penche au-dessus pour tenter de voir Alexandra et mon père. Les voilà, qui discutent en regardant le bateau. Ils m'aperçoivent et je leur fait signe de la main.
— Un des autres candidats arrive je crois, dit Anastasia en me montrant une voiture grise qui passe le premier portail à plusieurs mètres de là. Tu vas pouvoir attendre dans les quartiers, d'accord.
Nous entrons à nouveau à l'intérieur, dans ce qu'elle appelle « les quartiers » et qui est en fait le lieu où nous allons dormir, manger, nous reposer. Tout est aussi en bois dans les pièces, que ce soit le plancher ou les mobiliers. Les murs sont couverts de carte de navigation ou de vieux atlas. Le plus impressionnant est l'énorme dessin de baleine à l'encre bleu, sur une sorte de parchemin, accrochée en face de la porte d'entrée.
— Ici c'est une salle de réunion avec des ordinateurs pour pouvoir vous consulter et voir vos avancées. Si tu veux je peux te montrer rapidement les autres salles.
Je dépose ma valise au pied de la table et suis Anastasia, qui m'ouvre les autres portes au fur et à mesure que nous passons devant.
La cuisine est une pièce assez simple, avec tout le nécessaire : four, micro-onde, planche à induction, frigo, et plusieurs placards. Une table assez haute et des tabourets sont derrière le plan de travail.
La salle commune est composé de deux grands canapé, remplis de coussins brodés, une fausse cheminée, une étagère de bibliothèque et une télévision.
La salle de bain commune est une grande pièce éclairée par des lampes bleutées, avec des carreaux façon mosaïque, une cabine de douche spacieuse et un lavabo en marbre.
Je suis émerveillée par la beauté des détails et les matériaux qui ont été choisis.
— Tu peux t'installer ici pour attendre les autres.
— D'accord, merci.
Elle repart alors que je m'installe au bout d'un des canapés. J'enfonce mon dos dans un des coussins, et je passe un petit temps à observer plus en détail ce qu'il y a autour de moi. Deux tableaux richement colorés, des livres aux reliures dorées, une vieille pendule sur la cheminée.
Je me lève et m'approche de l'étagère. Quand je tente de tirer vers moi un des ouvrages, il ne bouge pas d'un pouce. Je force un peu, essayant avec une des œuvres plus vers le côté. Elle se décroche enfin, laissant voir une couverture sans contenu à l'intérieur : il ne s'agit seulement que de la décoration !
Je me rassois donc, dépitée. Avec toutes ces émotions, je me sens soudain vide. Je suis comme tétanisée au milieu de la salle, incapable de faire autre chose que de faire carburer mon cerveau avec des milliards de scénarios possibles sur ce qu'il va se passer ensuite.
Et puis, enfin, des bruits de pas. Je me redresse un peu, remet mes mèches en place. Des éclats de voix, le bois qui grince, et la porte s'ouvre.
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