Chapitre 13

Le laboratoire paraitrait presque intimidant, si je ne considérais pas les microscopes et les boîtes de Pétris comme mes meilleurs alliés. Je prends quand même un petit moment pour observer les différentes machines qui s'y trouvent : spectrophotomètres, centrifugeuses, incubateurs, filtre à infrarouge...

— Contrairement à hier, me dit Caroline, il n'y a pas vraiment de protocole à suivre ici. Tu n'as pas de routine particulière à suivre, tu dois simplement effectuer les tâches qui te sont confié.

Elle me montre comment accéder à l'espace laboratoire du logiciel partagé.

— Ici, tu vois toutes les demandes des autres. Par exemple, aujourd'hui, tu as une analyse des échantillons d'eau qui t'es demandé par Taïs pour les écosystèmes.

Effectivement, sous les initiales TB se trouve la demande.

— Les demandes importantes s'afficheront en rouge.

Caroline me tend les échantillons d'eau.

— Tu peux t'installer ici si tu veux, dit-elle en me montrant un tabouret haut et un plan de travail bien rangé.

— Qu'est ce que je dois trouver de particulier dans ces échantillons ?

— Tu dois simplement décrire les composants. Cela est très utile pour savoir ensuite quel micro organisme ou poisson est potentiellement compatible.

Je commence par le spectrophotomètre pour mesurer la turbidité et les niveaux des composés chimiques de l'eau. Puis, le pH-mètre pour en mesurer l'acidité. Au microscope, je peux identifier les bactéries qui peuplent déjà les échantillons d'eau.

Une fois terminée de remplir ma fiche d'analyse, je l'envoie à Taïs. J'étire mon dos, qui est en compote à force de le courber au-dessus du bureau.

Durant la pause du midi, Caroline me propose de manger avec elle. Elle a amené des sandwich et nous restons dans un coin du laboratoire pour discuter.

— Quelles sont les recherches que vous avez mené à l'institut durant votre carrière ? Je demande pour lancer la conversation.

Caroline sourit.

— Et bien, au début je m'étais spécialisée en faune et flore de la mer. J'ai fait plusieurs expéditions dans l'océan Indien pour y étudier le secteur.

— Vous avez beaucoup voyagé ?

— Les membres de l'Institut qui font de la recherche doivent toujours voyager, pour récolter de nouveaux échantillons dans les zones naturelles de la planète. En fait, tous les échantillons que l'Institut a récolté depuis le début de son existence sont présents dans ce bateau.

J'écarquille les yeux.

— L'Arche, c'est un peu la mémoire de cette planète. Chaque être qui y est passé, chaque fossile, minéraux. Si un jour nous devions reconstruire la planète Terre, toutes les données dont nous avons besoin seraient ici.

Je finis de manger mon sandwich, réfléchissant à ce qu'elle vient de dire, et qui me donne encore des indices sur l'importance de l'Arche.

— Vous n'avez pas peur de laisser autant de reliques du passé entre nos mains ?

— Non, dit-elle sagement. Vous êtes les générations futures, notre espoir. Les plus à mêmes de garder ce bateau.

Après vingt minutes, nous retournons à la tâche.

— Alors, si tu as bien compris, qu'est ce que tu dois faire ?

J'ouvre le logiciel partagé et vois la nouvelle demande. Sous les initiales NM. Une demande de Noé.

— Et de quel secteur vient la demande ?

— Salle des archives. Décryogénisation et incubation pour introduction d'insectes dans la forêt amazonienne.

Noé arrive quelques temps plus tard avec les échantillons : des œufs d'insectes conservés à la température la plus froide possible, dans des petites boîtes hermétiques.

Caroline me montre comment les ramener à température normale, en les plaçant dans des contenants spéciaux, et me donne les instructions pour l'incubation, qui va permettre de faire éclore les œufs très vites.

Pendant ce temps, Noé qui a certainement terminé toutes les tâches qu'il avait à faire s'est assis un peu plus loin et observe avec curiosité quelques préparations de lamelles.

Je tente de me concentrer sur ma tâche. Caroline me présente la machine utilisée pour la croissance rapide des insectes, car nous avons décidé de les introduire directement au stade adulte de leur morphologie.

— Ca c'est l'Accélératrice de Croissance Biologique, cette machine utilise un mélange de facteurs génétiques, hormonaux et environnementaux pour stimuler le développement rapide des insectes.

Je place les œufs dans les petits tubes prévus à cet effet et les installe dans la machine.

— Des hormones de croissance sont diffusés, ce qui permet la croissance rapide. D'ici une heure, tes insectes seront formés.

— Et il n'y a pas de dysfonctionnement au niveau ensuite de leur comportement ou de leur ADN ?

— Non, les ondes électromagnétiques qui sont utilisées sont calculées par l'intelligence artificielle de la machine pour ne pas brusquer la génétique des insectes.

— Et cela va aussi marcher pour les mammifères ?

— Malheureusement, non. Pour les plus gros animaux, qui sont censé avoir une durée de vie allongée, il faut un développement plus lent. Dès que vous aurez votre attribution finale, celui qui sera au laboratoire pourra commencer à incuber des gros mammifères et préparer leur croissance. Suis moi.

Elle me mène au fond du laboratoire. Antonio nous avait déjà montré ce coin là. C'est d'ailleurs là où il y avait déjà quelques animaux vivants en cage : des souris, un chat, deux oiseaux et un serpent. Le fameux serpent qui m'a fait sursauter de peur. Je ne l'avais pas vu, car il était caché dans un recoin sombre de sa boîte, et quand j'ai approché mon visage, il avait surgi, montrant sa langue fourchue.

— On a déjà fait quelques tests avec les animaux déjà présents.

— Et que vont devenir les animaux déjà présents ici ?

— Ils vont être introduits très prochainement dans les écosystèmes. D'abord, les rongeurs, puis les reptiles, et enfin les prédateurs.

Elle m'emmène ensuite vers l'espèce d'aquarium rempli d'un liquide visqueux.

— C'est ici que se développeront les embryons, jusqu'à atteindre taille adulte.

— Et ensuite, seront-ils en mesure de se reproduire dans les écosystèmes ?

— Bien sûr, c'est tout le but de l'expérience. C'est pourquoi nous les introduisons directement au stade adulte, pour qu'ils puissent être directement en capacité de se reproduire.

Nous revenons vers le plan de travail. La machine accélératrice de travail m'indique que cela prendra encore une bonne demie-heure.

— Je vais me chercher un café, m'informe Caroline. Tu veux quelque chose ?

— Non, ça ira, je lui dis.

Elle part du laboratoire.

Je range un peu mon coin du bureau, car j'ai tendance à mettre du bazar partout où je vais. Comme je m'ennuie, je jette un coup d'oeil vers Noé. Il est penché au-dessus d'un microscope.

— Qu'est ce que tu fais ? Je demande

Il relève la tête.

— Je joue au piano, ça se voit pas ? Dit-il d'un ton sarcastique.

Il manie la grosse vis du microscope, fermant un de ses yeux pour voir mieux dans la lunette.

— Tu veux voir.

Je me lève et m'approche. Il me laisse sa place. Je plonge mon regard dans la lunette, mais n'aperçois qu'une surface bleuté avec quelques grains d'impureté.

— Hum, je ne vois pas grand-chose.

— C'est normal, tu t'agrippes tellement au microscope que tu as tout déréglé.

Je m'excuse et recule, pour le laisser retrouver le bon zoom.

— Tiens, cette fois essaye de ne pas tout casser.

Je m'approche, gardant mes mains derrière moi.

— Oh, trop mignon !

J'en avais déjà vu quelques uns en classes de science, mais ça me fait toujours sourire d'en observer. Le rotifère, avec son corps translucide, ses cils vibratiles et ses mouvements gracieux semble mener une vie animée dans son microcosme aquatique.

Je me retire pour laisser à nouveau la place à Noé. Il enlève la lamelle de l'appareil.

Caroline revient à ce moment là.

— L'incubation est finie dans vingt minutes, je l'informe.

— Super. Par contre, je viens d'apprendre que j'étais attendue pour une conférence demain, alors je ne pourrai pas être là. Tu vas donc suivre ta formation de la salle des archives en même temps que ta camarade Jade. J'espère que ça ne te dérange pas.

— Pas du tout.

L'idée d'être avec une amie pour la journée est même réconfortant.

— De toute façon, ce n'est pas la salle la plus protocolaire. Il faut juste être rigoureux et patient.

La machine bipe.

— Tu vas pouvoir les sortir et les mettre en boîte.

Alors que j'ouvre la portière, elle me prévient.

— Il faut que tu sois rapide, sinon ils peuvent s'échapper.

Mais son avertissement vient un peu tard, déjà une araignée a le temps de grimper sur mon bras. 

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