Le vainqueur
- Tu remarques rien ? Livaï interrompit Hanna dans sa lecture, en posant sa main sur son épaule. Elle était assise sur un fauteuil à bascule, et profitait du soleil depuis le porche du chalet.
Hanna sursauta, car son esprit était plongé dans l'histoire. Elle mit son livre sur la petite table basse, en prenant soin de placer délicatement un marque page orné d'un renard, et leva son regard vers l'homme qu'elle aimait. Elle protégea ses yeux de la lumière étincelante avec sa main.
- Ta canne ! Hanna possédait un sens de l'observation aussi développé que Livaï, et il appréciait ce détail.
Livaï se tenait droit. Son équilibre était évident, et il marchait. Sans sa canne. Il rejoignit Hanna, dont le sourire devint éclatant quand elle vit Marius suivre les pas de l'Ackerman.
Livaï et Marius puisaient dans chacun la force qui leur manquait. L'enfant se déplaçait sur les genoux, mais Hanna et le caporal-chef étaient les témoins de sa volonté : celle de se mettre debout, pour marcher. L'Ackerman tenait alors la main du garçon, et les hommes de la maison partaient à la découverte de tous les recoins de la pièce à vivre.
Hanna se laissa tomber dans les bras de Livaï, qui embrassa pudiquement le haut de son front. Le monde semblait différent. Ils profitèrent de cet instant d'accalmie, jusqu'à... Le rire de Marius envahit la terrasse, et le couple se retourna simultanément.
- Je rêve... Livaï s'agenouilla vers l'enfant et tendit ses mains, que Marius attrapa immédiatement. Aïe ! Mais ça va pas ?
- Je ne t'ai pas pincé fort, ne bougonne pas..., déclara doucement Hanna en caressant les cheveux et la joue de Marius.
- Tu n'as pas l'air de comprendre ce qu'il se passe, grogna-t-il en scrutant soudainement l'horizon. Il semblait avoir entendu un bruit inhabituel à la lisière de la forêt. Hanna tourna également sa tête, mais préféra se noyer dans les yeux de Livaï. Je ne veux pas être responsable de la vie de quelqu'un d'autre que Marius et toi. Ce discours de Livaï ressemblait à une déclaration d'amour, et Hanna connaissait sa symbolique mieux que personne. Cette raison fut pour laquelle elle profita encore un peu de la chaleur corporelle du caporal-chef.
L'environnement était anormalement calme et silencieux, et Livaï s'attendait à voir surgir n'importe quoi à travers les buissons. Jusqu'à ce que sa peur se réalise sous son regard...
- Hanna, Livaï : à l'aide ! Mikasa, je... Reiner. Il portait Mikasa comme une princesse.
Hanna se précipita vers lui, pendant que Livaï mettait Marius en sécurité dans son parc. Il descendit les marches du perron en serrant les dents, mais Hanna et Reiner vinrent heureusement à sa rencontre.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?, demanda Hanna en vérifiant de suite l'état physique de Mikasa, qui reprenait progressivement ses esprits. Tu m'entends Mikasa ? Serre ma main. Très bien. Ne parle pas. Tu es en sécurité. Reiner, tu peux la déposer sur le canapé. Peux-tu s'il te plaît récupérer mon stéthoscope et mon tensiomètre dans le cabinet ? Reiner fonça, alors que Livaï restait anormalement serein sur place. Livaï ! Apporte-moi une bassine d'eau fraîche et...
- Mikasa est enceinte.
Reiner claqua la porte brutalement, et Hanna dévisagea Livaï si intensément qu'elle aurait pu se brûler les rétines.
- Quoi ?
- Comment tu le sais ?
Hanna et Reiner interrogèrent Livaï comme s'il détenait un secret depuis bien longtemps. Ils se rapprochèrent de lui, mais les haut-le-cœur de Mikasa les prévinrent d'une catastrophe prochaine. Pourtant, Livaï eut le temps d'aller chercher la bassine et un verre d'eau à la cuisine, et de les porter jusqu'à la future maman, dont l'estomac n'attendit pas pour dégurgiter le repas.
- Ne sursaute pas Ackerman, je vais vérifier si t'as de la fièvre. Le fait de poser une main contre le front du malade était artisanal, mais cette méthode avait déjà fait ses preuves en expédition. Depuis combien de temps Mikasa ?, lui chuchota-t-il à l'oreille, tandis que Hanna et Reiner essayaient de comprendre le don de déduction de Livaï.
- 3 mois. Jean m'a avoué qu'il était l'homme le plus heureux et comblé du monde, articula-t-elle avec difficulté. Comment as-tu deviné ?, l'interrogea-t-elle les larmes aux yeux.
- Tu as une mine épouvantable Ackerman... Et je parle même pas de tes cheveux. Jamais je les ai vus aussi gras, même en exploration, révéla-t-il en ne pouvant empêcher son regard de se poser sur le ventre de Mikasa. Cependant, je peux savoir pourquoi vous étiez tous les deux dans les bois ?
- Nous avons déjeuné ensemble en ville avec Reiner, et nous revenions du cimetière quand..., Mika s'interrompit pour restituer le restant de son repas. Livaï lui tint les cheveux, et lui tendit l'un de ses fameux mouchoirs blancs en coton. Merci.
- Mes félicitations à toi, et au futur papa, s'exprima-t-il avec une pointe de nostalgie imperceptible dans la voix. Ackerman et Kirstein... Un résultat plutôt inattendu.
- Si le bébé est une fille, Armin sera le parrain. Si un fils perpétue le nom de Jean, nous voulons que tu sois son protecteur. Je ne t'ai jamais rien demandé Livaï, donc tu as intérêt de me le promettre. Mikasa savait qu'elle serait à jamais la témoin privilégiée de la surprise qui se dessinait sur le visage de Livaï.
- Je te le jure. Livaï était conscient de la responsabilité de ce rôle. C'est pas comme si j'étais dans les biberons et les couches depuis des mois. Les Ackerman se comprirent en un regard, détourné dans la seconde par Mikasa, secouée par un chagrin causé par les hormones. Plus que 26 semaines à tenir...
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