On n'echappe pas au destin, même quand on est le maître de l'univers

Cronos était malin, il avait tout mis en œuvre pour échapper à la malédiction de Ouranos. Il avait même mangé cinq de ses enfants plus une pierre, c'est dire à quel point il était déterminé à rester au pouvoir. Malheureusement, comme beaucoup de dictateurs, il avait sous-estimé un facteur très important, les mouvements contestataires.

Rhéa se sentait d'humeur révolutionnaire et l'idée que ses enfants étaient en train  de grandir loin d'elle dans le ventre de leur père, finit par la motiver à se révolter contre son mari. C'est simple les coups d'état, il faut juste si prendre au bon endroit et au bon moment. Et surtout il faut savoir fuir très vite quand ça commence à partir en sucettes. Heureusement pour elle, elle monta un plan en béton. Ah attendez, pas du tout. Diantre ! C'est un miracle qu'elle soit encore en vie.

Quand Zeus fut suffisamment grand pour comprendre qui était son père et comment faire pour le battre, Rhéa vint lui rendre une petite visite.

- Mon cher fils, mon amour, mon enfant, que tu as grandi.

- Z'etes qui vous ?, fit le jeune dieu en évitant le câlin de la dame.

- Je suis ta mère jeune homme, un peu plus de respect.

- Ma mère ? Mais j'ai toujours cru que c'était elle ma maman.

Avec ces mots il pointa du doigt une chèvre, nommée Amalthée. Elle était vieille et toute... chevrotante. Elle s'était occupée du petit depuis sa naissance en le nourrissant avec son lait. Un jour, sans le faire exprès- j'espère- Zeus, en jouant avec elle, lui cassa une corne. Pas une mince affaire si vous voulez mon avis, d'élever un petit futur roi de l'univers. Sa vraie mère, elle, en resta estomaquée.
Et oui, Rhéa, on ne peut pas venir après 20 ans d'absence dans la demeure de son fils et s'attendre à ce qu'il se rappelle d'une femme qu'il n'a vu qu'une fois dans sa vie, à sa naissance. La reine des cieux soupira.

- Bon peu importe, je suis venue pour t'annoncer que tu es un sorcier Zeus.

- Quoi ?

- Ah non désolée, je me suis trompée de ligne. Je reprends: Cronos est ton père.

Le jeune dieu regarda sa « mère » qui n'était apparemment pas une chèvre avec un air ennuyé.

- Mais je le sais déjà ça.

- Que- Quoi !

- C'est le grand aigle sage qui me l'a dit y'a à peu près trois ans.

- Le grand aig- mais quoi ! Mais ça parle les aigles?!.

- Que tu es bête. Mais revenons à non mouton. Tu veux que je me batte contre lui non ? C'est quoi ton plan.

Rhéa se remit de ses émotions (des aigles qui parlent ,on en croise pas tout les jours, même durant la Grèce antique) et exposa son plan à son fils. Il semblait très intéressé par les paroles de sa mère. Il réfléchissait, il acquiesçait, il demandait de répéter si jamais il ne comprenait pas. À la fin de son explication, Rhéa regarda son enfant, pleine de fierté. Elle attendit les compliments. Elle attendit longtemps. Mais à la place, Zeus lâcha un « Mais c'est nul ».
Ah les gosses, jamais assez reconnaissants quand on revient après 20 ans d'absence leur exposer notre plan plus que bancal pour détrôner leur père, grand tyran qui dirige le monde avec cruauté.... Quel ingrat !

Malgré tout, Zeus finit, faute de mieux, par approuver l'idée de sa mère. À contre-cœur, il partit dès le lendemain direction le palais de son oncle, le titan Océanos. Vous savez le plus vieux des titans, qui dirige l'océan et qui a refusé d'aider Cronos dans sa quête de pouvoir. Comme on dit la personne qui a refusé de participer à un meurtre parricide avec mon ennemi est... Bon laissez tomber.
Zeus se présenta très tôt le matin devant le palais sous-marin. Ne me demandez pas comment il a fait pour respirer sous l'eau ni comment il a fait pour résister à la pression ou même comment il a pu savoir où il allait, je n'en ai aucune idée. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'il se retrouva dès 8h30 dans la salle du trône de son oncle. Il était motivé apparemment.

En arrivant, le jeune dieu n'était pas impressionné pour un sou. Très clairement, la grande salle décorée plus que luxueusement ne lui semblait absolument pas digne d'intérêt. Le vieux titan au fond de la pièce le toisait, comme pour essayer de deviner qui était le petit impertinent qui osait déranger sa séance de bronzage sous marine. (Activité très prisée dans les profondeurs, je vous assure).

- Qui es-tu petit?.

- Mon oncle, je suis votre neveu.

- Lequel ?

Dérouté ? Clairement ! Comment Océanos osait-il ne pas savoir qui il était. Il était vexé et un dieu vexé c'est vraiment la dernière chose que vous voulez voir sur cette terre.

- Je suis Zeus, dernier né entre les enfants de Cronos, seigneur des titans, et de Rhéa, mère des dieux.

- Oooh, ce neveu là ! Mais t'étais pas dans le ventre de ton père toi ?

- C'est une longue histoire, vous lirez le chapitre précédent si vous voulez.

- Bon, dis moi mon cher revenant, comment un vieille oncle bedonnant pourrait t'aider ?

- Je veux dominer le monde... Et tuer mon père.

- Génial !

Et sur ces mots, Océanos aida Zeus. Il appela une de ses plus fidèles océanides, sa fille Métis. Celle-ci était très intelligente, vraiment intelligente. Lorsqu'elle vit ce cousin, qu'elle rencontrait pour la première fois, elle sut qu'il fallait être de son côté. Elle trouva donc, sous les ordres de son père, une plante extrêmement rare qui donnait - tenez vous bien - une envie de vomir incontrôlable à quiconque l'ingérait. Elle remit cette plante à Zeus qui partit sans demander son reste. Et sans dire merci accessoirement.
Le jeune dieu se précipita sur le mont Othrys, la demeure de Cronos. En arrivant devant la porte d'entrée, il se trouva face à un premier problème de taille. Comment faire pour rentrer à l'intérieur ? Suivant les ordres de Rhéa, il frappa à la porte. Un vieux serviteur vint lui ouvrir.

- Vous êtes ?

- Zeus, je suis là pour le poste de serviteur.

- Mais il n'y a pas de poste à promouvoir...

- Ah bon ? Maintenant si.

D'un geste précis et sec, le jeune dieu tira le vieille homme et le jeta dehors. Le pauvre bonhomme dégringola la montagne et arriva en bas dans un état plus que déplorable. Quel sadisme ! 
Zeus, rentra dans la demeure de son père. Il enfila l'uniforme d'un serviteur, ce qui honnêtement, à l'époque consistait à porter à peu près la même chose que la tenue habituelle mais en un tout petit peu moins propre et neuf.
Zeus arriva dans la salle de réception par une petite porte dérobée dont sa mère lui avait parlé. Personne ne se préoccupe des serviteurs, ce fut donc un jeu d'enfant pour lui d'arriver à portée de Cronos.

- Un peu d'eau, monsieur ?

- Quoi !? Tu veux me tuer ? Je ne bois que du vin, l'eau me donne des nausées.

Le faux serviteur avait failli avoir une crise cardiaque en entendant le début de la phrase. Il sourit poliment à son père et partit chercher une bouteille de vin. Il en profita pour verser dedans le poison de Métis.
Je l'imagine perché au dessus de son curieux mélange à la manière de Gargamelle, se frottant les mains avec un sourire inquiétant. Ainsi quand il revint, il servit le breuvage à Cronos qui le but sans se douter de quoi que ce soit. Enfin ! Monsieur roi des titans et de l'univers, il faut être plus prudent...
Il ne suffit que de quelques minutes pour que la plante ne fasse effet. Le titan, sentit du remou dans son ventre. Il avait une incroyable envie de vomir ce qui était très étrange puisqu'il n'avait pas bu d'eau récemment. Cette sensation étrange s'intensifiait et le faisait tituber. Soudain - âmes sensibles s'abstenir - il régurgita tous son déjeuner ainsi que ses cinq enfants. La pierre sortit elle aussi de l'antre du monstre. Elle atterrit dans un grand fracas au milieu de la table, dégoulinante de bave et de vomi. Puis sortirent dans l'ordre Poseidon, Hades, Hera, Demeter et Hestia, eux aussi tout dégoulinant et plein de vomi mais plus important, contrairement à la pierre, ils étaient bien vivants. Ne pouvant pas être digérés par le titan, ils avaient continué de grandir dans son ventre. Plus d'une vingtaine d'années coincés dans leur père, je crois que c'est ce qu'on appelle une enfance traumatisante. Ils ont leur place chez le psy...

Quand ils sortirent, les jeunes dieux prirent tout de suite une apparence adulte. Comment ? Aucune idée, vous devriez vous y faire avec le temps, je ne maîtrise pas tous les détails étranges qui parcourent la croissance infantile dans la mythologie grecque.
Cronos, pour sa part, ne comprit pas vraiment ce qu'il s'était passé. Qui diable étaient ces gens qui venaient de sortir de lui?. Avait-il mangé des gens ce matin ? Non... Et hier alors. Il y avait bien ce macédonien qui l'avait énervé mais rien n'indiquait sur le visage des individus une quelconque appartenance à ce peuple. Soudain il comprit. Vous connaissez ce sentiment de honte profonde quand vous vous rendez compte que vous avez été la cible d'un coup d'état ? Non ? Ah... et bien imaginez la détresse psychologique dans laquelle quelqu'un peut être quand il apprend que personne ne peut le blairer et qu'il a été trahi. Voilà, vous avez à peu près le tableau.

Les jeunes dieux, se dirigèrent immédiatement vers leur sauveur et ensemble ils s'enfuirent du palais, sous les cris de colère de leur père. Oui, la fugue existait apparemment déjà à l'époque. En même temps, quand votre père vous mange vous et vos frères et sœurs, il me semble que la fugue est légitime...
Ils émirent domicile sur le mont Olympe, alors le deuxième plus haut sommet de Grèce. Ils furent rejoint rapidement par leur mère, Rhéa qui avait fuit le palais de Cronos quelques jours plus tôt, ainsi que par des titans alliés. On retrouve parmi ces révolutionnaires le titan Prométhée qui mériterait bien un chapitre à lui tout seul mais j'y reviendrai.
Chacun des deux côtés rassemblèrent leurs forces et leurs compagnons d'armes. Cronos fit appel à ses frères, fidèles. Zeus s'entoura de tout ceux qui n'en pouvaient plus du règne du titan. Il fallait passer à autre chose, changer d'air et d'ordre mondial. Rien de mieux qu'une guerre pour régler tout vos conflits. Mesdames et messieurs, je vous souhaite la bienvenue dans la titanomachie.


—————————
Hello, voilà un chapitre un peu plus long que d'habitude. J'espère qu'il vous a plu. On se retrouve bientôt pour la suite. En attendant prenez soin de vous. Bye.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top