Nyx est la déesse primordiale de la nuit. Sans étoile bien sûr. La nuit sombre où l'on se perd. C'est peut-être pour cela qu'elle va si bien avec son frère, Érèbe , le dieu primordial des ténèbres. Entre divinités de l'obscurité, ils doivent se comprendre. Leurs conversations étaient cependant peut-être un peu limitées : "il fait sombre chez toi ? Oh chez-moi aussi, quel point commun !".
Mais ce fût, quelle que soit la façon dont ils se sont mis ensemble, l'un des premiers couples de l'univers. Pourtant, je ne sais pas s'ils s'aimaient vraiment. Personne ne le sait en fait. Ce qui est sûr c'est qu'ils ont eu une ribambelle d'enfants ensemble.

Pour commencer, ils ont fait Héméra. La déesse du jour. Le comble pour la déesse de la nuit et le dieu des ténèbres. Les anciens disaient que quand Nyx recouvrait la terre de son voile d'obscurité et cachait alors aux mortels Ether, la lumière céleste, le frère d'Héméra, cette dernière chassait le voile de fumée de sa mère pour laisser place au jour. Ils ont des explications pour tout ces grecs ! Un peu compliqué cela dit.
Selon moi, Héméra est restée bloquée dans l'âge bête de l'adolescence et se lie avec son frère pour jouer des tours à sa mère. Pauvre Nyx, je la plains un peu, ce ne doit pas être facile d'avoir des enfants pareils. Ce ne doit pas être facile d'avoir des enfants tout court en fait. Or elle en a eu beaucoup. Quand je dis beaucoup je veux dire que je ne peux pas tous les nommer car ça prendrait trop de temps.

En plus d'avoir fréquenté Erèbe et d'avoir des enfants comme Héméra, Éther ou encore Charon, oui le videur des enfers, Nyx est aussi connue pour avoir fait l'infaisable : avoir des enfants toute seule. Quand je dis toute seule c'est vraiment toute seule, sans aide masculine, ce qui est, on se l'accorde totalement impossible - n'essayez pas de reproduire ça chez vous mesdames, je ne garantis pas la fiabilité de la technique. C'est d'ailleurs peut-être à cause de cette manière très originale de concevoir un enfant, que sa progéniture est si... particulière.

Mort, Poison, Fatalité, Discorde et encore plein de petits monstres dans ce genre, le message est clair pour l'époque, les enfants nés hors-mariage c'est niet ! Enfin pour les filles bien sûr, les garçons eux ont le droit à une ribambelle de maitresses plus belles et bêtes les unes que les autres. Et oui, l'égalité homme-femme c'était pas trop d'actualité dans la Grèce antique, quel dommage !

Quoiqu'il en soit je suis sûre que vous connaissez au moins l'un de ses enfants, Eris par exemple, la déesse de la discorde, celle qui a déclenché la guerre de Troie. Une sacrée histoire qu'on verra un peu plus tard. Ou encore Thanatos, la mort en personne. J'ai une histoire plutôt amusante à son sujet d'ailleurs :

Thanatos, Thanatus en latin, est la personnification de la mort dans la mythologie grecque. Souvent associé à son frère Hypnos - ils sont même considérés jumeaux selon certains. Il occupe un job plutôt compliqué. Récupérer les âmes mortelles et les amener dans le royaume des morts. Un jour seulement, tout ne se passa pas comme prévu. En se rendant sur terre pour trouver Sisyphe roi de Corinthe et lui annoncer sa mort, il se rendit compte en arrivant que ce dernier n'était pas vraiment ravi de le voir - comme c'est étrange. Sisyphe usa alors de ruse pour échapper à la mort. Une idée absurde non ? Et bien pourtant il réussit par je ne sais quel miracle à attacher Thanatos avec des menottes, oui oui des menottes vous ne rêvez pas. Je crois que la mort était facilement bernable à l'époque.

Alors que Thanatos se démenait pour se libérer de ses liens, Sisyphe l'enferma dans l'une des nombreuses chambres vides de son immense château. J'imagine assez bien Thanatos en haut de la plus haute tour comptant désespérément les jours avant qu'un prince charmant ne vienne le libérer. Ah quel romantisme !

Au bout d'un certain temps, Zeus s'aperçut - il était temps - que les mortels ne mourraient plus quand il les tuaient. Il en fut très contrarié, vous vous en doutez. Il demanda alors à son fils Arès, dieu de la guerre qui avait, lui aussi, remarqué l'absence de Thanatos depuis quelque jours, d'aller régler cette histoire. Les enquêtes d'Arès - je dis enquêtes mais je ne sais même pas s'il savait compter jusqu'à 15 - le conduirent jusqu'au château de Sisyphe où il trouva un Thatanos traumatisé et prenant le dieu de la guerre pour son prince charmant. Il était temps qu'Arès arrive. Il le libéra de ses menottes et emmena Sisyphe aux enfers pour le présenter au jugement du roi des morts, le seigneur des enfers, le grand dieu solitaire, j'ai nommé Hadès.

On pourrait croire à partir de ce point que le mythe est terminé, que Sisyphe a accepté sa punition et qu'il souffre aux enfers pour s'être joué de la mort. Et bien pas tout à fait. Notre bon roi dans sa grande acceptation de sa défaite, décida de tromper non pas Thanatos mais Hadès lui même, pour échapper à la souffrance éternelle. Il usa encore une fois de la ruse pour se défaire du roi des morts.

- Grand seigneur, j'implore votre clémence. Ma femme, aussi idiote qu'elle l'est, ne m'a pas offert d'inhumation digne de ce nom et n'a pas suivi les rites sacrés que vous avez érigés. S'il vous plait seigneur, accordez- moi le droit de retourner sur terre et de demander à ma femme de m'enterrer correctement.

Aussi étrange que cela puisse paraitre, Hadès accepta et laissa Sisyphe retourner chez lui. Bien sûr, il manqua bien de rentrer aux enfers et resta dans son château où il s'amusait bien d'avoir trompé non pas un mais deux dieux. Bien entendu, Hadès comprit au bout d'un certain temps que Sisyphe l'avait dupé et il envoya Thanatos le chercher - ils ne peuvent pas se déplacer eux-mêmes ces dieux. Les juges des enfers le condamnèrent à pousser un rocher jusqu'en haut d'une montagne. Une fois atteint le sommet il serait libéré. Bien sûr, à chaque fois qu'il approchait le bord, la roche dégringolait la pente et il devait recommencer. Et ce jusqu'à la fin des temps.

Quel belle histoire non ? On ne peut pas tromper la mort aussi facilement en fin de comptes. Cela montre aussi qu'on se fait toujours gauler après coup, ce qui est dommage. Bien sûr l'idée de départ de Sisyphe était plutôt idiote, tromper la mort, mais quelle idée ! Comme si c'était le première à avoir essayé !.

Sur ce, je vous propose de passer à un autre couple primordial qui ne coupe pas à la règle de l'inceste. Je vous demande un tonnerre d'applaudissements pour Gaïa et Ouranos.

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Coucou j'espère que ce chapitre t'a plu. Rendez-vous pour la suite à tes risques et périls.

Bisous