Rappelle Moi- Une rose blanche

- Je me suis allongée en face de toi, sur la rive opposée, et j'ai sortit un livre moi aussi. En fait, je ne lisais pas parce que je passais mon temps à alterner entre vérifier que mes frères ne faisaient pas de bêtises et te regarder furtivement.

Elle sourit, mais sa nostalgie est si puissante qu'elle se lit sur son visage.

- Mais je ne me résolvais pas à le ranger parce qu'il me donnait contenance. J'avais l'impression d'être un peu liée à toi aussi, c'est vrai. Tu sais Lucas, quand tu lis, c'est comme si on pouvait lire ce qu'il se passe dans ton roman sur ton visage. C'était un peu troublant, alors je t'ai regardé sans un mot. Ça m'amusait un peu. J'aimais bien. J'aime bien. Nous étions au printemps. Les fleurs me piquaient la nuque et l'herbe n'avait pas été tondue depuis quelques semaines et me chatouillait le nez. C'était très doux comme moment. Et puis, je ne sais pas vraiment pourquoi, tu as brusquement levé le nez de ton bouquin. Tu as regardé le ciel, tes épaules se sont un peu affaissées et tu t'es levé. Tu as croisé mon regard surpris et tu as rougi. C'était mignon. Tu as empoigné ton livre et tu es sorti du parc en me jetant quelques regards inquiets. J'ai eu du contenir mon fou rire je t'avoue. Dans mon esprit tu étais le garçon du parc. Et mes frères m'ont presque harcelée pour savoir qui tu étais. Ils m'avaient vue te regarder je crois...

Une larme s'écrase à la commissure de ses lèvres. J'appuie mon doigt dessus pour la faire disparaître. Elle plonge ses yeux dans les miens. Je ne sais pas si elle à l'air surprise ou heureuse.

- Ne pleure pas, je murmure.

Je me lève, et me dirige vers la roseraie qui enroule ses bras épineux autour des poteaux de bois à quelques mètres du banc. Je cueille la rose la plus jolie que je trouve. Je fais attention à en choisir dont les pétales ne sont pas tachées d'une tâche fanée, et dont la tige n'est pas hérissée de milles épines.

Je retourne vers Blanche et lui tends la fleur.

- Elle est pure et belle, je souffle, comme toi.

Elle rit et on oublie. On oublie ensemble, c'est moins angoissant que d'oublier tout seul. On ne parle plus de l'ancien moi et ça ne me gêne pas plus que ça.

Elle rit. C'est le principal.

Ma Blanche à moi.

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