Chapitre 4

— Bien le bonjour, M. Erninger. Quel parfum de mes succulentes pâtisseries est venu vous titiller les papilles aujourd'hui ?
— Bonjour, M'dame Genille. Je me contenterai aujourd'hui de votre baguette française et de trois croissants au beurre.

Mademoiselle Genille sourit, mais elle comprenait de moins en moins le vulgaire accent canadien de ce monsieur et elle n'aimait pas se faire appeler Madame. Du haut de ses 53 ans, elle n'acceptait toujours pas l'idée de vieillir. Chaque ride qui apparaissait sur son jeune visage disparaissait grâce à de la poudre et du papier collant pour étirer les rides de ses yeux. Elle qui était si belle et douce était devenue le cauchemar de chaque femme sur cette planète, du moins, c'est ce qu'elle pensait. Monsieur parti, elle continua de pétrir sa pâte pour y faire des petits pains. Une belle odeur de levure se propageait dans la boulangerie de Mademoiselle Genille. Ce matin, il faisait froid, ce n'était pas inhabituel à Cuttenberg. Il faisait sombre, il y avait quelques lumières allumées, mais personne dans les rues. C'était le néant ; même le vent ne sifflait plus, aucune odeur n'était présente, l'air était seulement étouffant. Une légère et fine grêle claquait contre le sol et les toits des maisons. Ce matin-là, il était 7 h 15, mais Monsieur Hamlet n'était pas présent dans son pré. Il n'y avait aucune trace de vie. Il était anormal que Monsieur Hamlet ne soit pas là. Au cœur de cet hiver bientôt invincible, la grêle ruisselait le long des parois des fenêtres des habitations, des voitures, et surtout sur le doux et beau visage de Marianne. Sa longue tignasse brune longeait ses hautes épaules. Ce matin-là, elle pleura. Ses larmes crièrent avec tellement de force que ses yeux menaçaient de sortir de leurs orbites.

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